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Croix de cendre

Couverture du livre « Croix de cendre » de Antoine Senanque aux éditions Grasset
  • Date de parution :
  • Editeur : Grasset
  • EAN : 9782246832669
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

1348. La peste noire déferle sur l'Europe 1367. Deux jeunes frères dominicains se rendent à Toulouse pour trouver le précieux papier sur lequel leur prieur entend écrire le récit de sa vie. Et sa confession risque de faire basculer l'Eglise en révélant la vérité sur les origines de la Peste et... Voir plus

1348. La peste noire déferle sur l'Europe 1367. Deux jeunes frères dominicains se rendent à Toulouse pour trouver le précieux papier sur lequel leur prieur entend écrire le récit de sa vie. Et sa confession risque de faire basculer l'Eglise en révélant la vérité sur les origines de la Peste et la façon dont elle fut liée au destin de son maître, Eckhart de Hochheim, dit Maître Eckhart, théologien mystique et prêcheur le plus admiré de la chrétienté. Puis maudit.

Guerres, inquisition, persécution et trahisons ; des bancs de la Sorbonne aux plaines reculées d'Asie centrale, Antoine Sénanque mêle les destins de personnages historiques et de fiction, marie petite et grande Histoire, et signe un texte exceptionnel, tout à la fois roman d'aventures, fresque historique, étude théologique et policier médiéval. Un page-turner spirituel et dramatique dans lequel les paroles d'Eckhart et les choix de nos héros font sonner autrement le beau nom grave de fraternité. Un coup de maître.

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Avis (8)

  • Nous sommes en l’an 1367. Deux frères dominicains, Antonin et Robert, sont chargés par le prieur du monastère de Verfeuil, de ramener de Toulouse des vélins et de l’encre. Mais cet achat titille la curiosité de l’inquisiteur du Languedoc. Cet homme fourbe et ambitieux voudrait connaitre cette...
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    Nous sommes en l’an 1367. Deux frères dominicains, Antonin et Robert, sont chargés par le prieur du monastère de Verfeuil, de ramener de Toulouse des vélins et de l’encre. Mais cet achat titille la curiosité de l’inquisiteur du Languedoc. Cet homme fourbe et ambitieux voudrait connaitre cette vérité que le vieux prieur Guillaume veut confier à ces parchemins.
    Dans le scriptorium du monastère, c’est à Antonin qu’incombe la lourde tâche de retranscrire les révélations de Guillaume.
    « Le prieur l’avait affecté au scriptorium où il passait l’essentiel de ses journées à préparer son écriture pour le vélin qui ne souffrait aucun repentir. »

    Guillaume fut le disciple d’Eckhart de Hochheim, théologien mystique et philosophe et prêcheur. Accusé d’hérésie. Maître Eckhart devra se défendre devant l’inquisition épiscopale à Avignon.
    Grâce à Guillaume et au jeune moine Antonin qui cherche à sauver son ami Robert enfermé dans les geôles de l’inquisition, nous suivons la destinée de Maître Eckhart et découvrons les différents courants religieux qui circulaient à cette époque. Dominicains et Franciscains s’opposent et intriguent tandis que des courants spirituels inquiètent l’inquisition toute puissante, comme les béguinages, que les dominicains contrôlent.
    « …Nous avions les béguinages. Ces villages de dames pieuses qui inquiétaient notre ordre et dont nous avions également la charge. »
    Maître Eckhart n’est pas insensible à leur spiritualité considérée par certains comme une hérésie.
    Cette époque troublée est aussi celle de la peste qui débute à Kaffa, comptoir génois situé en Crimée et port important du commerce. La maladie, appelée aussi mort noire, va essaimer à travers l’Europe, transportée par les bateaux de commerce et par les caravanes.
    Cette « mort noire » entraine la peur car on ne sait pas la prévenir ni la combattre. Et Guillaume la craint aussi car il sent sa foi vaciller.
    « La peste ne ressemblait à aucune autre maladie, elle ne se contentait pas d’écraser nos corps, c’est après nos âmes qu’elle en avait. »

    Sur cette période trouble, le vieux prieur Guillaume connait des secrets que l’église tremble de voir révélés.
    Voilà le nœud de l’affaire qui va plonger Antonin et son ami Robert dans une intrigue complexe et haletante.
    La conspiration qui oppose l’inquisiteur du Languedoc au prieur Guillaume n’est qu’un prétexte pour déployer une grande fresque historique qui nous plonge dans les arcanes de la religion à l’époque médiévale. Le propos spirituel et philosophique est très présent, mais il se mêle adroitement aux péripéties des différents personnages.
    Ce roman à l’écriture flamboyante se lit comme un polar, l’érudition en plus. Voilà une histoire foisonnante que j’ai eu beaucoup de plaisir à découvrir.

