"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
AMERICAN MOTHER, UNE ENQUÊTE AU COEUR DE L'HORREUR :
Comment rester debout face à la violence, à l'horreur ? Comment regarder dans les yeux celui qui vous a enlevé ce que vous aviez de plus précieux ? Comment pardonner à l'assassin d'un des siens ? Comment garder espoir quand tant d'atrocités sont commises au nom de la religion ?
Toutes ces questions qui nous assaillent dans une actualité toujours plus tragique, Colum McCann y a été confronté lors de sa rencontre avec Diane Foley. Jour après jour, il l'a accompagnée au procès des bourreaux de Daech et a vu une mère au courage exceptionnel puiser dans sa foi et son humanisme la force d'affronter un de ceux qui ont torturé et décapité son fils, le journaliste américain James Foley.
Plongez dans une enquête vibrante sur les intégrismes religieux à travers l'histoire vraie de cette mère de famille face à l'horreur.
APRÈS APEIROGON, LE NOUVEAU LIVRE CHOC DE COLUM MCCANN :
Né en 1965 à Dublin, Colum McCann est l'auteur de trois recueils de nouvelles et de sept romans, dont "Et que le vaste monde poursuive sa course folle" (prix littéraire du Festival de cinéma américain de Deauville et lauréat du National Book Award), et "Apeirogon" (Grand Prix des lectrices de Elle et prix du Meilleur Livre étranger).
Plongez sans retenue dans cette enquête choc écrite avec Diane Foley, mère d'une victime de Daech et présidente de la fondation James W. Foley Legacy, qui se mobilise pour attirer l'attention sur la condition des otages dans le monde.
UN TÉMOIGNAGE POIGNANT:
Ce roman nouveauté 2023 vous plonge au coeur du sujet difficile de l'intégrisme religieux et du fondamentaliste islamique, à travers l'histoire vraie de l'assassinat de James Foley par Daech en 2014.
Vous ne sortirez pas indemne de ce livre choc, qui vous permettra de comprendre ce que peuvent ressentir les victimes de la barbarie.
American Mother, roman nouveauté 2023 de McCann Colum et Diane Foley, nouveau livre choc de l'auteur du livre à succès "Apeirogon".
De James ( Jim) Foley (18/10/1973 - 18/08/2014) je ne connaissais rien . J’avais juste le très vague souvenir d’avoir entendu au JT une l’information selon laquelle un journaliste américain avait été décapité par Daech et que la vidéo de son assassinat avait circulé sur le Net.
Malgré l’atrocité de cette information, trop vite entendue , trop vite oubliée, noyée parmi d’autres sur des chaines anxiogènes.
- Des chroniques Insta sur « American Mother » , dernier livre de Colum McCann, écrit avec Diane Foley , la mère de Jim , ( Colum McCann est encore un auteur que je ne connaissais pas, décidemment...)
- la venue de Colum McCann en mai dernier au Festival « Oh Les beaux jours » ont eu raison de mon hésitation, liée au fait que je ne suis pas forcement attiré par les récits témoignages et puis surtout le thème.
J’avais tort, bien entendu.
Ce livre , c’est le combat de Jim Foley, journaliste indépendant , habitué à prendre des risques pour montrer au monde les conditions de vie des populations civiles , aller sur le terrain , là où les autres journalistes ne veulent pas aller à cause du danger. Kidnappé une première fois , relâché , puis à nouveau kidnappé , otage durant 2 ans et assassiné sauvagement par Daesh.
Ce livre , c’est le combat d’une mère pour faire libérer son fils et qui s’aperçoit que les otages ne sont pas une priorité pour le gouvernement américain. Cette mère qui s’est sentie abandonnée et qui a décidé d’en faire une cause nationale .
Ce livre , c’est le courage d’une mère face à Alexanda Kotey , bourreau de son fils. Cette mère qui veut comprendre comment cet homme a pu devenir un barbare. Cette mère que la foi accompagne .
