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Les trois livres présentent une unité de propos, raison pour laquelle ils sont réunis dans le même volume : la rupture progressive de l'alliance formée en 60 entre César, Pompée et Crassus, dont les ambitions rivales, qui s'exercent à la fois à Rome et sur les théâtres d'opérations extérieurs, conduisent à la guerre civile. Nos livres sont particulièrement intéressants pour l'histoire de la fin de la République romaine de 59 à 50 : luttes civiles et dégradation du fonctionnement des institutions et des moeurs, campagnes en Gaule et contre les Parthes. Dans cette édition, nous tentons de renouveler l'approche de l'oeuvre, qui a fait longtemps l'objet de jugements très négatifs, par une plus grande attention à ses aspects littéraires, c'est-à-dire à sa structure et pas seulement à son contenu, et par une mise en relation de l'une et de l'autre.
Cette partie de l'Histoire romaine comporte en effet deux caractéristiques originales, la cohérence de la réflexion historique et la précision de l'analyse institutionnelle. Nous étudions donc avec précision comment l'organisation du récit est mise au service de ce propos : la combinaison entre chronologie annalistique et exposition thématique, entre événements de Rome et événements extérieurs, l'articulation entre narration et discours. L'étude de la mise en oeuvre littéraire s'attache particulièrement à l'entretien entre Cicéron et Philiscos et au discours de César à la veille du combat décisif contre Arioviste, deux longues pièces rhétoriques généralement négligées dans les études modernes, et dont nous avons tenté de montrer comment elles permettent à Dion de compléter son analyse historique. Elle fait apparaître aussi des traits de langue et des réminiscences littéraires (Hérodote ou Démosthène par exemple, et pas seulement Thucydide) qui n'ont pas suffisamment retenu l'attention.
La précision dans la description des détails institutionnels est une caractéristique des livres républicains de l'Histoire romaine qui retient de plus en plus l'intérêt des modernes. Les livres 38 à 40 en sont une illustration très claire, et nous avons mis en évidence la qualité de l'information de Dion, tant sur les assemblées populaires, les procédures électorales, les séances du Sénat, les magistratures et les sacerdoces, les procédures judiciaires que sur un certain nombre de lois. Nous avons fait apparaître aussi que cette description, comme dans les livres consacrés à l'avènement du Principat, s'inscrit constamment dans une réflexion de portée générale : la posture de Dion n'est pas celle d'un antiquaire, mais d'un historien.
Dégager cette perspective a permis également de rendre compte de la manière dont sont présentés les acteurs de cette histoire et de la place qui leur est attribuée, et du travail de Dion sur ses sources : le rapport avec Plutarque, Cicéron (ou Asconius) est pris en compte, tout comme certains détails qu'il est le seul à nous donner. Mais c'est surtout à propos de la Guerre des Gaules qu'on a pu conduire une analyse assez serrée : un tableau de concordance fait apparaître les procédés de contraction, mais aussi les choix qui expriment les jugements de Dion.
Sur ces points comme sur d'autres, notre lecture de Dion diffère donc sensiblement de celle de nos prédécesseurs, et tente d'apporter à l'utilisateur du texte une meilleure intelligibilité.
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