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Depuis Les Cercueils de zinc et La Supplication, Svetlana Alexievitch est la seule à garder vivante la mémoire de cette tragédie qu'a été l'URSS, la seule à écrire la petite histoire d'une grande utopie. Mais elle est avant tout un écrivain, un grand écrivain. Ce magnifique requiem utilise une forme littéraire polyphonique singulière, qui fait résonner les voix de centaines de témoins brisés.
lu par No'
Homo sovieticus
Qu’est-ce que l’homo sovieticus ? Des hommes qui ont connu le siècle communiste en URSS. Des hommes de tout âge, et même des jeunes n’ayant pas connu le communisme. Tous ont été profondément bouleversés par cette idéologie au point d’en être nostalgique.
Svetlana Alexievitch transmet les témoignages de ces hommes. Sous ces airs simples, ce livre présente des perles de littérature.
La lecture de "la supplication" m'a donné envie de mieux découvrir cet auteur.
Svetlana Alexievitch poursuit son recueil de témoignages. Ici elle se met à l'écoute des voix de l'homme rouge, un type d'homme particulier engendré par le communisme. Elle compose ce qu'elle appelle un « roman de voix ».
Elle raconte le socialisme vu de l'intérieur, donne les détails d'une vie disparue et raconte "la petite histoire d'une grande utopie", c'est une façon pour elle de consigner les traces de la civilisation soviétique.
On découvre un peuple qui n'était pas préparé à la liberté et à la société de consommation, "La découverte de l'argent, cela a été comme l'explosion atomique", on ressent la nostalgie qu'ils ont du soviétisme, du grand pays qu'était la Russie, leur Patrie. Ils parlent de leur perte de repères, de leur impression de vivre dans un pays étranger.
Svetlana Alexievitch a une façon bien particulière de tisser ces témoignages en restituant, outre les faits racontés, les hésitations, les omissions, l'émotion de chaque voix. Elle manifeste attention et empathie envers tous ces hommes et femmes qui se confient à elle.
Son récit est centré sur le vécu, le ressenti de chaque témoin. Il ne s'agit pas du tout du récit historique de l'effondrement de l'URSS et du basculement du totalitarisme dans le capitalisme, mais du recueil du quotidien, des ressentis et des souvenirs de ces hommes et de ces femmes.
Deux générations se côtoient dans ces pages. D'abord, celle dite « des cuisines », nommée ainsi car dans les années 60-70 , les soviétiques "ont quitté les appartements communautaires et ont commencé à avoir des cuisines privées dans lesquelles on pouvait critiquer le pouvoir, et surtout ne plus avoir peur, parce qu'on était entre soi... »
Aujourd'hui sexagénaires, élevés dans le culte de Lénine et de Staline, enivrés par le vent de liberté qui a soufflé en août 1991, ils sont aujourd'hui las, anéantis, entre découragement et colère. L'un dit : « Nous avons connu les camps, nous avons couvert la terre de nos cadavres pendant la guerre, nous avons ramassé du combustible atomique à mains nues à Tchernobyl. Et maintenant nous nous retrouvons sur les décombres du socialisme. Comme après la guerre... ».
La seconde génération, ce sont leurs enfants, âgés aujourd'hui de 20 à 30 ans, les enfants de l'époque post-totalitaire, ils sont plongés dans un chaos économique, sans espoir, et pensent à l'exil.
L'ensemble est très riche, vivant et très instructif.
A lire absolument...
http://leslivresdejoelle.blogspot.fr/2015/12/la-fin-de-lhomme-rouge-de-svetlana.html
a lire , pour une autre vision de l'ex urss
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