"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un roman étonnant qui nous emmène dans un monde onirique, fleurtant avec le fantastique, poétique et envoûtant qui rend hommage au poète anglais Keith Douglas, mort jeune, le 9 juin 1944 en Normandie.
Quelques mois plus tard le sergent Frédéric Dutrieux disparait près de Deauville. Puis 40 ans plus tard un autre Frédéric Dutrieux va faire son service militaire, la tête pleine des poèmes de Douglas, sujet de son mémoire, et des écrits du carnet du sergent !
La vie terre à terre le rattrape lors de son service militaire jusqu’à des problèmes de santé qui vont le projeter dans une autre temporalité et dans d’autres lieux !
La barrière entre les époques est floue mais elle est le reflet des pensées du Frédéric de 1984, malade et inconscient !
Il peut paraître étrange que je lise un livre sur des poètes car je suis très hermétique à la poésie, mais c’est justement pour ça que j’aborde cette littérature, pour comprendre ou ressentir, et ces lucioles, transportées par les poèmes de Keith Douglas, m’ont emmenée dans un lieu intemporel où les mots ont fait sens !
Je n’avais jamais lu Xavier Hanotte mais j’ai beaucoup aimé sa façon de me donner envie de le suivre dans l’intimité de Frédéric Dutrieux.
#XavierHanotte #NetGalleyFrance #lefeudeslucioles
Rarement lu un polar au rythme aussi lent que son inspecteur, dans lequel il ne se passe rien ou presque.
Barthélemy reçoit la visite de Donato qui vient de sortir de prison. Celui-avait d'ailleurs failli tuer Barthélemy. La requête de Donato : que l'inspecteur prévienne le peintre Pintens, restaurateur d'art qui est sorti de prison (arrêtépour trafic d'art), il pourrait se venger à son tour. Ils partageaient tous les deux la même geole et Donato a eu quelques accès de violence envers Pintens qui avait promis alors de se venger. Depuis quelques temps, Donato souffre : une affection dermatologique peu banale lui brûle le dos sans que les médecins puissent le guérir. Donato est certain que Pintens est l'auteur de son mal. Barthélemy prévient Pintens mais celui-ci n'en a que faire. Il se suicide peu après. C'est alors qu'on découvre une lettre adressée à l'inspecteur et un athanor, four d'alchimiste. Quel rapport avec l'enquête ? Vous me l'apprendez peut-être. Barthélemy n'abandonne pas et fouille dans le dossier de son procès. Il apprend qu'il a restauré récemment une oeuvre dans une église du secteur. Surprise quand il la découvre, St Laurent a la tête de Donato. Ce même St Laurent qui avait fini sa vie sur un brasier... Tout celà sur un fond romantique puisque Barthélemy est amoureux de sa collègue, devenue sa chef depuis peu. Relation qu'ils tentent de cacher à tous alors que tout le monde est au courant.
Le récit se montre parfois littéraire de par l'écriture. Par contre, on sort souvent du cadre de l'enquête, comme si l'auteur avait eu besoin de remplir des pages.
Xavier Hanotte est généreux, il écrit, non pas un, ni même deux, mais trois romans en un. Le premier, celui qui ouvre Du vent, est celui du lieutenant Bénédicte Gardier qui arrive dans sa nouvelle affectation et qui, avant de prendre ses fonctions descend dans un hôtel dans lequel elle est immobilisée et ficelée pendant que son agresseur, Sophie Opalka prend sa place.
Le deuxième est celui de Lépide qui contre la volonté d’Octave entre en Sicile et avance en gagnant ses batailles. Il sait qu’Octave lui en voudra, d’autant plus que Lépide a la fâcheuse tendance à ne pas exécuter ses adversaires.
Enfin, le troisième roman est celui de Jérôme et Jérémie.
Ces trois histoires forment un roman profond et léger, d’un humour à la Devos, absurde et érudit, intelligent quoi. A l’instar de son personnage Xavier Hanotte est minutieux et si le diable n’est pas forcément dans ses détails, l’humour lui, y est, d’abord parce qu’il s’amuse à nous raconter comment il a récolté tel ou tel particularité de telle ou telle corde, son immersion au sein d’un magasin de bricolage est une scène joyeuse, et ensuite parce qu’une fois qu’il a les informations, on les attend dans le récit, et lorsqu’on les lit, c’est la récompense ultime. Ce qui, pour certains, pourrait paraître comme des digressions oiseuses, des divagations ou des danseuses d’auteur intellectuel est ce qui m’a fait le plus d’effet, j’ai ri, souri (un peu moins sur le roman sur Lépide, moins drôle et un peu plus long). Mais franchement, avez-vous lu des lignes plus belles et plus drôle bien qu’inutiles au déroulement de l’histoire que celles-ci :
"Le soir tombait avec nonchalance. Dans les coulisses du firmament, le soleil invisible pliait bagage à l’anglaise, trop honteux de sa prestation du jour pour conférer à son coucher une quelconque solennité. Profitant de sa dérobade, le ciel et la terre essayaient des cocktails variés de gris qui, avec la lenteur propre aux crépuscules, teintaient indifféremment les campagnes rases, les bois dévêtus et les bourgs engourdis."(p.325) ?
