"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Après l'onde de choc créée par son premier roman,
La Tanche, Inge Schilperoord revient avec une oeuvre délicate, toujours portée par une écriture sobre et une profondeur psychologique inouïe, pour aborder un sujet brûlant : la radicalisation islamiste.
Depuis la mort de son père, Sophie, seize ans, vit avec sa tante, une musicienne souvent absente.
Livrée à elle-même, l'adolescente est surtout seule avec ses questions : pourquoi son père, avocat spécialisé dans la défense des djihadistes, l'a-t-il abandonnée ? Est-ce lié à son dernier dossier, celui d'Isra, une soi-disant repentie retournée en Syrie dès la fin de son procès ? Quel rôle joue la religion dans tout cela ? Rime-t-elle toujours avec violence ?
Sophie erre dans la ville, en quête de réponses. Elle espère en trouver auprès de Zala, une camarade d'école avec qui elle sympathise, mais celle-ci n'en a pas non plus, prise entre ses préoccupations de jeune fille et sa culture afghane rigide.
Alors Sophie se donne une mission : retrouver la trace d'Isra. De contacts en ligne en recherches dans les recoins les plus sombres d'Internet, Sophie va plonger dans une spirale dont elle ne sortira pas indemne...
Le ciel est vide pour Sophie, ado de 16 ans, quand son père décède accidentellement. Un père dont elle était très proche, d’autant plus qu’elle a perdu sa mère dès le plus jeune âge.
Un père, un modèle, ou un Dieu… Un homme passionné par l’Islam, avocat pénaliste spécialisé dans la défense des combattants radicalisés de Daech. Sa dernière affaire, la défense d’Isra qui s’est fait arrêter à la frontière turque. Une jeune fille de 18 ans à qui son père a consacré toute son énergie, tout son temps, pour obtenir l’acquittement. Un temps précieux pris au détriment de Sophie.
Sophie se cherche, cherche un Dieu en se rapprochant de Zala, une jeune afghane réfugiée en France à cause des talibans. En savoir plus sur l’Islam, en savoir plus sur Allah. En même temps, elle découvre le dossier d’Isra et décide de la retrouver. Comprendre qui est cette jeune fille, et peut-être se venger car elle est sans doute la cause indirecte de la mort de son père.
« Elle refusait de s’intéresser à ces affreux ados auxquels il consacrait plus de temps qu’à elle. C’est à cause d’eux qu’il avait eu des ennuis. Tout ça devait disparaître. »
D’autant plus qu’elle découvre qu’Isra, faussement repentie pour obtenir l’acquittement, est repartie en Syrie combattre aux côtés de Daech.
Les thèmes sont intéressants :
- Pourquoi ces jeunes se radicalisent-ils ? Que cherchent-ils dans ce combat qu’ils idéalisent ?
« Ils glanaient çà et là des textes coraniques pour légitimer leur combat sacré. Tous cherchaient quelque chose dans « ce narratif radical », comme il appelait ça. De l’aventure, de l’héroïsme. Une soupape à la colère et la frustration. Un sens. Souvent, ils avaient le sentiment d’être des ratés : nés dans les quartiers pauvres et surpeuplés, élevés dans des logements insalubres, affublés d’un handicap social irrattrapable, ils se retrouvaient un jour à la rue, sans argent, sans formation, parfois avec un casier judiciaire. Ils se tournaient alors vers la foi. Le combat sacré leur donnait une direction. Une voie de salut. »
- La vision de deux Islams. Celui de Zala, qui a compris pour l’avoir vécu, la violence et le non-sens de l’islamisme. Et celui d’Isra qui sublime l’instrumentalisation des intégristes. La lucidité face au déni.
- La quête de sens, de spiritualité pour Sophie. La frontière très ténue entre la réalité et le besoin de croire en ses rêves…
Un livre intéressant, fluide, mais sans plus. Car le propos est plutôt didactique et surtout très convenu.
Dommage !
https://commelaplume.blogspot.com/
Sophie, élève de première aux Pays-Bas, vient de perdre son père accidentellement et était déjà orpheline de mère. Son père était un avocat pénaliste connu qui défendait les djihadistes au tribunal de la Haye. Il a transmis à sa fille une vision humaniste de l'Islam lui expliquant le Coran et lui faisant apprendre l'arabe. Sophie, dévastée, continue sur le chemin tracé par son père en se liant d'amitié avec Zala, musulmane afghane réfugiée puis, à travers les réseaux sociaux, avec Isra, que son père a défendue mais qui est retournée en Syrie, une fois libérée.Elle veut à la fois trouver un Dieu, en l'occurrence Allah pour l'aider à surmonter la douleur mais aussi se venger d'Isra qui a trompé son père sur ses véritables intentions.
Sophie est perdue, incapable de surmonter la perte de son père. Elle veut remplir le vide et la sensation de ne pas exister qu'elle ressent mais aussi et surtout prolonger l'oeuvre de son père qu'elle admirait sans réserve. Pour comprendre l'essence de son engagement auprès des djihadistes, elle doit se rapprocher d'Allah, voire se convertir. Ce roman est aussi celui d'une relation père-fille très forte, que la mort brutale idéalise.
L'auteure nous offre une analyse fine et sensible du processus de fascination auprès d'adolescents en quête d'eux-mêmes, fragilisés psychologiquement. Elle nous montre comment le message de paix du Coran et de l'Islam de l'origine a été dévoyé par les islamistes prônant la violence. Elle décrit les deux visages de l'Islam : celui des Talibans qui ont chassé Zala et sa famille d'Afghanistan, probablement tué son père médecin et d'Isra, partie combattre en Syrie mais aussi celui d'un islam tolérant et ouvert aux autres à travers la religion telle que la pratique Zala et telle que la comprend le père de Sophie.
J'ai aimé la façon dont l'auteure aborde le phénomène de conversion et de radicalisation, non pas sociologiquement mais d'un point de vue intime, à hauteur d'adolescentes qui cherche un sens à leur vie.
Sophie est une adolescente concernée par les maux de notre monde, en une sorte d’hommage rendu à son père disparu récemment par accident. Ses questions portent sur la place de l’islam dans la société néerlandaise actuelle, au point de choisir ce thème pour un devoir de lycéenne. La fascination de la jeune fille pour la culture islamique la conduit à se lier d’amitié avec une jeune fille afghane, qui suit les cours dans le même lycée qu’elle. Mais ce n’est pas suffisant : elle tente de se mettre en relation avec une autre jeune fille partie pour la Syrie, alors que son père avait plaidé sa cause avant de mourir.
L’autrice réussit à nous faire comprendre les méandres des réflexions de l’adolescente en quête de justice. Malgré les déceptions de son parcours, elle s’obstine, mettant ses pas dans ceux de son père, une prise de relais et une volonté de prouver que tous les deux soutiennent une cause juste.
Un regard lucide et émouvant sur ce phénomène de fascination qui conduit des ados, proies rêvées, à s’exiler pour devenir des pions sur l’échiquier d’une guerre qui ne devrait pas les concerner.
Quelques faiblesses en ce qui concerne l’écriture, ou la traduction, malgré cela le récit est attachant.
Merci aux éditions Belfond pour l’envoi de ce service de presse numérique via NetGalley France. Cette chronique n’engage que moi.
192 p Belfond 22 août 2024
Traduction : Francoise Antoine
#ingeschilperoord #NetGalleyFrance
A Amsterdam, Sophie, 16 ans, vit avec sa tante, célibataire sans enfants et musicienne classique souvent absente. Le père de Sophie est mort accidentellement quelques mois plus tôt, et elle n’a pas connu sa mère, décédée peu après sa naissance.
Le père de Sophie était avocat pénaliste, passionné par l’islam, et s’était spécialisé dans la défense des djihadistes, en particulier ceux et celles qui ont tenté d’aller combattre en Syrie. A sa mort, Sophie, qui partage la fascination de son père au point d’apprendre l’arabe, découvre le dossier d’une de ses clientes, Isra. Cette jeune fille de 18 ans était en route pour rejoindre Daech mais a été arrêtée in extremis à la frontière turco-syrienne. Jugée aux Pays-Bas, elle a été acquittée grâce au père de Sophie. Mais cette dernière réalise qu’Isra n’était qu’une fausse repentie, repartie en Syrie dès la fin de son procès. Sophie, submergée de questions et persuadée qu’Isra est la cause indirecte de la mort de son père, est déterminée à retrouver sa trace via les réseaux sociaux.
En parallèle, Sophie se lie d’amitié avec Zala, une camarade de lycée et réfugiée afghane, qui n’a que mépris pour les fous d’Allah. Elles décident de rédiger ensemble leur travail de fin d’année, qui portera sur la perception de l’islam aux Pays-Bas.
