Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
« Cher papa, C'est une lettre d'adieu, en attendant que je t'écrive d'un autre endroit. Je t'avais prévenu que je quitterais cette ville parce que je ne pouvais pas faire autrement., je ne peux pas supporter plus longtemps cette existence, parce que la vie est devenue pour moi un fardeau. J'ai pris le revolver parce qu'on ne sait jamais, mais je peux en avoir besoin, et je te renverrai l'argent à la première occasion. Dis à Bérénice qu'elle ne s'inquiète pas. Tout est venu de l'ironie du sort, et ça ne pouvait pas être autrement. , je t écrirai plus tard. Papa, je t'en prie, n'essaie pas de me rattraper.
Bien à toi.
Frances Addams » Six ans après Le coeur est un chasseur solitaire qu'elle a publié à 22 ans en 1940 et qui l'a rendue célèbre, Carson McCullers (1917-1967) écrit Frankie Addams, son deuxième chef-d'oeuvre, avec toujours cette question lancinante chez la grande romancière américaine du sud des États-Unis : pourquoi est-il si difficile de passer de l'enfance à l'âge adulte, si compliqué aussi de conclure la paix avec soi-même ?
« C'est arrivé au cours de cet été vert et fou. Frankie avait douez ans. Elle ne faisait partie d'aucun club, ni de quoi que ce soit au monde. Elle était devenue un être sans attache, qui trainait autour des portes, et elle avait peur. (... ) Chaque après-midi, le monde avait l'air de mourir, et tout devenait immobile. Cet été-là avait fini par ressembler à un cauchemar de fièvre verte ou à une jungle obscure et silencieuse derrière une vitre. Et puis le dernier vendredi du mois d'août, tout avait changé brusquement. Si brusquement que, dans le désert de cet après-midi, Frankie ne savait plus où elle en était, et qu'elle n'arrivait toujours pas à comprendre. »
Tout a changé. Frankie entre en adolescence avec une colère et une rage quasi irrationnelle, impossible à canaliser, confiné dans la cuisine dans laquelle elle tourne en rond dans des discussions sans fin avec son petit cousin et sa bonne. Elle ne pense qu'à partir, qu'à fuir, jusqu'à l'obsession.
Ce court roman ne mise pas sur l'action à proprement parler, c'est pour mieux explorer la violence des sentiments qui tourmentent Frankie. Frankie, son prénom du 1er chapitre, celui du passé. F. Jasmine, celui qu'elle se rêve dans le 2ème chapitre, celui du présent douloureux qu'elle cherche à fuir. Puis Frances, dans le 3ème chapitre, le prénom qui va l'ouvrir au monde tel qu'elle devra l'accepter.
Ces pages ont beau avoir été écrites en 1946, tout ce qui est dit sur l'adolescence est d'une grande fraicheur, toujours actuel, universel donc : l'effroi face à ce corps qui évolue de façon anarchique, l'insoumission naturelle à l'ordre familial, la crainte de se séparer de l'enfance pour devenir quelque chose d'encore flou , ce flottement inquiétant vers une bascule dans le monde des adultes.
Court ( seulement 200 pages ) mais très dense avec en toile de fond la question raciale dans les Etats sudistes mais aussi la guerre, la Seconde guerre mondiale. L'adolescence est une guerre, oui, mais elle peut se raconter en toute simplicité, avec fluidité, bienveillance et finesse. Un très beau roman initiatique d'une grande qualité d'écriture.
L'histoire de Frankie Addams c'est l'histoire d'une jeune fille de 13 ans perdu dans sa vie et dans ses pensées.
Elle subit un mal de vivre terrible qui l’empêche de grandir sereinement, elle se cherche constamment et s'identifie aux adultes qui l'entourent.
Son frère va se marié et elle est convaincu qu'il va la garder avec lui, qu'ils vont vivre a trois, elle en subira la réalité assez violemment car elle décidera de s'enfuir a travers la Géorgie en pleine nuit avec pour bagage le pistolet de son père.
