"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
En sautant d'une pierre à l'autre, Jean-Claude Carrière essaie de traverser le fleuve que fut sa vie.
Ces pierres sont des endroits, des hommes et des femmes, acteurs, écrivains, metteurs en scène (Borges, Buñuel, Peter Brook, Nureïev) qui ont marqué une vie fertile, toute de mouvement, ponctuée de rires et dirigée par une curiosité sans limite.
C'est un inventaire, un puzzle sans motif central, sinon peut-être la recherche incessante d'une alliance entre travail, plaisir et qualité.
Un grand merci à Masse Critique Babelio et aux éditions André Versaille pour ce précieux livre.
A l’évocation de ce nom Jean-Claude Carrière, je vois immédiatement ce visage qui sourit avec les yeux, un vrai sourire pas celui d’un compassé, celui du curieux.
Car la curiosité l’a guidé toute sa vie. Cet abécédaire est un jeu pour lui et cela se ressent :
« J’aime mieux vivre ma vie que la raconter. Sans parler des tâtonnements de notre mémoire, qui nous accompagnent de notre mémoire, qui nous accompagnent fidèlement, comme le mensonge. »
Ce regard sur le monde lui a permis une vie professionnelle protéiforme sa biographie est des plus riches. Ils ne sont pas si nombreux à avoir cet éclectisme et à savoir transmettre.
C’est un conteur, qu’il vous parle de l’univers sur un plateau aux côtés d’Hubert Reeves ou culture avec Umberto Eco, le spectateur est tout ouïe.
Cet abécédaire je l’ai lu comme un roman, et je sais que sa richesse le fera y revenir en picorant sur les sujets qui m’importent, c’est une démonstration formidable que culture, érudition n’est pas seulement livresque, tous les supports sont de bons supports pour transmettre et partager, mais ici l’essentiel est dans l’art de la rencontre au sens large qui fait le miel de Jean-Claude Carrière. Cette attention à l’autre, cette bienveillance n’est qu’ouverture d’esprit et enrichissement, chaque lettre de cet abécédaire nous le crie.
J’y retrouve l’homme sans masque.
Celui qui se souvient de ses origines, cette maison où il est né et qu’il a conservé, un ancrage bienfaiteur.
« Toute ma vie, tandis que pour mon travail je courrais sans arrêt le monde, l’un de mes pieds restait enfoncé dans le sol de ce village-là. »
Les portraits de ceux qui ont jalonné sa vie sont à la fois forts et drôles de ces anecdotes qui font sourire avec tendresse.
Fascinée par ses réflexions sur Balzac, Hugo, Kundera etc. En quelques mots le lecteur voit cet étonnement permanent qui est le sien, ce qui le nourrit.
Une ligne et le lecteur a envie de relire « L’insoutenable légèreté de l’être ».
Comme lui je suis sûre que les livres bavardent entre eux, la nuit. Ah si le matin venu ils pouvaient me dire… C’est pourquoi j’aime relire, mais combien de livres contemporains supporteront une relecture ?
« Une bibliothèque est comme une cave. C’est avant tout un endroit de plaisir. Il est possible, de temps en temps, de s’y réfugier jalousement, presque en cachette, de choisir un volume au passage, comme on saisit une ancienne bouteille, et de se dire : « Tiens, voyons ce que devient cet auteur-là. » Il en est des écrivains comme des vins ; certains vieillissent mieux que d’autres, certains s’éventent, ou s’aigrissent en quelques années, d’autres se révèlent sur le tard et se fortifient. »
Un livre dans lequel j’ai fait de belles découvertes sur cet homme et en même temps un sentiment de familiarité si je puis utiliser ce terme pour cet homme magnifique.
Rares sont les vrais passeurs de culture, ils ne sont surtout pas pontifiant et leur ego n’est pas boursoufflé.
Tout un art que possédait Jean-Claude Carrière.
Il savait mettre en pratique ceci :
« Un des secrets de l’enseignement est de ne dire à ceux à qui l’on s’adresse que ce qu’ils sont capables, et qu’ils ont envie, de recevoir. »
C’est transmettre un savoir avec en plus l’envie pour celui qui reçoit d’aller plus loin avec ses propres moyens.
Un livre qui se savoure comme un plat partagé dans une même communion d’esprit.
Merci Monsieur d’être cet homme-là.
©Chantal Lafon
Intéressant. Le metteur en scène se dévoile. On apprend beaucoup de choses sur lui, le théâtre, ses passions. Un livre bine écrit.
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