"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans ce texte âpre, «Big Jim» nous emmène dans un Montana aussi beau qu'hostile et livre un portrait féminin subtil, non sans échos avec son majestueux Dalva : celui d'une jeune fille meurtrie, aussi blessée qu'en quête de vengeance...
«Sarah cria : "Putain de Dieu!", puis elle s'élança à toute vitesse sur un sentier pentu qui grimpait le long de la montagne jusqu'à ce qu'elle soit certaine que sa blessure allait éclater et qu'elle en aurait fini avec elle.»
Dois-je avouer ici que je n’avais jamais lu un livre de Jim Harrison jusqu’à aujourd’hui ?
Eh bien oui, je l’avoue et je m’en repentis car ce premier livre lu est une véritable révélation.
Sarah est une jeune fille qui vit dans les années 80 dans le Montana avec son père, sa mère les ayant quittés. L’adolescente est plutôt solitaire et a pour seule compagnie son cheval, Lad, sa chienne Vagabonde et les livres. Un jour, un événement violent va la faire sortir définitivement de l’enfance et mettre dans son cœur et son esprit des envies de vengeance.
Cette nouvelle extraite du recueil intitulé « Les jeux de la nuit », est un fabuleux portrait de jeune fille intelligente et attachante et un merveilleux voyage au cœur des paysages du Montana. La nature joue un rôle très important dans le récit semblant s’accorder aux pensées et au changements que traverse Sarah.
Livrée à elle même, la jeune fille doit vivre des drames et prendre des décisions bien trop chargées de conséquences pour son jeune âge.
Dois-je encore parler du style de l’auteur, incisif, précis, lyrique. On ne se perd jamais dans des détails inutiles et on reste toujours au plus près du personnage principal, les grands espaces et les descriptions de la nature donnant un souffle supplémentaire au récit.
C’est prenant et addictif. Je me réjouis d’avoir toute l’œuvre de Jim Harrison à découvrir !
Ma lecture de « La fille du fermier » m’a permis de découvrir la plume de Jim Harrison. Les grands espaces du Montana et une jeune fille à fleur de peau, terriblement attachante....dépaysement garanti !
Texte rugueux pour un personnage féminin superbe. Comment une blessure peut-en cacher beaucoup d'autres et comment une femme les soigne. On est bien chez Harrison, dans les paysages du Montana peut-être pour la dernière fois, sauf manuscrit inédit qui sortirait du chapeau de Christian Bourgois éditeur. Nostalgie.
Jim Harrison, décédé en 2016 est probablement l'auteur étasunien que je lis le plus volontiers et pourtant, je ne suis pas forcément amateur des grands espaces et des descriptions d'iceux, mais allez savoir pourquoi, avec lui, ça fonctionne toujours. Et là, encore une fois, ce court roman ou longue nouvelle qui faisait partie d'un recueil édité en 2010 chez Flammarion, Les jeux de la nuit, est une bonne pioche. Il est lent et beau, la nature y est omniprésente, les hommes et femmes itou. La femme surtout, parce que Sarah est de toutes les pages, c'est son passage vers l'âge adulte que le romancier décrit. Encore petite fille puis adolescente, elle grandit plus vite que beaucoup, d'ailleurs, à un trentenaire qui lui dit : "Tu es trop jeune pour dire une chose pareille.", elle rétorque très justement : "Non, je ne le suis pas. Je suis plus âgée que toi à maints égards." (p.107)
Belle idée que d'éditer ce texte dans cette collection Folio 2€, on y retrouve tout ce qui fait de Jim Harrison un auteur incontournable, doué dans l'art de décrire ce qui nous entoure et également dans celui de brosser de beaux portraits, ici une jeune femme qui vit en parfaite harmonie avec la nature. Court, beau, simple, rien à ajouter, lire La fille du fermier suffit.
Avant de lire la réédition aux éditions Rivages du livre de Norman Maclean – Et au milieu coule une rivière- , en gardant en mémoire les très belles images du film de Robert Redford qui a préfacé le livre, j’avais très envie de prendre la température des grands espaces et de la solitude qui s’y tient avec la fille du fermier de Jim Harrison.
La fille du fermier, c’est la jeune Sarah de 9 ans qui dans les années 1980 part avec ses parents dans les montagnes rocheuses du Montana, abandonnant son piano, sa meilleure amie Maria et tout ce qui fait le petit nid douillet de ses jeunes années passées dans l’Ohio.
Là-bas, dans le Montana, dans ce paysage d’eau et de rocailles, où l’on vit encore comme il y a 30 ans, l’immensité ressemble à une grande solitude.
En manque d’attention de ses parents, Sarah trouve l’affection auprès de Tim, un vieux fermier qui a vendu les arpents de terre au père de Sarah. Tim est la roche solide qui abrite et protège pour un temps la jeune Sarah dont le corps se transforme en une jeune femme qu’elle bride farouchement à ne pas devenir. Sarah préfère les longues promenades à cheval en compagnie de Vagabond, le chien de Tim et les livres de poésie d’Emily Dickinson.
A l’école, Sarah aime par dessus tout les sciences. Par son irrésistible besoin de comprendre le monde, veut-elle aussi comprendre pourquoi elle se sent complètement vide tout en se demandant en regardant son père « si lui aussi abritait dans son esprit ces lieux vides et froids, ainsi que tous ces points d’interrogation métalliques, ou bien si son mental était plein et harmonieux ».
La mort de Tim et l’entrée au collège signent l’arrêt pour Sarah de ces moments d’innocence et de liberté.
Le jour de rodéo qui aurait dû être un jour de fête marque aussi pour Sarah une rupture brutale avec le temps de l’enfance.
