"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Il adorait ses parents. Joyeux, déjantés, imprévisibles, la vie à leurs côtés était un tourbillon de fantaisies. Jusqu'à cette nuit où ils ont couru vers la mer pour un bain de minuit, oubliant la falaise. Le chagrin causé par leur mort est immense. Désormais, son quotidien routinier lui semble dérisoire. Il décide de changer radicalement d'existence.Abandonnant ses certitudes, il s'installe à la Plateforme : un treizième étage entièrement vide où il a évolué pendant son enfance. L'endroit idéal pour laisser libre cours à son imagination et se réapproprier chaque journée, chaque heure, sans tenir compte des règles sociales. Tenter de faire son deuil grâce à deux antidotes inattendus : la fantaisie et la joie.
« Je me suis demandé à quoi elle pouvait bien s'adresser, d'habitude. Des murs ou des miroirs, des chaises vides, sûrement. Elle ajouta que les très grands appartements ne comblaient pas la solitude, au contraire, ils ne faisaient que lui donner plus d'écho. Cette phrase a fait résonner le silence qui a suivi, clouant d'un même coup mon coeur au plan-cher. En le ramassant, je lui ai promis de revenir la voit, et j'ai tourné les talons, à la fois secoué et plus léger. Quand on découvre qu'on n'est pas seul à être seul, on l'est d'emblée un peu moins »
Ce roman est une pépite
Au début du roman, le narrateur (trentenaire ?) perd ses parents adorés. Pour surmonter ce deuil terrible, il décide de tout quitter, de repartir à zéro, de réinventer sa vie. Il lâche son travail, son appartement et s’installe au 13e et dernier étage d’un immeuble, hérité de ses parents qui n’ont jamais eu les moyens de l’aménager. Un plateau de 400m2 de béton totalement vide qui surplombe la ville ; un panorama a coupé le souffle qui fait oublier la vétusté de l’ensemble. Il s’installe donc, y organise des événements payants, adopte Tartuffe le chien de ses parents, trace à la craie sur le sol des cloisons amovibles, profite d’une fuite d’eau au plafond pour créer un potager, boit de la Suze et vide son compte en banque tranquillement. Il se fait de nouveaux amis, aussi loufoques que lui, Mme Marigneau et Sampras « Une armoire à glace en marcel, un chien aux poils hirsutes, une vieille dame en tenue de gala et un type aux pieds nus. Quatre solitudes réunies. Le début d’un peuple. »
Mais peut-on vraiment s’affranchir de toute contrainte et mener sa vie comme on l’entend ? Où sont les limites imposées par les autres ? Que nous impose la société ? Il faudra lire le roman jusqu’au bout pour savoir si le narrateur trouve des réponses à ces questions.
Un court roman plein de fantaisie et de sensibilité, mais en matière de folie douce et de personnages fantasques, difficile de passer après En attendant Bojangles, un roman que j’ai tellement aimé. Quant à l’humour, je l’ai trouvé un poil trop facile, un peu convenu mais c’est une lecture facile, agréable, tout public qui aborde le deuil avec fantaisie et dont il reste une impression de tendresse.
Cette couverture est sublime et très parlante. Elle correspond à la peine mais aussi à toute la beauté qui se dégagent de l’histoire et du style de ce livre.
Le narrateur perd ses parents. Des parents exubérants qui lui laissent une Plateforme au 13ème étage d’un immeuble et un chien Tartuffe. Ils utilisaient déjà cette plateforme de manière insolite pour des célébrations. A leur mort, le narrateur quitte son travail et son appartement. Sa vie et celle des autres lui paraissant absurde, à faire quelque chose qu’il n’aime pas pour payer un loyer exorbitant. Il s’installe avec Tartuffe au 13ème, improvise un petit potager pour vivre comme en autosuffisance et en harmonie avec ce qui l’entoure, même avec les fuites, une sorte de douce folie. Il rencontre un alcoolique qui aime jouer au tennis, une vieille dame solitaire mais délurée et il a toujours sa fidèle amie Anita.
L’auteur manipule avec agilité le bouleversement et la tristesse du deuil avec la beauté de l’amitié, la joie que le narrateur veut retrouver, l’entraide, l’euphorie vers laquelle entraîne le désespoir. La relation entre les personnages apporte du souffle et beaucoup de baume au cœur.
J’ai aimé le style doux et poétique employé pour accompagner le cheminement du narrateur qui se perd et doit retrouver ses repères.
Quand la vie bascule…
Le nouveau roman de Frédéric Perrot met en scène un jeune homme qui vient de perdre ses parents et s’installe dans un vaste espace vide. Pour y faire son deuil et pour tenter de se construire un avenir avec une liberté retrouvée.
