"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
A la saison des lucioles (hotaru), lorsqu'elle rend visite à sa grand-mère Mariko Takahashi, Tsubaki est loin de se douter que celle-ci lui confiera bientôt le secret qui ronge sa vie depuis cinquante ans, incapable qu'elle fut de le révéler à son mari.
Etudiante en archéologie, Tsubaki apprend à travers cette confession les lois cruelles de la vie : l'innocence et la naïveté des jeunes filles sont souvent abusées par les hommes de pouvoir et d'expérience, et leur destinée s'en trouve à jamais bouleversée.
Affaiblie et âgée, Mariko s’apprête à emporter bientôt tous ses secrets dans la tombe. Les confidences de sa petite-fille sur les avances d’un de ses professeurs la décident néanmoins à lui raconter ce qui bouleversa toute sa vie, la laissant à jamais et secrètement rongée par la honte et la culpabilité : sa relation amoureuse avec un homme plus âgé lorsqu’elle n’avait que seize ans, la naissance de leur fils Yukio et sa réputation de « femme douteuse », enfin le harcèlement de cet amant même après qu’elle se fut mariée avec le bon Kenji Takahashi.
Si les cinq livres de la série peuvent se lire indépendamment et dans le désordre, celui-ci referme le cercle en revenant, à travers Mariko, sur ce qui mena à la tragédie du premier tome. L’on y découvre de nouvelles facettes de cette femme, condamnée à subir toute sa vie les conséquences de sa jeune innocence abusée par un homme puissant et sans scrupule. Comme la bombe atomique lancée sur Nagasaki continua longtemps et insidieusement ses ravages, cette déflagration dans la vie de Mariko aura finalement provoqué une invisible réaction en chaîne, impactant, à leur insu et sur plusieurs générations, l’existence de bien des membres de cette famille.
Aki Shimazaki clôt magnifiquement le cycle du Poids des Secrets, nous laissant durablement charmé par la délicatesse et la poésie de sa plume si légère et si fluide. Minuscules lucioles virevoltant sur l’écran noir de l’Histoire, les personnages de ces cinq petits livres auront chacun traversé des séismes intimes dont la violence n’a rien à envier à celle des grands évènements de leur époque. Coup de coeur.
Mariko se fait vieille et achève doucement sa vie chez son fils, Yukio, et sa belle-fille.
De ses trois petits-enfants, c'est Tsubaki qui lui consacre le plus de temps et qui veille sur elle.
C'est donc tout naturellement que les confidences s'échangent et que la jeune-fille parle de ce séduisant professeur marié qui l'attire.
Alors la vieille dame, dans l'espoir de mettre sa petite-fille en garde, lui raconte enfin le lourd secret qu'elle porte en elle depuis tant d'années.
Elle lui conte l'histoire d'une luciole tombée dans l'eau sucrée...
Sa relation avec monsieur Horibe, terrible manipulateur, ne lui a valu qu'humiliations et tristesse.
Sans compter la honte et le remords d'avoir menti à son mari, lui, si bon et qui a tant souffert en Sibérie.
Cette très belle pentalogie se termine agréablement sur une note positive.
Avoir eu cinq visions différentes des mêmes faits permet d'en cerner tous les contours, d'en comprendre les sens cachés, de deviner les raisons de tel ou tel comportement.
Cela m'a permis aussi de m'attacher plus facilement aux différents personnages.
''Ho...ho...hotaru koï...Venez, les lucioles ! L'eau de l'autre côté est salée, l'eau de notre côté est sucrée. Venez les lucioles !''
Alors que la vie la quitte lentement, Mariko garde en tête cette comptine pour enfants, l'histoire de ces lucioles attirées par l'eau sucrée comme les femmes le sont parfois par le mauvais homme. Mariko a été cette luciole, abusée par un homme séduisant, sûr de lui, qui s'est marié avec une autre, la laissant seule avec leur fils. Cet homme, cette liaison, sa trahison, elle aurait aimé les emporter dans sa tombe mais quand elle sent que Tsubaki, sa petite-fille préférée, est prête à succomber au charme d'un de ses professeurs, la vieille femme lui confesse ses secrets les plus intimes, une histoire d'amour et de mort, la relation entre une jeune fille naïve et un homme de pouvoir et ses terribles conséquences.
C'est avec Hotaru qu'Aki Shimazaki conclut sa pentalogie Le poids des secrets. Cinq livres bouleversants qui parlent tous du véritable amour, celui qui résiste aux guerres, aux mensonges, aux non-dits, aux secrets, à tous les obstacles.
Avec Hotaru, la boucle est bouclée et il faut dire adieu à Mariko, Yukio, Yukiko, Kenji et tous les autres. Mariko prend la parole une dernière fois pour transmettre un message à la nouvelle génération, pour que ne soient pas commises les mêmes erreurs, pour qu'il n'y est plus de secrets. Après les drames, les deuils, les amours contrariées, la jeune Tsubaki saura peut-être éviter les écueils de la vie...
Pureté de l'écriture, pureté des sentiments, poésie de la langue, délicatesse et tendresse...Le poids des secrets est un bijou à lire et à relire.
Hotaru, les lucioles qui éclairent la nuit.
Dans ce dernier roman, nous retrouvons Mariko et sa petite fille Tsubaki la bien nommée (d’après les fleurs préférées de sa grand-mère, les camélias). Mais ici, le point de vue de Mariko ne fera pas double témoignage, puisqu’elle va se placer dans la situation de sa petite-fille, attirée par un professeur de sa faculté, bien plus âgée qu’elle, et qui tente de le séduire ; Mariko, forte d’une expérience qu’elle a tu toute sa vie, va montrer à Tsubaki l’importance des choix de vie pour ne pas tomber dans l’eau sucrée et ne pas succomber au charme des lucioles, ou plutôt de ne pas se laisser abuser par un séducteur sûr de ses prérogatives et de son pouvoir. Son discours n’est plus centré sur le passé, même s’il y fait référence, mais est là pour passer un message aux générations futures, si tant est qu’ils puissent l‘entendre bien sûr. Car chacun sait que l’expérience des autres n’est pas toujours d’un grand secours pour ceux à qui on la transmet.
A chaque livre, un personnage différent donne son point de vue sur l’histoire familiale. Cinq romans qui se lisent comme un seul, et qu’on aurait presque envie de relire aussitôt terminée la dernière page. Pour en saisir toutes les nuances, les secrets, les sentiments enfouis au plus profond, les moments de vie manqués, les filiations difficiles et les bonheurs enfuis avant d’avoir été vécus. Des livres et des personnages qui parlent d’amour, de fidélité, de confiance, de passion inavouée, de tendresse et de bienveillance.
Le dernier roman de la saga revisite l'histoire à présent que l'on sait les bagages de chacun, que l'on connaît leur version et la façon dont ils ont vécu le drame qui s'est noué le jour du bombardement de Nagasaki.
Naturellement, l'intertextualité est sensible avec les romans précédents, et fait sourire.
Cet ultime tome met l'accent sur la nature manipulatrice de Monsieur Horibe, et érige Monsieur Takahashi, de par sa douceur et son amour patient, en homme noble et exemplaire.
Une très belle touche finale pour cette excellente saga!
Ma chronique complète est ici : http://viederomanthe.blogspot.fr/2016/06/hotaru-aki-shimazaki.html
Plutot decu par ce dernier opus qui resume les episodes precedents mais n'offre pas reelement de nouvel eclairage.
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