"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
De James ( Jim) Foley (18/10/1973 - 18/08/2014) je ne connaissais rien . J’avais juste le très vague souvenir d’avoir entendu au JT une l’information selon laquelle un journaliste américain avait été décapité par Daech et que la vidéo de son assassinat avait circulé sur le Net.
Malgré l’atrocité de cette information, trop vite entendue , trop vite oubliée, noyée parmi d’autres sur des chaines anxiogènes.
- Des chroniques Insta sur « American Mother » , dernier livre de Colum McCann, écrit avec Diane Foley , la mère de Jim , ( Colum McCann est encore un auteur que je ne connaissais pas, décidemment...)
- la venue de Colum McCann en mai dernier au Festival « Oh Les beaux jours » ont eu raison de mon hésitation, liée au fait que je ne suis pas forcement attiré par les récits témoignages et puis surtout le thème.
J’avais tort, bien entendu.
Ce livre , c’est le combat de Jim Foley, journaliste indépendant , habitué à prendre des risques pour montrer au monde les conditions de vie des populations civiles , aller sur le terrain , là où les autres journalistes ne veulent pas aller à cause du danger. Kidnappé une première fois , relâché , puis à nouveau kidnappé , otage durant 2 ans et assassiné sauvagement par Daesh.
Ce livre , c’est le combat d’une mère pour faire libérer son fils et qui s’aperçoit que les otages ne sont pas une priorité pour le gouvernement américain. Cette mère qui s’est sentie abandonnée et qui a décidé d’en faire une cause nationale .
Ce livre , c’est le courage d’une mère face à Alexanda Kotey , bourreau de son fils. Cette mère qui veut comprendre comment cet homme a pu devenir un barbare. Cette mère que la foi accompagne .
Ce livre est un hommage aux victimes de la barbarie et à ceux qui doivent reconstruire leur vie après de tels drames
Colum McCann , parce qu’il a vu une photo de Jim en train de lire un de ses romans , s’est rapproché de Diane Foley . Une amitié est née de cette rencontre . Il l’a accompagné lors de ses rencontres avec Alexanda Kotey .
De cette amitié , est sorti un livre nécessaire pour ne pas oublier et rendre hommage à ceux qui risquent leur vie pour informer.
Colum McCann auteur de l’inoubliable APEIROGON s’empare une nouvelle fois de l’actualité et co-signe avec Diane Foley ce nouvel ouvrage.
Diane Foley est la mère de James Foley, otage américain exécuté par l’Etat islamique après deux ans d’une éprouvante captivité en Syrie. James Foley est décapité le 18 août 2014, la vidéo de son exécution est d’ailleurs mise en ligne, elle a été supprimée depuis.
De cette barbarie sans nom, et à la suite de sa rencontre avec Diane Foley, Colum McCann lui donne la parole et co-signe ce remarquable ouvrage.
Les premières pages sont éprouvantes et forcent l’admiration puisque le récit débute par la rencontre de Diane Foley avec l’assassin de son fils. Malgré la douleur et l’incompréhension l’échange est digne, sans jugement.
Puis le livre alterne la parole de l’auteur et celle de Diane Foley qui restitue le parcours de son fils, son enfance, sa place dans cette famille aimante et croyante, ses engagements et ses choix.
J’ai été très surprise par la politique américaine de l’époque : en effet, lors de la captivité de James Foley et d’autres américains, aucune négociation n’était permise avec les ravisseurs par crainte que ne se répètent de tels enlèvements, surtout pas de rançon visant à libérer les otages. Même une levée de fonds privés était interdite. Diane Foley n’épargne d’ailleurs pas l’administration Obama.
Aujourd’hui et grâce au combat mené par Diane Foley et les amis de James, les choses ont bien évolué.
J’ai été très touchée par le témoignage impressionnant d’une femme digne et humaniste qui, au-delà de son chagrin, fait preuve de ténacité, se mobilisant pour la mémoire de son fils et des autres otages à travers la Fondation qu’elle a créée pour aider les autres otages et leurs familles.
