Vous aviez envie de les lire, pas encore eu le temps ? Allez, c'est le moment...
À Détroit en 2008, les maisons ne valent plus rien et les gens s'en vont en les abandonnant. Eugène, jeune ingénieur français, débarque dans la ville dévastée pour superviser un projet automobile. Au même moment, l'inspecteur Brown enquête sur la disparition du petit Charlie, qui a grandi dans un des quartiers désertés.Il était une ville a reçu le prix des Libraires 2016.
Vous aviez envie de les lire, pas encore eu le temps ? Allez, c'est le moment...
Entretien avec Thomas B. Reverdy pour son dernier roman Il était une ville publié chez Flammarion.
Retrouvez notre critique de « Il était une ville » le dernier roman de Thomas B. Reverdy publié chez Flammarion. On aime, on vous en parle !
Une lecture qui m'a souvent rappelé Six jours de Ryan Gattis, la désolation d'une ville, un personnage à part entière, abandonnée par ses habitants avec cette phrase qui revient tel un leitmotiv "que le dernier éteigne la lumière"
"Detroit, la nuit c'est comme un désert. Vous pensez que c'est vide, le désert, tant que vous avancez vous ne croisez absolument personne et puis vous vous arrêtez et au bout de dix minutes il y a quelqu'un qui semble surgi de nulle part et qui s'approche de vous, vous ne l'avez même pas vu arriver. Detroit est comme ça la nuit"
Dans cette ambiance les personnages sont presque anecdotiques, ils se croisent à peine : un vieux policier bientôt à la retraite, une serveuse de bar, un ingénieur, un ado et sa grand mère mais toujours cette ville, désertée depuis "la Catastrophe" qui nous est à peine racontée.
Plus qu'une histoire c'est un espoir, une envie de s'en sortir même quand tout s'écroule autour de soi, que nous raconte Thomas B. Reverly.
J'aime beaucoup cet auteur , mais ce roman était passé sous mon radar à sa sortie, et Poche et Prix des Libraires 2016 m'ont fait rectifier cette erreur.
Ce qui frappe avant tout à la lecture , c'est l'atmosphère qui entoure ce roman. Détroit, LA grande ville de l'automobile dans le Montana sombre dans la misère avec tous ses habitants et devient une ville fantôme en 2008, lors de la grande Catastrophe , c'est à dire au moment de la crise des subprimes. Les habitants à bout de dettes impossibles à rembourser, sans travail et sans aucun avenir, quittent leur maison sans espoir d'y revenir.
Cette sensation de vide, de maisons , d'usines éventrées, des quelques rescapés, plus ou moins opiniâtres , serre la gorge, et laisse songeur quant aux éventuels bienfaits de la mondialisation.
Un jeune ingénieur français , Eugène , se retrouve là-bas après avoir été envoyé en Chine par son « Entreprise » pour essayer de remettre en route une unité de travail, entreprise fumeuse , il s'en rend compte très vite.
Se greffent à ce moment de nombreuses et mystérieuses disparitions d'enfants que le manque de moyens alloués à la police à la suite de gabegies et malversations de l'équipe municipale, n'autorise pas à rechercher convenablement;sauf bien sur, un vieux flic surnommé « Marlowe » qui pourra résoudre cette énigme .Et ce grâce à l'obstination d'une grand mère qui ne se résout pas à perdre son jeune Charlie.
Une lueur dans ce vide et le froid qui enveloppent Détroit : la fin donne un peu d'espoir.
Ce livre qui se lit avec avidité donne à réfléchir au monde qui se dessine et dans lequel les hommes ne sont plus que des pions que l'on déplace au gré de la Finance.
Ce roman est avant tout l’histoire d’une ville avec sa galerie de personnages qui nous montrent chacun une facette de Detroit. Je ne lis pas très souvent de roman social comme celui-ci. Je pense que c’est pour cette raison que j’ai mis un peu de temps à m’immerger dans cette lecture et à m’attacher aux personnages. Le début du roman s’attelle vraiment à poser le décor. Néanmoins, à partir de la disparition de Charlie, le rythme s’accélère un peu et l’on connaît suffisamment les personnages pour se soucier de leur avenir.
Malgré ce petit temps d’adaptation, j’ai été marquée par le destin de cette ville. La voir à travers les yeux d’Eugène qui la découvre en même temps que nous permet vraiment de prendre la mesure de cette déchéance tandis qu’au travers de ses habitants, on apprend quelle ville elle a été avant la crise et l’on prend la mesure des pertes. C’est assez stupéfiant qu’une ville telle que Detroit puisse devenir une ville fantôme comme cela. On n’imagine ce destin que pour les petits villages et pourtant…
J’ai vraiment eu le sentiment d’avoir été en pleine immersion dans cette ville souffre-douleur.
https://lecturesdemistinguette.wordpress.com/2016/12/02/il-etait-une-ville-thomas-b-reverdy/
welcome to « Motor city » plus dévastée et silencieuse que jamais. C'est le début de l'hiver dans cette ville classée 3e plus dangereuse du monde et 1ere au Etats-Unis. Rues et quartiers sont comme pétrifiés, maisons abandonnées, fenêtre condamnées. Les immeubles sont des squelettes à la limite de l 'effondrement, les écoles remplies de fantômes et les friches industrielles des repères de voyous en tout genre.
