1984, Le meilleur des mondes, Tous à Zanzibar, De la Terre à la Lune : quels sont les 10 romans d’anticipation incontournables ? - lecteurs.com
La démocratie dans Globalia est universelle et parfaite, tous les citoyens ont droit au « minimum prospérité » à vie, la liberté d'expression est totale, et la température idéale. Les Globaliens jouissent d'un éternel présent et d'une jeunesse éternelle. Évitez aussi d'être, comme Baïkal, atteint d'une funeste « pathologie de la liberté », vous deviendriez vite l'ennemi public numéro un pour servir les objectifs d'une oligarchie vieillissante dont l'une des devises est : « Un bon ennemi est la clef d'une société équilibré. » Un grand roman d'aventures et d'amour où Rufin, tout en s'interrogeant sur le sens d'une démocratie poussée aux limites de ses dangers et de la mondialisation, évoque la rencontre entre les civilisations et les malentendus, les espoirs et les violences qui en découlent.
1984, Le meilleur des mondes, Tous à Zanzibar, De la Terre à la Lune : quels sont les 10 romans d’anticipation incontournables ? - lecteurs.com
Globalia fait partie d’une longue lignée de romans dystopiques. L’action se déroule dans une société qui porte le nom du roman, une espèce de pays-monde où tout ce à quoi nous aspirons aujourd’hui – la sécurité, la santé, la jeunesse éternelle, le choix entre une vie de travail et une vie de loisirs, la préservation de la planète – est la base d’un nouveau mode de vie.
Et pourtant, comme dans toute dystopie, il est des personnages qui ne se satisfont pas de l’apparente utopie proposée par une poignée de dirigeants et qui préfèrent la liberté à l’égalité et à la sécurité. On découvre alors l’envers du décor avec, entre autres, le bannissement de toute littérature, comme dans d’autres dystopies célèbres.
Si certaines idées qui sous-tendent la société proposée par Rufin dans ce roman méritent réflexion, le récit en lui-même ne parvient pas à envoûter le lecteur/la lectrice et à lui faire vivre les aventures de Baïkal et Kate. Est-ce à cause des désirs contradictoires qui animent les personnages ou du fait que peu de chapitres y sont consacrés sur l’ensemble du roman, je ne saurai le dire. Quoiqu’il en soit, je n’ai pas été emportée par cette histoire qui propose une galerie de personnages auxquels je n’ai pas réussi à m’attacher. J’ai lu par curiosité sans jamais ressentir le besoin pressant de continuer à tourner les pages à cause d’un suspense haletant.
Ce n’est pas un roman que je retiendrai.
Kate et son compagnon Baïkal pénètrent dans une immense salle de trekking recouverte d’un dôme de verre comme le sont toutes les infrastructures de Globalia. Ils font partie d’un groupe d’une quarantaine de randonneurs pratiquant leur loisir en vase clos. Baïkal demande à Kate de se laisser distancer par le groupe pendant qu’il filera sur l’avant. Sous le couvert d’un petit bois, il la rejoint et, à l’aide de quelques outils, déverrouille une trappe d’évacuation d’eau, ce qui leur permet de passer clandestinement dans une non-zone. Pendant ce temps, Ron Altman, vieux dirigeant à qui on a déjà signalé l’évasion des deux jeunes gens, s’intéresse particulièrement à leur cas. Il songe à faire jouer au jeune homme le rôle de nouvel ennemi public, histoire de maintenir l’ambiance de peur qui règne en permanence à Globalia. Très vite capturé et incarcéré, Baïkal finit par se retrouver dans la somptueuse résidence de Cape Cod prêtée à Altman qui lui propose d’être renvoyé d’où il vient, mais cette fois sans la présence de Kate qui a également été arrêtée…
