Propriétaire d'une maison à Brooklyn héritée de son arrière grand-père, esclave enfui à New York, Eve Melville découvre la maison peinte en noir...
« Et la voici, Eve Melville, sculptée d'un seul pan de glaise, pas un pli, pas une ride, pas un mot plus haut que l'autre, qui se redresse au milieu de Halsey Street, au milieu des voisins à leurs fenêtres et des enfants réunis sur la route vide, qui nous regarde un à un et qui murmure ma maison est noire » Un matin d'août 2016, un cri déchire le coeur de Brooklyn : la maison d'Eve Melville a été peinte en noir pendant la nuit. Eve la tient de son arrière-grand-père, Solomon Melville, né esclave en Géorgie. Ce stigmate sur sa façade avive le souvenir. L'héroïne tranquille devient inquiétante, s'accroche à sa propriété comme à sa mémoire et se révolte contre les promoteurs qui défigurent le paysage de son enfance.
Entre l'affranchissement de Solomon et la furie d'Eve, ce roman entrechoque les mythologies américaines : la torture dans les plantations d'indigo, les spectres du Vietnam, l'apparition du sida et les émeutes qui secouèrent Brooklyn à l'aube des années 1990.
Dans une langue incantatoire, magnifique, puissante, ce cantique pour Eve Melville remonte aux racines d'un pays qui rejoue sans cesse ses batailles.
Propriétaire d'une maison à Brooklyn héritée de son arrière grand-père, esclave enfui à New York, Eve Melville découvre la maison peinte en noir...
Le jury de la 16e édition, présidé par Jean-Christophe Rufin, a délibéré
Quels sont vos conseils de lecture de ce début d'année ?
Grâce à @lecteurs_com , j'ai pu partir à la rencontre d'Eve Melville... et de sa folie grandissante.
Elle est l'arrière-petite-fille d'un esclave affranchi, qui a gagné sa liberté en marchant 1000 km vers le nord. Il est devenu le premier officier noir. Il est devenu propriétaire d'une maison, appartenant à Eve maintenant.
Un matin, la maison voisine et leur mur mitoyens se retrouvent peints en noir. Et cet événement, symbole effractant d'une modification profonde et plus large du quartier, fait basculer Éve.
Le style est étrange, syncopé, sinueux. Une mélopée. Un cantique.
Le récit, à travers l'histoire d'Eve et des hommes qui l'ont précédée, colle à l'histoire des États-Unis et à certains événements qui ont secoué le pays.
Une belle découverte littéraire !
Solomon, petit esclave d'une dizaine d'années s'enfuit de l'exploitation en Géorgie où on le maltraite. Il fera son chemin à la force de son caractère et à son humilité. Son arrière petite fille Ève hérite de sa maison mais en 2016, il est encore compliqué d'être noir dans ce quartier.
Un roman poétique, bien écrit .Quelques répétitions sans doute voulues mais qui m'ont empêchée de donner cinq étoiles.
Août 2016, à Brooklyn, Eve Melville découvre sa maison peinte en noir. Maison de briques rouges, héritée du père de son père qui la tenait de Salomon Melville.
Fils d’esclave, lui-même esclave, Salomon a fui la plantation d’indigo par le underground railroad, ces chemins secrets qui permettaient aux esclaves de fuir le sud et de trouver la liberté au nord. C’est sur les docks de New-York, puis en gravissant tous les échelons de la police de la ville qu’il a accompli sa vie. Et acheté cette maison qu’il a léguée à sa descendance.
Eve Melville est le protecteur de ces lieux, elle entretient leur mémoire, comme s’il s’agissait de celle toujours vivante de l’aïeul disparu, du père et du grand-père qui ne sont plus.
Mais surtout de ces générations d’hommes qui se sont libérés du joug de l’esclavage et qu’il ne faut jamais oublier.
Eve Melville au ventre vide qui se désespère de ne pas avoir eu de descendance pour perpétuer le souvenir de ceux qui ne sont plus, des épreuves traversées, de la liberté chèrement acquise et qu’il faut sauvegarder, fut-ce au prix de sa vie.
Eve Melville et Hannah, l’amour interdit, et Peter Stephenson et les artistes maudits des années sida, dans le New-York des années 80 et des chambres d’hôtel à l’abandon.
Eve Melville et Maria, le soutien inconditionnel, la compagne de chaque jour.
Étrange roman qui nous parle des murs d’une maison comme de la chair et des os des humains, qui nous dévoile ses secrets, ses tourments, ses espoirs et ses attentes. Cri d’une peuple libéré qui ne peut accepter aucun retour arrière et aucun oubli.
Car peindre cette maison en noir, est-ce pour rayer du quartier ceux qui l’ont crée, pour faire fuir ceux qui en sont l’âme et le symbole vivant. De 1845 à Savanah en Géorgie jusqu’en 2026 à New-York, la longue histoire des esclaves se dessine sous nos yeux.
L’esclavage, le Vietnam, le 11 septembre, la transformation des quartiers de New York, Eve Melville a tout connu, tout traversé, tout subit, tout accepté. Mais aujourd’hui Eve Melville est en colère, Eve devient folle, Eve se révolte.
Si Eve et Salomon Melville sont des personnages à part entière, la maison du 629 Halsey street occupe elle aussi toute sa place.
La structure, l’écriture de ce texte sont assez troublantes et pourtant on s’y fait très vite. Phrase coupée au milieu qui se poursuit au paragraphe suivant, comme un souffle que l’on garde, que l’on retient et que l’on ne veut pas perdre. Une histoire sans fin qui se déroule d’un côté à l’autre du pays, du sud au nord, du passé au présent. Ce présent qui chamboule tout et serait prêt à gommer du quartier tout ce qui lui rappelle certaines époques. Succession de phrases de mots, énumération pour dire et être sûr que l’on entende le message.
https://domiclire.wordpress.com/2024/02/18/eve-melville-cantique-justine-bo/
Avec le cantique d’Eve Melville, Justine Bo immerge le lecteur dans une saga familiale.
