"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
1947. Simone de Beauvoir débarque aux États-Unis pour donner une série de conférences sur l'existentialisme. Là, à près de 40 ans, elle va faire la rencontre d'un écrivain américain hors norme : le séduisant Nelson Algren. Dès leur premier échange, c'est le choc. Simone va découvrir ce qu'il y a de plus bouleversant dans l'amour au masculin : ses élans de romantisme, ses fureurs et ses émois enfantins... Dans les bas-fonds de Chicago, des bars sordides aux planques de junkies, elle va connaître la passion dans un deux-pièces sommaire.De ces amours naîtront des chefs-d'oeuvre : Le Deuxième Sexe, texte fondateur de Simone pour la libération des femmes, et L'Homme au bras d'or, qui vaudra la gloire à Nelson.Irène Frain fait ressurgir toute la magie et l'illusion des amours impossibles. Celles que l'on n'oublie jamais.
« Il m'arrive quelque chose - qu'est-ce qui m'arrive ? » En ce début d'année 1947, Simone de Beauvoir se réveille fréquemment en étant la proie de nombreux cauchemars desquels ne lui reste que cette phrase qui vient la hanter constamment. Il faut dire qu'à cet époque, elle est tourmentée par les affres de la jalousie car Jean-Paul Sartre la délaisse pour Dolorés Vanetti, une italo-américaine qui restera l'un des plus grands amours du pape de l'existentialisme après Simone de Beauvoir. Celle que cette dernière surnommera d'ailleurs : "la Maudite".
Cet épisode malheureux va précipiter son départ vers l'Amérique où elle doit donner une série d'interviews et de conférences et la pousser dans les bras de l'écrivain Nelson Algren. Cet ouvrage d'Irène Frain retrace de façon romancée, la passion tumultueuse que vont vivre ces deux êtres qu'à priori tout séparait : les continents, l'origine sociale ainsi qu'une vision diamétralement opposée de la vie et du monde de la littérature !
On connaît tous Simone de Beauvoir, surnommée le Castor par ses pairs, une figure essentielle de la philosophie existentialiste et la compagne au long cours de Jean-Paul Sartre. En revanche, qui était Nelson Algren ? Issu d'un milieu modeste, Nelson se décrivait lui-même comme un "écrivain du réel". Passionné par le jeu, la boxe et l'alcool, il vit dans un deux pièces misérable du nord de Chicago quand il rencontre Simone. Il aime fréquenter les bouges du quartier Wabansia où il a élu domicile, et où traîne une foule de paumés en tous genres auprès desquels il puise son inspiration et déniche par la même occasion, ses conquêtes éphémères. Nelson "l'homme-chat" se comporte au quotidien comme l'animal : « il bouge en chat, observe en chat, d'un oeil aussi précis que les chats, et parfois aussi fixe. Il entretient son mystère, comme les félins. Et sait comme eux se rendre invisible, sauf si on s'approche de sa machine à écrire : il devient alors aussi féroce qu'un matou dont on menace le territoire. Il est fou de chats, comme Baudelaire, son maître en littérature. Et partage son goût de l'errance au fond des jungles urbaines, là où nul vivant ne se risque, hors les maudits de la terre, les fous, les poètes, les rats et les chats. »
Il n'a que deux passions, les machines à écrire et son chat Doubleday, un matou à l'appétit vorace auquel il voue un véritable culte. Son amour des machines à écrire l'a d'ailleurs conduit tout droit en prison, le jour où pressé par la tentation, il en a volé une. Un larcin qui reste l'épisode le plus traumatisant de sa vie, car il a dû partager sa cellule avec des assassins. Depuis, il est sujet à de fréquents accès de mélancolie, ce qu'il appelle la maudite sensation, un mal qui le ronge régulièrement et qui l'a déjà conduit à faire une tentative de suicide suivie d'un séjour en hôpital psychiatrique.
A son contact le Castor va se métamorphoser, la femme froide aux allures d'institutrice revêche et au chignon strict devient Simone l'épicurienne intrépide, celle qui n'a pas peur de boire sec comme un homme, de manger comme une ogresse, de dénouer ses cheveux et de se risquer à l'aventure dans les entrailles des bas-fonds de Chicago.
Ce récit relate leur passion tout aussi dévorante que destructrice, leurs amours, leurs errances, leurs déchirements, une histoire qui durera le temps de trois printemps et un été et qui se poursuivra par des échanges épistolaires quatorze ans durant...