Entre isolement et désillusion ce roman est criant de sentiments qui peuvent surgir a l'adolescence, le seul bémol pour moi fut certains passages répétitifs qui ont réduit mon plaisir a cette lecture.
Géorgie, août 1944. Frankie Addams a 12 ans. Elle passe son été entourée de son cousin John Henry et de la bonne de sa famille, Berenice. Frankie souffre d'un ennui terrible : elle a été exclue du club des jeunes filles de sa ville et n'a donc plus aucune amie avec qui occuper son temps pendant ses vacances. Frankie passe ses journées à tourner en rond dans sa maison et dans son quartier, à broyer du noir. Elle attend avec impatience le jour du mariage de son frère. Ce jour-là, non seulement elle aura le sentiment de faire partie d'une famille, mais elle pourra également en profiter pour ne plus retourner à son quotidien ennuyeux. Elle rêve de s'évader avec son frère et sa belle-sœur après leur mariage.
Ce court roman est d'une richesse que je ne soupçonnais pas. Carson McCullers réussit à écrire une histoire où l'héroïne s'ennuie du matin au soir, sans jamais ennuyer son lecteur ! Elle a un vrai don pour modeler le temps : tantôt elle accélère les moments attendus impatiemment et tantôt elle ralentit les heures d'attente. Elle se sert des journées d'ennui pour dérouler le fil de la pensée d'une jeune fille dont l'âge et le niveau de maturité la situent à la fin de l'enfance et au début de l'adolescence.
Frankie est dotée d'un esprit particulièrement curieux et romanesque. Elle a un vrai goût pour la discussion. A travers ses interrogations et ses échanges avec Berenice, Carson McCullers soulève la question de l'identité pour une jeune fille en pleine construction physique et morale : qui est-elle et quelle est sa place ?
Les discussions de Frankie et Berenice, qui peuvent sembler simples de premier abord, sont en réalité de vraies réflexions profondes et justes sur l'identité : est-on prisonnier de notre nom, de notre couleur de peau, de notre ville ? Pour Frankie, l'issue est triviale : changer de nom et partir loin de cette vie.
J'ai été très intéressée par le souci de Frankie de bien nommer les choses et de mettre des mots sur les impressions qu'elle ressent. Elle cherche à définir le monde qui l'entoure et à comprendre les événements qui lui arrivent. A travers Frankie, Carson McCullers raconte ce souci de l'écrivain de transmettre une expérience, un vécu, à travers la langue. N'est-ce pas le but de tout écrivain ?
Je crois que c'est tout cela qui a fait de ces quelques heures de lecture de très beaux moment et c'est la raison pour laquelle je vous recommande chaleureusement ce très bon roman.
« L’été vert et fou », c’est celui de mes douze ans en Géorgie. La neige, c’est Winter Hill où mon frère va se marier, et je veux partir avec lui. Je suis insignifiante, je suis seule et prisonnière de mon identité, de mon corps et de mon nom.
Frankie Addams a douze ans et a été exclue des clubs de fille de sa petite ville des États-Unis. Au cours de ce long été, le temps s’enfuit inexorablement dans la cuisine crasseuse où Berenice raconte sa vie avec ses quatre maris, un œil de verre tourné vers le passé, l’autre noir tourné vers l’injustice de sa condition de femme noire. John Henry, du haut de ses six ans, suit Frankie dans sa mue mais, ni une enfant ni une adulte, l’adolescente se sent abandonnée, prise dans la torpeur et l’immobilité de sa vie.
[...]
Si le sujet est banal parce que vécu par chacun de nous – qu’on est libre d’aimer ou pas –, l’acuité, la force, la profondeur des questionnements sur l’identité font de Frankie Addams un roman très juste sur l’adolescence.
L'article entier sur mon blog :
http://www.bibliolingus.fr/frankie-addams-carson-mccullers-a80136652
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