Mais dans cette ville il y a aussi quelques résistants ou plus prosaïquement des gens pauvres qui n'ont pas les moyens de fuir.
Il y a Charlie, 12 ans qui vit avec sa grand-mère, on comprend rapidement qu'un drame a déjà touché la famille. Il y a les copains de Charlie qui traînent leurs guêtres dans les rues. Et parfois quand l'ennui est trop présent et bien ils mettent le feu à une bicoque inhabitée et s'offrent le spectacle de cette flambée qui donnent les frissons de la transgression.
Et puis il y a Eugène, jeune ingénieur français envoyé là par sa boîte comme une punition d'un précédent échec. Il débarque là pour mettre en place un nouveau programme de fabrication automobile comme si cette industrie avait encore une chance par ici. Le « rêve américain » est depuis longtemps disparu. Il fera la connaissance de Candice, une jeune serveuse au sourire rouge brillant.
Et puis, il y a le lieutenant Brown, le seul flic de Détroit a gardé espoir ou du moins a poursuivre son job sans trop de résignation et d'abattement. Il est en charge des disparitions. Et il y en a des mômes qui disparaissent, où vont-ils donc ?
Tour à tour les personnages jouent leur rôle, induisent des perspectives et des tons différents. Eugène trahi par le monde professionnel, un brin naïf, braqué sur l'effondrement économique, social et physique de la ville exprime de manière troublante la poésie mélancolique de ce monde à l'envers.
Charlie et son meilleur ami Bill qui s'est fait frappé une fois de trop par sa mère décident de suivre leur copain Strothers vers la Zone, No man's land caché en plein cœur de la ville où la vie serait meilleure. Mais le plaisir de la découverte de la liberté fait rapidement place au désenchantement et à la peur.
La tendre et courageuse Gloria reste debout et met tout ce qui lui reste d'amour dans la recherche de son petit fils. Le lieutenant Brown continue ses recherches avec abnégation.
Ce deuxième roman n'est pas si éloigné du précédent « les évaporés » avec encore la ville, une disparition, la recherche d'un être aimé. Gageons que l'auteur n'a pas terminé son chemin dans cette voix.
Et si vous n'avez toujours pas idée de ce à quoi peut ressembler cette ville post-apocalyptique au sortir de la crise des subprimes de 2008 allez donc voir le magnifique livre de photos "Detroit, vestige du rêve américain" d'Yves Marchand.
Dès les premières pages, j’ai été transportée dans l’univers de Reverdy, par son écriture. C’était pour ma part, la première fois que je lisais un roman de cet auteur et je n’ai pas été déçue. Le style est sobre et sensible parfois même poétique. Ce n’est pas un roman lourd, ou déprimant. Non, car l’auteur nous dépeint des moments de vie, des personnages profondément humains malgré un contexte particulièrement pesant.
Il nous tient en haleine par ce flou qui nous accompagne tout au long de la lecture : où sont-ils ? Que va-t-il se passer ? Comment ça va se terminer ? On tourne les pages, on ne les lâche pas. C’est un roman, non un polar (pour celles et ceux qui me connaissent, vous savez que ce n’est pas ma tasse de thé) et pourtant … ces disparitions nous donne un avant-goût d’enquête, et j’ai adoré ça !
Ce n’est cependant pas un livre explosif, c’est un roman où l’histoire est posée en trame de fond. C’est un livre mi-roman, mi-essai. Une lecture qui nous démontre que malgré la violence, l’abandon et l’anarchie, les gens sont capables de se relever, de se battre contre le destin et que rien de tout cela n’est une fatalité. Parce que la vie continue et doit continuer dans cette Catastrophe.
http://livresselitteraire.blogspot.fr/2015/11/il-etait-une-ville-thomas-b-reverdy.html
Détroit n'est pas la capitale du Michigan, juste une ville connue pour son activité automobile.
Eugène, ingénieur Français est envoyé par sa "boîte"dans cette ville pour en superviser un projet.
Mais nous sommes en 2008, la crise des subprimes est passée par là et c'est une ville désertée qu'il trouve et un mystère : la disparition de centaines d'enfants...
C'est un français qui fonda cette ville en 1701 Antoine Laumet dit Antoine de Lamothe-Cadillac, d'où le nom de cette fameuse voiture américaine.
Mais lorsqu' Eugène seul dans un bungalow vide , doit sortir pour acheter les produits de première nécessité, la ville qui incarnait le rêve américain était devenue une ville fantôme, pourquoi, comment ?