Je ressors réellement conquise par la lecture de ce récit, passionnant de bout en bout, riche en anecdotes inédites, l'auteure nous fait découvrir une facette totalement inconnue et surprenante de la grande philosophe . Irène Frain posséde un vrai talent de conteuse, sa plume enivrante sait se faire tour à tour tendre, mordante, passionnée, ironique et colorée. J'ai apprécié la richesse des descriptions, que ce soit les décors passés à la loupe ou encore l'immersion dans les pensées profondes des personnages. La narration est vivante, on peut suivre simultanément les dialogues intérieurs, les ruminations et les émotions ressenties par Simone et Nelson et du coup, on a l'impression que leur aventure se déroule sous nos yeux. Ce roman nous fait aussi voyager, du nord des États-Unis au fin fond du Mexique, des caves enfumées de Saint-Germain-des-Prés aux Flop-houses de Chicago parmi les damnés de l'humanité, à pied, par avion ou en taxi, l'épopée est riche en mouvements et en sensations.
Ce roman est pour moi un véritable coup de coeur dont je recommande vivement la lecture. Que vous soyez admiratifs ou non de l'oeuvre de la célèbre philosophe existentialiste n'a guère d'importance, car ce récit est avant tout l'histoire d'une magnifique passion avec tout ce qu'elle peut comporter de magique et de tragique !
http://leslecturesdisabello.blogspot.fr/search/label/Frain%20Ir%C3%A8ne
Je qualifierais ce livre d'Irène Frain de biographie romancée. Elle s'est en effet largement inspirée des livres et lettres de Simone de Beauvoir ainsi que des témoignages de ses proches pour nous raconter la liaison que cette dernière a eue avec l'écrivain américain Nelson Algren à l'aube de ses 40 ans. Le côté romancé permet à l'auteur de combler les vides de certaines périodes ou situations et Irène Frain les dépeint comme elle imagine que les choses se seraient passées.
Nous sommes donc en 1947. Simone de Beauvoir part pour 4 mois aux Etats-Unis afin d'y donner une série de conférences sur l'existentialisme à travers le continent. L'égérie de Sartre n'a pas encore écrit l'oeuvre qui fera sa renommée mais est déjà reconnue comme une philosophe à l'intelligence pointue et pertinente. Mais dès son arrivée à New York, un pressentiment la taraude : "Il m'arrive quelque chose... Qu'est-ce qui m'arrive ?"... Simone est mal à l'aise, quelque chose ne va pas. Cela aurait-il un lien avec la liaison qu'entretien Sartre avec Dolorès, une américaine que Sartre a l'intention de faire venir en France puisque Simone n'y est pas ? Car oui, le couple Sartre/Beauvoir a ceci de particulier : ils s'aiment mais se veulent libre et acceptent l'un et l'autre ce qu'ils appellent des "amours contingentes". Mais malgré ce contrat, Simone est jalouse et ne veut Sartre que pour elle. Lors d'un dîner à New York, une amie lui donne les coordonnées de son amant à Chicago, Nelson Algren. Simone décide d'aller le voir et de profiter de l'occasion pour lui demander de lui faire visiter les bas-fonds de Chicago qu'elle veut raconter dans un livre sur l'Amérique. Cette rencontre qui a failli ne pas se faire va se transformer en une incroyable passion. Mais l'ombre de Sartre rôde et Nelson ne veut pas de ce "ménage à trois", il veut Simone toute à lui mais malgré son amour pour Nelson, cette dernière ne peut se passer de Sartre et reviendra toujours vers lui.
J'ai beaucoup aimé ce pan de vie de Simone de Beauvoir que l'on évoque en fait relativement peu. Sa liaison avec Nelson Algren fut bien connue, et la correspondance publiée, mais Beauvoir in love conte cela comme une romance avec détails et psychologie amoureuse et nous montre à quel point Sartre et Beauvoir formaient un couple atypique et inséparable. On a même l'impression que malgré la relative liberté qu'ils s'octroient, Simone de Beauvoir est sous l'emprise et la manipulation de Sartre et qu'elle obéit au moindre de ses ordres et désirs. Cette facette m'a troublée car on se figure une Simone de Beauvoir forte et libre, et elle se révèle ici souvent faible et soumise. Elle en fera en revanche voir de toutes les couleurs au pauvre Nelson Algren, transi d'amour pour sa Frenchie !
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