Ce roman, c’est d’abord celui d’un lieu. Un immeuble incendié, un propriétaire contraint à une vente aux enchères, et les parents du narrateur se retrouvent propriétaires d'une vaste plateforme au treizième étage d'un immeuble. 400m2 qu'ils se proposent de rentabiliser en y organisant des mariages, car la vue sur la ville y est imprenable. Mais cela ne suffit pas à éponger les dettes. Alors leur fantaisie transforme cette dalle de béton «en un espace de liberté étonnant, un lieu de tous les possibles. (...) Ils ont troqué les mariages contre des représentations artistiques éphémères, des veillées de lecture, des projections privées ou des concerts. L’endroit est devenu le lieu le plus couru de la ville, accueillant artistes et créateurs de tous horizons».
Pour leur fils, cet espace est synonyme de liberté, de fête, de création. Il y organise des boums, des matchs de foot, y échange son premier baiser. Une certaine idée du bonheur qui se voile brutalement quand il apprend la mort de ses parents. «J’avais trente-neuf ans, quatre mois, six jours, quatre heures, trente-sept minutes et cinq secondes quand on me l’a annoncé.» Ils avaient décidé de prendre un bain de minuit et avaient couru main dans la main vers la mer en oubliant la falaise qui les séparaient du rivage.
À compter de ce jour, la vie n'a plus eu de saveur. Mais il a bien fallu avancer. Alors, pas à pas, notre narrateur a cherché du sens à ses actions, un peu aidé par Tartuffe, le chien de ses parents, qu'il fallait bien promener. Il a démissionné, quitté son appartement, donné les clefs de sa voiture et s'est installé au treizième étage.
Vivre consistait alors à regarder le paysage, suivre l'eau qui s'infiltrait par la toiture, regarder pousser les plantes, marcher pieds nus. Ou encore essayer d'atteindre des endroits pointés au hasard depuis sa tour. Après le toit d'un gymnase, il s'est «retrouvé à pousser des cris sur la cime d'un arbre, le parking d'un supermarché ou une piste de karting, un jour de compétition.» En collectionnant les lieux, il a atterri chez une vieille dame puis en répondant à une petite annonce, il a fait la connaissance de Sampras, joueur d'un tennis aux règles très particulières. Deux rencontres qui vont lui donner l'idée d'organiser un repas pour ses nouveaux amis. «Une armoire à glace en marcel, un chien aux poils hirsutes, une vieille dame en tenue de gala et un type aux pieds nus. Quatre solitudes réunies. Le début d'un peuple.»
Leurs extravagances réjouissent Mme de Marigneau qui lui confie alors combien elle apprécie sa façon de vivre: «C'est beau, mon garçon, ce truc que t'as dans le ventre, Je ne sais pas où tu l'as puisé mais cette fièvre vaut de l'or. Moi je n'ai pas eu la chance de le découvrir assez tôt, mais j'aurais aimé vivre comme toi. D'ailleurs c’est comme ça qu'on devrait mourir aussi.»
Comme son personnage principal, Frédéric Perrot sait accompagner sa prose d’un brin de fantaisie et de très jolies formules que l’on voudrait toutes noter, comme «Les déceptions amoureuses sont le plus puissant moteur que l'Homme ait jamais créé» ou encore « Il n'y a rien de plus puissant que l'absence pour donner de la présence à ceux qui sont partis.» Cette chronique d’un deuil difficile à surmonter pourrait être une plongée dramatique vers la folie, mais par la plume allègre de son auteur devient un hymne à la vraie liberté. Celle qui ne nous enjoint pas de rester dans un cadre défini, mais celle qui n’est plus régie que par nos envies et nos désirs.
https://urlz.fr/lvwx
En tant que libraire, j'ai eu la chance de lire « Ce qu'il reste d'horizon » en avant-première. J'ai été totalement emportée par ce roman plein de fantaisie. Une histoire originale et poétique, souvent drôle. Celle d'un homme qui va tenter de faire le deuil de ses parents grâce à deux antidotes inattendus : la fantaisie et la joie.
C'est précisément ce prisme singulier choisit par l'auteur qui fait mouche : produire un texte joyeux sur la tristesse. Pari réussi, on oscille entre rire et émotion grâce à des personnages truculents (et souvent hilarants!) qui décident de laisser libre cours à leur pulsion de vie. Des « enragés de vivre » comme le dit l'auteur qui vont n'avoir qu'une obsession : redonner du sens à cette existence trop éphémère. Lui injecter ce qu'il faut de fêtes, de rencontres, de joie, de poésie, d'imagination. En bref, un roman jubilatoire !
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