Toujours plus de conseils de lecture pour votre été !
Accusée d'avoir provoqué la mort d'un cavalier, une truie est conduite devant le tribunal : elle encourt la peine capitale. Le juge, un homme puissant qui n'a que mépris pour les êtres qu'il juge inférieurs, animaux, porchers ou même seulement femmes, fût-ce sa propre épouse, se trouve confronté contre toute attente à un avocat de talent qui défend avec ferveur la cause du malheureux animal...
Toujours plus de conseils de lecture pour votre été !
Plusieurs truies ont été condamnées à mort pour meurtre au Moyen-âge (et même plus tard), en partant de cette insolite réalité, cette BD nous offre le jugement d'une bête arrachée à ses porcelets après avoir conduit un cavalier vers une chute fatale. Cette lecture surprenante nous entraîne dans un procès grotesque, où la logique des hommes est mise à rude épreuve. Une fable absurde dont la fin jouissante nous ferait presque apprécier les châtiments corporels dans certains cas.
Des soldats parcourent la ville à la recherche d'une truie, coupable d'avoir provoqué la mort d'un cavalier, fils d'un puissant notable. Le porcher se retrouve démuni face à ce qui attend le pauvre animal : la peine capitale. Heureusement, un avocat accompagné d'un fidèle corbeau prend en charge la défense de la truie. S'en suit une confrontation entre l'avocat éloquent et talentueux et le juge aveuglé par son mépris pour les autres. La rhétorique de l'un s'oppose à la bétise de l'autre, sous le regard étonné des animaux, observateurs attentifs de la vie de ces drôles d'animaux.
Par ce résumé, on pourrait penser à une fable de la Fontaine ou à la ferme des animaux de George Orwell. Il y a de cela mais pas que. Cette histoire se joue des codes sans en subir les contraintes. La clarté des traits et des situations appuient précisément sur la férocité des caractères des personnages. L’histoire se passe au moyen âge. Le langage et les dessins nous le confirment sans appuyer la reconstitution. Les deux auteurs laissent émerger une part de magie, d’humour et de critique sociale. A la manière d'un fabuliste, ils pointent les excès des humains et leur assurance hautaine. Le père de la victime, seigneur tout puissant, use de sa force pour que les êtres plient sous ses désirs. Le juge fait de même vis à vis de sa femme. L’avocat, malgré son esprit et son intelligence, fait preuve de présomption quand à son talent et à sa réussite. En miroir de ces trois hommes, l'humilité se retrouve chez les personnages soumis. Il y a quelques innocents, le porcher ou la femme du juge qui n’ont pas la place de parler ni d’être entendus. Leur présence témoigne d'une souffrance sociale et leur résistance d'une envie de soulèvement. Il y a également les animaux. Certains observent, toujours curieux de l'usage abusif de la force. D'autres conseillent, avec une pointe de sagesse. Le corbeau, ici, retrouve un peu de dignité et de recul, nous sommes ici loin de cette histoire fromagère qui aura provoqué tant de moqueries. On pourrait même dire qu'il a appris une leçon, celle de se méfier des éloges et de savoir partir à point. Malheureusement, l'avocat n'entend pas le corbeau. La relation entre les deux témoigne d'un respect réciproque, jusqu'au bout de l'histoire. L'avocat et l'animal parlent. De cette magie, naît le dialogue, principe très malmené dans cette histoire. Les puissants n'écoutent pas les faibles, même quand ils ont mission de justice. Les hommes écrasent les femmes. Les humains maltraitent les animaux. Cette injustice traverse la bande dessinée. L'avocat est le défenseur de tout cela et tente de rappeler la noblesse de sa fonction. L'esprit et les pirouettes rhétoriques sont réjouissants.
Cette bande dessinée est tenue graphiquement par Damien Vidal. Les couleurs aux teintes pastel permettent d’identifier les rapports de force et les aplats marquent le statut social de chaque être. Des visages très définis aux traits marqués s'opposent ainsi au monde animal, montrant la violence qui animent les êtres humains. Les animaux gardent leur réalité ce qui renforce le poids de leurs paroles et le dessin ne tombe jamais dans l'anthropomorphisme. Les oies, les truies, les chevaux ou encore le chat livrent leur pensée. Cela permet à l’histoire d’avoir un pied dans la fiction et un pied dans notre présent. Voici donc une fable sur le combat contre la justice, le dialogue, l'écoute et la considération de l'autre.
