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La Nouvelle Orléans est une ville dont la bande-son a inspiré bien des photographes. À l'image de Bernard Hermann, qui en rapportera de superbes clichés consignés dans Bons temps Roulés, du Jazz People de Lee Friedlandler ou du New Orleans de William Claxton. Sur les traces de ses aînés, Alexis Pazoumian a creusé son propre sillon, à la recherche de ce supplément d'âme qu'on nomme musique.
« Les similitudes sont nombreuses entre la Louisiane et mon pays d'origine, l'Arménie. Qu'elles soient victime d'une catastrophe naturelle ou d'un crime contre l'humanité, un acharnement de l'histoire a meurtri ces populations mais n'est jamais venu à bout, bien au contraire même, de leur combativité... » C'est sur la foi de ce constat que le photographe Alexis Pazoumian a débuté un travail au long cours autour de La Nouvelle Orléans, dix ans après Katrina. Comment se reconstruire ? Comment bâtir un avenir quand le passé a été floué par un tel raz de marée ?
« Malgré l'adversité de la vie, dans les décombres ou la précarité, une force anime ces gens-là. C'est cette force vitale que j'ai voulu retranscrire dans cette série, en me rapprochant des gens. » Alexis débarque à La Nouvelle- Orléans en août 2015. Il y séjournera plusieurs mois jusqu'en mars 2016. Très vite, il perçoit dans les faubourgs de la plus créole des villes made in USA un écho aux réflexions qui l'animent : les questions d'humanité, d'identité, de société et de territoire. Et surtout il entrevoit un fil conducteur : la musique, véritable ciment de La Nouvelle-Orléans, berceau du jazz et sanctuaire du funk et de la soul.
« La musique a permis la reconstruction. C'est la clef de la renaissance ! » Alexis Pazoumian va explorer la ville, la passer à ce filtre, pour en tirer petit à petit des histoires singulières, qui traduisent toutes l'ambiance générale.
Première étape : Treme, le grand quartier créole qui fait face à l'historique French Quarter. Treme abrite encore une foule de musiciens, de social clubs où se retrouvent les brass band, et quelques lieux emblématiques. Lui va se focuser sur la Mount Zion Baptist Church, une église où le gospel résonne encore et toujours dans le choeur des adeptes. Et il va en tirer des images qui traduisent le ferveur quasimystique de ces temples où la musique est quintessentielle. Néanmoins, fidèle à sa démarche d'inscrire dans le quotidien, au plus près de la réalité du terrain, le photographe choisit de s'écarter du centreville : direction le Ninth Ward, qui fut littéralement submergé en août 2005. C'est dans ce quartier, réputé malfamé, que se trouve le village des musiciens, un projet mis en place par deux natifs de Crescent City, le saxophoniste Branford Marsalis et le pianiste Harry Connick Jr, avec le soutien de la fondation Habitat For Humanity créée par Jimmy Carter. Objectif : reloger dans quelque 200 maisons les musiciens, leur permettre de continuer...
Jacques Denis
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