Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
À vingt-cinq ans, Rebecca Dorey-Stein en a assez de cumuler les petits boulots et les histoires d'amour désastreuses. Elle prend alors sa première décision d'adulte et répond à une annonce pour un vrai job à Washington. Quand elle apprend qu'il s'agit d'un poste à la Maison-Blanche, dans l'équipe de sténos d'Obama, c'est l'euphorie... et l'angoisse !
Pendant cinq années folles, de 2012 à 2017, elle devient l'ombre du président, enregistreur et micro à la main. L'adrénaline, l'autodérision (et la vodka) sont les principaux carburants de ceux qui, comme elle, ont fait le choix de laisser leur vie derrière eux pour monter à bord de l'Air Force One au service du président le plus séduisant depuis Kennedy.
Entre un point-presse à la Maison-Blanche et deux voyages au bout du monde, Rebecca apprend les fi celles du protocole, fête son anniversaire avec le président, et tombe amoureuse de celui qu'il ne fallait pas approcher...
Rebecca Dorey-Stein (la Beck du livre) a été professeur d’anglais aux États-Unis et en Corée du Sud avant de se retrouver un peu par hasard engagée pour travailler à la Maison Blanche… Elle y restera mille huit cent vingt-cinq jours : pendant une partie de la première mandature de Barak Obama et la totalité de la seconde. Good Morning, Mr President ! veut relater cette expérience.
Avant même d’entrer dans le vif du sujet, on devine le travail qu’exerce la narratrice grâce aux «Recommandations à l’usage des futures sténos» qui précèdent le prologue. Le travail de « sténo » de Beck consiste à enregistrer les allocutions du président, et parfois de quelques autres personnages importants, certaines réunions, des communiqués, etc., puis à les retranscrire pour la presse et pour les archives. L’avant-propos (ou ce qui en tient lieu) et une citation de Hunter S. Thompson en exergue annoncent la couleur : la forme adoptée par l’auteure pour raconter à la première personne son expérience s’avère résolument subjective et les faits ont été remaniés, condensés, modifiés au besoin. Il sera d’ailleurs question de ce journalisme « gonzo » dans le texte. La division du récit en cinq actes suggère une tragédie…
C’est cependant un ton humoristique qui est adopté dès le début et qui perdure durant toute la narration. Dans un langage très familier, Beck décrit un milieu particulier, celui du personnel qui fait tourner la machine et qui côtoie de près ou de loin les grands de la politique. Elle n’aime pas le cirque washingtonien, dit-elle souvent, mais elle est vite prise dans le tourbillon et finit par se comporter comme les gens qu’elle jugeait sévèrement au début, tout en tentant de garder ses distances et d’exercer ponctuellement une forme de rébellion, par exemple, en portant une veste ou des chaussures de couleur vive quand tout le reste du personnel est vêtu de sombre...
Elle rencontre Sam (beau, athlétique, intelligent, séduisant, etc.) avec lequel elle vit une histoire d’amour sérieuse, mais qui semble épisodique tant ils sont occupés l’un et l’autre. Elle tombe aussi amoureuse de Jason qui, lui, travaille à la Maison Blanche, à un poste important, dans l’entourage immédiat d’Obama. Il est beau, athlétique, intelligent, très séduisant, etc., et déjà fiancé. Mais surtout, c’est le pire manipulateur qui soit, doublé d’un remarquable égoïste. Elle a une aventure torride, compliquée et humiliante avec cet homme plus âgé et situé bien loin au-dessus d’elle dans la hiérarchie.
Beck aura la chance d’aller dans une soixantaine de pays toujours dans la suite de POTUS (President Of United States), mais si on excepte les visites à Pétra, à Stonehenge et à La Havane, elle borne souvent ses explications à l’installation de son magnétophone, la prise de photos et de selfies avec ses potes-collègues, et les cuites dans les bars avec ses collègues-potes.
À mon avis, c’est là que le bât blesse : les tribulations amoureuses de Beck entre Sam et Jason, les jalousies entre collègues tant masculins que féminins, les innombrables cuites et les nombreuses crises de larmes prennent une trop grande place dans ce récit comme l’auteure elle-même l’avoue : « […] je regarde la pile de carnets que j’ai noircis depuis que j’ai commencé ce boulot et je me rends compte que ma propre vie ne figure que dans la marge. Sam et Jason occupent tout l’espace. » Bref, les amours de la narratrice prennent le pas sur la partie vraiment intéressante de sa vie pour la lectrice que je suis : son boulot. Je voudrais souligner aussi que les références assez nombreuses qu’elle distille çà et là sur son propre talent m’ont agacée ; elle remet quelques textes à des connaissances et à des gens occupant des postes stratégiques dans l’édition ou la politique, et tous ces gens s’extasient : elle écrit tellement bien !
Malgré ces (gros) bémols, les passages où elle développe, trop brièvement, ce qui se passe hors de sa vie privée se révèlent très intéressants, par exemple la routine à bord d’Air Force 1, le plantage catastrophique du lancement du site HealthCare.gov., les « vacances » des Obama à Martha’s Vineyard, la deuxième investiture du Président, ses réactions après l’abominable décapitation de James Foley ou lors du massacre de San Bernardino, ou encore immédiatement après l’échec des démocrates et l’élection de Trump comme nouveau POTUS.
Le dernier acte relève bien de la tragédie…
Merci au Grand Prix des lectrices de Elle et aux éditions Nil pour ce livre.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Bird découvre que sa mère n'est autre que la poétesse dissidente Margaret Miu...
Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement