"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
1980. Deux ans après la mort de Kurt Gödel, l'un des plus grands mathématiciens du siècle, ses archives dorment encore dans des cartons. Mandatée par l'université de Princeton pour les récupérer, une jeune documentaliste se voit contrainte de charmer sa veuve, femme acariâtre à présent recluse. Anna Roth comprend vite que, pour gagner sa confiance, il lui faut écouter ce que personne n'a jamais voulu entendre.
De la Vienne des années folles à l'Amérique maccarthyste, Adèle Gödel lui narre peu à peu une histoire d'amour jalonnée de petites victoires - sur les préjugés, l'horreur nazie, la folie inhérente au génie- Une passion absolue avec laquelle il a fallu vivre.
Cet ouvrage a reçu le Prix des libraires.
Anna jeune documentaliste a pour mission de récupérer les archives des recherches de Kurt Gödel un illustre mathématicien, pour celà elle va apprivoiser la femme de celui ci : Adèle.
Nous suivons en parallèle la quête d'Anna et la vie de son mari que raconte Adèle Gödel, assez passionnante épopée des années 30 en Europe aux années 80 à Princetown. Beaucoup de détails, d'anecdotes autour de ces génies de la science, mais aussi quelques longueurs surtout sur la fin qui ont fait que j'ai mis un temps fou à finir ce livre.
J'ai malgré tout aimé me replonger dans l'univers un peu découvert dans le film Oppenheimer, j'ai bien aimé aussi cette confiance qui s'installe entre la vieille femme et Anna. L'écriture est riche et précise. Un roman qui rend hommage à Kurt Gödel, grand mathématicien pourtant si peu connu.
"La femme est l'avenir de l'homme", disait le poète.
J'aurais aimé savoir ce que Adèle Gödel aurait pensé de cette phrase, mais ce qui est certain c'est que sans elle, Kurt Gödel, son mari, n'aurait pas eu l'avenir qu'on lui prédisait en 1926.
A Vienne, à cette époque, à 20 ans, Kurt est déjà un prodige des mathématiques, un futur génie dont les travaux auront une importance capitale. Il est aux maths et à la logique ce qu'Einstein est à la physique, le charisme en moins. Les deux sont d'ailleurs contemporains et deviendront de proches amis.
Quand Kurt et Adèle se rencontrent, on ne donnerait pas cher de leur couple, tant ils sont de milieux et de tempéraments différents. Elle est divorcée, catholique, danseuse et serveuse dans un cabaret, a sept ans de plus que lui et n'a pas fait d'études, elle vient d'un milieu modeste et a un tempérament de feu, terre à terre, solide. Lui, qui termine son doctorat, est luthérien et fils d'un industriel prospère, a la santé et le mental fragiles, ne comprend pas grand-chose aux relations humaines et vit dans son monde de sciences à des années-lumière de la "vraie" vie. Et pourtant, leur histoire d'amour durera 50 ans, jusqu'au décès de Kurt en 1978. Et s'il n'est pas mort plus jeune, c'est uniquement grâce à Adèle, qui l'aura soutenu, porté, tiré, au propre et au figuré, tout au long de ces années, de Vienne à Princeton où ils se sont exilés au début de la deuxième Guerre mondiale.
Un demi-siècle de vie commune, certes, mais de bonheur et d'amour ? C'est à se demander si Kurt en était capable. Il a un caractère compliqué, connaît des épisodes anorexiques et dépressifs, est interné à plusieurs reprises, il est maniaque et tend à la paranoïa, autant de troubles qui iront en s'aggravant, jusqu'à ce qu'il sombre dans la folie à la fin de sa vie. Et Adèle, infirmière et mère plus souvent qu'épouse et amante, le soigne, le nourrit, le protège, lui démontre un dévouement et une abnégation sans faille, sacrifie ses besoins, ses désirs, sa santé, sa vie, à ceux de son homme. Sans être payée de retour, mais fidèle et loyale jusqu'au bout. L'aimer, elle ne sait faire que ça.