Ce livre est un hommage aux victimes de la barbarie et à ceux qui doivent reconstruire leur vie après de tels drames
Colum McCann , parce qu’il a vu une photo de Jim en train de lire un de ses romans , s’est rapproché de Diane Foley . Une amitié est née de cette rencontre . Il l’a accompagné lors de ses rencontres avec Alexanda Kotey .
De cette amitié , est sorti un livre nécessaire pour ne pas oublier et rendre hommage à ceux qui risquent leur vie pour informer.
Colum McCann auteur de l’inoubliable APEIROGON s’empare une nouvelle fois de l’actualité et co-signe avec Diane Foley ce nouvel ouvrage.
Diane Foley est la mère de James Foley, otage américain exécuté par l’Etat islamique après deux ans d’une éprouvante captivité en Syrie. James Foley est décapité le 18 août 2014, la vidéo de son exécution est d’ailleurs mise en ligne, elle a été supprimée depuis.
De cette barbarie sans nom, et à la suite de sa rencontre avec Diane Foley, Colum McCann lui donne la parole et co-signe ce remarquable ouvrage.
Les premières pages sont éprouvantes et forcent l’admiration puisque le récit débute par la rencontre de Diane Foley avec l’assassin de son fils. Malgré la douleur et l’incompréhension l’échange est digne, sans jugement.
Puis le livre alterne la parole de l’auteur et celle de Diane Foley qui restitue le parcours de son fils, son enfance, sa place dans cette famille aimante et croyante, ses engagements et ses choix.
J’ai été très surprise par la politique américaine de l’époque : en effet, lors de la captivité de James Foley et d’autres américains, aucune négociation n’était permise avec les ravisseurs par crainte que ne se répètent de tels enlèvements, surtout pas de rançon visant à libérer les otages. Même une levée de fonds privés était interdite. Diane Foley n’épargne d’ailleurs pas l’administration Obama.
Aujourd’hui et grâce au combat mené par Diane Foley et les amis de James, les choses ont bien évolué.
J’ai été très touchée par le témoignage impressionnant d’une femme digne et humaniste qui, au-delà de son chagrin, fait preuve de ténacité, se mobilisant pour la mémoire de son fils et des autres otages à travers la Fondation qu’elle a créée pour aider les autres otages et leurs familles.
Un récit lucide, engagé et mesuré qui m’a profondément marquée.
Après Apeirogon et le véridique combat conjoint pour la paix de deux pères endeuillés en Israël et en Palestine, Colum McCann met à l’honneur une autre figure, elle aussi incarnation de l’humanité face à la barbarie, en se faisant la plume de Diane Foley, la mère du journaliste américain James Foley exécuté par l’État islamique après deux ans d’une terrible captivité en Syrie.
En 2012, le journaliste free lance James Foley tourne un reportage en Syrie lorsqu’il est pris en otage par Daech. Pendant deux ans, il est détenu et torturé, et, le gouvernement américain se refusant à négocier avec les terroristes, ceux-ci finissent par le décapiter en diffusant la vidéo dans le monde entier. Horrifié par ces images, Colum McCann décide d’entrer en contact avec les proches de la victime après être tombé sur une photographie montrant le jeune homme plongé dans l’un de ses romans dans un bunker afghan. Il se rend en Nouvelle-Angleterre, dans le Nord-Est des Etats-Unis, là où ont grandi James et ses quatre frères et sœurs et où résident toujours leurs parents. Diane Foley accepte de raconter l’histoire de son fils, sa vocation de reporter de guerre, son enlèvement et sa détention avec d’autres journalistes et des humanitaires ressortissant de divers pays qui, eux, se démèneront pour les faire libérer, l’intransigeance des autorités américaines dans leur refus de céder au chantage, les deux longues années d’attente aboutissant à sa mort – apprise sur Twitter.