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  • 14e siècle à Toulouse et sur les routes : deux jeunes frères dominicains quittent leur couvent pour aller acheter du parchemin et de l'encre. Leur vieux prieur veut leur dicter ses mémoires et plus particulièrement sa rencontre avec Maître Eckhart, prêcheur adulé puis maudit par...
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    14e siècle à Toulouse et sur les routes : deux jeunes frères dominicains quittent leur couvent pour aller acheter du parchemin et de l'encre. Leur vieux prieur veut leur dicter ses mémoires et plus particulièrement sa rencontre avec Maître Eckhart, prêcheur adulé puis maudit par l'inquisition.
    Ce roman se lit quasiment d'une traite malgré quelques fois des références philosophiques, théologiques, nous sommes quasiment dans un livre d'aventure, une fresque historique et nous rencontrons de nombreux personnages, que ce soient les frères dominicains, les prieurs, les autorités ecclésiastiques et les fameux inquisiteurs et leur procès et méthodes, les membres des béguinages. Il y a des scènes de bataille, comme celle impressionnantes du siège de Kaffa, des scènes de torture, des scènes de dictée des mémoires, de leçons à la Sorbonne, de doutes des frères.
    Un texte superbement écrit qui nous transporte au Moyen Age, avec brio et suspense.
    #Croixdecendre #NetGalleyFrance

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  • Un roman sur fond historique avec des personnages forts, une écriture tonique.
    La peste qui a parcouru l'Europe dans les années 1340 . La vie austère des moines et la lutte de pouvoir par l'inquisition.
    Un roman qui donne aussi envie de découvrir les ouvrages antérieurs d'Antoine...
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    Un roman sur fond historique avec des personnages forts, une écriture tonique.
    La peste qui a parcouru l'Europe dans les années 1340 . La vie austère des moines et la lutte de pouvoir par l'inquisition.
    Un roman qui donne aussi envie de découvrir les ouvrages antérieurs d'Antoine Sénanque.
    Finalement un bon moment de lecture

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  • 367. Deux jeunes moines dominicains prennent la route vers Toulouse, chargés par leur prieur d'aller acheter du parchemin vélin de la meilleure qualité afin de rédiger ses mémoires. Plutôt heureux de quitter la monotonie de leur couvent, les deux candides ne se doutent pas du guêpier dans lequel...
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    367. Deux jeunes moines dominicains prennent la route vers Toulouse, chargés par leur prieur d'aller acheter du parchemin vélin de la meilleure qualité afin de rédiger ses mémoires. Plutôt heureux de quitter la monotonie de leur couvent, les deux candides ne se doutent pas du guêpier dans lequel ils se sont fourrés. L'Inquisition les attend, alertée par les projets du prieur dont les confessions pourraient révéler un secret capable d'ébranler l'Eglise et ses fondements.

    Dès que parait un polar historique érudit situé au Moyen-Age, mettant en scène des ecclésiastiques, des inquisiteurs et des controverses religieuses, on le compare inévitablement au Nom de la rose d'Umberto Eco, le maitre étalon du genre, absolument indépassable. Dans ce cas précis, oui, j'y ai pensé, évidemment, mais la comparaison s'arrête vite car ici, pas de huis clos, on est autant dans le roman d'aventures que le polar car l'auteur fait voyager ses personnages de Toulouse à Paris, en passant par Cologne, Avignon où siège la papauté à cette époque, et surtout le Moyen-Orient sur la route de la soie.

    A partir de là, Antoine Sénanque construit un récit à deux temps maitrisé de bout en bout : le récit au passé des mémoires du prieur racontant sa jeunesse aux côtés de Maître Eckart, renommé théologien, ainsi que les origines de la Peste en 1347 lors du siège de Kaffa ; vingt ans après, le récit au présent de la lutte entre l'Inquisition et les moines dominicains menés par le prieur.

