"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
" un jour j'ai sorti un livre, je l'ai ouvert et c'était ça.
Je restais planté un moment, lisant et comme un homme qui a trouvé de l'or à la décharge publique. j'ai posé le livre sur la table, les phrases filaient facilement à travers les pages comme un courant. chaque ligne avait sa propre énergie et était suivie d'une semblable et la vraie substance de chaque ligne donnait sa forme à la page, une sensation de quelque chose sculptée dans le texte. voilà enfin un homme qui n'avait pas peur de l'émotion.
L'humour et la douleur mélangés avec une superbe simplicité. le début du livre était un gigantesque miracle pour moi. j'avais une carte de la bibliothèque. je sortis le livre et l'emportai dans ma chambre. je me couchai sur mon lit et le lus. et je compris bien avant de le terminer qu'il y avait là un homme qui avait changé l'écriture. le livre était ask the dust et l'auteur, john fante. il allait toute ma vie m'influencer dans mon travail.
" charles bukowski, 1979.
Demande à la poussière est un roman autobiographique puisque Arturo Bandini, le personnage principal n’est autre que l’alter ego de John Fante. Arturo Bandini est fils d’immigrés italiens originaire du Colorado qui va tenter sa chance sous le soleil californien à Los Angeles. Après avoir publié une nouvelle, il rêve de devenir un grand écrivain.
Dans un style brutal, violent, flamboyant qui ne manque pas de cynisme, un phrasé moderne (et pourtant publié en 1939), John Fante écrit comme on parle, sans effort de style et raconte ses déceptions avec une vague d’espoir. Charles Bukowski le considère d’ailleurs comme son mentor et l’a beaucoup inspiré. On peut d’ailleurs le qualifier de précurseur de la beat generation bien qu’il ne fait pas un récit de voyage comme Jack Kerouac.
Comme disait Charles Aznavour, la misère n’est pas moins pénible au soleil, Arturo Bandini ne peut pas le contredire car il nous raconte sa vie de misère californienne durant l’entre deux guerres, il vit au bas de l’échelle, au jour le jour, contraint à la débrouille mais ne cesse de croire en son rêve américain malgré son déracinement et sa solitude. L’ambiance est poisse entre pauvreté, alcool, cigarettes et rencontres improbables. Parmi ces rencontres il y a notamment Camilla Lopez, une serveuse mexicaine dont il va tomber amoureux mais la relations entre les deux déchaîne les passions, ils surfent entre la haine et l’amour. En même temps ça paraît normal, Arturo ne se gène pas pour proférer des propos grossiers, racistes et sexistes, il est égocentrique, injurieux, lâche, menteur mais il peut aussi se montrer généreux, attentionné et prévenant. C’est un parfait antihéros qu’on adore détester.
https://animallecteur.wordpress.com/2023/08/29/demande-a-la-poussiere-john-fante/
Nous poursuivons ici le parcours d'Arturo Bandini, jeune écrivain qui veut désespérément être célèbre.
Il est encore question d'identité, de culpabilité envers la religion et sa mère, de pauvreté et de la faim qui le pousse, cette fois-ci, à voler du lait.
Los Angles est toujours aussi ensoleillée et poussiéreuse.
Bandini se lance dans une histoire d'amour toxique qui va lui faire côtoyer de près la drogue et les hôpitaux psychiatriques.
J'ai trouvé l'histoire moins captivante que ses autres romans et souffrant parfois de quelques longueurs.
Néanmoins l'écriture est tonique, moderne et précurseur. C'est impossible d'imaginer que ce roman a été publié en 1939.
John Fante est un de ces romanciers qu'il faut lire.
Demande à la poussière est typiquement écrit par un américain. Le style oral offre une plongée immédiate dans le récit et rapproche du personnage, Arturo Bandini, peut être double de l'auteur. Cet homme raconte son début dans la vie notamment en tant qu'écrivain, ses désirs, ses rêves de grand écrivain, ses délires littéraires mais pas que, ses moments d'écritures mystiques, ses attentes, ses déceptions... Tout raccroche à l'auteur d'autant qu'Arturo Bandini est immigré italien. Ce récit est celui de la quête, quête de reconnaissance, quête de soi aussi. D'une sorte de quête de l'humanité aussi celle des hommes désoeuvrés dans cette Amérique.
Le décor est typiquement celui des films américains qui évoque des villes pendant la Grande Dépression, une ville plombée par le soleil, la poussière, le désert, plombée aussi par la pauvreté. Dans un bar typiquement américain, Arturo Bandino rencontre une autre immigrée Camilla Lopez, et se joue là un autre type de rencontre amoureuse, complexe et malsaine, que personnellement je n'ai pas comprise.
Si l'écriture rythmée m'a portée jusqu'à la fin, je ne peux pas dire que j'ai aimé ce texte, je n'ai déjà pas aimé ce personnage, une sorte d'anti-héros, frustré, passant d'un excès à un autre, tombant dans les pièges de la médiocrité : alcool, violence, doute... Un personnage qui imagine et raconte beaucoup sa vie, ses écrits, ses amours.
Bref déception pour moi.
Magnifique. Fante nous emmène aux US dans ses rues poussiéreuses, dans l’eau de l’océan, dans les cafés mal fréquentés.. Il nous balade et on vit avec lui ses joies, ses émotions, ses déceptions. Le fil rouge: un amour qu’on a du mal à saisir.
Errance d’un jeune Américain issu de l’immigration italienne qui rêve de devenir écrivain. Son nom est Bandini. John Fante va écrire ce que Bandini pense tout haut. C’est une mise à nu sans filtre.
Bandini a su faire éditer une nouvelle sans conséquences et rêve de devenir un auteur phare, celui qui va illuminer les étagères des librairies à la lettre B.