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Car, pour surmonter l’horreur et le chagrin, Diane Foley se lance alors corps et âme dans un combat qui dure toujours et qui, de Barak Obama à Joe Biden, a complètement transformé la politique américaine à l’égard des otages et des individus emprisonnés de manière injustifiée. Aujourd’hui encore, cette « mère américaine » multiplie les engagements militants. En plus de la Fondation James Foley, elle a notamment cofondé l’association ACOS oeuvrant pour la protection des reporters free lance en zones de guerre. Animée d’une vraie foi, elle décide en 2021 de rencontrer l’un des assassins de son fils, tristement surnommés les « Beatles » parce qu’Anglais, convertis à l’islamisme et devenus soldats de Daech. Colum McCann l’accompagne alors dans son courageux rendez-vous avec cet homme, Alexanda Kotey, condamné à la perpétuité sans procès en échange de certaines obligations, comme celle de rencontrer les familles de victimes qui le souhaitent. Loin de tout esprit de haine et de vengeance, et parce que, pour mieux lutter contre la violence, il est essentiel d’essayer de comprendre, Diane vient pour écouter : « telle est maintenant sa mission. Elle doit écouter. »
Empli de sentiments contradictoires, le récit de l’entrevue est poignant. S’il ne sera jamais nettement question de regrets dans un échange trahissant un degré de sincérité variable chez l’assassin, ce dernier fera preuve d’émotion face à la si digne humanité de cette mère, tout en évoquant son ressentiment contre l’Amérique après des frappes qui tuèrent sous ses yeux l’épouse et le bébé d’un ami. L’homme laissant trois petites filles dans un camp en Syrie – pour quelle enfance ? –, Diane Foley qui, sans être sûre d’avoir tout à fait pardonné, dira ensuite avoir « réalisé que tout le monde était perdant », ira jusqu’à tenter de leur venir en aide…
Rédigée à la première personne pour mieux épouser la voix de cette femme impressionnante de courage et de force morale, cette non-fiction en tout point fidèle à la réalité fait de ce portrait, quasi hagiographique, un hommage appuyé à ces êtres qui, confrontés à la barbarie, trouvent les moyens de l’affronter de toute la force de leur humanité. « Parfois, on sait où est le bien. Parfois, on suit son instinct. Si on ne fait rien, rien ne se fait. »
Ce livre écrit à quatre mains, nous raconte l’histoire de James Foley, alias Jim que nous connaissons tous car il a été pris en otage par des jihadistes et exécuté de manière terrible, puisque la vidéo de sa décapitation, et le cliché (arrêt sur image) montre son corps décapité allongé dans le désert, la tête posée sur le torse.
Dans la première partie : on assiste au face à face avec Alexanda Kotey l’un des quatre geôliers de James Foley, tous les quatre Britanniques devenus djihadistes, que les otages avaient surnommés les Beatles (Beat…) et les « émotions » contradictoires, ambivalentes, que Diane ressent vis-à-vis de lui.
Ensuite, retour à 2014 avec le parcours de Jim, sa passion pour le journalisme, sa volonté de se rendre sur les lieux en guerre pour témoigner, les tractations au sujet des rançons les associations de soutien et pour finir le procès d’un deuxième geôlier.
On notera que Kotey avait décidé de plaider coupable, ce qui n’est pas le cas du second qui se dit innocent et se réfugie dans la religion, l’endoctrinement islamiste surtout, pour rejeter la faute sur l’Occident.
La gestion de la prise d’otages par l’administration Obama m’a vraiment étonnée, pour ne pas dire choquée. En effet, le Président n’a pas semblé éprouver beaucoup d’empathie pour Diane Foley ; la famille s’est retrouvée bien seule pour aller à la quête des informations tenter de faire libérer Jim, dans un combat perdu d’avance, puisque j’ai appris, au passage, que les USA ne payaient jamais de rançon car dans leur esprit cela revenait à cautionner les preneurs d’otage et les enrichir, contrairement à ce qui se passe en Europe.
Nous n’avions toujours pas reçu d’appel téléphonique d’un quelconque responsable officiel, et pourtant, à la télévision, notre président annonçait la nouvelle au monde entier.
Diane a appris la mort de son fils via les réseaux sociaux, le président Obama lui ayant téléphoné après… je trouve cette femme, admirable, par son courage, son obstination, son opiniâtreté même. Comment peut-on trouver la force d’accepter de rencontrer l’homme qui a exécuté votre fils ? Comment envisager de pardonner ? Je ne pense pas que j’en aurais eu le courage à sa place.