    L'auteur alterne avec brio scènes de bravoure ( incroyables descriptions du siège de Kaffa, comptoir génois, par la Horde d'Or tatare du Khan Djanibeg, ou encore des geôles cauchemardesques de l'Inquisition toulousaine ) et scènes plus intimistes, notamment celles centrées sur la philosophie religieuse de Maître Eckart dont le prieur a été le disciple. C'est une prouesse de rendre accessible sa théologie complexe qui est au coeur de l'intrigue. J'ai eu l'impression de tout comprendre de sa mystique abolissant la distance de majesté entre Dieu et les hommes à partir du moment où ces derniers accomplissent un dénuement radical de l'âme. Maître Eckart n'a jamais été déclaré hérétique ( il s'en est fallu de peu ) mais ses écrits ont été condamnés et censurés.

    Et puis, il y a les personnages, tous formidablement incarnés, tous dotés d'une psychologie fouillée qui se révèle progressivement ( pour les plus âgés comme le prieur Guillaume et son sacristain ) ou se transforment ( pour les plus jeunes, Antonin l'érudit et Robert, plus rustique ), y compris le « méchant », le fourbe inquisiteur Louise de Charne, qui avait tout pour être caricatural et finalement est bien plus complexe, et donc intéressant, que l'expression manichéenne de sa haine et de son ambition. Sans oublier les formidables béguines formant des communautés de femmes pieuses et travailleuses vivant leur foi de façon enflammée, quasi charnelle.

    Le récit est rempli de surprises, de secrets révélés, de rebondissements au coeur de la folie des luttes intestines entre les différents ordres religieux ( ici Franciscains vs Dominicains ) et au sein de ces mêmes ordres religieux. On se régale des dialogues enlevés,. Bref, ce roman est palpitant et passionnant !

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  • Un secret à confier pour l’éternité et deux moines se lancent dans l’achat de vélin et le lecteur de Antoine Sénanque est au cœur du Moyen-Âge. Deux moines du couvent de Verfeil, Frère Antonin et Frère Robert, se voient confier la lourde tâche d’aller chercher pour le prieur Guillaume du pur...
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    Un secret à confier pour l’éternité et deux moines se lancent dans l’achat de vélin et le lecteur de Antoine Sénanque est au cœur du Moyen-Âge. Deux moines du couvent de Verfeil, Frère Antonin et Frère Robert, se voient confier la lourde tâche d’aller chercher pour le prieur Guillaume du pur vélin et des noix de galle pour faire de l’encre résistante et bien noire.

    Sur leur chemin, les aventures vont leur offrir de quoi satisfaire leur curiosité du monde et par la même occasion, notre connaissance du leur. Non seulement, ils découvrent les ravages laissés par la peste noire, mais assistent au traitement des lépreux, puis aux méthodes très obscures de l’Inquisition.

    Antonin, fils de médecin, et Robert de Nuys, fils d’Albert, valet de ferme, et non paysan car son père avait des terres qu’il travaillait pour son seigneur, sont liés par une amitié forte. À partir de là, les deux destins vont basculer. Et, Antonin va devoir connaître le secret de son prieur pour sortir Robert de la prison du mur debout dans laquelle le tient le grand Inquisiteur du Languedoc, Louis de Charnes, dominicain, précédemment cistercien à l’abbaye de Fontfroide.

    Le Moyen-Âge de Antoine Sénanque
    On est loin du tranquille Moyen-Âge représenté habituellement. Les odeurs sentent le rance mais aussi le sang séché ainsi que l’odeur des simples qu’il faut manier avec précaution pour uniquement soigner. Car, c’est aussi la mort qui, ici, est côtoyée, soit ce sont les cadavres catapultés sur une ville assiégée ou la tête d’une truie dont le crâne est évidé. Rien de la brutalité de ce monde, Antoine Sénanque ne nous l’épargne.

    Outre le contexte historique d’une grande précision, Croix de cendre se découvre comme un roman noir et une enquête extrêmement bien menée qui va confronter le prieur Guillaume au grand Inquisiteur. La route de la soie et son comptoir de Kaffa et ses tartares, Antoine Sénanque prépare notre rencontre avec le grand théologien Maître Eckart.

    Antoine Sénanque a perçu toute la modernité de ce dominicain, penseur du 13ème siècle, qui a prêché la décroissance et le dénuement face aux maux du monde, en l’occurrence en son temps, la peste noire. Mais, en permettant à la culture et aux connaissances de se diffuser dans la population en dehors des érudits, c’est aussi tout un projet de société qu’Eckart a voulu démontrer.