Eugène est un pion pour son entreprise qui l'ayant précédemment envoyé en mission en Chine, et ceci n'ayant pas été une réussite, Détroit est en sorte une seconde chance.
Une seconde chance de quoi? La question reste prégnante car la ville "s'élime tel un tissu qu'on ne parvenait plus à repriser".
Cette crise des "subprimes" est incompréhensibles pour les gens simples qui travaillent et élèvent leurs enfants alors la plupart choisissent la fuite.
Mais les enfants qui restent n'ont plus de repères et s'inventent des histoires et les vivent "pour de vrai"...
Charlie va disparaître à son tour et sera recherché par Gloria qui déploiera tout l'amour d'une grand-mère, et par l'inspecteur Brown.
Pour Eugène une seule lumière, comme un phare, pour le marin sur une mer déchaînée ; le rouge du sourire de Candice la serveuse du Dive in.
C'est une idée de roman très originale;Thomas B. Reverdy l'a eu en regardant un livre de photos sur Détroit, et après un temps de gestation il a écrit cette histoire qui nous parle mieux des ravages des crises dues aux spéculations et à leurs désastres humains bien mieux que des statistiques.
Tout l'art du romancier est-il dans la possibilité de redonner vie à ce qui a été détruit? Joli pari réussi.
Le style rend bien l'aspect délétère de cette catastrophe et plante un décor surréaliste.
Parfaitement maîtrisé et prototypique.
Chaque livre de Thomas B.Reverdy a été primé, celui-ci par Bordeaux et le précédent "les évaporés" a reçu le magnifique Prix Joseph Kessel.
Le roman m'a laissé un sentiment mitigé.
Comme pour Les Evaporés, je trouve que les sujets choisis par Thomas B. Reverdy sont excellents : ici, Detroit à la suite de la crise de 2008, lorsque la ville se dépeuple, et qu'il ne reste que des figures errantes qui ne savent trop ce qu'il va advenir d'elles.
Malheureusement, les personnages m'ont paru hermétiques, relativement superficiels, si bien que je me suis rapidement désintéressée de leur sort.
Le style m'a semblé en outre assez pauvre, et ne m'a guère séduite.
Ma chronique complète est ici : http://viederomanthe.blogspot.fr/2016/03/il-etait-une-ville-thomas-b-reverdy.html
Ce livre nous fait découvrir les conséquences terribles de la crise de 2008 pour la ville de Detroit, cette Catastrophe rappelée tout au long du récit. Pas un revers, pas même une crise, non, une Catastrophe, qui résonne dans toutes les pages et dans nos têtes, avec ce « C » majuscule qui claque pour mieux nous faire comprendre l’ampleur du désastre.
Pour cela, Thomas Reverdy nous conte la vie de plusieurs personnages, qui lui permettent d’aborder le sujet sous plusieurs angles . Celui d’un enfant, pour qui la ville se transforme en immense aire de jeux, des jeux plus ou moins innocents. Celui d’une grand-mère qui s’inquiète pour le futur de son petit fils, qu’elle lie à celui de cette ville moribonde. Celui d’une serveuse qui tente de survivre sans sombrer, car des réseaux mafieux prolifèrent, avec leur argent facile qui tente, mais aussi leur violence qui détruit. Celui d’un flic usé qui assiste à cette déliquescence et essaie sans ressources ni soutiens de lutter contre elle. Celui d’un jeune ingénieur français qui a bien du mal à comprendre ce qu’il fait là, lui à qui son entreprise demande de créer alors qu’on l’isole dans un quartier qui se vide peu à peu pour se transformer en no man’s land .
Il y a beaucoup dans ce roman, du sombre surtout : tristesse, désarroi, opportunisme, cynisme, désenchantement, peur . Mais il y a aussi un peu de Kafka ( le monde de l’entreprise avec ses décisions aberrantes, ses mutations sans sens, sa hiérarchie qui numérote plutôt que de nommer), un peu de naïveté ( ces enfants qui jouent au milieu de maisons qui s’écroulent et des friches industrielles), quelques touches de couleur (le rouge à lèvre de la serveuse tellement accrocheur), et finalement de l’espoir malgré tout.
Tout au long de la lecture, je n’ai pas pu m’empêcher de faire un rapprochement entre Detroit ravagée par une crise économique e et La Nouvelle Orléans ravagée par la tempête Katherina, 2 situations totalement différentes (et avec des milliers de morts dans le second cas) mais aux conséquences à long terme similaires pour les 2 villes : bâtiments effondrés , population qui fuit, familles dispersées, … Un rapprochement aussi avec certaines images du Philadelphie des années 80 /90.
Et c’est ça aussi la réussite du roman : transformer les mots que nous lisons en images précises et nettes, qui s’inscrivent dans notre esprit et ne peuvent pas laisser indifférent .
Une belle découverte donc !
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