Diane Foley est très croyante, elle prie pour son fils, pour elle, pour les coupables pour les autres en général, ce qui a choqué certains lecteurs. Mais, quand on se retrouve dans une telle situation, on se raccroche à ce qu’on peut, et sa foi l’aide à avancer, c’est beaucoup plus dur quand on est athée ou agnostique.
Ce livre m’a beaucoup plu, je suis passée par toutes les émotions, la colère vis-à-vis de l’intégrisme religieux et des comportements, des propos des deux Beatles, l’incompréhension devant l’administration Obama, l’admiration pour Diane…
J’ai été émue aussi par l’attitude du pape François qui a appelé Diane, lui manifestant toute sa compassion alors qu’il était lui-même dans la souffrance (son frère a été victime d’un accident pendant la période de détention de Jim) et également quand la nouvelle de son assassinat est parvenue…
J’avais eu un coup de cœur pour le précédent livre de Colum McCann : « Apeirogon » et j’ai retrouvé la même émotion, pour « American Mother » mais à un degré moindre, probablement parce que l’omniprésence de la foi heurte mon esprit un peu trop cartésien.… ce qui explique la note.
Je pourrais parler encore longtemps de ce livre puissant, mais mon ressenti est au-delà des mots, alors je vous encourage à le découvrir…
Un grand merci à NetGalley et aux éditions Belfond qui m’ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume de son auteur.
#AmericanMother #NetGalleyFrance !
https://leslivresdeve.wordpress.com/2024/03/01/american-mother-de-colum-mccann-et-diane-foley/
Ce que peut l’amour maternel.
Dieu du ciel disaient mes ancêtres, mais où cette femme a-t-elle puisé la force de rencontrer le bourreau de son fils ? Comment a-t-elle réussi à braver l’opinion des siens et de son entourage pour leur prouver que de discuter avec ce meurtrier allait faire revivre son fils ? Oui, on est bien en face de l’IMPENSABLE.
Pas étonnant que Colum McCann ait disparu si longtemps du monde littéraire. Pour lui aussi je me suis posé une question : comment a-t-il eu le courage de « déranger » cette mère, de lui demander de partager ses sentiments sans tomber dans le voyeurisme. Dans tous les cas, il y est arrivé, et pour les deux d’ailleurs ; elle a partagé en totalité ses émotions et lui n’a fait que sonder son âme.
Et moi, pourquoi avait-je ressenti le besoin de me plonger dans cet impensable ? Parce que cela complétait et faisait un tout avec deux inoubliables lectures : « V13 » d’Emmanuel Carrère et « Le droit d’emmerder Dieu » de Richard Malka. Je me suis dit qu’avec le témoignage de cette mère hors-norme je m’approcherais un peu plus de l’explication du mot barbarie. Il n’en a bien sûr rien été. Je ne comprendrais jamais cette psyché humaine qui vogue entre schizophrénie et paranoïa ; ce qui n’est au fond pas si important. Ce qui l’a été, c’est que j’ouvre un peu plus les yeux, que je prenne la mesure de ce que certaines personnes endurent et ceci même si je ne peux pas leur prendre leurs blessures, leurs douleurs. Détourner le regard serait non seulement une faute, mais ce serait bien plus, ce serait un affront.
L’écriture de Colum McCann est structurée de telle manière à ce que le lecteur soit plongé dans ce face à face avec l’impression d’être présent dans cette salle d’audience, d’avoir le sentiment qu’il se sera approché du bourreau, de sa victime ainsi que des personnes impactées par cet horrible crime. Je pourrais relever de très nombreuses citations mais en transcrivant l’efficace incipit, la note sera donnée.
« Octobre 2021, Alexandria, Virginie
Elle se réveille dans l’obscurité de l’hôtel. Des lampadaires ici et là, à travers les rideaux fins. Là-bas, au loin, WashingtonD.C.-ville des vérités, des demis-vérités, des doubles vérités, des mensonges. Une vérité certaine : son fils n’est plus depuis sept ans, et ce matin elle va s’assoir avec l’un de ses assassins.
