#RL2017 Je me promets d’éclatantes revanches (L’Iconoclaste)
En 1944, le camp de concentration de Ravensbrück compte plusieurs dizaines de milliers de détenues. Mila a vingt-deux ans quand elle arrive à l'entrée du camp. Autour d'elle, quatre cents visages apeurés. Dans les baraquements, chacune de ces femmes va devoir trouver l'énergie de survivre, au très profond d'elle-même, puiser chaque jour la force d'imaginer demain. Et Mila est enceinte mais elle ne sait pas si ça compte, ni de quelle façon.
#RL2017 Je me promets d’éclatantes revanches (L’Iconoclaste)
Valentine Goby partage ses choix littéraires
Comme toute rentrée littéraire de septembre, pointent quelques titres qui d'emblée laissent supposer le succès à venir. Parmi eux, des auteurs incontournables qui semblent une fois de plus très inspirés, des auteurs qui confirment leurs talents. Une rentrée foisonnante où les personnages historiques ont encore breaucoup de choses à révéler, des enchevêtrements familiaux aux sources inattendues, de quoi surprendre et satisfaire la curiosité des lecteurs !
Chaque année révèle de nouveaux talents, confirme des auteurs attendus, promet de beaux succès. Devant cette pléthore de romans, il est nécessaire de s'arrêter sur certains afin de découvrir et de comprendre l'engouement qu'ils ont su susciter.
Wouahou. Ce livre est un véritable coup de poing. L'écriture est de toute beauté mais le propos est d'une violence rare. Kinderzimmer, est loin de raconter seulement cette pièce des enfants, pourtant inimaginable, c'est le camp, c'est la lutte pour la survie, c'est la perte, la résignation, la vie sans vie, le temps qui s'égraine, interminable. Suzanne a survécu, c'est pour cela qu'elle peut se permettre de raconter, et c'est bien la seule chose qui allège un peu l'angoisse suscitée par ce roman chez le lecteur. Un livre magnifique, dur, mais magnifique.
"Remplir le corps, c'est l'obsession. Un bout de légume tombé d'une gamelle, souillée de poussière et de salive, ça se mange. Une épluchure jetée au cochon, ça se mange. Les pensées violettes qu'on trouve parfois le long du lac vers les wagons de pillage, ça se mange. Et la pâtée des chiens devant les villas SS, des tranches de viande couleur framboise mêlées de bout de gras, avec des grosses mouches vertes autour, ça se mange."
Le silence, une salle de classe, une écharde dans l'histoire, de brusques éblouissements, les chairs des femmes, les chants à voix basse, la mort omniprésente, des bouts de barbelés, une large robe rayée, les feuilles soulevées par le vent, une étoile dans le ciel pastel, les quatre cents moins les mortes, les frissons de l'aube, la puanteur familière, une démente envie de vivre, une distorsion de la logique, des fantasmes de festins, l'invisible sabotage, les cartes roses, les griffures des rats, les ondes chuchotent, l'éclat du soleil dans les congères, la maternité au camp, premiers lilas...
C'est une lecture douloureuse mais essentielle.
Je termine ce livre et malgré le style particulier - phrases courtes, sans verbes parfois, à la construction parfois difficile - cette histoire est un énorme coup de cœur !
Un roman grave et bouleversant. L'auteure parvient à mettre des mots et des images sur l'indicible.
J’ai beaucoup lu sur cette période horrible et sur les camps. C’est toujours une épreuve. Avec Kinderzimmer, Valentine Goby m’a fait voir une autre facette de ce cauchemar.
Suzanne/Mila fait partie d'un réseau de résistance à Paris. Elle a 22 ans. Arrêtée, elle arrive au camp de travail de Ravensbrück au printemps 1944. Elle découvre qu’elle est enceinte.
Un roman difficile, on tremble, on souffre, on a la nausée, on s’insurge, on a peur...
La solidarité et la force des déportées, malgré le dénuement et l'inhumanité absolus du camp, est ce qui m'a le plus impressionnée : les Noël, les anniversaires... Grâce à la solidarité des femmes, Mila parviendra au terme de sa grossesse.