Un livre qui a l air captivant l histoire d une truies mais qui va faire parler d elle je pense un très bon livre à lire cet été, une histoire hors du commun pourquoi pas
Cette BD raconte le jugement d’une truie qui a provoqué la mort d’un cavalier au Moyen Age. Si cette histoire est purement fictionnelle, il faut savoir qu’au Moyen Age, entre le XIIème et le XVIIIème siècles ,dans toutes les régions de France mais aussi en Allemagne, en Italie et en Espagne, il n’était pas rare qu’on condamne à la potence ou au bûcher, des cochons, des truies, des vaches. Au Moyen Age et jusqu’aux années 1850 voire plus, les cochons évoluaient librement dans les ruelles et servaient d’éboueurs. Je pense que l’auteur s’est fortement inspiré d’un procès qui a eu lieu à Falaise, dans le Calvados en 1836. Une truie particulièrement affamée se retrouve face à un nourrisson qu’elle dévore. Elle va donc être jugée durant 9 jours à l’issue de ce procès elle sera pendue puis brûlée, mais avant, elle sera habillée avec des vêtements de femme… De plus, il a été demandé à tous les paysans des alentours de venir assister aux supplices avec leurs cochons afin que cela leur serve d’exemple… N’a-t-on pas l’impression de marcher sur la tête, et bien pas tant que cela puisse chez nous, en 2014, leur du procès pour assassinat d’une riche veuve, deux suspects ayant été arrêtés, on a fait venir à la barre Théo le dalmatien de la victime, qui avait assisté au meurtre, afin de voir s’il réagissait, ce qui n’a rien donné.
L’ histoire donc, une truie part à la poursuite de ses porcelets qui viennent de briser la barrière et les ramène au bercail. Peu de temps après tous les cochons sont arrêtés et passent devant des témoins. En effet, un cochon a provoqué la mort d’un cavalier en faisant peur à son cheval qui l’a désarçonné et piétiné. La truie d’un pauvre petit porcher qui aime et traite bien ses animaux est reconnue et emprisonnée. N’est-il pas suspect que ce porcher traite mieux ses animaux que les paysans et même les notables, leurs femmes ?
C’est ici donc une chronique judiciaire et une satire sociale. Nous assistons à un procès qui attise la curiosité autant que les bas instincts. Le juge qui n’a que mépris pour tout ce qu’il considère comme « inférieur », dont les femmes également, veut en finir le plus vite possible et voir cette truie se balancer au bout d’une corde tandis qu’un mystérieux avocat venu de nulle part ,qui mendiait encore dans les rues la veille du procès, va défendre la truie en déconstruisant les arguments du Procureur.
Un moment de lecture très agréable pour cette mise en scène de procès grotesque avec une fin tout à fait surprenante et inattendue.
« La truie, le juge et l’avocat » : une fable inédite de La Fontaine ? Non ! Le dernier roman graphique de Laurent Galandon et Damien Vidal paru dans la collection « Mirages » chez Delcourt. Ils s’intéressent à un aspect du Moyen Age qu’on ne connaît guère : le procès d’animaux : les bêtes de ferme et autres insectes nuisibles pouvaient être envoyés devant des tribunaux, et jugés ! Le fait divers relaté ici est directement inspiré d’une affaire réelle : celle du procès de Falaise en 1386.
Dans l’album, la coche est accusée d’avoir provoqué la mort d’un riche cavalier. Il y avait des témoins qui l’ont formellement reconnue et le juge, le procureur et même le plaideur qui doit assurer sa défense s’accordent à considérer l’affaire comme réglée avant même le procès. Mais un mendiant mystérieux, avocat déchu, se saisit de cette occasion pour tenter de se réhabiliter …Le trait réaliste de Vidal s’attache à reproduire tous les détails de la vie quotidienne de l’époque dans les décors, les vêtements ou les accessoires et souligne l’aspect documentaire de l’ouvrage. C’est un fabliau : une « tranche de vie » qui met en avant une situation a priori cocasse pour faire rire le lecteur.
Mais c’est aussi bien plus ! Une dimension presque fantastique apparaît rapidement avec la « connexion » qui lie le mendiant à sa corneille et les savoureux commentaires dispensés par la poule et l’oie sur les événements. On rejoint ici le domaine de la fable et qui dit fable dit morale et enseignement ! On notera alors que le traitement hyperréaliste des décors n’est pas gardé pour les personnages.
