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L'acte fondateur du roman est le meurtre de la vieille usurière, dans un immeuble de Saint-Pétersbourg, par l'étudiant Raskolnikov : sa réflexion sur le mobile du crime, l'influence de Sonia ou une mystérieuse puissance intérieure, poussent le héros à se dénoncer et à devenir l'objet d'un châtiment librement consenti. C'est pendant les années de bagne que se révèle à lui son amour pour Sonia, et le chemin de la rédemption.
Crime et Châtiment est le deuxième "grand roman" de Dostoïevski, qu'il écrivit en même temps que Le joueur, en 1866, alors qu'il était revenu de sa déportation en Sibérie et qu'il entrait dans les années les plus productives de sa carrière : L'idiot, L'Eternel Mari et Les Démons allaient paraître de 1866 à 1871.
Tout est lourd dans ce livre. Raskolnikov, jeune étudiant “écrasé de pauvreté”, traîne de bien sombres pensées dans la “chaleur pesante, terrifiante” de Saint-Pétersbourg. “Il y avait une idée étrange qui lui poussait, à coups de bec, à l’intérieur du crâne, comme un poussin qui voudrait naître, une idée qui l’occupait beaucoup, vraiment beaucoup.”
Une idée si ignoble et si entêtante qu’elle en est indicible, contraignant Raskolnikov à user de formules comme “ce projet”, “cette affaire”, “cette entreprise que je veux tenter.”
Ces expressions rendent compte de l’ambiguïté de l’ouvrage, avec, d’un côté, des périphrases pour éviter de nommer ce projet, trop lourd à assumer, et d’un autre, des démonstratifs pour le présenter comme une évidence, quelque chose qui serait
déjà là.
Voilà donc le crime. L’assassinat d’une vieille et méchante usurière par Raskolnikov. Un acte prémédité, perçu comme inévitable, justifié par une théorie effrayante : celle du droit au crime. “Qu’est-ce qu’elle peut valoir, sur la balance commune, la vie de cette petite vieille phtisique, stupide, haineuse ?” Place à présent au châtiment.
S’il semble échapper à la justice, le héros n’en est pas moins au supplice. La faute à sa conscience. “C’est elle, son châtiment - en plus du bagne.”
Il est pourtant bien entouré, notre Raskolnikov. Une mère aimante qui lui envoie de l’argent, une sœur dévouée qui s’occupe de son avenir, un ami qui le soutient, une domestique qui lui apporte de quoi manger, un médecin qui
le soigne. Seul l’inspecteur de police, oppressant, lui cherche des noises.
Tous ces personnages, aussi insignifiants et pathétiques soient-ils, s’entrechoquent dans des dialogues fougueux et grandioses. Lors de toutes ces rencontres où il devrait taire son fardeau, Raskolnikov, fiévreux mais fier, alterne imprudences et maladresses, se trahissant chaque jour un peu plus.
Il n’est pas question de remords dans ce livre, mais de souffrance au fond de l’âme. Malgré les crimes, malgré les châtiments, malgré la détresse d’une société malmenée par l’alcool et l’argent, même le plus coupable finit par creuser un chemin vers le salut.
Avec ce pavé de près de mille pages, on mesure la puissance d’un classique, encore plus à la veille d’une nouvelle rentrée littéraire. “Là, c’est chaque mot qu’on prend deux fois plus fort, comme s’il y en avait un autre dessous.”
j'ai apprécié ce livre, c'est une belle réflexion sur un jeune homme qui ote la vie et pourtant il n'entre pas dans la catégorie des assassins en puissance, il est confronté à sa culpabilité.
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