L’histoire débute avec la naissance en Amérique Géorgie de Solomon, fils de personne devenu esclave. La dernière génération est celle de son arrière petite file, Eve, sans enfant.
La guerre de Sécession entre le Nord et le Sud commence. Solomon va s’enfuir vers le Nord. Porté par la violence qu’il a subi, Solomon, surnommé Melville (né dans la mauvaise ville), va atteindre New York.
Il est conscient que l’abolition ne signifié pas l’égalité, les hommes en usine étant traités comme des animaux. Solomon va connaitre une belle ascension sociale et grimper les échelons de la police. II lègue sa maison à son fils Moses.
Même si elle n’y habite pas, Eve est dépositaire de la maison de son enfance et qui lui rappelle sa famille disparue.
La 2e partie du livre est consacrée au développement de la folie d’Eve. Tout bascule lorsque le mur de la maison est peint en noir une nuit. C’est une atteinte à son cœur et à son enfance. Jamais rénovée la maison devait être conservée en l’état.
Eve est traumatisée par son infertilité et critiquée pour son homosexualité qui a amené son grand- père à l’expulser de la maison. Sans enfant, elle veut faire des deux colocataires, ses héritiers.
En attirant l’attention sur elle en manifestant dans le quartier contre l’emprise des promoteurs, Eve va provoquer sa chute. Elle ne trouve aucun acte de propriété de la maison et sera expulsée.
Eve est persuadée qu’elle est victime d’un châtiment et d’une punition divine. Sa maladie a peut-être des origines plus anciennes.
Le livre de Justine Bo est passionnant et de haut vol dans sa première partie avec la réussite de Solomon, le petit esclave noir. La deuxième partie est un long cantique répétitif sur la vie et la chute d’Eve et de sa maison familiale. Eve est une femme en proie à ses démons. Sa folie écrase tous les autres et nombreux sujets.
Justine Bo retrace avec justesse l’histoire d’une famille à travers plusieurs générations et deux vies. Elle excelle à décrire les conflits intérieurs des personnages avec une maitrise plus affirmée de la vie de Solomon.
Il y a des romans que nous n’attendons pas et qui pourtant nous touchent. Je ne connaissais Justine Bo que de nom et j’ai lu « Ève Melville, Cantique » dans le cadre du prix Orange. En ce moment je lis, lis, lis de manière intensive, et j’ai besoin d’être touchée, happée, bousculée.
Tout de suite, j’ai été saisie par ce roman, par cette langue travaillée, heurtée, qui prend toute son ampleur quand on la lit à voix haute. Ève Melville est la propriétaire d’une maison à Brooklyn, dont elle a hérité : celle-ci avait été achetée par son arrière-grand-père Solomon, enfant esclave d’une plantation de Savannah en Géorgie, qui, après s’être enfui jusqu’à New York, a connu, à la force du poignet, une ascension assez incroyable pour un homme noir du tournant du XXe siècle.
Le jour où elle s’aperçoit que la maison voisine de la sienne a été peinte en noir, Eve s’effondre et frôle la folie. C’est pourtant une femme forte, qui s’est construite sur une histoire familiale douloureuse, envers et contre tout : le rejet de la société, le rejet de sa propre famille, les tourments de l’histoire américaine, les maux de l’époque contemporaine. C’est une femme, noire, homosexuelle qui vit librement et selon ses choix. Mais cette maison peinte en noir, symbole de la gentrification qui remet en cause son appartenance au quartier va la faire sombrer.
J’ai trouvé très fort ce portrait de femme en lutte perpétuelle pour sa liberté et son bonheur, très ancrée dans son époque tout en portant en elle des générations de douleurs. L’écriture est vraiment superbe et inventive, tout comme ce que nous propose Justine Bo dans ce roman original, aux accents métaphoriques et parfois oniriques. Si j’ai regretté que le personnage de Maria ne soit pas plus développé, j’ai vraiment été secouée par ce livre qui m’a sortie de ma zone de confort.
Une très belle découverte.
Ce livre est un petit trésor de richesses multiples, tant au niveau du style choisi, de la narration que des personnages, Salomon et Eve, décrits avec virtuosité et humour - alors que les sujets traités ne sont pas forcément toujours très gais. Du Sud des Etats Unis à Brooklyn, c'est une valse rapide qui vous entraîne dans une belle puissance pour vous conter une histoire familiale bien particulière en touchant du doigt les failles de la société américaine. A l'origine fut l'esclavage !
Un gros coup de cœur dès les toutes premières pages pour ce Cantique, pour ce texte inclassable et riche.
J’ai rarement lu un style aussi puissant et fort, à la fois poétique et percutant. Des phrases courtes, frappantes comme des coups de poing. Une ponctuation alléatoire, parfois inexistante.
Eve Melville, vous apprendrez à la connaitre au fil du récit.
La narration commence par le personnage de Solomon, jeune esclave qui cherche à fuir sa condition.
Et puis vous croiserez différents personnages et la couleur bleue et noire, sur la maison, sur les murs, sur les peaux, sur l’avenir, …
Ce roman aborde différents sujets sociétaux tous aussi forts les uns que les autres et décrit une société américaine, qui cherche encore à s’ancrer dans le paysage, à revendiquer ses origines et son appartenance au pays.
Cette histoire est racontée comme on lit un prêche dans une église américaine, avec du chant, des variations de voix et de la puissance magistrale.
C’est beau, c’est fort, c’est tragique, c’est coloré, c’est musical, c’est de la grande littérature contemporaine.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !