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Depuis le début des années 1990, les livres dits de « développement personnel » inondent les librairies. Ils s'ajoutent aux magazines, aux conférences, aux séminaires qui prônent « l'estime de soi », « l'expression de son vrai moi », « la bienveillance ». Sans cesse, nous subissons ainsi une injonction à nous libérer de nos croyances limitantes et à acquérir un « surplus d'être » pour devenir un meilleur individu.
Bien sûr, on pourrait penser qu'il n'y a là que de bonnes intentions ; et qu'au pire, ça ne peut pas faire de mal : qui refuserait une version améliorée de soi-même ? Mais derrière ces discours sucrés et inoffensifs, c'est à la montée d'une idéologie politique que l'on assiste. Dans le champ privé comme en entreprise, où le management aurait pour mission de favoriser l'épanouissement des salariés. Or la forme de bien-être promise par le développement personnel constitue trop souvent une exploitation de soi par soi... Car dans ce monde merveilleux, tout tourne autour de cet axiome : quand on veut, on peut. Et si on ne peut pas, c'est qu'on ne veut pas assez. Le collectif disparaît de l'écran pour ne laisser que des individus responsables de tout à 100 % : de leur destin, de leur emploi, et même de leur santé ! Et si vous attrapez le Covid, c'est de votre faute, vous vous êtes relâché !
En nous donnant une fausse image du travail - considéré comme un lieu sans conflits ni violence intrinsèque - et de nous mêmes - notre volonté serait sans limites et notre bonheur ne dépendrait que de nous -, le développement personnel conduit à un modèle de société fondé sur la performance permanente et sur un délitement des liens. C'est à cette vaste supercherie que s'en prend ici Thierry Jobard, preuves à l'appui...
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