Il sait. Il sent. Il est un écrivain. En haut de l’affiche, en dix fois plus gros que n’importe qui… Mais pour ce faire, il a besoin de vivre ce qu’il va écrire. Et le vécu écrit est retenu par l’éditeur. Parce qu’il écrit ce qu’il a dans le ventre hormis la fumée de mauvais tabac et les kilos d’oranges qui sont sa seule nourriture et lui donnent des aigreurs.
Oh pour ça, des aigreurs il en a Bandini… D’une enfance d’immigré mise au ban, d’une pauvreté crasse et un physique peu avenant, Bandini va se montrer binaire. Brute, teigneux, raciste, macho, homophobe, misogyne, athée, égocentrique, méprisant et tout son contraire.
« (…) alors quand je te traite de métèque ce n’est pas mon cœur qui parle mais cette vieille blessure qui m’élance encore, et j’ai honte de cette chose terrible que je t’ai faite, tu peux pas savoir. »
Il va l’aimer comme un dingue la petite serveuse ‘Mex’… Le coup de foudre fera face à une incompatibilité nourrie d’humiliation et d’insultes. Bien qu’il la méprise parce qu’elle le renvoie à un problème d’intégration américaine mal assumée et une image d’infériorité par son manque de goût et d’éducation, elle lui fera mordre la poussière…
Bandini est un personnage attachant. Il sait ce qu’est un appartement cradingue infesté de bestioles mais lui y verra chaque matin le soleil inondant la turne.
Un homme simple, un amoureux qui rêve, qui aime, plein d’espoir pour son pays, les USA, et son époque, qui apprécie la poésie, qui est tolérant, qui reconnait ses origines et celle des autres, accepte les différences, qui respecte les gens et qui prie.
Bon Dieu, il y va demander à Dieu et tous ses saints, une idée à écrire, avoir ce fichu succès littéraire. Il a besoin de sous, Bandini. Il n’a que ça pour sortir de l’ornière, raconter des histoires. Il anticipe les questions de journalistes et de critiques virtuels. Il sait déjà ce qu’il leur répondra, ce, avant même de trouver les mots à mettre sur cette page blanche enclenchée sur le rouleau de la machine à écrire.
Mais il croque dans la vie à pleines dents, Bandini et pas mal mytho quand même, il écrit une expérience amoureuse avec une femme qu’il connait peu, une Juive pauvre et folle de lui, alors qu’on parle déjà d’Hitler, et il imagine beaucoup. Un tremblement de terre et il est un héros. Il dépasse la nouvelle et atteint l’épaisseur d’un roman.
Logeant dans la petite chambre d’un garni à L.A., il sait ce qu’est la poussière. Y’en a sur tous les paragraphes du livre. Elle recouvre les meubles, les rues, les vêtements, les cheveux. Il en a même dans les narines et la bouche, Bandini. Mais c’est rien à côté de celle du sable du désert… Celle qui Terre et vie mêmes, ne sont que poussière. Celle qui a fini par engloutir son grand amour. Celle à qui il dédie son livre.
« Le monde n’était que poussière et retournerait à la poussière. »
L’écriture est d’une fluidité qui fait filer les pages entre les mains.
Dans la préface, Charles Bukowski écrit : « J’ai posé le livre sur la table, les phrases filaient facilement à travers les pages comme un courant. Chaque ligne avait sa propre énergie et était suivie d’une semblable et la vraie substance de chaque ligne donnait sa forme à la page, une sensation de quelque chose sculptée dans le texte. Voilà enfin un homme qui n’avait pas peur de l’émotion. L’humour et la douleur mélangés avec une superbe simplicité. (…) Je me couchais sur mon lit et le lus. Et je compris bien avant de le terminer qu’il y avait là un homme qui avait changé l’écriture. ‘Ask the Dust’ (…) allait toute ma vie m’influencer dans mon travail. »
J’ai lu ce livre superbement imagé comme on regarde un film.
« Là-dessus, il a ouvert la porte et j’ai vu apparaître une tronche que le sommeil tenait encore de tous ses doigts, des yeux gris clignant contre la lumière, des cheveux en pagaille qui lui tombaient sur le front. »
« Bon Dieu, voilà que je remettais ça, trainer la savate dans les rues. Je regardais les gueules autour de moi, et je savais que la mienne était pareille. Des tronches vidées de leur sang, des mines pincées, soucieuses, paumées. Des tronches comme des fleurs arrachées de leurs racines et fourrées dans un joli vase ; les couleurs ne duraient pas bien longtemps. Fallait vraiment que je quitte cette ville. »
ETC… Une source d'écriture au talent sans fond auprès de laquelle s’inspirent un grand nombre d'écrivains depuis sa publication en 1939.
Cette semi-autobiographie romancée de John Fante dans le rôle de Bandini, son alter ego tourmenté et fauché, reste toujours d’actualité face à la misère, la faim, l’amour et l’égo, la volonté, le talent et ce qu’Homme est, avide d’ascension sociale.
C'est aussi un témoignage de ce qu'était la ville de Los Angeles à l'époque.
Ce premier opus de quatre livres avec Bandini comme héros, est un des grands textes du XXeme siècle.
La préface dithyrambique de Bukowsky ne peut qu’inciter à plonger immédiatement dans le roman.
Et en fait, on y plonge réellement.
La vie d’Arturo Bandini, alias John Fante lui-même, à Los Angeles, défile sous nos yeux à un rythme soutenu.
C’est très réaliste et visuel et le personnage est attachant. Excessif, un peu mytho, qui rêve sa vie tant qu’elle ne s’accomplit pas selon ses aspirations.
Et ses aspirations principales, ce sont la littérature, devenir un grand écrivain, et les femmes.
J’ai passé un excellent moment en sa compagnie.
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