"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'histoire se déroule dans ces faubourgs miséreux du Shanghai contemporain, où les habitants vivent dans la peur d'être expulsés de leurs immeubles délabrés, voués à être rasés par les promoteurs.
C'est la Chine de la croissance à deux chiffres, vécue du côté de ceux qui aimeraient croire au miracle économique, mais n'en seront jamais que les laissés pour compte.
Le personnage principal, Xiao Fei, est un jeune homme vivant avec ses deux soeurs et sa vieille mère dans l'un de ces logements insalubres. Ecartelé entre ses aspirations au savoir et à l'étude, et son rêve d'une vie meilleure, il subit passivement la destruction du monde ancien. Jusqu'à être repoussé avec sa famille dans une zone de baraquements, hors des limites de la ville qui se métamorphose à vue d'oeil...
Nourri de descriptions extrêmement sensibles, empreint d'une sorte de torpeur, alternant rêverie et réalisme froid, ce roman montre la Chine d'aujourd'hui telle qu'elle est vraiment - loin des clichés, de toute progagande et simplification.
Complexe de donner toutes les étoiles à ce livre "Dix yuans un kilo de concombres", pour lequel j'ai pourtant beaucoup de sympathie...notamment à l'égard de son titre intriguant! Célia Levi nous propose une plongée âpre dans la Chine contemporaine et ses banlieues mondialisées mais paradoxalement délaissées. On y suit Xiao Fei, jeune homme qui rêve d'une vie meilleure, plus épanouie, mais ne saute finalement jamais le pas et ressasse ses envies d'ailleurs.
La description de la réalité sociologique de la Chine qui a poussé trop vite et a perdu ses chiots dans la bataille économique est, je trouve, très réussie. On s'immerge dans cette banlieue triste de Shanghai avec facilité; on a même l'impression d'en ressentir les odeurs et la morosité. Mais qu'il me paraît difficile d'aimer pleinement un livre dans lequel le héros n'a rien d'attachant et n'évolue pas. Peut-être une faiblesse de lectrice de ma part... Mais j'ai besoin d'héros qui amènent ne serait-ce qu'une once d'espoir.
Bravo à Célia Levi tout de même pour son écriture dense et vraie.
trange entrée en matière que celle de Dix yuans un kilo de concombres. On hésite entre récit de voyage introduit par un lexique assez pratique, et fable poétique d’un temps où les peuples chinois vivaient au contact des bêtes ; puis Célia Levi décrète que Dix yuans un kilo de concombres, c’est trop cher : on prendra plutôt les aubergines. Si résoudre ce dilemme ménager s’avère finalement faisable, soigner la fissure entre la Chine populaire que chante Bei Bei et celle de ceux qui exproprient est impossible. Mei Mei en mourra presque et Célia Levi écrit d’ailleurs la douleur dans des images magnifiques. Il faudra le temps du roman au héros, et une soirée en discothèque où il prendra du lap dance pour un numéro de cirque, pour percevoir le fossé qui le sépare du philosophe qu’il souhaiterait être ou de sa cousine américaine qu’il aime comme on aimerait un passeport. Le ventre repus, chacun restera à sa place, le constat de l’incommunicabilité sera signé – et c’est un peu dommage.
« L'ordre du monde s'était inversé, les plus grossiers imposaient leur volonté, il n'y avait plus de place pour le raffinement et la culture. »
Postulat de l'auteur dès le départ, mais la démonstration peine à se faire, son personnage Xiao Fei est désincarné, tous les intellectuels ne sont pas incapables de planter un clou.....
J'étais heureuse d'avoir un roman sur la chine, mais je suis désenchantée, je me suis ennuyée.
Yu Hua ou Su Tong savent si bien nous faire vivre la Chine contemporaine.
"Shanghai aujourd'hui. Des laissés-pour-compte du "miracle économique
chinois" tentent de survivre dans leurs logements insalubres,
en attendant d'être expulsés par les promoteurs.
Parmi eux, Xiao Fei, un homme épris de savoir et de tradition vivant
dans la nostalgie de la grandeur passée de sa famille. Des Chinois
lettrés qui avaient déjà tout perdu, une première fois, au moment de
la Révolution Culturelle.
Stoïque en apparence, mais chaque jour plus humilié par la situation
des siens, Xiao Fei se réfugie dans des rêveries plus vaines les unes
que les autres. Se remettre à la calligraphie. Devenir l'un de ces
"dissidents" dont raffolent les médias occidentaux. Connaître l'amour
avec leur jeune cousine américaine, une fille d'expatriés revenue à
Shanghai pour y apprendre le chinois.
