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L'Europe et la France traversent une zone de fortes turbulences historiques, signe d'une crise profonde revêtant des apparences politique, économique et sociale, mais dont la cause première est religieuse. Cette étude présente l'histoire de France de ces deux derniers siècles sous un angle inédit. Youssef Hindi retrace en effet sur la longue durée, l'histoire politico-religieuse de l'Europe et de la France pour en venir à celle de la Révolution de 1789 qui, loin de l'idée répandue, ne fut pas seulement animée par les idéaux de Liberté, d'Égalité et de Fraternité, mais par un virulent anticléricalisme de nature religieuse. Car le projet révolutionnaire et républicain est mystique avant d'être politique. À ce titre, Youssef Hindi, pour nous aider à saisir le fond de la crise actuelle, prend le parti d'analyser la formation, l'évolution et l'éventuelle fin de la République en historien des religions.
On découvre alors comment et qui a forgée cette religion de la République, la laïcité, qui fut recherchée dès le lendemain de la Révolution par les jacobins et leurs successeurs républicains du XIXe siècle afin d'asseoir définitivement le nouveau régime. Du kabbaliste jacobin Junius Frey (1753-1794) à Vincent Peillon en passant par Ferdinand Buisson (1841-1932), l'auteur suit à la trace les mystiques et prophètes auto-proclamés de l'ère moderne qui ont élaboré cette religion composite de la République sous le règne duquel les Français vivent et dont ils ignorent jusqu'à l'existence.
La République est née avec la Révolution de 1789 dont le but avoué était d’en finir avec l’absolutisme royal et l’obscurantisme religieux. (Constitution civile du clergé, prêtres et évêques élus par le peuple, saisie des biens de l’Eglise). En 1905, la religion catholique semblant vouloir regagner du terrain, Ferdinand Buisson poursuivit l’œuvre en instituant la séparation de l’Eglise et de l’Etat et en cherchant à évacuer la religion de l’enseignement et de la vie publique. Mais comment donner aux valeurs républicaines une armature durable si ce n’est en instaurant une nouvelle religion, une nouvelle mystique pour remplacer l’ancienne ? La laïcité ne peut pas être la neutralité totale, ni le vide intégral. Elle crée donc un culte de l’Être Suprême, prône l’universalisme en plus de la Liberté, l’Egalité et la Fraternité. Le projet révolutionnaire et républicain est d’abord mystique avant d’être politique. La Révolution fut d’ailleurs inspirée par Junius Frey, apparenté à Jakob Frank. La secte messianique frankiste qui prônait la venue de temps nouveaux par la destruction de tous les ordres établis et même de la morale élémentaire ainsi que les loges franc-maçonnes tenues par la bourgeoisie, la noblesse et même par certains membres de la famille royale (Philippe d’Orléans) eurent une plus grande influence sur son avènement et ses principes que les fameux « Illuminatis ». En effet, comme le précise Vincent Peillon, philosophe et homme politique ayant beaucoup étudié le sujet, il ne faut pas confondre anticléricalisme et anti-religiosité. La laïcité serait-elle donc une autre forme de religion avec ses dogmes, ses rites, son clergé, ses saints et sa nouvelle inquisition pourchassant impies et blasphémateurs ?
« La mystique de la laïcité » est un essai philosophico-religieux qui s’attache à partir du passé (Rome aurait été sauvée de la décadence grâce au christianisme qui lui aurait permis de garder son influence plusieurs siècles supplémentaires) pour envisager en toute fin un avenir possible pour ce genre de régime édifié en opposition à cet ordre ancien. L’analyse des tenants et aboutissants de la Révolution française, ses aspects sous-jacents montre le côté artificiel et imposé par le fer et le feu (génocide vendéen). Il va même jusqu’à écrire que « l’Histoire démontre que la République est une sorte d’organe étranger rejeté à intervalle régulier par la France ; la greffe n’a jamais pris et ne prend toujours pas. La solution ne se trouve pas dans une régénération de la Révolution ou une expiation kabbalistique ou illuministe, mais par la refondation d’institutions familières à l’Histoire du pays. Ce qu’ont défait les révolutionnaires à partir de 1789 doit maintenant être rebâti. » Il prédit même un effondrement dans le style de celui de l’Union Soviétique quand dirigeants et peuple n’y croiront plus. Reste à savoir si, au-delà de cette explication simpliste, il n’y aurait pas eu d’autres causes cachées. Les peuples ont toujours eu les régimes et les dirigeants qu’ils méritaient. Quant aux Révolutions ; elles ne furent pas l’émanation du seul génie populaire. Bien d’autres forces y contribuèrent, beaucoup plus puissantes, beaucoup plus influentes. Livre intéressant pour le parallèle entre République et religion. Analyse plus légère des causes et conséquences. Impression mitigée dans l’ensemble…
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