J'ai aimé la complicité à la fin avec les hommes de la ferme
J’aurais aimé aussi avoir des nouvelles de Teresa.
Ce livre, c'est un hymne à la vie, à la solidarité et au courage.
Avant 1944, les bébés étaient tués à la naissance. Mais en 1944, lors de la débâcle allemande, la kinderzimmer (chambre des enfants) est créée pour s'occuper des nouveau-nés.
Sur 500 naissances consignées à Ravensbrück, une quarantaine d'enfants seulement ont survécu.
Le livre est dédié aux trois enfants français survivants :
- Sylvie Aylmer (03/1945)
- Jean-Claude Passerat(11/1944)
- Guy Poirot(03/1945)
ainsi qu'à l'étudiante en médecine, puéricultrice de la Kinderzimmer : Marie-Jo Chombart de Lauwe.
Je reste sidérée devant cette cruauté monstrueuse dont sont capables certains et admirative devant le courage, l’énergie dont ont fait preuve ces déporté(e)s. Comment ont-elles survécu ?
Nous avons un devoir de mémoire, pour que cela ne se reproduise jamais.
Pour avoir rendu quelques services à la Résistance, Mila, de son vrai nom Suzanne, après avoir été dénoncée, a été arrêtée, emprisonnée puis déportée en Allemagne. Au printemps 1944, elles sont 400 femmes comme Mila parties de Romainville qui arrivent épuisées devant l’entrée du camp de Ravensbrück qui compte plus de quarante mille femmes. Mais voilà, dans ce lieu où la mort règne, Mila est enceinte et veut que sa grossesse reste invisible et dans sa tête les questions se bousculent, ignorante de son propre corps. Après la mort de Lisette, la cousine de Mila, Teresa va se rapprocher d’elle et sera là pour lui insuffler le devoir de tenir et partagera maintenant avec elle le double fardeau.
Lors de la naissance de l’enfant, elle découvrira alors, à l’infirmerie, la Kinderzimmer, la chambre des enfants.
Avec ce roman, Valentine Goby révèle une parfaite connaissance de l’époque et nous dévoile l’existence de cette Kinderzimmer qui a vraiment existé et dans laquelle la grande résistante Marie-Jo Chombart de Lauwe, a œuvré tant qu’elle a pu pour sauver les vies de ces bébés de la mort et à qui cet ouvrage est dédié.
Valentine Goby a rédigé là, un livre remarquable écrit au présent qui nous plonge véritablement dans cet enfer concentrationnaire et ceci sans pathos malgré l’horreur décrite avec précision. Rien ne nous est épargné de la faim, du froid, de la promiscuité, du supplice de l’Appell qui peut durer des heures et où les déportées doivent se tenir immobiles dans le froid glacial, telles des stèles, de la peur de la maladie et de devoir aller au Revier, l’infirmerie véritable antichambre de la mort.
Pour ce qui est de la Kinderzimmer, ce n’est qu’en septembre 1944 que les nazis décidèrent de la créer. Jusque-là, les déportées enceintes étaient obligées d’avorter, même tardivement.
Néanmoins l’espérance de vie des nourrissons était très limitée, elle tournait autour de trois mois et très rapidement les bébés déclinaient et mouraient. L’auteure s’attache à montrer le courage, la solidarité et l’ingéniosité dont vont faire preuve les compagnes de Mila pour garder cet enfant en vie, enfant qui, pour elles toutes est un ultime espoir dans cet enfer.
Seulement trois enfants français nés à Ravensbrück ont survécu.
Avec cette fiction romanesque, Valentine Goby porte à notre connaissance un aspect peu connu de la vie des camps, à savoir la naissance de bébés dans les camps de concentration. À la fin du bouquin, elle n’omet pas de parler de la joie lors du retour de retrouver certains proches mais surtout de la communication presque impossible à établir. « Ils disent qu’ils ont eu peur pour elle. … En fait, ils ont peur d’elle . Ce qu’elle a vu, entendu, ils ne veulent pas le voir, pas l’entendre ». « Elle sait qu’elle va porter Ravensbrück comme elle a porté son enfant : seule et en secret ».
