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Dans un Belfast livré aux menaces terroristes, les habitants d'Eureka Street tentent de vivre vaille que vaille. Chuckie le gros protestant multiplie les combines pour faire fortune, tandis que Jake le catho, ancien dur au coeur d'artichaut, cumule les ruptures. Autour d'eux, la vie de quartier perdure, chacun se battant pour avancer sans jamais oublier la fraternité.
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Écrivain nord-irlandais, " Robert Mcliam Wilson ", né dans un quartier ouvrier et catholique de Belfast, nous délivre un message sur l'amour qu'il porte à sa ville, et ceci sans fioriture ni misérabilisme ; et d'ailleurs je pense que l'on peut parler de constat sur cette ville interlope, où régnera pendant plusieurs dizaines d'années, le bruit des bombes et la fureur des émeutes.
Année 80, avant l'accord de Belfast signé le 10 avril 1998 qui met fin à la guerre en Irlande du Nord. Une rue : " Eureka Street " ; un catholique trentenaire qui a du mal à admettre sa médiocrité : Jacke Jackson ; et son ami protestant de toujours : Chuckie Lurgan, un lourdaud qui vit toujours chez sa mère. Ils vivent au jour le jour, entre discussion sans fin à refaire le monde, s'inviter à des soirées de beuveries, des amourettes d'un soir, bref le sommet de la vacuité.
Un grand moment de lecture, avec la verve et la bravoure de l'auteur pour la description, de la folie des hommes, lors d'une explosion d'une bombe et ses effets : distorsion du temps, silence et calme dans le secteur, les couleurs qui disparaissent ; la terreur, l'horreur, l'incompréhension et plus tard les cris et les pleurs déchirants des êtres humains. Un tel réalisme d'écriture me laisse pantois. Comment justifier l'acmé de tels actes : du patriotisme, de l'aveuglement politique, de la stupidité, sans aucun doute !
Ainsi se mêle la vie, entre amitié, pauvreté et idéalisme, dans cette ville attachante, et pour l'auteur qui l'a résumé, " La ville est un roman ", une ville qui palpite de ses habitants vivants mais dont sa terre est richement semée de morts innombrables. Une apologie d'une ville riche d'un passé tumultueux sur un fonds de troubles religieux, mais dont les protagonistes s'avèrent attachants. Un livre à garder précieusement.
A Belfast, aux débuts des années 90, des tas de trios de lettres fleurissent sur les murs : IRA, UVF, UFF, UDA, FTP, FTQ et le nouveau et mystérieux OTG.
Jake Jackson travaille pour une société de recouvrement, mais n’aime pas son travail. Sa fiancée l’a quitté et il vit seul. Les soirs, ils retrouvent ses amis, catholiques ou protestants, peu importe autour d’une bière.
Son ami Chuckie, qui vit toujours chez sa mère, a une idée de génie pour gagner de l’argent.
J’ai aimé les idées loufoques de Chuckie, son beau parlé qui convainc toujours ses interlocuteurs, et surtout les instances européennes prêtes à donner de l’argent à une idée fumeuse.
J’ai aimé Aoirghe, à prononcer comme un éternuement, une amie de Chuckie qui se fâche avec tous ses potes.
J’ai aimé le regard de l’auteur sur cette province dévastée par les bombes sans que jamais aucune des « armées » ne se soient affrontées.
J’ai aimé son humour sur certaines situations du quotidien, et son regard sur les événements.
Une citation :
ce conflit politique, qui avait marqué toute la vie d’adulte de Chuckie, se résumait à un mensonge. Il s’agissait en fait d’une guerre entre une armée qui disait qu’elle ne voulait pas de battre, et un groupe de révolutionnaires qui affirmaient qu’ils ne voulaient pas se battre non plus. (…) Et puis ces armées ne s’entre-tuaient pas souvent. D’habitude, elles se contentaient de tuer les malheureux citoyens qui se trouvaient disponibles pour le massacre. (p.424)
L’image que je retiendrai :
Celle du bar nommé Wigwam dans lequel se retrouve le groupe d’amis et dont la serveuse parle irlandais alors que personne ne la comprend.
https://alexmotamots.fr/eureka-street-robert-mcliam-wilson/
"La ville est un entrepôt de récits, d'histoires. Au temps présent, au passé ou au futur. La ville est un roman."
Un roman très prenant.
Une écriture vivace, douce et féroce.
Poetry Street.
Direction Belfast. C'est la photographie d'une ville en pleine guerre d'indépendance à travers une galerie de portraits de personnages pittoresques.