« Gobalia » est un roman d’anticipation intéressant, agréable à lire, quoiqu’un peu faible du point de vue de l’intrigue. La fin naïve et presque en happy end peut décevoir. Cependant la description de ce monde dystopique ressemble étrangement à ce qui nous attend et dont ne vivons actuellement que les prémisses (rappelons que pour les anglo-saxons « globalism » signifie pour nous « mondialisme »). Globalia n’est rien d’autre qu’une démocratie poussée aux limites extrêmes de ses possibilités de contrôle et de manipulation des individus. Un monde tellement oppressant que quiconque d’à peu près normal n’a qu’une envie, celle de le fuir. Ruffin fait preuve d’un talent de visionnaire ou de personne très bien informée. Son univers ressemble comme deux gouttes d’eau à celui prôné par Klaus Schwab, l'homme de Davos et du « grand reset ». On y trouve entre autres un « minimum prospérité » (revenu universel). Les livres papier ont disparu. L’histoire est revisitée en permanence. Plus de datation. On compte par cycles de 60 ans et on repart à zéro. On court après l’éternelle jeunesse. La gouvernance est basée sur la peur des attentats terroristes qui ne sont que des opérations sous faux drapeaux. Il ne manque qu’un virus très très mortel ! Il n’y a qu’une seule vérité, celle diffusée par les médias officiels et gobée par une majorité hébétée. Globalia étant toujours dans le camp du bien, chaque fois qu’elle bombarde un secteur de la non-zone, elle l’accompagne d’une distribution de nourriture aux populations survivantes. À noter également, l’histoire de Ron Altman, tireur de ficelles cynique et frustré, qui ressemble assez à celle d’un certain Georges Soros. Un livre qui donne à réfléchir.
Excellent roman visionnaire qui a été déterminant dans mes choix de société
Peut-on renouveler un coup de cœur quinze ans après ? Malgré le temps qui transforme, les découvertes littéraires qui affadissent parfois les lectures plus anciennes, malgré les goûts qui évoluent ? Eh bien oui, c'est ce qui m'est arrivé avec Globalia, roman dévoré en 2004 au moment de sa parution (j'étais déjà accro à la plume de Jean-Christophe Rufin) et relu il y a quelques jours, chose rare chez moi. Mais c'est le dernier roman d'Aude Le Corff, La mer monte qui m'a donné envie de me replonger dans celui-ci. Et puis une discussion avec l'auteur, lors de la soirée organisée par Gallimard pour la parution de son nouveau roman, Les sept mariages d'Edgar et Ludmilla, lui qui se demandait s'il n'avait pas écrit Globalia trop tôt. Alors ça, je ne pense pas. Par contre, il pourrait sortir aujourd'hui, on le trouverait tout aussi impressionnant. Savoir qu'il a été écrit il y a quinze ans le rend d'autant plus brillant.
Globalia est une dystopie qui brouille les repères temporels. C'est quelque part dans le futur, des années après les guerres civiles qui ont mis le monde à feu et à sang. Une civilisation aseptisée, sous cloche, littéralement puisque protégée par des dômes et des parois de verre. Au-delà des parois ? Ce qu'on appelle les non-zones. D'un côté l'ordre et une devise : "Liberté, sécurité, prospérité". De l'autre, le chaos, la misère, la violence, le néant d'où viennent régulièrement des actions terroristes. Baïkal est un jeune homme de vingt ans, une rareté dans cette société où la vieillesse est portée aux nues, débarrassée des scories qui en faisaient naguère un calvaire (santé, dégradation physique...) et où les naissances sont régulées par l'Harmonie sociale pour maintenir un parfait équilibre. Depuis son plus jeune âge, Baïkal s'interroge sur ce qu'il y a réellement au-delà de ces murs de verre, persuadé qu'il y a un ailleurs. Il entraine Kate, la jeune fille dont il est amoureux dans une escapade interdite, qui sera le début pour eux, et pour le lecteur d'une plongée dans les entrailles de la réalité de ce Globalia et des motivations de ses dirigeants.
Présentée comme la démocratie idéale, prônant la liberté, Globalia va se révéler bien plus complexe et perverse dans sa conception, son organisation et, finalement son idéologie. Au fur et à mesure que l'on avance, tous les concepts sont remis en cause et bousculés. Quelles contreparties pour la sécurité ? Qu'est ce que vraiment la liberté ? D'ailleurs, peut-on parler de liberté lorsque les historiens sont sous contrôle au prétexte que "le passé est un immense territoire d'idées nuisibles" ? Peut-on parler de liberté lorsque les citoyens sont soumis à une information contrôlée et à une pression commerciale permanente ? Jean-Christophe Rufin projette son lecteur dans une société telle que nous pourrions en bâtir à partir des concepts prônés actuellement par une majorité d'individus : une société mondialisée (homogénéisée, standardisée), une société dominée par les intérêts commerciaux et l'argent, une société sécuritaire guidée par la peur de l'autre. Tout ceci par l'intermédiaire d'un formidable roman d'aventures avec Baïkal dans le rôle de l'explorateur des territoires interdits, dans des décors qui font voyager le lecteur entre l'univers aseptisé de Globalia et le far west des non-zones. Franchement, un régal, fait de trouvailles passionnantes pour ce qui est de donner un aperçu du futur, que ce soit en matière sociétale avec par exemple une croustillante inversion des valeurs liées à la famille, ou en matière scientifique (chacun possède plusieurs clones permettant d'échanger les organes défectueux... entre autres). Mais je ne voudrais pas spoiler les chanceux qui vont découvrir Globalia pour la première fois.
Je crois que le lire maintenant fut encore plus savoureux, parce que l'anticipation apparait toujours plus vertigineuse à l'aune de notre société et de ce qu'il s'est passé au cours des quinze dernières années. Non seulement le roman n'a pas vieilli mais il s'est bonifié avec les années. C'est peut-être ça, la bonne littérature. L'occasion de conclure avec ce clin d’œil (pas de roman de Rufin sans un mot sur les livres), petit extrait qui donne à méditer sur l'évolution de la production littéraire : "Interdire les livres, c'est les rendre désirables. Toutes les dictatures ont connu cette expérience. En Globalia, on a fait le contraire : on a multiplié les livres à l'infini. On les a noyés dans leur graisse jusqu'à leur ôter toute valeur, jusqu'à ce qu'ils deviennent insignifiants. (...) Surtout dans les dernières époques, vous ne pouvez pas savoir la nullité de ce qui a été publié".
Un dernier mot : lisez ou relisez Globalia !
(chronique publiée sur mon blog : motspourmots.fr)
Même si ce roman souffre de la comparaison avec 1984, il apporte néanmoins une vision intéressante de notre société où la mondialisation de l’économie et la pensée unique rappellent étrangement la vie en Globalia.
Si au début on s’attache à Kate et Baïkal, les personnages principaux, très vite on réalise que le véritable héros du livre est Globalia, une démocratie totalitaire où il fait si bon vivre pour des consommateurs parfaitement conditionnés. Tout l’intérêt de ce roman consiste à décrire le fonctionnement d’un monde aseptisé dirigé par un conseil occulte ressemblant curieusement au club Bilderberg.
A lire d’urgence si l’on veut avoir un aperçu du monde qu’on nous prépare !
Excellente alléchant pour les amateurs d'anticipation donne à réfléchir sur notre société
Un style travaillé et assez joli, c'est sûr et un roman prenant. Mais en tant que lecteur assidu de science-fiction, il faut bien admettre que Rufin est ici dans le B-A-BA du genre: société fermée, notion de liberté faussée, diabolisation de l'extérieur, courage des héros qui oseront s'y aventurer.
Dans le genre, autant relire les poncifs: Arthur C.Clarke - La cité et les astres, Silverberg, ou plus récemment La Zone du Dehors d'Alain Damasio.
Je vénère Rufin pour L'abyssin et Sauver Ispahan, très doué pour nous donner une idée de l'atpmosphère d'un pays, d'une culture à une époque donnée, sans pour autant parler de roman historique.
Déjà pour commencer un coup de chapeau à une très belle plume car j'aime le style et la façon d'écrire de Monsieur Ruffin. L'idée de départ est originale. Une société qui ressemble un peu à la notre, dans laquelle tout est cadré, sécurisé, normalisé. De jeunes gens veulent contester l'ordre établi. La suite est à découvrir et est affaire de goût dans ce roman agréable et bien pensé. Juste la fin un peu prévisible. Mais un bon livre et un très bon auteur.
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J'ai exactement éprouvé ces mêmes émotions lors d'une première lecture..'renouvelées dernièrement
oui un deuxième coup de foudre peut exister plusieurs années après sur un même livre malgré nos propres évolutions et changement..