"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Arame et Bougna sont toutes deux mères d'émigrés clandestins, Lamine et Issa, et vivent dans la peur de les perdre. Daba et Coumba, leurs épouses, sont quant à elles assoiffées d'amour, d'avenir et de modernité. Un récit sur l'émigration décrite du point de vue des femmes qui restent au pays et attendent leurs fils et époux, et sur la délicate question de la polygamie. Prix solidarité 2012.
C'est l'histoire de deux jeunes hommes qui quittent leur île natale pour l'Europe. Le livre nous plonge dans le quotidien de ces femmes, mères et épouses, qui les attendent. Leurs angoisses, leurs espoirs ainsi que leurs désillusions. Plusieurs thèmes sont abordés: l'immigration, la précarité quotidienne, le poids de la polygamie, la rareté des poissons due aux accords de pêche UE/Sénégal. C'est un livre touchant, qui énonce les injustices subies et les conséquences du néocolonialisme.
Les descriptions sont très imagées et rythmées d'humour. Un magnifique ouvrage!
Les rêves, les espoirs, la vie de Bougna, Arame, Coumba et Daba. La chronique de leur attente tissée de mille secrrests et d'énormément d'amour. En contrepoint l'isolement glacé de ceux qui sont partis pour l'Europe, leur désillusion et leur honte. Surtout lisez ce magnifique roman qui dit l'éloignement et tous les exils !
Dans ce beau roman, Fatou Diome nous dévoile un petit bout d'Afrique, celle qui est confrontée à l'émigration clandestine des hommes vers un miroir aux alouettes, l'Europe. Et c'est vers les femmes restées au pays qu'elle concentre son propos, ces femmes qui, pour des raisons objectives ou obscures, mais toujours douloureuses, ont envoyé leurs fils en Europe avec l'espoir illusoire de les voir revenir rapidement, riches et auréolés de gloire.
Avec une belle écriture, Fatou Diome raconte le quotidien misérable de ces femmes confrontées à la pauvreté, à la polygamie, engluées dans des coutumes ancestrales qui les appauvrissent encore plus ; ainsi Arame contrainte après la mort de son fils, d'élever et de nourrir tous les enfants qu'il a eues avec ses deux épouses... ! Par ce quotidien, Fatou Diome raconte l'Afrique et n'hésite pas dénoncer les contradictions d'une société pour qui le prestige justifie tous les sacrifices et les excès.
Autant qu'un hymne aux femmes et à la dureté de leur existence, "Celles qui attendent" est également un pamphlet qui dénonce en vrac la polygamie, véritable fléau économique qui appauvrit les familles, le miroir aux alouettes qu'est l'émigration vers l'Europe, les pratiques économiques des grandes sociétés européennes, de pêche par exemple, qui dépouillent les cotes africaines de leur poisson et contraignent les pêcheurs à l'exil... Beaucoup de thèmes abordés et un thème central, celui des femmes, magnifiques de dignité !
Ce livre nous apprend beaucoup de choses sur la condition des femmes au Sénégal. Les personnages sont très attachants et les descriptions du pays envoûtantes.
C'est dans un style littéraire riche et imagé que Fatou Diome nous conte l'histoire de femmes sénégalaises qui attendent le retour d'un fils, d'un mari, partis tenter l'aventure en Europe.
" Ceux qui nous font languir nous assassinent."
Le sujet est très bien traité parce qu'il montre parfaitement ce qui pousse les jeunes à quitter leur village, la dangerosité de l'immigration clandestin et l'autre face de cet eldorado.
C'est surtout un récit sur la condition des femmes, sur leur mariage forcé, sur la polygamie, sur les difficultés quotidiennes à élever une nombreuse famille sans argent.
Fatou Diome intègre parfaitement dans l'histoire l'analyse des personnages, de leurs relations, de leurs sentiments et décrit sans ambages le constat d'une situation dramatique d'un pays vassalisé par l'Europe (immigration choisie, micro crédit, choix de l'Europe, rapports Nord/Sud).
" Aider quelqu'un, c'est l'aider à ne plus avoir besoin de vous."
" D'autre part, si elle veut garder son poids face aux États-Unis et à la Chine, l'Europe a besoin d'une Afrique vassalisée."
J'ai été ravie par cette écriture et par l'environnement africain (djinn, religion animiste).
Certains pourront être agacés par tant d'expressions imagées mais je pense que c'est un réel témoignage de la pensée africaine.
" Les rêveries sont comme les parapluies, arrive toujours le moment où il faut affronter la couleur du ciel."
" C'est pourtant à la dimension du trou dans le sol qu'on mesure la taille du cocotier arraché."
J'avais beaucoup aimé "Inassouvies, nos vies" et je lirais sûrement d'autres romans de cet auteur pour la qualité de son écriture et la découverte d'autres cultures.
Fatou Diome aligne les mots très élégamment -vocabulaire recherché mais pas pédant- et les très jolies phrases naissent pour le plus grand plaisir du lecteur.
Le récit est dense, les personnages formidablement décrits. Les femmes sont courageuses, travailleuses, souvent co-épouses et doivent donc cohabiter avec les autres épouses et les nombreuses progénitures de leurs maris, qui eux, après une vie de travail se coulent une paisible retraite.
Les garçons partis tentés l'aventure européenne sont bien mal lotis eux-aussi. Ils se doivent de revenir en ayant réussi et ne peuvent donc rentrer chez eux sans argent, mais la vie sans papiers en Europe est plus dure en réalité que dans les rêves des jeunes Africains.
Le roman de Fatou Diome raconte donc la vie de ces gens sur les îles sénégalaises et leurs espoirs en une vie un peu meilleure et moins difficile. Mais en plus, l'auteure glisse nombre de réfexions personnelles sur la polygamie, l'économie de la pêche ruinée pour nourrir les pays occidentaux, les fantasmes de l'immigration, la non scolarisation des filles qui entraîne le rôle soumis et dévoué des femmes, le comportement des immigrés ayant réussi lorsqu'ils reviennent dans leur village, ... Toujours bien vues, elles n'empèsent pas le roman proprement dit. Au contraire elles l'éclairent de la vision d'une femme, Fatou Diome, très légitime pour les formuler puisque née dans cette île de Niodior et élevée dans la tradition qu'elle décrit. Ces ajouts ne sont pas péremptoires, catégoriques : ils nous permettent à nous Européens de mieux comprendre le raisonnement des Africains, leur manière de nous voir et d'espérer en l'Europe.
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