    Ode à la connaissance pour tous
    Ce roman historique et noir à la fois prend des allures de conte philosophique.
    Seulement, Maître Eckart, trop précurseur, fut pourchassé par l’Inquisition et dû défendre lui-même son sort devant les différents tribunaux. Il mourut avant d’avoir reçu la condamnation du pape. La fin du XXème rétablira une autre vérité…Mais, quelle actualité pour nos maux d’aujourd’hui où les guerres saintes continuent, en leurs noms, à cacher les appétits de domination des hommes !

    Au fil des pages, sont décrits la confection d’un manuscrit et le travail énorme du moine scripteur. Quel bel hommage à la littérature ! Le tout est ponctué de tout le savoir sage sur les hommes, sur la vie et le monde que les réflexions d’Antoine Sénanque lui ont appris au fil de ses expériences.

    L’ancien neurologue réputé, qu’est Antoine Sénanque, a glissé dans son roman des personnalités souffrant de handicap invisible. Là, on reconnaît une sorte de dyspraxie du seul ami, assistant de la Sorbonne, enfermant trop intensément l’objet de sa saisie. Ailleurs, c’est la dyslexie qui handicap le frère adopté par Eckart et Eckart, lui-même pour retranscrire ses écrits. Même le futur grand Inquisiteur a droit à l’empathie de l’écrivain pour expliquer son obésité.

    Les femmes ne sont pas en reste dans ce milieu masculin. Antoine Sénanque présente les béguinages, où des femmes libres pieuses, religieuses ou laïques, se ressemblaient pour vivre en communauté. Mais que serait un grand roman sans son histoire d’amour, et Croix de cendre en raconte une, particulière certes, mais où le cœur en est envahi.

    Déçue de ne pas voir Croix de cendre dans la dernière sélection du Goncourt… Car, moi, Croix de cendre de Antoine Sénanque m’a conquise !
    Chronique illustrée ici
    https://vagabondageautourdesoi.com/2023/10/29/antoine-senanque-croix-de-cendre/

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  • Un grand roman d’aventures au moyen âge avec des moines dominicains, franciscains, une inquisition délirante et des béguinages incarnés par des personnages attachants. En même temps fresque historique richement documentée et polar bien conduit, on se régale à la lecture de cet ouvrage qui nous...
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    Un grand roman d’aventures au moyen âge avec des moines dominicains, franciscains, une inquisition délirante et des béguinages incarnés par des personnages attachants. En même temps fresque historique richement documentée et polar bien conduit, on se régale à la lecture de cet ouvrage qui nous fait voyager au temps des constructions des cathédrales, à Toulouse et à Albi et de la peste dont les origines et la dissémination sont un point fort de la narration.

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  • Une épopée historique avec un personnage réel, Maître Eckhart, qui nous ramène jusqu’au siège de Kaffa qui fut le point de départ de la Grande peste de 1348 qui ravagea l’Europe !

    Envoyés par Guillaume, Prieur de leur monastère, survivant de Kaffa et de la peste, deux jeunes dominicains...
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    Une épopée historique avec un personnage réel, Maître Eckhart, qui nous ramène jusqu’au siège de Kaffa qui fut le point de départ de la Grande peste de 1348 qui ravagea l’Europe !

    Envoyés par Guillaume, Prieur de leur monastère, survivant de Kaffa et de la peste, deux jeunes dominicains partent pour Toulouse afin de rapporter du vélin et de l’encre spéciale pour qu’il puisse écrire ses souvenirs, comme une confession, des périodes où il côtoyât Maître Eckart.

    A Toulouse, l’Inquisiteur emprisonne l’un des jeunes gens pour que son ami lui transmette une copie de l’histoire de Guillaume !

    L’auteur nous emporte dans des tourbillons de douleurs, de trahison et de haine mais aussi dans des instants de sacrifice de soi ultime pour Dieu ! Honnêtement ces moments m’ont semblés très longs, étant profondément rétive à cette rhétorique religieuse. Bien heureusement l’auteur a su s’arrêter avant mon désintérêt total, même si j’étais décidé à continuer la lecture car l’appréciais la plupart des personnages !

    Mêlant réalité historique et fiction nous découvrons la vie du Prieur Guillaume aux côtés d’Eckhart et les derniers instants de celui-ci à Kaffa ! Ce roman a un côté policier qui n’est pas déplaisant et qui permet à l’attention de perdurer dans les moments plus ésotériques.

