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«Comment devient-on soi ? Telle est la question que posent les Cahiers de jeunesse de Simone de Beauvoir. Quand ils commencent, en 1926, leur rédactrice a dix-huit ans et Simone de Beauvoir, telle qu'elle deviendra célèbre, n'existe pas. Nous allons assister, de page en page, à sa naissance, en vertu de la métamorphose de mademoiselle de Beauvoir, jeune bourgeoise catholique du début du XX? siècle, en celle que ses amis appelleront le Castor, une femme libre. Il est rare d'asssiter sur le vif à une pareille invention de soi. J'accepte la grande aventure d'être moi, écrit-elle, et cette phrase symbolise la difficile entreprise où elle se jette, courant tous les risques sans aide, avec sa prodigieuse vitalité et son ardent amour de la vie. En effet, ce n'est pas seulement comme femme qu'elle se cherche, c'est comme individu, et cela bien avant de faire la connaissance de Jean-Paul Sartre, en 1929. Quand nous tournons la dernière page, en 1930, un être nouveau existe, dont l'assurance et l'autonomie nous frappent : Conscience de toute ma force... Étrange certitude que cette richesse sera reçue, que cette vie sera source où beaucoup puiseront. Certitude d'une vocation.» Sylvie Le Bon de Beauvoir.
Ces cahiers de jeunesse couvrant 5 des jeunes années (18 à 22 ans) de Simone de Beauvoir sont en quelque sorte le journal intime de celle qui deviendra le Castor de Sartre et la célèbre auteure du Deuxième Sexe. Un journal qui nous apprend beaucoup sur la volonté de Simone de Beauvoir de s'épanouir amoureusement et intellectuellement. Sa soif d'apprendre et son appétit de connaissances la poussent à étudier comme une acharnée, à se nourrir de culture, de littérature, de musique, d'art, mais aussi de sciences et mathématiques. Elle va d'ailleurs "se chercher" durant quelques mois, chercher comment développer sa personnalité, chercher ce qui pourrait rendre sa vie passionnante. Elle finira, à la faveur d'un été, par décider d'écrire et d'apprendre, cet instant, elle l'appellera "sa naissance". L'aspect étonnant de ses souvenirs, lorsque l'on sait la féministe qu'elle est devenue, concerne l'amour entier et dévoué qu'elle vouait à son cousin Jacques. La jeune Simone de 17 ans et des quelques années suivantes, était persuadée qu'elle allait épouser ce cousin tant aimé, fonder une famille et avoir des enfants ! L'on en apprend également beaucoup sur sa découverte de l'amitié, et notamment sur l'amitié masculine, celle qu'elle développera notamment avec Merleau-Ponty. Et puis sa rencontre avec Sartre... Ces mémoires nous montrent également qu'à à peine 18 ans, cette jeune fille avait déjà une très haute estime d'elle-même, ce qui peut lui donner un petit côté insupportable et met en lumière un manque d'humilité... à moins qu'à l'inverse, cela ne soit une manière de masquer ses doutes ? En tout cas, elle analyse et décortique tout avec une acuité et une pertinence hors du commun.
Un très complet, beau et extraordinaire document sur les jeunes années d'une grande figure de la littérature et de la philosophie française, que nous devons à sa fille adoptive, Sylvie le Bon de Beauvoir qui a fait publier ces cahiers.
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