C’est un livre qui se lit avec douleur, c’est une lecture éprouvante et qui secoue mais une lecture ô combien nécessaire pour ne pas oublier et éviter que l’homme ne retombe dans ce complet avilissement !
Je suis restée sidérée, tétanisée devant cette cruauté monstrueuse perpétrée par des hommes et des femmes, envers leurs semblables. Peut-on, d’ailleurs, encore dénommer ainsi ces bourreaux, véritables barbares? Mais je suis également restée ébahie et quasi incrédule devant le courage, l ‘énergie, l’audace souvent dont ont du faire preuve ces femmes pour supporter ces conditions inqualifiables.
L’écriture est brillante, juste, sobre et terriblement percutante et impressionnante.
Kinderzimmer prouve déjà tout le talent littéraire de Valentine Goby que j’avais déjà eu le plaisir de découvrir avec Un paquebot dans les arbres et Murène.
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Quel roman ! Quelle force ! Quel réalisme !
En écrivant Kinderzimmer, la chambre des enfants, Valentine Goby a réalisé quelque chose d’essentiel : traduire l’indicible, nous le faire partager afin de ne pas oublier, jamais !
Cela, Suzanne Langlois tente de le faire face à une classe de lycéens, garçons et filles de dix-huit ans. Témoigner, plus de cinquante fois elle a réussi à le faire, quand une fille avec un anneau rouge dans le sourcil droit lui demande si elle savait qu’elle était à Ravensbrück. Elle qui disait « nous marchions jusqu’au camp de Ravensbrück » est déstabilisée car elle ne savait rien en arrivant là-bas.
C’est alors que Valentine Goby commence à raconter l’histoire de Mila, déportée politique, arrêtée pour son rôle dans la Résistance. Elle est partie comme quatre cents autres femmes, de Romainville, avec sa valise, enceinte. Trois jours, quatre nuits en train jusqu’à la gare de Fürstenberg. Jean Ferrat l’a si bien fait ressentir dans Nuit et Brouillard.
J’ai déjà lu beaucoup de récits, de documents, vu des films mais jamais je n’avais plongé aussi prêt du quotidien de ces femmes, dans leur vie abominable du camp de concentration.
Valentine Goby, par l’intermédiaire de Mila, détaille tout, émaille son texte de mots, de phrases, d’ordres en allemand et je me demande, au fil des pages, comment des femmes ont pu exercer autant de violence, imposer tant de souffrances, provoquer la mort atroce de centaines de milliers d’autres femmes déportées depuis tous les pays d’Europe sous la botte nazie ? Pour les hommes, l’horreur a été aussi la règle.
Les sévices sont effroyables. Ils sont décrits au jour le jour et nous sommes à la mi-avril 1944 quand Suzanne Langlois (Mila) part pour l’Allemagne.
Si Mila est enceinte, elle n’en dit rien car elle ne voit pas d’autres femmes comme elle. Il faut travailler dur, vider les wagons remplis de tout ce que les Allemands ont pillé dans les pays occupés, d’autres tricotent, cousent des vêtements mais la faim et les maladies font des ravages. Comment peuvent-elles tenir debout, immobiles à n’importe quelle heure du jour et de la nuit pour les fameux Appells, alors que la température est nettement en dessous de zéro ?
Valentine Goby montre bien la solidarité qui se développe, même si personne n’hésite à voler une autre pour pouvoir survivre. Puis il y a les conditions sanitaires inimaginables et leurs conséquences, irréparables. Pourtant, il faut tenir et tenter de se souvenir. Pour cela, Mila se met à répéter les dates : « 15/16 juin 1944 : transfert Kommando Neubrandenburg – 15 à 30 juillet : Wera vingt-cinq coups de bâton – Novembre : transport noir Zwodan – Décembre : femmes d’Auschwitz partent pour Uckermark… » Mila réussit à ne pas oublier, même à noter ces atrocités qui prouvent l’existence de ces camps de la mort où des quantités de vies ont été sacrifiées dans d’immenses souffrances.
Je n’oublie pas les bébés qui meurent au bout de quelques jours pendant que Schwester Martha réserve le lait pour ses chatons. Mila a accouché dans les pires conditions mais elle réussit à s’occuper épisodiquement de James puis de Sacha-James que nous retrouverons plus tard.
De par le monde, les hommes et les femmes ont prouvé, hélas, qu’il n’y avait pas de limites à l’horreur et aux sévices exercés sur leurs semblables mais ce qui s’est passé au cœur de l’Europe au cours des années 1940 va au-delà de l’imaginable.
Je ne peux que rendre un vibrant hommage à Valentine Goby, déjà beaucoup appréciée avec Un paquebot dans les arbres et Murène, pour ce Kinderzimmer découvert un peu tardivement et saluer les personnes qu’elle remercie à la fin de l’ouvrage car elles lui ont apporté leurs témoignages afin qu’il soit impossible d’ignorer ce qu’elles ont dû endurer et se souvenir des victimes de la barbarie nazie.
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
C'est loin d'être un livre léger... Le sujet est lourd, terrible, pesant. La 2nde guerre mondiale et les camps, sujets souvent traités mais tellement importants. Ce roman fait découvrir un autre aspect de ces camps, de la lutte pour (sur)vivre, de l'entraide, de l'espoir, de bébés qui s'accrochent à la vie...
Difficile mais nécessaire.
Ah Valentine Goby ! Quel tour de force, ce livre-là notamment !
Sujet périlleux et dérangeant donner naissance en camp d'extermination nazi- et le tour est brillamment emporté ! C'est inspiré de l'histoire de Marie-Josée Chombart de Lauwe, qui, du haut fragile de ses 17 ans, a été la seule puéricultrice française à avoir exercé dans la kinderzimmer.
Nous retenons notre souffle, l'apnée est notre quotidien durant la lecture de ces pages.
Tout est détaillé avec minutie et sobriété, tout nous emporte, tout nous broie, tout nous étreint.
Nos âmes abasourdies écoutent les bruits de la nuit contemporaine et les morts quasi généralisées de ces bébés imposent un silence fort et suffocant.
c'est un livre essentiel et inoubliable.
Ravensbrück fut un camp de concentration réservé aux femmes.
Nous suivons Mila, 20 ans, arrêtée à Paris pour faits de résistance, enceinte et qui arrivent dans ce camp au printemps 1944.
Nous découvrons l'univers concentrationnaire, sa promiscuité, ses odeurs, ses maladies, ses bêtes (poux, gale, rats...), ses combines pour pouvoir survivre, ses Blockhowas, ses Aufseherins et tout le vocabulaire attenant.
Mila est accompagnée de Lisette, sa cousine. Elles se serrent l'une contre l'autre la nuit, lors de l'Appell quand il gèle à pierre fendre. On y croise leurs compagnes de block : Georgette, Marianne, Teresa et toutes les autres.
Et puis quand l'enfant naît, car malgré les privations il finit par voir le jour, on croise Sabine qui tente de maintenir ses petits êtres en vie, qui s'arrange pour trouver du lait, pour échanger les morts et récupérer leur ration. Les mères qui ont encore du lait nourrissent les enfants de celles qui n'en ont plus. Les autres flétrissent à vue d'oeil et leur espérance de vie dépasse rarement les deux, trois mois. Cette Kinderzimmer a beau être un mouroir, c'est aussi un lieu d'espoir malgré l'extérieur, l'espoir de tenir, de vivre, d'espérer.
Malgré ces arrangements, l'Histoire dit que seuls une quarantaine d'enfants survivront à cet enfer, dont seulement trois français.
Valentine Goby s'est inspirée de l'histoire de Marie-José Chombart de Lauwe, Sabine dans le roman, et de Madeleine Roubenne, la mère d'un des trois enfants rescapés.
Ce livre, qui résonnera certainement longtemps en moi, est fort, bouleversant, éprouvant aussi mais nécessaire pour relater l'ignominie.
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