"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Voici longtemps que la figure de l'empereur byzantin, ce souverain qui ose parfois se dire prêtre, fascine les consciences occidentales, tantôt modèles de la royauté dans sa plénitude et tantôt repoussoir oppressif par rapport à un modèle européen de la liberté. Mais qu'en est-il, au juste, de cette alliance des deux pouvoirs ? C'est cette indispensable mise au point, dégageant le sujet des mythes et des clichés qui l'encombrent, que donne ici Gilbert Dagron, professeur au Collège de France.Si l'Occident chrétien a érigé en règle la distinction entre un «pouvoir spirituel» et un «pouvoir temporel», c'est d'abord parce que l'Empire occidental s'est très tôt morcelé et que la papauté n'a pu devenir une véritable théocratie. En Orient, c'est l'Église qui est, dès l'origine, multiple, et l'empereur qui incarne la continuité, moins d'une histoire païenne que des voies choisies par Dieu pour le salut du nouveau peuple élu. C'est en ce sens qu'un empereur est aussi un prêtre.L'historiographie, de la Réforme à nos jours, classe le dossier en faisant du «césaropapisme» une maladie orientale. Et pourtant, comment le vrai pouvoir ne serait-il pas mixte ? La division n'est peut-être pas pensable jusqu'au bout. «Prêtre et roi», «prêtre ou roi» : mieux vaudrait reconnaître dans cette aporie politique un des problèmes fobndamentaux de l'humanité. La solution orientale, telle que la reconstitue ce livre, a le puissant intérêt de l'amener en pleine lumière.
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