Cette perspective lui noue les nerfs à la base de la nuque. Ce n’est pas seulement qu’elle ignore ce qu’elle attend de lui : c’est aussi qu’elle ne sait pas bien ce qu’elle attend d’elle-même. Une symphonie confuse. Compassion. Vengeance. Ressentiment. Pitié. Deuil. Grâce.
Toute la nuit elle a prié, encore plus que d’habitude. Elle a imploré les plus hautes instances. Sondé les ténèbres autant que la lumière. Issa des heures à se demander comment appeler cet homme. Alexandra, Alexe, Alex. Kotey, monsieur Kotey. Non. Pas monsieur. Pas ça. »
L’histoire
James Foley que sa mère appelle Jim, a été décapité en Syrie. Journaliste pur et dur, passant sa vie à essayer de montrer l’endroit et l’envers des décors, il sera un moment otage parmi d’autres otages. Il fera partie de ceux que Daech a kidnappé afin de prouver au monde entier que rien ne les arrêtera plus. Humanitaires, journalistes et autres innocents vont payer de leur vie pour assouvir leur haine. Il meurt
Diane, la mère créé une association, se démène comme un petit diable pour qu’on n’oublie ni son fils, ni ces horreurs commises au nom d’Allah.
En face d’elle, Alexanda Kotey, fin trentaine, ex-britanique, fils d’une mère psychothérapeute, trois filles en Syrie, une en Grande-Bretagne, enrôlé par Daech. Il plaide coupable dans 8 accusations de meurtres. Par ce biais il n’aura pas besoin de passer par la case procès.
Le ministère propose à Diane de discuter deux jours avec Kotey, en quasi tête à tête, avec juste 6 avocats autour d’eux. Diane accepte. Elle va lui poser des questions profondes et tellement évidentes « comment Allah voici le mettre de non-combattants ? Pourquoi les journalistes ? Les humanitaires ? ». Elle aimerait aussi savoir où son fils est enterré. Oui mais au début de l’entretien « cet homme était une mer gelée ».
Colum Mccann nous fera également revivre l’été 2014 avec tout ce que cela peut comporter mais aussi juin 2022 lorsque Diane recevra deux lettres du bourreau de son fils.
Le livre deux est un peu longuet ce qui explique mes trois étoiles seulement.
Citations :
« Il y a une immoralité du monde contre laquelle elle doit se dresser avec ses moyens, aussi limités soient-ils. Même si ça ne marche pas. Elle est prête à s’y risquer. Risquer la gêne. Risquer le ridicule. Parfois on sait où est le bien. Parfois on suit son instinct. Si on ne fait rien, rien ne se fait. »
« Le plus intelligent est celui qui sait qu’il ne l’est jamais : là est la contradiction ».
A l'idée de lire ce livre je dois bien avouer que j'avais peur. Peur d'être submergée par les émotions car ce récit est celui d'une atrocité.
Diane Foley est en effet la mère de James Foley, un journaliste américain qui fut torturé pendant 2 ans avant d'être décapité devant les caméras.
Colum McCann nous raconte cette femme, cette mère qui quelques années plus tard, lors du procès de l'assassin de son fils a décidé de lui faire face.
Ce récit débute sur ce moment, très éprouvant, puis revient sur l'histoire de ce fils, des moments d'angoisse après son enlèvement mais aussi et surtout sur la gestion (déplorable) du gouvernement américain de ses otages à travers le monde...
C'est un récit qui m'a émue comme je m'y attendais mais qui m'a également mise en colère. Ce qu'a vécu cette famille, comme tant d'autres n'est pas acceptable.
On pourra penser que cette femme a fait preuve d'une grande force, mais peut-on vraiment l'être quand on a perdu un enfant? Je l'ai pour ma part trouvée digne et extrêmement courageuse. La plume de Colum McCAnn nous transmet merveilleusement bien les émotions de Diane et il est très difficile d'y rester indifférent.