Cet album petit format aborde un tas de grands sujets : c’est à la fois un plaidoyer pour la condition animale (le thème de la maltraitance était déjà abordé par Galandon dans « La Tuerie »), une remise en cause de la suprématie de l’Homme et même de son humanité, la dénonciation d’une justice à deux vitesses et du poids que l’opinion publique peut avoir dans l’issue d’un procès ainsi qu’une défense de la condition féminine. C’est donc un ouvrage intelligent, drôle et glaçant à la fois qui sous les oripeaux du fabliau nous interroge sur des problématiques hélas toujours d’actualité
Voici un roman graphique qui m'a rappelé de nombreux souvenirs de mes cours d'histoire des institutions ! Et pour cause, la période moyenâgeuse nous offre des pépites quand il est question de jugement ! Des ordalies ou « jugement de Dieu » s'opposant aux pratiques du « droit coutumier », on retrouve aussi des procès assez singuliers ; celui du jugement des animaux.
Damien Vidal et Laurent Galandon nous offrent au travers de cet album une très belle satire de la société en retraçant un procès assez particulier qui aurait tendance à faire sourire. C'est une truie, maman de nombreux porcelets qui va devoir comparaître devant le tribunal de la ville, car, celle-ci «a menacé un cavalier et sa monture. Par son attitude agressive, elle a provoqué un accident ayant entraîné la mort dudit Cavalier ».
J'ai beaucoup aimé cet ouvrage plein d'humour et d'ironie qui utilise merveilleusement bien d'allégorie du porc. Côté illustration, j'ai aimé les traits assez simples et épurés des illustrations qui se prêtent totalement au récit.
Je tiens à remercier les Editions Delcourt et Netgalley France pour la découverte de cette belle fable qui ouvre à la réflexion et au questionnement sur les institutions mises en place...
Un vrai moment de plaisir avec cette fable grinçante, parfaitement maîtrisée, tant par le texte que par le graphisme.
Au Moyen-âge, dans un petit bourg, une truie est accusée d’avoir provoqué la mort d’un cavalier, fils de notable. Elle et son propriétaire sont emmenés en prison.
Ce type de situations existait, en effet, à cette époque.
Cela commence comme une fable de Jean de la Fontaine, des animaux qui parlent, avec le réalisme de ceux qui observent les hommes.
Dialogue entre une poule et une oie :
« Il va y avoir un procès, dit-on.
Certainement, les hommes appellent cela « la justice », une sorte de passage avant de revenir à leur barbarie habituelle »
On peut se dire, en commençant la lecture, que le ton est léger, humoristique. Qu’il va s’agir d’une histoire qui se termine bien grâce à la complicité des animaux, avec un homme juste et intelligent qui plaide pour la truie et son propriétaire. Ce dernier est un brave paysan simple, doux et gentil.
Tout devrait donc bien se terminer et les méchants seront punis.
Sauf que la méchanceté de l’homme, la force et la puissance des notables, le mépris des plus faibles vont l’emporter. « La raison du plus fort est toujours la meilleure » disait fort justement Jean de la Fontaine.
Il s’agit d’une observation très fine des travers des hommes, de leurs discours stéréotypés (toujours bien en cours aujourd’hui), des attitudes habituelles pour trouver un bouc émissaire, du respect de l’animal, du sens de la justice, du rôle de la religion, des phénomènes de foule qui se laisse manipuler, de la place de la femme dans la société :
« Pour votre gouverne, Madame, sachez que la justice à l’instar de Dieu, n’est pas là pour être clémente, mais pour garder les hommes, et plus encore les femmes sur le droit chemin. »
Les auteurs de cette BD nous proposent une fable de notre temps, avec des dessins en plus. Ils sont dépouillés pour laisser toute la place aux expressions, et celle des animaux est particulièrement réussie. Voir le chat, page 40, il est saisissant de réalisme. Le fond des planches accompagne admirablement les différentes scènes, dans leur dramaturgie, comme une musique accompagne un film.
Bravo aux auteurs également pour ce brutal changement de ton. Je n’ai rien vu venir et le récit bascule dramatiquement à ce moment.
Une vraie réussite, à la portée de tous, adolescents et adultes.
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