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Hexes

Couverture du livre « Hexes » de Agnieszka Szpila aux éditions Noir Sur Blanc
Résumé:

Quand Anna Szajbel, résidente de la compagnie pétrolière d'État (un emploi rêvé, si ce n'étaient ces maudits écologistes, ces soja-connards qui ne cessent de lui chercher des noises), est surprise en train de faire voluptueusement l'amour avec un arbre, elle est immédiatement licenciée et... Voir plus

Quand Anna Szajbel, résidente de la compagnie pétrolière d'État (un emploi rêvé, si ce n'étaient ces maudits écologistes, ces soja-connards qui ne cessent de lui chercher des noises), est surprise en train de faire voluptueusement l'amour avec un arbre, elle est immédiatement licenciée et publiquement humiliée.



Cependant, cet événement l'amène à faire une découverte qui va changer sa vie. Une découverte qui la conduit à être téléportée quatre siècles plus tôt, dans le duché de Neisse gouverné par des évêques catholiques radicaux, auprès de Mathilde Spalt et des Terreuses, une communauté de femmes ayant renoncé au confort et à l'ordre patriarcal et religieux qui vivent dans les bois, vénèrent la Vieille Pucelle, et font l'amour à la Terre-Mère.



Quand l'Église décide d'abattre la forêt pour les en chasser se déclare une guerre à laquelle personne n'était préparé.



Toi qui es semblable ou presque semblable à moi, à ma mère, ma grand-mère, mon arrière-grand-mère ou à la soeur que je n'ai pas mais que tu deviens quand tu te rappelles que, mère biologique mise à part, ta première mère est la Terre-Mère, c'est toi la véritable héroïne de cette histoire, même si tout comme moi tu n'y verras jamais figurer ton nom.



C'est grâce à toi que pourra enfin disparaître ce qui est en érection, et naître ce qui est humide, tendre, élastique et moelleux. Grâce à toi, si tu refuses dès à présent de prendre part, ne serait-ce que via vagina, à ce jeu auquel tu ne gagneras de toute façon jamais.

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Avis (1)

  • C’est le titre « ovni » de la rentrée, un titre qui suscitera, j’imagine, des avis autant dithyrambiques, à l’image de la déclaration d’Olga Tokarczuk mise en exergue sur le bandeau, la concitoyenne de l’écrivaine, que le contraire. Agnieszka Szpila, l’autrice polonaise, est une militante et...
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    C’est le titre « ovni » de la rentrée, un titre qui suscitera, j’imagine, des avis autant dithyrambiques, à l’image de la déclaration d’Olga Tokarczuk mise en exergue sur le bandeau, la concitoyenne de l’écrivaine, que le contraire. Agnieszka Szpila, l’autrice polonaise, est une militante et écoféministe, en plus d’être écrivaine, et ce roman incroyable, paru aux Editions noir sur blanc, dans la collection Notabilia, est le reflet de l’engagement qui est le sien. Une fiction féministe, à laquelle on adhère ou pas en dehors de toute considération stylistique ou narratif, mais qui a le mérite de remettre quelques vérités en place, à commencer par l’omnipotence du pouvoir patriarcal, par le biais de cette fiction mi-historique mi -contemporaine un brin atypique.


    Anna Szajbel est présidente de la compagnie pétrolière polonaise : forte, du poste qu’elle occupe, elle jouit d’une vie confortable, auprès d’un mari handicapé, dans une petite ville ultra-hypée de Pologone, Podkowa Leṥna. Le problème pour Anna, ce sont ses parents qui viennent de Mszczonỏw, une petite bourgade de ploucs à ses yeux, dont elle ne comprend plus le mode de vie. Puis poussée à bout et par son mari, dont elle découvre la trahison, elle perd les pédales jusqu’à remettre toute sa vie en question, au point de sentir en elle-même l’âme d’une autre femme, Mathilde, alors même qu’elle se surprend à rouler nue dans la nature. Dans une deuxième partie, on découvre les vies des femmes Spalt, depuis Hélène née en 1569 – et accompagnée de sa gouvernante Kunegunde Kreppel – jusqu’à Mathilde sa petite-fille, quelques centaines d’années auparavant, au XVIIe siècle. Cette autre partie narre l’histoire de ces femmes, considérées comme sorcières, car elles avaient décidé de s’affranchir de toute autorité masculine – les religieux et souverains, les époux – pour vivre entre elles en plein milieu de la nature qu’elles appellent La petite pucelle. Le point de départ, c’est la naissance d’Hélène initiée par sa gouvernante aux plaisirs charnels onanistes, par contact avec la nature, qui va tenter de pousser d’autres femmes à s’affranchir du joug masculin et de les rejoindre en cette communauté appelée Les Terreuses, ces femmes autrement nommées Hexes.

    Les trois parties de ce roman sont relativement différentes et l’ensemble forme un tout déconcertant : la première, nous expose la vie d’Anna Szajbel, une femme au sommet, dans une existence aussi falsifiée que les dérivés pétrolifères, et les circonstances qui vont la pousser dans la lignée de l’histoire des Terreuses. Puis la naissance de la communauté, de la lignée des Past, de leur confrontation avec le patriarcat. Enfin, la renaissance de ce groupe au sein d’un hôpital psychiatrique, ou ont été reléguées toutes ces femmes qui ne rentrent pas dans les cases formatées de ces sociétés encore très fortement et majoritairement patriarcales, dont fait partie Anna forcément. Le rôle de cette Terre-mère est au premier plan de cette histoire, dans laquelle Anna profiteuse sans vergogne de premier rang – à la tête d’une entreprise pétrolière qui ne cesse de lui sucer le sang – se métamorphose en la plus grande de ses gardiennes en tant qu’héritière spirituelle de la lignée de ces Hexes.

    Ce qui me semble intéressant, c’est cette façon de prendre à rebours ce monde d’hommes, dans un univers où on leur ôte jusqu’à la possibilité de donner du plaisir à une femme. Car ce qu’il a de plus étrange, de plus déranger pour certains peut-être, on peut le concevoir, c’est cette relation très charnelle que les femmes entretiennent à la nature, où les hommes se retrouvent ébaudis, perclus dans toute l’inutilité qui est devenue la leur. La virulence de leur réaction, du plus insignifiant au plus haut placé, devient compréhensible, qui aime perdre pouvoir et emprise ? Mais pas seulement. Repousser ce Dieu, homme par essence, et le remplacer par une entité déictique de sexe féminin, c’est l’ultime affront opposer à ces religieux de tous poils, qui prennent le blasphème bien plus volontiers sérieusement que lorsqu’il s’agit de prendre en considération leur propre déviance. Ce qui peut choquer, c’est cet érotisme très présent des femmes qui pratiquent l’onanisme avec les éléments naturels, et personnellement cela me choquera toujours moins que celles forcées à avoir des rapports sexuels journaliers avec leurs époux pour ensuite enchaîner les grossesses et tout ce qui va avec, j’entends, fausses couches plus ou moins tardives, accouchements difficiles, épuisement, etc.

    Les paragraphes liminaires se font sous l’adresse d’une narratrice à la femme en général, de cette révolte féminine qui se fait de plus en plus entendre, un sentiment qui tend à créer le réseau d’une sororité universelle. Cette introduction est assez virulente, nous ne sommes pas sur le terrain de la conciliation plutôt sur celui de l’opposition et de l’accusation franches et sans concession. Je suis plutôt favorable à cette adresse véhémente, (...)

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