Colum McCann, avec Diane Foley, revient sur l’événement qui bouleversa le monde entier, la décapitation du journaliste, free lance américain, Jim Foley. La vidéo circula sur YouTube, postée par l’Etat Islamique en août 2014, puis rapidement supprimée.
À cette époque, personne n’avait imaginé que ce groupe terroriste, né en Irak, profiterait des troubles de la guerre civile syrienne pour s’y implanter. La même année, le groupe se déclare califat, englobant l’Irak et la Syrie. La décapitation filmée, au retentissement mondial, marque le début de l’utilisation de la terreur pour établir un État islamique régi par la loi islamique.
Derrière cette vidéo de propagande, d’une violence insoutenable, American Mother force à regarder le visage des bourreaux. Surnommés Beat-le (de battre, en anglais), les trois criminels ont été identifiés. Deux d’entre eux encore vivants, Alexanda Kotey et El Shafee El-Sheikh, ont été ramenés aux USA pour y être jugés.
Colum McCann se rapproche de Diane Foley lorsqu’il constate que, sur une photographie, John Foley lisait un de ses romans. La volonté de Diane, de faire quelque chose de la mort de son fils, a rencontré celle de l’écrivain, qui voulait construire un ouvrage non fictionnel, rédigé à partir d’échanges. American Mother est parue en premier en France. Les autres parutions suivront dans le monde.
Le combat d’une mère
American Mother est construit en trois parties. Dans la première, Colum McCann raconte la rencontre entre un des tueurs et la mère du journaliste.
Alexanda Kotey : Alexanda signifie protecteur du peuple et Kotey, vient du Ghana, une bonne âme. Ex-citoyen britannique, mais ex-soldat de Daesh. Voilà sept ans que Jim Foley a été tué.
La mère de Jim, déjà âgée, décide de répondre favorablement en rencontrant l’un des responsables de la mort de son fils, un aspect juridique que la loi propose.
Alexanda Kotey reconnaît avoir rédigé les dernières paroles que Jim Foley fut obligé de lire avant d’être décapité. Il plaide coupable de huit chefs d’accusation. Cette démarche pouvant réduire sa peine, il se propose de parler aux familles des victimes, avant le verdict. Diane Foley a été la première à accepter de le rencontrer en octobre 2021.
La deuxième partie permet à Diane Foley de partager l’histoire de son fils et de la lutte de sa famille à travers son quotidien bouleversant. On découvre ses recherches pour trouver sa voie, les conceptions de son métier de journaliste et sa soif de rendre compte de l’aspect humain en temps de guerres. Mais, on suit aussi Dianne Foley dans ses démarches pendant l’emprisonnement puis après la mort de son fils.
Pour la troisième, Colum McCann reprend la description des années des procès et le quotidien de Diane. Le combat de cette femme, active jusqu’à essayer de se frayer un espoir dans les méandres des autres libérations puis dans la création de la James W. Foley, la fondation, est terriblement touchant.
Un femme lumineuse
À l’inverse des gouvernements européens, le gouvernement américain ne négocie pas la libération des otages civils. Les États-Unis ont la politique de chercher à assurer la libération des otages par d’autres moyens, notamment par des opérations militaires ou des actions diplomatiques. Jim Foley n’a pu bénéficier, comme d’autres prisonniers avec lui, d’une libération.
On comprend le titre, American Mother : À la fois, mère courage, mère colère mais surtout mère amour, Diane Foley, tel que nous la présente Colum McCann, est un portrait de femme inoubliable. Cette femme a tenu tête au président Obama et continue son combat pour la sécurité des journalistes et la défense des otages.
La religion est une notion constante dans American Mother. Véritable soutien pour Diane Foley, la notion du pardon y est largement questionnée. Mais, c’est aussi celle de la manipulation, du repentir et celle de la foi que Colum McCann interroge sans jamais oublier de rappeler, par les faits, la profonde humanité de cette femme.
Le récit d’Américain Mother nécessite du temps, tellement la description du quotidien de cette femme émeut, bouleverse par la justesse du propos, par la simplicité avec laquelle elle livre son ressenti, ses craintes mais aussi ses colères.
