"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
- 4700 avant J. C. Les environs de Carnac sont occupés par deux groupes d'humains. Les Nomades des forêts vivent de chasse et de cueillette comme leurs ancêtres les plus lointains. Les Pêcheurs de la côte se sont fixés là où l'ampleur de la marée permet d'abondantes récoltes de poissons à l'aide de barrages de pierres. Un équilibre s'est instauré entre les deux groupes, fait d'échanges (de nourritures, de biens et de femmes) et aussi de conflits qui cessent au premier sang versé.Mais voilà que de nouveaux venus incendient les forêts, bâtissent des maisons et interdisent le passage sur de vastes territoires. Ils retiennent prisonniers des animaux inconnus. Ils domestiquent la terre qui leur offre de grosses quantités de céréales. Ce sont les Cultivateurs des vallées.Le conflit semble inévitable quand, Longues-jambes, le commerçant voyageur (qui connaît déjà les trois groupes) propose sa médiation. Il est assassiné. Cette fois, la guerre est déclarée et des humains visent à mort d'autres humains ' une nouveauté effrayante.Le soir de cette première bataille, au milieu des cadavres et des blessés, trois femmes s'interposent : Sourire-de-lynx chez les Nomades, Paruline chez les Pêcheurs, Ardente chez les Cultivateurs. Elles proposent de découvrir ensemble qui a tué le commerçant : le meurtrier porte la responsabilité de la guerre. Chacune garantira pour son groupe l'impartialité de l'enquête. Le coupable et son peuple devront quitter la région, laissant les deux autres se la partager. Persuadé que l'assassin se trouve chez ses ennemis, chacun accepte cette issue radicale.Tout en décrivant la rencontre des derniers chasseurs-cueilleurs et des premiers agriculteurs de Bretagne, Sophie Marvaud poursuit sa réflexion sur les rapports sociaux dans la Préhistoire, et en particulier sur le pouvoir et la violence. Elle s'appuie sur les analyses les plus récentes des spécialistes.Romancière, elle a publié Le Secret des cartographes chez (Plon 2008), Suzie la rebelle (Nouveau Monde éditions, 2014) et dans la collection « Crimes et Monuments » Meurtre chez les Magdaléniens.
En Bretagne, il y a très longtemps, au Vème millénaire avant notre époque, du côté de Carnac, l'arrivée des cultivateurs sédentaires va donner lieu à des affrontements avec les chasseurs des forêts et les pêcheurs de la côte.
Un commerçant nommé Longues Jambes se propose d'être le médiateur pour trouver un terrain d'entente sur l'occupation de l'espace par chacune des tribus. Mais il sera assassiné déclenchant une guerre entre les clans.
Trois femmes, La Vivace, Paruline et Lynx, appartenant chacune à l'une des tribus, se proposent de découvrir le meurtrier afin de faire cesser la guerre et surtout que les trois tribus communiquent.
Ce polar "préhistorique" est très bien documenté en ce qui concerne les différents modes de vie des trois tribus mais aussi de leur mode de fonctionnement, de pensée, de croyance. Les habitants des forêts vivent de la chasse et de la cueillette, les habitants du littoral de la pêche et du sel et les cultivateurs sédentaires de l'agriculture et de l'élevage. Dans chacune des tribus la place de chacun est bien définie et pas forcément hiérarchisée telle qu'on la connaît dans notre société.
C'est un polar "avant-gardiste" car l'auteur fait le choix de donner la parole à des femmes dans la résolution du crime. Cela nous permet d'imaginer qu'en cette époque très lointaine, la femme ait pu être l'égale de l'homme. Il y sera aussi question de sentiments et la relation homme/femme (femme/homme) s'avère bien différente de celle standardisée par les différentes religions.
Cela ne va rien enlever à l'analyse, la recherche de la vérité même si celle-ci devient peut-être secondaire tant on est focalisé sur la réactions des différents membres de ces tribus et sur la manière dont ils vont communiquer et partager l'espace commun.
J'ai beaucoup aimé ce livre qui, d'une part, m'a fait voyager dans cette région que j'affectionne et de retrouver certains endroits décrits et qui m'a fait découvrir à travers ces tribus, une partie de l'histoire de la Bretagne mais aussi qu'il est possible d'envisager une autre mode de vie.
https://quandsylit.over-blog.com/2023/05/le-choc-de-carnac-sophie-marvaud.html
Il y a sept mille ans, dans ce qui sera bien plus tard la région de Carnac, trois tribus se partagent un large territoire.
Les pêcheurs vivent au bord de l'océan, se nourrissent de coquillages et de poisson qu'ils capturent à l'aide de barrages, puis qu'ils salent pour conserver de la nourriture pour l'hiver, quand les marées d'automne ont détruit leurs nasses.
Les nomades vivent dans la forêt, et comme leurs ancêtres cueillent fruits et baies, glands et chassent à l'arc.
En bordure de la forêt, près de la rivière, les cultivateurs, ont domestiqué des animaux qui ont perdu poils et cornes acérées, voire leur habileté à voler. Ils cultivent des céréales et ont un régime alimentaire très diversifié. Seul bémol, ils ne disposent pas assez de sel. Leur population augmentant, ils ont besoin de terres supplémentaires. LA solution : incendier la forêt ... au risque d'une guerre des clans !
Un voyageur, un commerçant, était un des seuls liens entre ces trois communautés, ; il troquait des objets et régalait ses clients d'histoires sur ces pays lointains et notamment sur les montagnes enneigées d'où il ramenait des objets très prisés.
L'enquête sur l'assassinat de ce voyageur réunira trois femmes, qui apprendront les rites de chacune ...
Un beau roman sur le vivre ensemble, sur les différences fondamentales entre les usages de ces trois communautés, bien plus qu'un roman policier.
Une olie découverte :)
Comme je le répète souvent dans mes chroniques, le polar est un genre très dynamique. Il y en a un nombre assez hallucinant qui viennent s'installer sur les tables des librairies et il n'est donc forcément pas toujours simple de se démarquer de cette masse. Sophie Marvaud arrive pourtant bien à se démarquer avec un polar pour le moins original.
La principale raison de cette originalité ? Il s'agit d'un polar préhistorique. Personnellement, je n'avais encore jamais lu une enquête se déroulant durant la préhistoire. Avant d'attaquer la lecture, je n'y croyais pas trop, j'avais peur d'être obnubilé par un trop fort manque de crédibilité. Évidemment, il y a de grandes libertés mais il y a aussi un travail sérieux de l'écrivaine pour s'appuyer sur des connaissances scientifiques (les notes de l'auteur à la fin sont d'ailleurs intéressantes) et puis après tout cela reste de la fiction.
Franchement, ce roman est une bonne surprise. Cette histoire tissée entre trois tribus, les nomades, les cultivateurs et les pêcheurs est vraiment très sympa à suivre. Il y a l'enquête évidemment qui est intéressante mais le roman prend une autre dimension avec ces synergies entre les trois tribus. Le lecteur découvre ainsi trois modes de vie complètement différents et surtout la rencontre entre ces cultures très différentes. Pour moi, c'est vraiment ce point, plus que l'enquête, qui fait la force de ce roman.
Les personnages sont assez nombreux mais on ne s'emmêle pas les pinceaux. Déjà, ils sont tous intéressants à découvrir et ils sont pour certains attachants. Les personnages féminins occupent une place de choix dans ce roman et c'est à souligner. Le style de l'écrivaine est très fluide et moderne. La lecture est aisée et agréable. Et puis, il y a cette capacité à faire voyager le lecteur, tant dans l'histoire que dans des paysages magnifiques. Le style d'écriture est très "visuel" si je puis dire, on ressent l'ambiance de la forêt, de la mer, de la côte...
Pas besoin d'en dire beaucoup plus, ce polar préhistorique est une agréable surprise. C'est dépaysant, original et agréable à lire. L'enquête est sympa mais c'est surtout la découverte des trois tribus et les interactions entre elles qui vont donner toute sa saveur à ce roman. A découvrir !
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