Xavier Hanotte aborde pas mal de thèmes dans son roman, mais l’essentiel est celui de l’écriture, du travail de l’écrivain et surtout la littérature. Comment naît-elle ? Commente et qui décide de ce qui est littérature ou pas ? L’éternelle question sur la bonne ou la mauvaise littérature : les livres de Jérémie sont-ils moins nobles que ceux de Jérôme ? Il est un fait que certains sont plus exigeants à lire et à écrire car écrits dans un langage plus soutenu et demandant une documentation importante. Du vent est un pur plaisir à lire, on croise les histoires sans se perdre, mais au contraire avec l'envie de retrouver chaque héros. Malgré un fond sérieux et cartésien, au départ au moins, le livre part et se déconnecte de la réalité, l’auteur n’hésite pas à recourir à des explications ou des personnages étonnants et barrés.
Décidément, j'aime celle collection chez Belfond grâce à laquelle je découvre un auteur belge qui écrit depuis une vingtaine d'années. Franchement -si je suis les conseils de l'éditeur, je devrais arrêter adverbes et adjectifs... j'essaie- n'hésitez pas à lire Du vent, je me suis régalé de bout en bout. Lu et approuvé.
Une couverture mystérieuse, voire suggestive, parlante (après coup) comme souvent les couvertures de la collection pointillé des éditions Belfond et ma curiosité est titillée.
Comment résumer un tel livre ? Là est la question !
Tout commence, je dirais, normalement. Une histoire d’espionnage lambda. Bénédicte Gardier se trouve ficelée comme un rôti dans sa chambre d’hôtel par une jeune femme qui va prendre sa place. J’ai omis de préciser que ladite Bénédicte est gradée dans l’armée (cf 4ème de couverture). L’échange verbal entre les deux femmes est drôle enlevé, enfin surtout pour la seconde, la première, bâillonnée, a un discours beaucoup plus monosyllabique.
Ensuite, toujours dans la continuité, je fais connaissance avec l’auteur Jérémie Straube dans le bureau de son éditeur. Jérémie est un auteur dilettante, qui aime tout écrire à condition que cela lui rapporte de l’argent. Il saute d’un projet à l’autre. Dans le cas de Bénédicte, il passe le bébé à Jérôme Walque, son ami d’enfance, écrivain « sérieux » qui planche sur la vie de Lépide, Marcus Aemilius Lepidius, le troisième du triumvirat avec Antoine et Octave.
Ici aussi, c’est un triumvirat.
Trois auteurs, trois livres. Pourtant, tout n’est pas aussi simple, surtout lorsque Jérôme Walque passe de l’autre côté du miroir pour y sauver son Alice, pardon Bénédicte. Les éditeurs, les fameux B&B sont-ils ce qu’ils disent ?
Heureusement l’auteur a pris soin de mettre un avertissement « les amateurs d’Histoire romaine férus de cartésianisme peuvent fort bien se porter immédiatement aux chapitres 6, 10,13 et 18 de cet ouvrage qui en contient plusieurs. »
Avec humour (le fameux humour belge ?) Xavier Hanotte parle du métier d’écrivain dans ce qu’il peut avoir de vain et surfait comme Jérémie Straube ou bûcheur, sérieux, cherchant l’angle réaliste, exact ou poétique comme Jérôme Walque. Le succès et l’argent sont inversement proportionnels au talent des auteurs. Selon Jérémie « tout écrivain digne de ce nom devait suivre sa pente naturelle et sacrifier la sécurité au profit de l’audace créatrice. Au lieu de peaufiner en amateur, avec une maniaquerie de miniaturiste, ses gros romans tellement étrangers à l’esprit du temps, pourquoi Jérôme ne se lançait-il pas dans la grande foire d’empoigne du monde littéraire, où vie quotidienne et écriture se mêlaient dans une exaltante étreinte ? » Cela me rappelle certains pisse-copie ((Argot) Écrivain très fécond qui fait passer la quantité devant la qualité. Selon Wiktionnaire) que nous retrouvons à chaque rentrée littéraire. Ecrire un roman, est-ce jouer avec le vent ?
Au début du livre, j’ai pensé que Jérémie et Jérôme étaient les deux faces d’un même personnage ; l’auteur écrit page 79 « il goûta la joie tranquille de redevenir, enfin, Jérôme Walque ». L’explication vient ensuite.
Xavier Hanotte, que je découvre, réussit la performance d’écrire trois romans aux styles très différents avec la même qualité d’écriture. Les romans, les auteurs s’emboîtent, se télescopent, divaguent, philosophent (de comptoir), le tout avec humour.
Du vent , un roman échevelé (il fallait bien que je la fasse !) où je sens le plaisir qu’a pris Xavier Hanotte à l’écrire. Il y a des rires, des sourires entre les mots avec, quelques pointes caustiques qui pimentent le livre.
Une heureuse découverte
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