A travers les relations qu’elle cherche à construire ou établir avec Zala et Isra, Sophie tente de trouver des réponses à ses questions. Pourquoi son père s’est dévoué à ses clients plutôt qu’à elle, pourquoi cet idéaliste est-il tombé si naïvement dans le panneau, quels sont les liens entre islam et violence, pourquoi cette violence et la crédulité de ces gamins convaincus qu’ils vont trouver le paradis en Syrie ? A force d’essayer de retrouver la trace d’Isra, Sophie flirte dangereusement avec un univers qui risque fort de la dépasser.
L’auteure explore le sujet de la radicalisation islamiste à travers le portrait d’une adolescente européenne et non musulmane, livrée à elle-même, profondément seule, en manque de repères et durement éprouvée par la mort de son père qu’elle ressent comme un abandon. Exaltée, psychologiquement fragile, elle est obsédée par ses questions et s’enfonce dans une spirale où la frontière entre la réalité et son imagination frénétique devient très floue.
Ce roman se lit facilement et le récit tient en haleine, mais il me semble que globalement cela manque de profondeur et que cette histoire n’est pas très crédible. Elle m’a paru à la fois très didactique et confuse, tant, au final, on peine à distinguer ce qui relève de la réalité de ce qui se passe dans la tête de Sophie.
En partenariat avec les Editions Belfond via Netgalley.
#ingeschilperoord #NetGalleyFrance
Second roman de Inge Schilperoord, Le ciel était vide, traduit la fascination que peut représenter l’islamiste radical pour de jeunes gens fragilisés par leur adolescence et des souffrances difficilement dépassées.
Au Vingt-quatrième sourate du coran et plus particulièrement au vers trente-cinq
« An-Nur, la lumière sur lumière, Allah propose aux hommes des paraboles et guide vers sa lumière qui il veut« . C’est le leitmotiv de ce roman.
Son travail portait le titre » Les véritables causes du djihadisme chez les jeunes Néerlandais », leur chahada, leur conversion à un islam 2.0. Mort à 45 ans d’un accident de vélo, cet avocat des causes perdues des djihadistes laisse sa fille, Sophie, surnommée So, Fifi et moineau, seule et orpheline. Elle a l’âge de ces adolescents qui cherchent un futur dans le rejet d’une société où ils n’arrivent pas à trouver leur place. En plus, il leur offre une soif d’absolu correspondant aux envies inassouvies qu’ils ressassent sans relâche.
Sa tante Lulu, pour Lucienne, de trois ans plus jeune que son père, l’a recueillie. Un dossier récupéré dans des affaires pour la ressourcerie l’obsède :
« 10894-Isra El Hannouri, et une date de naissance, deux ans pile avant la sienne. Et, en dessous : Article 140a du Code Pénal, participation à une organisation terroriste ».
Sophie est à la fois attirée par l’histoire d’Isra, qui lui ressemble, son amour de la langue arabe et son attirance pour l’islam. Appréhendant l’absence d’un père aimé, elle célèbre à la fois la beauté de la culture arabe mais flirte dangereusement avec un réseau islamiste, se mettant en danger, comme seul sait le faire l’adolescence.
Adolescence et radicalisme
Inge Schilperoord sait séparer la réalité de la culture arabe et le courant islamiste radical qui corrompt le message de cette religion de bonté. De plus, elle approche avec beaucoup de sensibilité l’attirance qu’il représente pour des jeunes qui cherchent leurs propres chemins. Le lecteur passe de l’inquiétude à la sérénité pour cette jeune fille ayant perdu ses repères, montrant ainsi combien l’équilibre de l’adolescence est précaire.
Son personnage principal est décrit avec beaucoup de précisions, rendant son portrait très juste. Son style, fouillé et travaillé, montre tout le désarroi né de l’absence, de la solitude adolescente renforcée par le deuil et du besoin essentiel de trouver réconfort dans les relations entre pairs. Ici Zana, jeune émigrée d’un pays subissant le joug de l’obscurantisme, permet à Sophie de trouver l’attache qui la ramène dans le monde des vivants.
De la lumière fondamentale au radicalisme mortuaire, Inge Schilperoord montre toute la fragilité de l’adolescence confrontée à des pressions si fortes et qui répondent souvent parfaitement à un malaise existentiel. Une belle découverte pour moi !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2024/08/28/i-schilperoord-le-ciel-etait-vide/
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