Un récit lucide, engagé et mesuré qui m’a profondément marquée.
Après Apeirogon et le véridique combat conjoint pour la paix de deux pères endeuillés en Israël et en Palestine, Colum McCann met à l’honneur une autre figure, elle aussi incarnation de l’humanité face à la barbarie, en se faisant la plume de Diane Foley, la mère du journaliste américain James Foley exécuté par l’État islamique après deux ans d’une terrible captivité en Syrie.
En 2012, le journaliste free lance James Foley tourne un reportage en Syrie lorsqu’il est pris en otage par Daech. Pendant deux ans, il est détenu et torturé, et, le gouvernement américain se refusant à négocier avec les terroristes, ceux-ci finissent par le décapiter en diffusant la vidéo dans le monde entier. Horrifié par ces images, Colum McCann décide d’entrer en contact avec les proches de la victime après être tombé sur une photographie montrant le jeune homme plongé dans l’un de ses romans dans un bunker afghan. Il se rend en Nouvelle-Angleterre, dans le Nord-Est des Etats-Unis, là où ont grandi James et ses quatre frères et sœurs et où résident toujours leurs parents. Diane Foley accepte de raconter l’histoire de son fils, sa vocation de reporter de guerre, son enlèvement et sa détention avec d’autres journalistes et des humanitaires ressortissant de divers pays qui, eux, se démèneront pour les faire libérer, l’intransigeance des autorités américaines dans leur refus de céder au chantage, les deux longues années d’attente aboutissant à sa mort – apprise sur Twitter.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Car, pour surmonter l’horreur et le chagrin, Diane Foley se lance alors corps et âme dans un combat qui dure toujours et qui, de Barak Obama à Joe Biden, a complètement transformé la politique américaine à l’égard des otages et des individus emprisonnés de manière injustifiée. Aujourd’hui encore, cette « mère américaine » multiplie les engagements militants. En plus de la Fondation James Foley, elle a notamment cofondé l’association ACOS oeuvrant pour la protection des reporters free lance en zones de guerre. Animée d’une vraie foi, elle décide en 2021 de rencontrer l’un des assassins de son fils, tristement surnommés les « Beatles » parce qu’Anglais, convertis à l’islamisme et devenus soldats de Daech. Colum McCann l’accompagne alors dans son courageux rendez-vous avec cet homme, Alexanda Kotey, condamné à la perpétuité sans procès en échange de certaines obligations, comme celle de rencontrer les familles de victimes qui le souhaitent. Loin de tout esprit de haine et de vengeance, et parce que, pour mieux lutter contre la violence, il est essentiel d’essayer de comprendre, Diane vient pour écouter : « telle est maintenant sa mission. Elle doit écouter. »
Empli de sentiments contradictoires, le récit de l’entrevue est poignant. S’il ne sera jamais nettement question de regrets dans un échange trahissant un degré de sincérité variable chez l’assassin, ce dernier fera preuve d’émotion face à la si digne humanité de cette mère, tout en évoquant son ressentiment contre l’Amérique après des frappes qui tuèrent sous ses yeux l’épouse et le bébé d’un ami. L’homme laissant trois petites filles dans un camp en Syrie – pour quelle enfance ? –, Diane Foley qui, sans être sûre d’avoir tout à fait pardonné, dira ensuite avoir « réalisé que tout le monde était perdant », ira jusqu’à tenter de leur venir en aide…
Rédigée à la première personne pour mieux épouser la voix de cette femme impressionnante de courage et de force morale, cette non-fiction en tout point fidèle à la réalité fait de ce portrait, quasi hagiographique, un hommage appuyé à ces êtres qui, confrontés à la barbarie, trouvent les moyens de l’affronter de toute la force de leur humanité. « Parfois, on sait où est le bien. Parfois, on suit son instinct. Si on ne fait rien, rien ne se fait. »
Ce livre écrit à quatre mains, nous raconte l’histoire de James Foley, alias Jim que nous connaissons tous car il a été pris en otage par des jihadistes et exécuté de manière terrible, puisque la vidéo de sa décapitation, et le cliché (arrêt sur image) montre son corps décapité allongé dans le désert, la tête posée sur le torse.
