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Le Papillon est le premier roman de l'auteur du désormais culte L'Homme qui savait la langue des serpents.
Estonie, début du XXe siècle. Un soir, au sortir de l'usine dans laquelle il travaille, August rencontre par hasard le directeur du théâtre l'Estonia. Il quitte son emploi d'ouvrier et intègre la troupe, qui s'avère aussi loufoque qu'hypersensible : Pinna, le fondateur, les comédiens Alexander, Eeda, Sällik, Oskar... mais aussi Erika, sa future femme, qui rejoint le théâtre peu de temps après lui. Elle symbolisera le Papillon, l'emblème du théâtre, en lui insufflant la légèreté dont le début de siècle prive le pays. Les planches de l'Estonia sont bientôt le seul lieu où la liberté et l'amour peuvent encore résonner, où les rires de l'amitié, les jeux et l'espièglerie ont encore leur place. Mais le théâtre, comme le papillon, est gracile : la brutale réalité du monde s'y invite, et, aux alentours, le chien gris qui la représente rôde et menace de soumettre cette troupe de rêveurs solidaires à la violence, à la séparation et à la mort.
Le Papillon est le premier roman d'Andrus Kivirähk, et le résultat inattendu d'un travail qu'il menait initialement sur l'histoire du théâtre estonien. Emporté par son sujet, l'auteur a abandonné en cours de route son étude pour en incorporer les éléments à un roman mêlant l'histoire et l'imaginaire. On retrouve dans ce texte des comédiens ayant réellement existé, mais aussi les premières manifestations de l'imagination intense de l'écrivain (on y découvre notamment des femmes oiseaux, un comédien loup-garou ou encore un chien incarnant La Mort). Mais ce qui rend le livre si attachant et particulier dans l'oeuvre de Kivirähk, c'est avant tout sa beauté mélancolique. Le peuple estonien a principalement vécu, du Moyen Âge jusqu'à l'écroulement de l'URSS, une existence placée sous le signe de l'oppression et des invasions. Durant près d'un millénaire, il n'a connu l'indépendance qu'au vingtième siècle, au cours de la parenthèse dorée de l'Entre-deux-guerres. En mettant en scène une troupe de comédiens qui connaîtra l'avènement et la fin de cette parenthèse, Andrus Kivirähk dresse le portrait émouvant de gens simples, courageux et résistants, dressant leur humanité comme seul rempart à la barbarie.
Ce livre est flamboyance, et délivrance. Comment vous dire cette apothéose à l’aube-née. On imagine tant ce théâtre l’Estonia entre songe, mirage et survivance. Nous sommes au XXème siècle dans cet espace clair-obscur, ombres mouvantes d’un perpétuel trop instable politiquement. Depuis cette première guerre mondiale inaugurale d’une trame belle à couper le souffle. « Le Papillon » est le premier roman d’Andrus Kivirähk. Macrocosme théâtral, satire, l’art en porte-voix. La magistrale splendeur d’une écriture vouée au lyrisme des cœurs et des espérances. La trame est une tragi-comédie, riche de sous-entendus et sans doute bien au-delà un drame contemporain qui la traverse de part en part. S’abandonner dans l’écoute d’Andrus Kivirähk. August Michelson est le narrateur. Celui qui encercle la petite troupe de théâtre dans une symbolique raffinée. Le conte prend place au premier rang habillé de cet onirisme hors pair. Erika est là. Divine. Papillon parabolique, sourire pour ne pas craindre le chien gris. « J’observai Erika avec attention : elle avançait dans le bureau avec légèreté, comme… comme quoi ? Je restai songeur. « Un papillon » dit Pinna, comme s’il avait lu dans mes pensées. » Le théâtre semble une marelle entre ciel et terre. Le point d’appui d’une résistance. Des hommes et femmes soudés dans cette adversité, dictature, oppression quand tu nous tiens. On sourit, on pleure, on éclate de rire. Ce récit est persévérance, concorde et fraternité. Pourtant le chien gris survient haineux, sombre et menaçant. « Vois-tu (et là, un voile de tristesse passa sur ses yeux), le chien court de plus en plus vite autour de la maison, et moi… moi, je ne suis pas Mathusalem. » « Le Papillon » est l’envolée de la ténacité. « Matin Brun » de Franck Pavloff « Effroyables jardins » de Michel Quint bordent les pages dont le contre-jour est : « Nous leur donnons de l’espoir, répondis-je. -C’est exactement pour ça que je vous hais, rétorqua le chien en se retroussant les babines. » Lorsque vous lirez ce livre, prenez soin du talisman à la page 120. « …Il nous sembla que l’Estonia, ce grand papillon clair, était devenu comme la niche de l’animal gris. » Si vous pleurez n’ayez crainte, le culte entre vos mains sera votre boule de cristal pour un lendemain meilleur. Ce livre m’a laissé sans voix. Son sublime tremble encore en ce jour. Magnificence ! Lisez-le !! Offrez-le, qu’il se multiplie par milliers. Je voudrais qu’il soit au fronton de chaque République, chaque antre pour perpétrer son exemplarité. Traduit de l’estonien par Jean Pascal Ollivry Publié par les majeures Éditions Le Tripode.
C'est l'histoire du théâtre Estonia, mais surtout l'histoire d'un comédien, de son entourage, de l'Estonie. La poésie est présente partout, dans la vie, la mort, le quotidien. Il s'agit du premier livre de l'auteur, traduit cette année en français. Différent par le contenu de L'Homme qui savait la langue des serpents et des Groseilles de novembre, ce roman n'en reste pas moins passionnant.
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