Pendant ce temps, la destruction fait rage autour d'eux. Leur misère
s'accroît. Bientôt la solidarité entre voisins et parents ne suffira
plus. Tout cède. Et le pire est encore à venir."
La quatrième de couverture laissait espérer une chronique de la Chine contemporaine, entre description impitoyable mais superbement réaliste et portraits ciselés des personnages. Malheureusement, la narration se révèle d'une lenteur et d'une fadeur qui est loin de susciter l'intérêt. Et si le lecteur a envie de tourner les pages, c'est dans l'espoir qu'enfin il va se passer quelque chose ou que vont lui être offertes quelques réflexions ou révélations qui justifient sa persévérance. Las, on est soulagé lorsqu'apparaît le mot "FIN" et on referme le livre sans que l'esprit ne soit marqué par autre chose que par l'ennui et la déception ressentis...
Ce roman est un portrait de la Chine d'aujourd'hui qui se développe rapidement et qui laisse de côté les plus pauvres de ses habitants. Beaucoup sont expulsés de leur habitation traditionnelle pour construire à la place hôtels ou appartement flambant neuf. C'est ce qui arrive à la famille de Xiao Fei. C'est l'histoire du roman.
Xiao Fei pense, espère, voudrait, regrette, rêve, geint, se lamente, s'écoute toute la journée. Il n'agit jamais, il laisse les événement venir à lui. C'est un contemplatif pour ne pas dire "bon à rien".
La plongée dans les bas quartiers de Shanghai est réussie, l'auteure a réussi son coup. Il ne se passe pas grand-chose mais on s'attache vite à la famille et à son avenir. C'est intéressant de découvrir une autre facette de cette Chine en expansion. J'aurais aimé un peu plus de politique pour connaître la justification des expulsions dans les quartiers populaires. C'est un livre à lire, il y en a peu des comme celui-ci.
Avouons-le, on s’est sans doute emballé un peu rapidement pour ce roman bien marketé par sa quatrième de couverture qui a su créer l’attente: un roman écrit par une jeune auteur d’origine chinoise elle-même qui nous promet une plongée truculente dans le Shanghai populaire, à travers les yeux d’un cousin chinois qui, on nous l’annonce, n’est ni l’un de ces farouches dissidents du régime dont l’Occident raffole, ni un pur intellectuel délié des contingences quotidiennes, juste un Chinois normal et sans histoire…. quoique pas tout à fait car il est devient le porte-voix des laissés-pour-compte de la croissance économique.
Bref, le lecteur piaffe à l’idée de découvrir la vérité sur cette Chine honnie pour le traitement sans pitié des opposants au regime qui piétine allegrément les droits de l’homme d’un côté, et de l’autre le pays en mutation, la grande puissance de demain telle que la voient les observateurs économiques et les étudiants trendy qui décident d’aller pousser leur Erasmus au delà des frontières européennes.
De ce point de vue-là, le pari est réussi et la promesse tenue: on découvre la vie à Shanghaï par le quotidien des habitants d’un lilong traditionnel devenu insalubre, à travers le regard de de Xiao Fei qui peine à trouver sa place dans une Chine en mutation dans laquelle la Révolution culturelle a porté un coup fatal aux élites intellectuelles et où la croissance ne profite pas à tout le monde, où les laissés-pour-compte de l’économie souffrent toutes les injustices, comment l’avaient révélé de trop rares articles à la veille des JO de Pékin.
On suit Xiao Fei et son spleen face à la précarisation de sa famille avec laquelle il partage une demeure trop étroite, on suit ses élans d’enthousiasme générés par l’arrivée de sa cousine américaine venue apprendre le chinois, ses espoirs et leurs retombées dans la grisaille d’une existence de plus en plus dure. Jusqu’à l’inexorable expulsion pour atterir, loin des mirages d’appartement moderne tout confort promis par le régime, dans un bidonville entre les échangeurs, excroissances de l’urbanisation explosive dans les grandes métropoles asiatiques. Le style et la langue simple et sans chichis, décrivent les hauts et les bas, les espoirs et les déceptions de cette famille, autrefois lettrée qui s’enfonce aujourd’hui dans la misère. Décrivant le flot de pensées contradictoires qui assaillent Xiao Fei, le ton est neutre, sans effusion, sans doute pour mimer cette machine à broyer les plus faibles, et qui sévit dans un contexte d’indifférence généralisée aux inégalités et aux injustices les plus criantes.
Un témoignage très enrichissant qu’on aurait aimé sans doute un peu plus nerveux et incisif.
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