"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Cette histoire fantasque manque d'humour et d'actions. On ne s'éprend pas des personnages qui font pour certain qu'un bref passage.
L'idée était bonne, l'imaginaire n'y était pas assez...
Cette histoire est un conte qui se passe dans un petit village d'Estonie. Plein d'imagination et de ruse, les habitants créent des Kratts avec tout ce qu'ils ont sous la main et leur donnent une âme en échange de la leur au diable. Avec eux ils pourront voler leur maitres mais aussi les autres villageois, ainsi qu'accomplir bien des tâches (dans tout les sens du terme). Tous avares et cupides ils ne vivent quasiment que d'arnaque et de vole et sont la proie de multiple démons. Dans ce village boueux, poussiéreux, où le soleil reste constamment derrière les nuages, l'amitié, l'amour et le respect sont des sentiments inutiles qui ne rapportent rien. Pourtant naîtra une intrigue romanesque. Et heureusement car c'est la seule petite chose (car trop courte) agréable dans ce livre.
L'imagination débordante de ce conte aurait dû être farfelue, mais elle est fouillis et tiré par les cheveux ; elle aurait dû être poétique, mais ce n'est que vulgaire et mal construit ; elle aurait dû être drôle et critique, mais la facilité y règne en maître.
En fin voilà je n'ai pas vraiment apprécié ce livre. Alors que j'aime les contes, la pataphysique et le surréalisme, je n'ai pas du tout été touché, ni même sensible à cette écriture.
Andrus Kivirähk nous propose un nouveau voyage en Estonie. Il a choisi le mois de novembre qui, comme chacun le sait, est le mois le plus ensoleillé, le plus chaud, le plus clair de l’année !! Pour vous y rendre, il vous faudra trouver un autre moyen de locomotion que le Kratt qui ne peut transporter d’humains.
Kratt ? kesako ? Le Kratt est un objet volant animé d’intentions chapardeuses, mais travailleur. Il ne vous coûtera pas un bras, mais peut-être beaucoup plus. Cet objet volant est fait de bric et de broc sorti du bric à brac de ses créateurs. Le Kratt est une créature obéissante ; je le pense à l’image de son propriétaire. Il fera vos menus travaux, surveillera vos biens. Bref, un domestique corvéable à merci. Il s’use ? pas de problème, vous en créez un autre…Pour ce faire, vous aurez besoin de l’aval du Grand-Païen. Là, les groseilles vous seront d’un secours quasi vital. Les paysans estoniens savent fort bien comment détourner son attention, mais vous, sauriez-vous ?
Au programme, excursions dans la forêt où il faudra faire attention aux démons, tourbillonneurs, sucelaits, chaussefroides et autre loup(ou louve)-garou, Vieux-Païen, … Vous apprendrez comment écarter la peste (un chapitre que je vous recommande, vaut mieux être prudent !) et soigner la malaria à grandes lapées de vodka.
Le passe-temps favori des habitants de ce village ? voler son voisin, surtout s’il s’agit du hobereau allemand ; La cupidité est leur principale « qualité ». Voler le baron n’est pas grave puisqu’il à lui-même spolié les estoniens en envahissant le pays !
Les estoniens de l’ancien temps, du temps de la liberté, étaient des cueilleurs, des hommes libres (voir l’homme qui savait la langue des serpents). Avec l’arrivée des Teutons et de leur dogme protestant vers 1200, ils ont dû apprendre à cultiver les terres que l’envahisseur s’est approprié et ils vivent maintenant sous le joug de la hiérarchie terrienne. Lorsqu’ils volent le baron teuton, ils ont l’impression de récupérer leurs biens. Leur roublardise permet d’accepter la situation.
Si voyager si loin ne vous tente pas, je vous propose une solution de repli des plus agréables : bien au chaud sous la couette ou au coin du feu avec votre boisson favorite…. dégustez les groseilles de novembre. A chaque jour de novembre une surprise. Vous ne serez pas déçus de votre voyage immobile.
Quel plaisir de retrouver la plume, la verve d’Andrus Kivirähk. Ce livre n’a pas le fond historique de l’homme qui savait la langue des serpents, mais j’y ai retrouvé la même truculence avec des scènes épiques. J’ai adoré cette chronique de la vie quotidienne dans l’Estonie rurale Moyenâgeuse. Les estoniens, pragmatiques et rusés, ont ajouté le dieu des protestants et son pendant le diable à leurs galeries de démons et esprits païens mais non dénudés d’intérêts.
J’y ai trouvé un peu de Don Quichotte avec la jeune fille allemande dans le rôle de l’inaccessible étoile. Aussi truculent que Rabelais, ce livre côtoie l’absurde, l’humour noir, la fable (sans la morale de Jean de la Fontaine !). Un tableau de Bruegel me vient en mémoire à la lecture de ces chroniques, ou la série des « Contes et légendes de… » que je lisais dans ma lointaine jeunesse ; une régression des plus réjouissantes.
Admirez la concordance des temps. J’ai lu les groseilles de novembre… en novembre. Andrus Kivirähk, malgré la température hivernale de son livre, a amené un grand soleil dans la grisaille de cette fin d’automne.
J’attends avec impatience la sortie de votre prochain livre, toujours aux éditions Le Tripode, et ainsi, retrouver votre verve, votre petite folie qui me plait tant.
Au plaisir de vous lire Andrus Kivirähk
Je me suis laissée emporter par l'imaginaire de l'auteur; j'ai éprouvé un plaisir assez proche de celui qu'avait occasionné la lecture de l'homme qui savait la langue des serpents. Je fais court pour ne pas répéter ce qu'a écrit Colette Lorbat, propos avec lequel je suis d'accord. Dommage pour ceux qui n'ont pas su entrer dans ce monde
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