Le roman commence en 1980, à Princeton, quand Anna, jeune documentaliste désabusée, est chargée d'amadouer la désormais acariâtre et mourante Adèle, pour la décider à confier les archives de Kurt à l'université. Revêche, Adèle ne claque pourtant pas la porte au nez d'Anna, et au fil des visites de la jeune femme, lui raconte son histoire, son versant de son histoire avec Kurt Gödel.
Et quelle histoire ! Quel homme ! Quelle femme ! Comment a-t-il pu se torturer, se laisser couler à ce point ? Comment a-t-elle fait pour ne pas craquer et le planter là ? Que de souffrance morale pour ces deux-là, et pourtant, que seraient-ils devenus l'un sans l'autre ?
Bien sûr, tout ceci est romancé, mais c'est tellement bien écrit que cela semble crédible. Portraits d'un génie fragile et d'une femme amoureuse pour le meilleur et pour le pire, ce roman raconte aussi l'histoire du 20ème siècle, avec la montée de l'antisémitisme et du nazisme, la fuite des cerveaux, le statut des ressortissants allemands et autrichiens aux USA pendant la guerre, la bombe atomique, l'histoire des sciences et de leurs liens avec la philosophie. Une histoire de transmission, des archives de Gödel, mais aussi de l'expérience de vie d'Adèle à Anna. Des personnages complexes et attachants (le portrait d'Einstein est savoureux), pour un roman riche et dense, documenté et érudit mais très lisible, captivant et émouvant, dans lequel le mystère vertigineux de l'amour et des mathématiques confine à la poésie.
Un livre magnifique. Je connaissais le mathématicien, j'ai découvert l'homme et surtout la femme.
Bonne découverte que ce roman!
Je ne sais pas si il a déjà fait l'objet d'une adaptation cinématographique mais il le pourrait.
Tous les ingrédients sont là :
L'histoire et le contexte historique et la relation qui s'installe entre les deux personnages principaux.
Un belle relation se noue entre Anna, jeune universitaire, et Adèle, en fin de vie dans une maison de retraite. Anna est mandatée par l'université de Princeton pour récupérer les archives de Kurt Gödel, génie mathématique du 20ème siècle, et dont Adèle fut la femme. Anna gagne la confiance de la vieille femme acariâtre en l'écoutant raconter son histoire.
Le roman fait des aller-retours ces échanges, qui ont lieu en 1980, et l'histoire de ce couple improbable formé d'une danseuse de cabaret dans la Vienne d'avant guerre et ce mathématicien torturé et paranoïaque. On réalise à quel point Adèle s'est sacrifiée pour que son mari, grand ami d'Einstein, puisse étudier et conduire ses recherches dans les meilleurs conditions.
Un livre bien écrit qui nous replonge dans l'histoire et qui donne envie d'en savoir plus sur Gödel, dont ont sait maintenant que son génie n'aurait pu s'exprimer sans l'amour et la totale dévotion dont a fait preuve Adèle à son égard.
Je viens de me rendre compte que je n'avais pas encore fait de critique de ce livre. Pas grand chose à en dire. L'histoire aurait pu être intéressante mais ça ne marche pas.
Enoncé du problème :
Quelles sont les probabilités qu’une danseuse de cabaret de seconde zone et un mathématicien de génie, connu pour sa théorie de l'incomplétude ; que la veuve d’un génie des mathématiques et une jeune documentaliste névrosée se rencontrent ? Veuillez justifier vos arguments ainsi que vos conclusions.
Anna, documentaliste à l’Institut de Recherche Avancée de Princeton (USA), quasi anorexique, plutôt déprimée, fuyant la vie pour ne pas ressembler à sa mère.
Adèle, veuve du grand mathématicien autrichien Kurt Gödel. Ancienne danseuse dans un cabaret miteux où elle fait la connaissance de ce jeune homme pas comme les autres.
Ces deux femmes vont se rencontrer car L’IAS, désireux, de mettre la main sur les documents laissés par Kurt Gödel confie à Anna la lourde tâche de les récupérer auprès de cette veuve un peu acariâtre que personne ne peut apparemment convaincre.