Dans la première partie : on assiste au face à face avec Alexanda Kotey l’un des quatre geôliers de James Foley, tous les quatre Britanniques devenus djihadistes, que les otages avaient surnommés les Beatles (Beat…) et les « émotions » contradictoires, ambivalentes, que Diane ressent vis-à-vis de lui.
Ensuite, retour à 2014 avec le parcours de Jim, sa passion pour le journalisme, sa volonté de se rendre sur les lieux en guerre pour témoigner, les tractations au sujet des rançons les associations de soutien et pour finir le procès d’un deuxième geôlier.
On notera que Kotey avait décidé de plaider coupable, ce qui n’est pas le cas du second qui se dit innocent et se réfugie dans la religion, l’endoctrinement islamiste surtout, pour rejeter la faute sur l’Occident.
La gestion de la prise d’otages par l’administration Obama m’a vraiment étonnée, pour ne pas dire choquée. En effet, le Président n’a pas semblé éprouver beaucoup d’empathie pour Diane Foley ; la famille s’est retrouvée bien seule pour aller à la quête des informations tenter de faire libérer Jim, dans un combat perdu d’avance, puisque j’ai appris, au passage, que les USA ne payaient jamais de rançon car dans leur esprit cela revenait à cautionner les preneurs d’otage et les enrichir, contrairement à ce qui se passe en Europe.
Nous n’avions toujours pas reçu d’appel téléphonique d’un quelconque responsable officiel, et pourtant, à la télévision, notre président annonçait la nouvelle au monde entier.
Diane a appris la mort de son fils via les réseaux sociaux, le président Obama lui ayant téléphoné après… je trouve cette femme, admirable, par son courage, son obstination, son opiniâtreté même. Comment peut-on trouver la force d’accepter de rencontrer l’homme qui a exécuté votre fils ? Comment envisager de pardonner ? Je ne pense pas que j’en aurais eu le courage à sa place.
Diane Foley est très croyante, elle prie pour son fils, pour elle, pour les coupables pour les autres en général, ce qui a choqué certains lecteurs. Mais, quand on se retrouve dans une telle situation, on se raccroche à ce qu’on peut, et sa foi l’aide à avancer, c’est beaucoup plus dur quand on est athée ou agnostique.
Ce livre m’a beaucoup plu, je suis passée par toutes les émotions, la colère vis-à-vis de l’intégrisme religieux et des comportements, des propos des deux Beatles, l’incompréhension devant l’administration Obama, l’admiration pour Diane…
J’ai été émue aussi par l’attitude du pape François qui a appelé Diane, lui manifestant toute sa compassion alors qu’il était lui-même dans la souffrance (son frère a été victime d’un accident pendant la période de détention de Jim) et également quand la nouvelle de son assassinat est parvenue…
J’avais eu un coup de cœur pour le précédent livre de Colum McCann : « Apeirogon » et j’ai retrouvé la même émotion, pour « American Mother » mais à un degré moindre, probablement parce que l’omniprésence de la foi heurte mon esprit un peu trop cartésien.… ce qui explique la note.
Je pourrais parler encore longtemps de ce livre puissant, mais mon ressenti est au-delà des mots, alors je vous encourage à le découvrir…
Un grand merci à NetGalley et aux éditions Belfond qui m’ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume de son auteur.
#AmericanMother #NetGalleyFrance !
https://leslivresdeve.wordpress.com/2024/03/01/american-mother-de-colum-mccann-et-diane-foley/
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !