"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Après un premier mariage raté, Kenji Takahashi découvre qu'il est stérile. Accablé, il quitte la maison familiale. Seule compte encore pour lui sa nurse, Sono. Lorsqu'il fait la connaissance de Mariko, qui vit seule avec son fils Yukio, il en tombe amoureux et l'épouse contre l'avis de ses parents, qui le déshéritent. Quarante-six ans plus tard, retraité et affaibli, il recherche les traces de Sono. Au moment où il retrouve sa tombe, sur laquelle est inscrit le nom de la fleur de myosotis (wasurenagusa), il découvre le secret de ses origines et le malheur qui a frappé ses parents.
Après l’échec d’un premier mariage sans enfant, Kenji Takahashi se découvre stérile. Ne supportant plus la pression de ses riches parents traditionalistes pressés de le voir assurer la lignée familiale, conscient que la seule véritable affection qu’on lui ait jamais prodiguée fut en définitive celle de sa nourrice Sono, il se détourne des siens pour épouser, envers et contre tous, une jeune femme sans pedigree ni fortune dont il est tombé amoureux, Mariko, déjà mère du petit Yukio. Près de cinquante ans plus tard, sur la tombe de Sono, il découvre enfin la raison de l’intransigeance de ses parents…
Décidément, dans ce Japon d’avant-guerre où la tradition et l’honneur encadrent toute existence, il n’est aucun personnage de cette série qui ne cache jusqu’à sa mort un drame secret, avec dans son sillage une cascade de désastres impactant à son insu la génération suivante. Ainsi, comprend-on a posteriori que, recroquevillés leur vie durant sur une honte soigneusement dissimulée pour préserver les apparences et leur conformité aux bonnes mœurs japonaises, les parents Takahashi ont dû voir avec horreur leur propre tragédie les rattraper au travers de leur fils. Ne pouvant sans se renier exiger de lui autre chose qu’une rigueur et un sacrifice semblables aux leurs, ils n’ont pu qu’être choqués par les choix différents du jeune homme : un acte de rébellion destiné à poursuivre longtemps celui-ci, déchiré entre son amour pour Mariko et Yukio, et le devoir filial, si fondamental au Japon, qu’il s’est trouvé obligé de sacrifier.
Tous les personnages d’Aki Shimazaki se construisent sur une béance secrète, que le texte laisse deviner au travers des déchirures que leurs existences vécues vaille que vaille finissent par laisser apparaître, souvent au soir d’une vie, à l’heure des bilans et des questionnements. D’une magnifique et touchante humanité, la plume si légère et si épurée de l’auteur n’en finit pas d’éblouir par les profondeurs et les émotions suggérées avec tant de poétique sobriété. Coup de coeur.
A chaque livre, un personnage différent donne son point de vue sur l’histoire familiale. Cinq romans qui se lisent comme un seul, et qu’on aurait presque envie de relire aussitôt terminée la dernière page. Pour en saisir toutes les nuances, les secrets, les sentiments enfouis au plus profond, les moments de vie manqués, les filiations difficiles et les bonheurs enfuis avant d’avoir été vécus.
Wasurenagusa, ou le myosotis, le bien nommé forget me not, la fleur tant aimée de Kenji Takahashi. Kenji Takahashi est un fils de noble ascendance, dans sa famille, on n’épouse pas n’importe qui, et la future femme doit remplir son rôle de mère, ou court le risque d’être abhorrée par sa belle-famille. Mais sa première épouse est stérile, quelle honte pour les parents de Kenji qui le poussent au divorce. Un jour, il croise le chemin de Mariko, une jeune mère célibataire séduisante dont il tombe amoureux et qu’il épouse envers et contre sa famille. Il adopte Yukio, qu’il élève comme son propre fils.
Ils quittent Tokyo pour Nagasaki. Son collègue et ancien ami d’université vient s’installer dans la maison jumelle de la sienne avec sa famille. Puis Kenji est envoyé en Manchourie, où il reste de nombreuses années. La vie passe, un jour, Kenji décide de retrouver la tombe de celle qui fut si importante à ses yeux, sa nurse, et de lui apporter sa fleur préférée, le Wasurenagusa. Là, il découvre le secret de ses origines.
Au soir de sa vie, Kenji Takahashi se souvient des personnes qui ont traversé sa vie. Ses parents, d'abord, dont il était le fils unique, et qui l'ont élevé dans l'optique de faire de lui le digne héritier de leur illustre famille. Sa nourrice ensuite, Sono, douce, attachante, qui a illuminé son enfance un temps de sa présence avant d'être éloignée par sa mère car jugée ''d'origine douteuse''. Puis Sakoto sa première femme accusée à tort d'être stérile donc incapable de perpétuer la lignée. Et enfin Mariko et son fils né hors mariage, Yukio. Pour eux, ils bravent l'intransigeance parentale et rompt avec ses parents qui jugent la jeune femme indigne de leur fils. Déshérite mais enfin père de famille, Kenji va suivre le cours d'une vie illuminée par l'amour, assombrie par la guerre; un long fleuve pas toujours tranquille et qui lui réservera encore une surprise de taille quand lui sera dévoilé le lourd secret que lui cachaient ses parents.
Quatrième tome de la pentalogie d'Aki Shimazaki et quatrième voix. Ici Kenji Takahashi passe de personnage secondaire à héros principal. Cet homme discret, hésitant, raconte ici son parcours fait de hauts et de bas, le poids des traditions qui a pesé sur lui jusqu'à ce qu'il réussisse à s'en détacher pour suivre la voie du bonheur. Pondéré, obéissant, il va être transformé par son amour interdit pour une femme ''douteuse'' et sa paternité d'adoption. Le fil conducteur du récit est le Myosotis, wasurenagusa en japonais, une fleur qui signifie ''Ne m'oubliez pas'' comme le symbole des personnes qui nous sont chères et qui laissent leur empreinte malgré le temps ou les séparations.
Encore une fois, l'écriture poétique de l'auteure fait mouche. En peu de mots, peu de pages, elle sait décrire la délicatesse, la douceur mais aussi la passion et le tumulte des sentiments humains. Chaque volume est un moment magique, une parenthèse enchantée et enchanteresse. Peu à peu, les secrets, les non-dits, les hypocrisies sont mis à jour, les pièces du puzzle s'assemblent et font apparaître le tableau d'ensemble de cette formidable saga, toute en beauté et en tristesse. Une œuvre douce-amère qui se termine avec le cinquième tome, Hotaru. Les lucioles vont succéder aux myosotis...A suivre.
Retour sur le personnage de Kenji Takahashi, et sur sa version de sa vie : marié une première fois à une femme qui ne lui donne pas d'enfant, il est contraint de la quitter, et découvre, quelques années plus tard, qu'elle a enfanté par la suite, comprenant alors sa stérilité. Il rencontre bientôt Mariko, l'épouse en dépit de l'objection de ses parents, renonçant ainsi à son héritage, et, durant ses vieux jours, se remémore son enfance auprès de sa nurse Sono.
On retrouve l'écriture franche et simple de l'auteur, cette manière touchante de décrire toutes les choses de la vie, sans jamais verser dans un lyrisme embarrassant, parvenant à maintenir l'émotion et la pudeur.
Un charme qui ne se dément pas au fil des tomes de la saga!
Ma chronique complète est ici : http://viederomanthe.blogspot.fr/2016/06/wasurenagusa-aki-shimazaki.html
Ce recit (4eme de la serie) a pour theme le poids de la famille et du sens de l'honneur dans la societe japonaise. Un quatrieme opus plutot reussi.
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