Jake le catholique qui enchaîne les désastres amoureux, Chuckie le protestant qui rêve de faire fortune, vivant toujours chez sa mère, Max l'américaine qui a quitté son pays pour recommencer sa vie, Roche jeune adolescent des rues.
Nous avançons à tâtons dans cette ville déchirée entre explosions régulières au coin d'une rue, attentats ou meurtres, règlements de comptes et bocs de bière descendus à grande vitesse dans divers pubs de la ville. Une description sans fioriture, c'est brut. J'ai aimé errer dans Belfast. La place du terrorisme est prégnant. Trop jeune (et pas du tout intéressée) pour suivre les enjeux politiques à l'époque, j'ai découvert cet épisode avec ce roman.
J'avoue avoir eu quelques difficultés à entrer dans l'histoire. Et pourtant l'écriture est percutante, les phrases courtes nous plongent directement dans le récit.
Mon problème a peut-être été l'écriture justement. Trop violent à mon goût, manquant de subtilité dans les dialogues. Le sexe et les allusions vulgaires sur les femmes m'ont beaucoup gênée. C'est le contexte et les personnages qui veulent ça, mais ce n'était pas pour moi. Et cela a bien entaché mon plaisir de lecture. Seul Jake m'a ému et j'ai été contente de le suivre au fil des pages.
"Les gens se trompaient complètement sur le temps. Le temps n'est pas de l'argent. Le temps, c'est de la vitesse. "
"Pareils attentats à la bombe, pareils assassinats n'impliquent pas vraiment les gens impliqués. Les morts et les blessés constituent un sous-produit dénué de sens. Les victimes résultent du hasard, ce sont des obscures. Personne ne s'intéresse à elles. Et certainement les poseurs de bombes."
Eureka Street – Robert McLiam Wilson (544 pages)
Attention ! Chef d’œuvre !
Le roman est écrit tour à tour selon le point de vue de deux copains. L’un est gros, chauve, moche, veule, trouillard, a fait peu d’études et il est protestant. L’autre est plutôt beau gosse, bagarreur, grande gueule, romantique, instruit et catholique. Étonnamment, tout semble mieux réussir à Chuckie le protestant qu’à Jake le catholique.
Ce roman foisonnant et brillantissime décortique l’absurdité de la guerre d’Irlande, les aberrations politiques en tout genre, l’imposture et les postures de ceux qui veulent se placer sur le devant de la scène, le tout avec un humour décapant et cru. Le style est sublime, à la fois brutal et poétique. La description de Belfast, la nuit, le détail des personnages, même secondaires, tout est magnifiquement écrit. Géant.
Une fresque irlandaise intense, drôle, parfois dérisoire, parfois tragique mais toujours dépeinte avec intensité, ironie, réalisme et bienveillance.
A lire absolument si on aime l'Irlande.
Une immersion dans le Belfast des attentats. L'auteur nous fait suivre Jake et Chuckie à travers leur vie quotidienne, leur quête d'argent. D'amour. De dignité.
La lecture de ce livre dans la réalité d'aujourd'hui prend encore une autre dimension.
On ne regrettera que quelques longueurs.
Je le recommande.
Bonne lecture à tous
(avis concernant la VO, donc sans considération de la traduction)
C’est un roman magnifique, merveilleusement bien écrit, qui vous attrape par le col dès les premières pages et ne vous lâche plus jusqu’à la dernière. On me l’avait recommandé il y a plus de dix ans et je ne sais pourquoi, j’étais persuadée qu’il n’était pas pour moi.
Comme les sentiments ambivalents que la ville inspire (c’est une vraie lettre d’amour que lui écrit l’auteur), l’histoire est à la fois tendre, drôle et noire. C’est aussi une ode à la vie, la vie malgré tout, malgré les bombes et la bêtise d’extrémistes de tous bords.
On y croise des personnages inoubliables, un chat plus vrai que nature, une scène de restaurant mythique (j’ai cru m’étouffer tellement je riais) et bien d’autres choses, y compris dans les détails qui rendent l’ensemble très vivant.
Le roman est d’ailleurs très bien conçu, avec une atmosphère différente dans la « première partie » et dans la « seconde » (il n’y a pas de délimitation formelle), ou encore dans « l’interlude ». Emotionnellement, ce sont les montagnes russes et l’on ressort du livre essoré et un brin euphorique.
Ce roman m’a touchée au-delà des mots. C'est tout simplement un petit chef d'œuvre
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