Le cœur meurtri et lourd d’un fort sentiment de vengeance, telle une Diane chasseresse, Sarah devra vaincre ses instincts de punité pour sauver son avenir, même si le prix à payer est le silence.
J’ai aimé retrouver la prose râpeuse de Jim Harrison car elle loge dans ses interstices une infinie tendresse pour son personnage féminin, Sarah. De l’extérieur, Sarah apparaît comme une gamine vulnérable et fragile alors qu’elle construit dans son monde intérieur tout un mécanisme de construction d’elle-même et de compréhension des autres . C’est ce qui la rend forte même si parfois elle a l’impression d’échapper à ses décisions.
Elle sait ce qu’elle veut et elle sait parfaitement ce qu’elle ne veut pas être. Sarah est comme une petite pousse d’herbe verte qui réussit à grandir malgré un environnement aride.
A travers Sarah, Jim Harrison témoigne aussi des errances et le mal d’une jeunesse américaine en proie aux désillusions et aux fantômes de la guerre.
J’ai beaucoup aimé les références à la lecture et aux livres qui aident à surmonter les embûches, et au pouvoir des arts en général et de l’instruction. L’astronomie et la lecture de la carte du ciel évoquées à travers Rebecca, la tante de Sarah est ce lien invisible et puissant qui réunit tous les personnages du livre entre eux mais aussi avec leurs ancêtres.
C’est un texte fort et très beau extrait du recueil ‘les jeux de la nuit » qui vient d’être réédité en folio 2 euros , une jolie manière d’entrer en contact avec l’auteur et son univers.
L’auteur construit ici un univers où l’alcool, la solitude, la nature et la brutalité sont omniprésents. Sans tomber dans le roman noir, Jim Harrison développe une intrigue portée par la vengeance mais ne tombe à aucun moment dans le roman noir. Avec un lyrisme certain dans les descriptions et une protonique silencieuse, au caractère bien trempée mais empreinte d’une solitude touchante, il m’a entraînée avec un vif plaisir dans cette région du Montana (qui n’est pas pour autant devenu une destination de rêves) et dans la vie de Sarah, solitaire en souffrance, mature et intelligente. Je n’imaginais pas de fin heureuse mais tranquillement il nous conduit vers un dénouement positif où l’amour finit par remplacer la vengeance.
Jim Harrison est un excellent conteur. La violence est très présente et pourtant, c’est d’avantage un sentiment de douceur (et beaucoup de désespoir aussi), qui a accompagné ma lecture. J’ai vraiment été sous le charme de sa manière de dépeindre cet univers, le climat et ce personnage pour lequel on garde un certain respect.................................
https://libre-r-et-associes-stephanieplaisirdelire.blog4ever.com/jim-harrison-la-fille-du-fermier
C’est l’histoire d’une jeune fille qui voit sa mère partir avec un autre homme dans une quête d’une vie meilleure, loin de la ferme et en laissant son enfant sans remords. C’est une première blessure pour Sarah qui reste donc avec son père et qui devra grandir bien vite, et dans une certaine solitude familiale. C’est l’histoire de ses rencontres, de ses amitiés, des prémices de l’attirance mais aussi de la naissance du dégoût et de la fin de la naïveté, notamment à cause d’un jeune homme qui lui fera du mal. C’est ensuite dans une quête de vengeance que l’on continuera à la suivre.
Le texte est parfois cru. Il reflète un caractère en apparence fort d’une jeune femme qui s’affirme et qui n’a pas l’intention de se laisser faire. Mais sous un esprit rebelle se cache encore une sensibilité qui réapparaîtra au moment opportun et grâce à laquelle elle s’ouvrira finalement à un sentiment nouveau, celui de l’amour.
« Sarah écrivait qu’elle adorait lire des romans parce que les émotions des personnages « supplantaient » l’intérêt qu’elle portait aux siennes. Elle se sentait souvent incapable d’assumer le poids de sa propre existence, et il était alors merveilleux de se réfugier dans les livres. »
Au fil des pages, nous découvrons une jeune fille qui se cherche, qui est blessée par l’abandon mais qui ne se laisse pas envahir. On sent qu’elle ne possède que trop peu de repères, et c’est dans l’isolement du Montana qu’elle devra se construire. Elle se lie d’amitié, apprend à s’attacher mais doit également faire face à la rudesse et à la violence des hommes face à la gente féminine dans cette contrée américaine. Ainsi, la jolie fille du fermier va s’y heurter, ainsi que son amie, et n’aura alors de cesse de vouloir se venger. Le texte ne prend pas de détour, il expose les faits tels qu’ils sont, de façon directe et dans un langage parfois familier.
« Sarah cria : « Putain de Dieu ! », puis elle s’élança à toute vitesse sur un sentier pentu qui grimpait le long de la montagne jusqu’à ce qu’elle soit certaine que sa blessure allait éclater et qu’elle en aurait fini avec elle. »
Je n’ai pas trouvé ce texte si exceptionnel mais il ne m’a pas déplu non plus, loin de là. C’est un portrait de jeune femme qui est exposé sous forme de nouvelle et par conséquent c’est un texte court qui peut se lire d’une traite afin de s’imprégner davantage de l’ambiance. J’ai apprécié voir Sarah évoluer durant ces 130 pages et j’avoue qu’en peu de pages, Jim Harrison a su dépeindre un portrait intimiste d’une jeune fille blessée mais tout de même forte qui va devoir se forger sans mère à ses côtés, sans exemple féminin pour appréhender sa relation aux autres.
C’est donc un texte intéressant qui, pour 2 €, ne mérite pas de s’en priver !
Ma chronique sur mon blog : https://ducalmelucette.wordpress.com/2017/12/27/lecture-la-fille-du-fermier-de-jim-harrison/
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