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Comme l'indique Claude Leroy avec une réjouissante exactitude dans son introduction aux Poésies complètes, «poète, Cendrars n'aimait pas le genre poète.» Car il était de ceux qui vivent la poésie avant de l'écrire, de ceux qui ne se contentent pas d'un destin sur le papier. «Cendrars, précise Claude Leroy, a voulu être celui par qui la modernité arrive - comme un scandale permanent. C'est le profond aujourd'hui qu'il s'attache à célébrer dans son jaillissement, sa profusion, ses rebonds et ses surprises. Les merveilles du monde moderne ne sont plus au nombre de 7 pour celui qui en connaît 700 ou 800 autres qui naissent et meurent chaque jour. Alors que tout change autour de lui, comment le poète - conscience de son temps - ne se tiendrait-il pas aux antipodes de l'unité ? Ne pas se ressembler aura été pour Cendrars une règle de vie autant qu'un impératif d'écriture. Étonnant paradoxe : si le ton Cendrars est reconnaissable entre tous, il n'existe pas pour autant de poème à la Cendrars. Entre le petit nombre de poèmes qu'il a signés et leur extrême diversité, le contraste touche au plus grand écart. Dès qu'une forme risque de tourner à la formule, par volonté ou par contrainte, le poète rompt avec soi-même.» Et Cendrars d'affirmer : «Toute vie n'est qu'un poème, un mouvement. Je ne suis qu'un mot, un verbe, une profondeur, dans le sens le plus sauvage, le plus mystique, le plus vivant.»
Certains prennent des photos, le clic qu'on déclenche, et l'objectif entre eux et le monde. Comme pour se protéger.
D'autres envoient des cartes postales. Postées à la hâte, à l'ancienne, la première pensée, le soleil ou la neige, la santé, les embrassades...
Et puis il y a Blaise Cendrars.
Ni photographies, ni cartes postales.
A la place, des poèmes.
Des mots qui ne protègent de rien. Au contraire. Vous êtes à la terrasse d'un café, au fond de votre vieux fauteuil, peu importe. le soleil brûle pareil. le sel écorche, la lumière est belle.
Vous appareillez à chaque page. La destination importe peu. C'est autre chose qui vous embarque, ces mots, ses mots !
Chaque poème est un cliché d'ailleurs, de partout, le monde offert, la terre est brune et le soleil si bleu !
Le printemps des poètes 2022 méritait bien ça, cette plume si moderne, si franche, si fraîche.
Cendrars.
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