La Revue de Presse littéraire d'avril
Le roman s'ouvre sur le premier chapitre d'un manuel de Développement Personnel, Mental coaching (ma méthode mes succès), où Paul Béranger entremêle théories du mieux-être, exercices à réaliser soi-même et péripéties qui ont conduit cet athlète olympique à devenir le plus célèbre consultant en remise en forme psychique du monde.
C'est dans ce best-seller que Julie est plongée, tout en prenant le soleil sur une plage naturiste de l'île du Levant. Fraîchement divorcée, la plantureuse quadra espère trouver dans ce traité d'initiation au bonheur de quoi reprendre sa vie en main.
À mesure que Julie répète les mantras tautologiques du livre-miracle, elle en oublie la présence de sa fille unique, Necko. L'adolescente au physique plutôt ingrat semble elle aussi en pleine lecture. Elle dévore le premier volume de Bad Lovers Hackers, un manga yaoi (réservé aux filles) aux allures de romance entre jeunes héros du même sexe (masculin). Captivée par ces amours androgynes, elle entame le deuxième puis le troisième album.
La deuxième partie du roman va permettre à ces deux personnages féminins de confronter leur bulle de lecture à l'immédiate réalité. Pour Julie, c'est à travers la rencontre enchanteresse avec un certain Giacomo. Mais l'érotisation de leur escapade prendra bientôt un tour inquiétant.
Restée seule sur la plage, Necko a fini le quatrième tome. Approchée par une bande de jeunes Marseillais en quête d'aventure, elle outrepasse sa timidité naturelle pour entamer avec eux une partie de beach volley. Profitant de ce moment de liberté sans surveillance maternelle, Necko apprend l'art du flirt distancié à ses nouveaux amis, avant de les soumettre tour à tour au bon plaisir de ses baisers.
À travers ces deux lectrices en métamorphose estivale, Frédéric Ciriez ausculte le trouble fantasmatique d'un bovarysme très contemporain. Illusion à l'eau de rose qui voudrait que pour accéder à la réalisation de ses désirs, il y ait besoin d'une méthode. Mettant en abîme les codes du Développement Personnel et du roman sentimental, l'auteur en préserve la légèreté, tout en déconstruisant, pour notre plus grand plaisir, les leurres de ces injonctions au bonheur et à la performance Frédéric Ciriez est né en Bretagne en 1971. Il a suivi des études de lettres et de linguistique.
Son premier roman, Des néons sous la mer (Verticales, 2008, Folio n° 5090) a été un succès médiatique et commercial. Son deuxième roman, Mélo (Verticales, 2013), a obtenu le prix Franz Hessel.
La Revue de Presse littéraire d'avril
Le lieu de vacances est l'île du Levant, Mecque du naturisme ( ici appelé " vie naturelle"), Le passe-temps des deux héroïnes est la lecture : un livre de coaching pour la mère, un manga yaoi pour l'adolescente ( pour les non-initiés,le yaoi s'adresse aux filles en leur racontant des histoires d'amour et de sexe entre garçons). Mais la lecture ne durera pas . La mère a rendez-vous avec un dénommé Giacomo, rencontré sur le net et la jeune fille va se faire draguer par une bande d'ados marseillais cherchant un(e) partenaire de volley.
Et sur cette trame nettement moins plate, dans une époque située dans un futur indéterminé, Frédéric Ciriez va s'en donner à coeur joie. En amateur de littérature, il va parodier de façon décapante des genres qui font le bonheur des comptes des éditeurs. En plus de ceux cités plus haut, je recommande une longue scène érotique, joyeux mélange de "L'amant de Lady Chatterley" et "50 nuances de grey", au ton indescriptible, caustique analyse psychologique de la femme seule moderne mais connectée.
Mordant, dézingueur, "Je suis capable de tout" l'est assurément. Trop peut être car cet esprit critique est aussi appliqué au roman lui-même qui relève parfois de l'expérimentation littéraire, multipliant les genres de narrations. Frédéric Ciriez cherche assurément à déglinguer aussi le roman traditionnel. C'est intéressant, louable, mais, pour ma part, pas totalement convaincant, la différence de traitement entre les personnages ainsi que l'importance que prennent les pastiches des genres littéraires, cassent parfois le rythme de l'ensemble.
Toutefois, ce jeu de massacre fait un bien fou à une époque où les clichés ont tendance à s'imposer comme des vérités incontournables. Il est parfois bon de se faire malmener par un livre, surtout quand celui-ci est drôle et futé.
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