En conclusion,
Le travail du romancier est particulier. L’écriture de Colum McCann est uniquement au service de cette femme, devenue son amie. Il estompe sa présence pour décrire, donner la parole, rendre compte sans jamais livrer une impression ou un ressenti personnels. Il y a du respect et de l’affection dans cette mise au service de ce combat.
American Mother de Colum McCann avec Diane Foley est un ouvrage à découvrir autant au niveau sociologique, politique qu’humain. Il rend compte d’un travail au plus profond de soi pour dépasser la vengeance et accéder, non pas au pardon, mais la reconnaissance de l’autre, comme un humain à part entière, dans sa vérité, y compris avec ses facettes les plus noires.
Chroniques illustrées ici
https://vagabondageautourdesoi.com/20
Dans « Apeirogon », son précédent opus, Colum McCann s'était attaché, pour incarner un conflit qui n'en finit pas, à deux figures : l'une israélienne, l'autre palestinienne. Rami et Bassam ont en commun d'avoir perdu leurs filles tuées par le camp ennemi.
Au lieu de s'enfoncer dans la haine, ils ont choisi de se battre pour faire avancer la paix.
Dans « American Mother » il sonde de nouveau la situation au Proche-Orient via Jim Foley, un journaliste américain assassiné en Syrie par les sbires de Daech.
Écrit à quatre mains par l'auteur de « Zoli » et la mère du supplicié, ce récit raconte l'engagement de Diane Foley pour « maintenir vivant l'esprit » de son fils et faire prendre conscience aux autorités de l'urgence de sauver leurs otages où qu'ils soient dans le monde. Lorsque des soldats sont capturés, les États-Unis mettent tout en œuvre pour les sauver. Lorsqu'il s'agit de citoyens « lambda », c'est l'immobilisme qui prévaut alors que d'autres pays comme l'Espagne ou encore la France déploient tous les moyens pour protéger leurs citoyens. Et de s'interroger sur le bien-fondé du « deux poids deux mesures ». Un militaire aurait-il plus de valeur qu'un journaliste tel que Jim Foley engagé pour attester de situations où les populations civiles sont les éternelles cibles ? La réponse est bien évidemment non pour la mère courage qu'est Diane.
Ce manifeste poignant témoigne aussi du parcours d'une femme qui tente de comprendre ce qui a conduit les terroristes à commettre une telle barbarie pour, peut-être, accorder son pardon.
La scène inaugurale se tient dans une salle du tribunal de Washington où elle va rencontrer Alexanda Kotey, l'un des tortionnaires, qui « a plaidé coupable de huit chefs d'accusation dont l'assassinat en bande organisée » de quatre séquestrés parmi lesquels se trouvait Jim. Cette entrevue la confronte à un homme glacial qui se dédouane de sa participation directe dans l'assassinat du reporter.
S'il a tué, c'est qu'il était en guerre et qu'il n'avait fait que répondre aux ordres de ses supérieurs. « Tout ce que j'ai fait […], je l'ai fait sans méchanceté » affirme-t-il alors que Diane sait pertinemment qu'il était le plus cruel des bourreaux.
Pourtant, « son cœur chavire » lorsque l'accusé lui montre les photos de ses trois filles qu'il ne reverra probablement jamais.
Elle sort de cette épreuve l'esprit embrumé piégé dans un dilemme : la difficulté à appréhender un tel déchaînement de violence et la nécessité du pardon que la religion catholique qu'elle pratique avec ferveur lui a inculquée.
Dans une écriture simple proche du style journalistique, « American Mother » nous offre le portrait bouleversant d'une femme admirable confrontée à une idéologie délétère incarnée par un homme. Et c'est cette humanité qui est au cœur du récit.
EXTRAITS
La politique et la guerre sont les plus redoutables incubateurs de mensonges.
Révéler l'humanité dans certaines des situations les plus inhumaines.
https://papivore.net/litterature-anglophone/critique-american-mother-colum-mccann-diane-foley-belfond/
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