L'auteur de "Vie de David Hockney" dévoile ses indispensables...
«- Dis-moi pourquoi tu rentres si tard. Il n'a rien répondu. - Vous avez bu ? Joué au poker ? Vous êtes sortis ? Tu as oublié l'heure ? Il continuait à se taire, avec une espèce d'insistance, en faisant tourner son verre entre ses doigts. J'ai jeté par hasard des mots absurdes pour le faire sortir de ses gonds et lui arracher une explication : - Qu'est-ce qui se passe ? Il y a une femme dans ta vie ? Sans me quitter des yeux, il a dit : - Oui, Monique, il y a une femme dans ma vie.»
L'auteur de "Vie de David Hockney" dévoile ses indispensables...
La femme rompue – Simone de Beauvoir
Cette nouvelle écrite en 1967 est sans doute bien loin à présent du comportement d’un homme et d’une femme dans le couple d’aujourd’hui.
Monique est dans cette histoire une femme au foyer qui aime son mari Maurice depuis 22 ans. Ils ont deux filles mariées, l’une installée aux E-U, l’autre non loin d’eux avec deux enfants.
Monique est à présent dans la solitude, mais elle a des projets plein la tête.
De son côté Maurice est homme qui s’est laissé dévorer par sa profession et en n’oublie ses propres loisirs, les petites complicités avec son épouse.
Un matin, quand il rentre à 3 heures, son épouse ne dort pas et alors qu’à des questions simples elle ne reçoit aucune réponse, Monique jette la question absurde : il y a une femme dans ta vie ?
La réponse veut marquer à cette époque la franchise ; mentir pour dissimuler un autre mensonge n’était la pensée du jour. Réponse : oui.
Le qui : avocate. Peu de questions suivent. Mais le mot le plus inattendu de Monique est « dormons ! »
Etonnant, non !? Mais le réveil est énervé, bien entendu !
Simone de Beauvoir va venir agrémenter le comportement des protagonistes par différentes phases : adopter une attitude compréhensive et conciliante, ne pas heurter. La première est de permettre de vivre une aventure à son mari et le laisser se fatiguer. Surtout ne pas ratiociner.
Mais son propre esprit suit-il cette recommandation ?
Les questions vont ainsi se chevaucher et les explications vont dégénérer à des scènes non voulues…
Histoire philosophique avec des passages intéressants et improbables. Mais la nature humaine ne rend pas meilleur une situation adultère on y mettant une forme de reconquête.
Quand la trahison a été consommée à table, il est difficile d’en sortir avec le ventre repu !
Le résumé de l’éditeur :
«- Dis-moi pourquoi tu rentres si tard.
Il n'a rien répondu.
- Vous avez bu ? Joué au poker ? Vous êtes sortis ? Tu as oublié l'heure ?
Il continuait à se taire, avec une espèce d'insistance, en faisant tourner son verre entre ses doigts. J'ai jeté par hasard des mots absurdes pour le faire sortir de ses gonds et lui arracher une explication :
- Qu'est-ce qui se passe ? Il y a une femme dans ta vie ?
Sans me quitter des yeux, il a dit :
- Oui, Monique, il y a une femme dans ma vie.»
Ce que j’en pense :
A travers son journal, Monique, femme au foyer de 44 ans, cherche à comprendre pourquoi son mari l’a trompée.
Elle ne peut croire qu’il ne l’aime plus, alors qu’il est le centre de sa vie. Elle pense qu’il s’agit d’une passade et essaie de composer avec cette nouvelle situation en se persuadant de le récupérer.
Elle s’interroge beaucoup sur elle-même, ressasse le passé sans parvenir à comprendre ce qui lui arrive.
Une femme qui ne vit que pour les autres, mais aussi et surtout par les autres. Quand ses filles adultes quittent la maison, que son mari en fait de même, sa vie s’effondre. Elle n’est plus rien, elle est rompue, elle est cassée. Elle s’accroche à ses proches sans pouvoir accepter l’inéluctable.
« Quand on a tellement vécu pour les autres, c’est un peu difficile de se reconvertir, de vivre pour soi. Ne pas tomber dans les pièges du dévouement : je sais très bien que les mots donner et recevoir sont interchangeables et combien j’avais besoin du besoin que mes filles avaient de moi. »
Sous les apparences d’une banale affaire d’adultère se cachent deux thèmes fondamentaux :
- la dépendance affective, conjugale et financière
- l’immobilisme mental
Une belle leçon de vie donnée par Simone de Beauvoir en 1972.
Se prendre en charge, ne pas rendre autrui responsable de ses difficultés ou de son mal être. Chacun est responsable de sa vie, de sa réussite ou de son échec.
Dans les années 1970, c’était encore plus important pour une femme de comprendre l’importance de l’indépendance.
Ne pas se raconter d’histoires, s’accepter, se remettre en cause et surtout agir et réagir. Une philosophie du pragmatisme et de l’action.
J'ai adoré ces 3 instants de vie de femmes , très durs mais si bien écrits par Simone de Beauvoir.
Il faut dire que Josiane Balasko jouant le monologue de la femme rompue nous a vraiment donné envie de le lire et le relire!
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