Un chapitre pour Anna, un chapitre pour Adèle…. Le met aurait pu être insipide, mais la force de Yannick Grannec, en plus d’un formidable travail de documentation sur Gödel, est de nous faire vivre cette rencontre émaillée des incertitudes d’Anna et des souvenirs d’Adèle. Elles se sont élues mutuellement et Adèle va lui conter sa vie avec Gödel : « Le plus grand logicien du monde ? Le roi des emmerdeurs, oui ! »
Fin des années 1920, Adèle et Kurt se rencontrent et ainsi débute une relation qui dura jusqu’à la mort. Ne me demandez pas de vous résumer le travail de génie de ce mathématicien, je ne saurais le faire (incapable que je suis de résoudre une équation au premier degré !), qui ira jusqu’à. Ce n’est pas grave car le personnage central est Adèle. Elle a tout quitté, son petit monde, son métier pour suivre cet homme qui ne lui a jamais dit un seul mot d’amour. Elle le soignera, lui évitera une mort précoce, accepte de partir pour Princeton, elle qui ne parle pas la langue qui se sentira toujours étrangère à ce monde de mathématiciens et de génies. Quelle abnégation, heureusement Einstein était là pour la soutenir.
Gödel a 2 béquilles : sa femme et les mathématiques ou l’inverse. Il vit dans et par la force de sa femme et se nourrit de mathématiques. A lui la reconnaissance du monde scientifique à elle les petites victoires. Mais, au fait qu’elles sont ces petites victoires ? Entre autre, son mariage, bien que ce fut presqu’une injonction de Mme Gödel-mère ; l’achat d’une maison ; le plaisir d’installer une paire de flamands roses du plus mauvais goût pour faire râler la belle-mère ; tous ces jours où elle a lutté contre la paranoïa, la folie de son génie de mari…
L’auteure a bien su démontrer dans ce livre le théorème de l’amour et des petites victoires. Un ouvrage qui m’a fait découvrir un génie inconnu dont Albert Einstein aimait à dire : « Je ne vais à mon bureau que pour avoir le privilège de rentrer à pied avec Kurt Gödel ». Nous traversons le XXème siècle dans les pas de ces génies qu’elle rend humain.
Yannick Grannec, votre démonstration est fort judicieuse, vos recherches documentaires sérieuses. Quant au style très efficace, il m’a ravie, peu de temps morts, je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer en lisant votre gros bouquin.
A celles qui recherchent l’âme sœur, si vous voyez un génie en mathématique passer dans le coin… fuyeeeez !
C’est la principale leçon que j’ai retirée de l’histoire pathétique d’Adèle, mariée plus pour le pire que pour le meilleur avec Kurt Gödel, prodige des mathématiques, hypocondriaque aigu et égoïste patenté : le cœur a décidemment des raisons que la raison bla-bla-bla… !
Sa vie, Adèle la raconte à Anna Roth qui a pour mission de récupérer les archives de Kurt Gödel, et qui, insensiblement, s’attache à cette vieille dame au tempérament volcanique : sa jeunesse insouciante, les années 30 en Autriche, la montée du nazisme, de l’antisémitisme, la fuite des cerveaux vers l’Amérique, la rencontre avec Kurt, jeune homme surdoué et faible affligé d’une mère possessive et odieuse, la conviction ancrée qu’elle est la femme dont il a besoin, le mariage, l’exil en Amérique, leur amitié avec Einstein et les grands scientifiques de l’époque…
Loin des clichés, Yannick Grannec nous raconte l’histoire d’une femme atypique, une femme qui a côtoyé les plus grands intellectuels du siècle sans être le moins du monde une intellectuelle elle-même, avec pour seul bagage sa beauté, deux pieds bien ancrés dans le réel et son amour pour un homme amputé de sens pratique.
J’ai beaucoup aimé l’évocation de l’amitié du couple Gödel avec Albert Einstein et Oppenheimer à Princeton. Pour le reste, j’ai trouvé que les dialogues à l’emporte-pièce ne sonnaient pas très justes et les personnages m’ont semblé parfois un peu caricaturaux, surtout les contemporains. Quant à Kurt Gödel, difficile de ne pas le trouver insupportable…
Un roman intéressant donc si on passe sur les longueurs et les dialogues.
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