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Asmara, ancienne capitale coloniale italienne, dresse encore sur le sol d'Afrique ses palais romains, ses villas toscanes et ses colonnades vénitiennes. C'est dans ce décor baroque et nostalgique, isolé du monde par trente ans de guerre civile, que débarque, en 1985, un groupe d'humanitaires français, venus porter secours aux victimes d'une invisible famine qui fait rage quelque part, loin sur les hauts plateaux arides qui entourent la ville.
Hilarion Grigorian, Arménien d'Érythrée, né avec le siècle, se fait, jour après jour, le narrateur cocasse de cette mission humanitaire avec ses querelles internes, ses passions intimes et tous les obstacles nés des manipulations politiques opérées par le gouvernement.
Ce roman est un témoignage direct qui met pour la première fois en scène de l'intérieur cette génération orpheline des idéologies, qui a perdu les causes traditionnelles de l'engagement et qui les cherche du côté de l'action humanitaire.
Mais c'est aussi l'évocation d'une Éthiopie qui, depuis des siècles, par la beauté de ses peuples, la force de ses paysages et la puissance de sa spiritualité rend fous d'amour ceux qui s'aventurent jusqu'à elle.
En 1985 pendant le Derg et la terrible famine en Ethiopie, un jeune humanitaire français, Grégoire, débarque à Asmara (à l’époque l’Erythrée est toujours sous la domination de son voisin et en lutte pour l’indépendance) pour diriger une équipe et installer un camp à la ville frontalière de Rama. Il fait rapidement la connaissance d’Hilarion Grigorian, un Arménien d’Erythrée né en 1900, ancien marchand d’armes et véritable mémoire vivante qui est le narrateur de ce roman en forme de journal. Grégoire, idéaliste et n’ayant pas encore trouvé ses marques va se faire aider par Hilarion qui n’attendait que cette arrivée miraculeuse pour occuper ses jours et va se faire un malin plaisir à conduire l’humanitaire, pour qui il se prend d’affection, selon ses fantaisies et peut-être quelques divins mensonges. Il va lui trouver quelques singuliers autochtones pour l’aider dans ses démarches, notamment un étrange et jeune adolescent : Efrem, un orphelin vif d’intelligence qui semble doté d’une préscience en communiquant avec les esprits. Mais au camp de base, tous les humanitaires ne sont pas venus avec la seule motivation philanthropique et un changement important intervient lorsque Esther, l’amie de Grégoire, une Erythréenne rencontrée sur place, va être enlevée…
Entre les descriptions peintes à la plume de la beauté éthiopienne et érythréenne s’étend un long chemin sur les errances des causes humanitaires où les organisations doivent jongler entre secours aux populations et risques d’entretenir la manipulation des pouvoirs politiques. Avec parfois, un simple pont séparant altruisme et égoïsme, compassion et opportunisme chez les représentants des causes justes mais se transformant en causes perdues. Toute une dichotomie transcrite dans ce récit aux allures romanesques mais pigmentant la réalité par d' implacables métaphores.
Impossible de séparer l’histoire de l’Abyssinie – si ancienne en cette corne d’Afrique qui loge la fameuse vallée du Grand Rift – de celle de l’Italie, tant sur le plan géopolitique que culturel, et le regard que pose l’écrivain sur l’architecture qui orne Asmara est un véritable tableau. Quant à la référence de l’opéra Aïda avec l’ensablé Ricardo, loin d’être fortuite. Point d’exotisme de façade mais des effluves chargés d’immensité, de spiritualité – même sans avoir foulé le sol d’Ethiopie comment ne pas penser aux églises rupestres bâties dans les falaises du Tigré oriental – et une réflexion sur le dilemme perpétuel entre sauver des vies et se voir transformer en des marionnettes actionnées par le machiavélisme de dirigeants impitoyables, font de ce roman une excellente et raffinée observation sur les conflits intérieurs des volontaires de l’engagement humanitaire face aux affres des noirceurs de la guerre, des dictatures et des desseins personnels des uns et des autres.
Dans un registre similaire, ô combien « Asmara et les causes perdues » m’a remémoré un autre roman de Jean-Christophe Rufin : « Check-point » ; de l’Abyssinie on passe à la Bosnie et l’idéaliste Maud a quelques points communs avec Grégoire… avec la sempiternelle question sur comment apporter de l’aide aux populations des zones de guerre et autres infamies.
Blog Le domaine de Squirelito => https://squirelito.blogspot.com/2020/11/une-noisette-un-livre-asmara-et-les.html
En plus d'être un excellent romancier, Jean-Christophe Ruffin a d'abord été un "French Doctor" et connait donc parfaitement le sujet de l'humanitaire.
Il démontre ici avec une implacable logique l'inanité de certaines causes humanitaires..., les motivations incertaines des travailleurs humanitaires, quelquefois animés par une générosité discutable et les résultats calamiteux de cette opération, bref un regard sans illusion sur l'ingérence de l'occident sur les cotes erythréennes !
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