    Antoine Sénanque dresse le portrait religieux de l’Europe au 14ème siècle avec ses dérives de tous genres, la création de béguinages où des femmes se regroupaient sans prononcer leurs vœux mais frôlaient bien souvent l’hérétisme. La Papauté était toujours à Avignon, les Dominicains s’affrontaient aux Franciscains et le trafic d’influence avait déjà atteint un joli sommet ! Bref, c’était bien repoussant, le seul but étant le Pouvoir !

    Mon manque de spiritualité ne m’a pas empêché de profiter de cette histoire romanesque et intéressante, bien écrite et agréable à lire !

    #Croixdecendre #NetGalleyFrance #rentreelitteraire2023

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  • Lorsque leur prieur les envoie à Toulouse y chercher la meilleure qualité d’encre et de vélin pour son testament, les frères dominicains Robert et Antonin sont loin de se douter que cette mission va les mener tout droit dans les griffes de l’Inquisition. Tandis que, retenu en otage, le premier...
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    Lorsque leur prieur les envoie à Toulouse y chercher la meilleure qualité d’encre et de vélin pour son testament, les frères dominicains Robert et Antonin sont loin de se douter que cette mission va les mener tout droit dans les griffes de l’Inquisition. Tandis que, retenu en otage, le premier est jeté au plus secret des terribles geôles du tribunal pontifical, le second se voit contraint, pour espérer le libérer, de transmettre au grand Inquisiteur les confessions à venir de leur maître. Quels secrets sont-elles donc supposées dévoiler pour, en pleine Inquisition, faire trembler l’Église et son ambitieuse et intrigante hiérarchie ?

    Désormais doublement tenus en haleine, par le sort de Robert livré aux affres de la torture et par les mystérieuses révélations qui vont occuper plus de quatre cents pages aussi denses en surprises qu’un polar, nous voilà, par une habile mise en abyme nous plaçant dans la même perspective qu’Antonin, récipiendaire des mémoires de son aîné Guillaume, les témoins emplis de curiosité du monde intellectuel du XIVe siècle. Le récit à l’intérieur du récit nous place cette fois dans les pas de Maître Eckhart, personnage bien réel disparu quarante ans plus tôt, en 1328, et dont Guillaume fut le jeune disciple et assistant.

    A son époque, Maître Eckhart était un théologien de grande renommée qui enseignait dans les universités, les monastères et les confréries religieuses de toute l’Europe. La narration de Guillaume est l’occasion de découvrir sa pensée, de considérable influence, dans le contexte d’effervescence intellectuelle qui, en ce tournant du XIVe siècle, accompagnait la renaissance des villes et l’essor des échanges à travers l’Europe. Monastères, ordres, mais aussi confréries à vocation religieuse - béguinages ou autres - se développaient, en même temps que les écoles et les universités où clercs et laïcs se disputaient l’accès au savoir et à l’enseignement. Les rivalités étaient telles que l’on en venait souvent aux mains entre factions étudiantes, ces frictions reflétant à leur échelle les luttes politiques pour le pouvoir entre les diverses autorités.

    Dans une telle foire d’empoigne, un moyen radical de se débarrasser d’un importun consistait à le dénoncer à l’Inquisition, pour peu que, comme Eckhart, certains de ses propos sortis de leur contexte pussent fleurer l’hérésie. Si sa mort avant la fin de la procédure d’Inquisition coupa court à toute sanction, son œuvre ayant été condamnée post mortem à l’oubli, toutes les mesures furent prises pour qu’elle disparût avec lui. Un retour à l’obscurité qui en devançait un autre, d’une ampleur cataclysmique, puisque vingt ans plus tard, en 1348, la peste ravageait et terrorisait l’Europe, tuant les idées dans un regain de ferveur religieuse. Cet épisode noir de l’Histoire offre à l’écrivain l’un des passages les plus impressionnants de son livre, à l’occasion du siège de Caffa que les armées mongoles abandonnèrent, décimées par la peste, mais non sans contaminer la ville en y catapultant leurs cadavres pestiférés...

    Mêlant l’Histoire et la fiction avec autant de réalisme que d’originalité, Antoine Sénanque signe un roman passionnant, polar médiéval mâtiné d’aventures, habile emboîtement de symboliques et éclairante vulgarisation de la pensée philosophique et religieuse de l’époque. Quelle ironie que ce personnage qui, après avoir tant travaillé à son union à Dieu selon le principe de divinisation de l’homme, se fait plus vengeur que le plus biblique des Dieux, allant jusqu’à préférer la compagnie des rats à celle de ses semblables ! Coup de coeur.

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