"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Chronique précédemment parue sur le blog www.sambabd.net
Je dois vous avouer que la lecture du quatrième tome de cette épopée de la Franc-maçonnerie me laisse un drôle de goût. Alors que depuis Da Vinci Code et Le Triangle Secret les attentes concernant ce sujet à la fois mystérieux et si propice aux fantasmes les plus variés ont été renouvelées en raison notamment de forts antagonismes avec le Christianisme (plus particulièrement le Catholicisme), on se retrouve avec entre les mains une BD qui nous parle un peu légèrement de la création de la Royal Society de Londres. Je dis « un peu légèrement » car cette histoire est jalonnée de tentatives infructueuses pour éliminer Robert Moray de la part de personnages plus proches des Pieds-Nickelés que des mousquetaires…
Alors, certes, La Royal Society est une vénérable institution qui a eu un effet considérable sur le développement scientifique, économique, militaire et culturel du Royaume-Uni, mais nous en narrer sa genèse par le prisme de la Franc-Maçonnerie qui en serait directement à l’origine ne m’a non seulement pas spécialement paru essentiel mais, en outre, pas forcément tout à fait factuel si l’on s’en tient à ce que raconte l’inépuisable Wikipédia… Mais peut-être ne réalise-je pas l’importance de tout ça ? En tout cas, le parallèle avec l’Académie Française, œuvre de Richelieu n’est que très brièvement évoqué alors que l’inspiration possible de L’Académie de Montmor est quant à elle totalement passé sous silence.
Résultat, le lecteur se retrouve à lire une BD qui a tous les atours d’un récit « basé sur des faits réels » et très bien documenté (cf le dossier de 9 pages à la fin) mais qui, en fait, ne présente qu’une vision clairement partielle et/ou partiale de l’auteur. Bref, ça me laisse un drôle de goût parce que je ne sais plus dans tout cela ce qui est du lard ou du cochon…
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Alors, autant je ne suis pas bien rentré dans le volet de cette série consacré à l’espionnage durant la Guerre Froide, autant j’ai bien aimé ce premier tome sur l’Extrême Droite politique en France. Je trouve notamment très utile la démarche qui consiste à nous rappeler, via une fiction très documentée, d’où vient et quelles sont les origines historiques et idéologiques de ce parti politique (FN à l’époque et RN aujourd’hui) qui prétend diriger le pays avec chaque jour qui passe, semble-t-il, un peu plus de chance d’y parvenir.
Les auteurs se basent donc sur l’assassinat en 1978 de François Duprat, rebaptisé ici Francis Dupré, pour nous raconter l’histoire de l’Extrême Droite en France de l’après-guerre à aujourd’hui. A aujourd’hui, car même si nous n’y sommes pas encore, l’un des protagonistes de cette BD n’est autre que Jean-Marie Le Pen (Jean-Maurice Le Guen ici) co-fondateur du Front National en 1972.
Alors, bien sûr, c’est romancé, les faits sont modifiés, Duprat est mort dans l’explosion de sa voiture quand Richelle le fait assassiner au fusil à lunette, mais l’essentiel y est. Non seulement, l’essentiel, mais aussi de nombreux détails et autres informations intéressantes, voire croustillantes… Comme par exemple les ennuis judiciaires du magnat de la presse Robert Hersant au sortir de la guerre en raison de son comportement germanophile durant celle-ci (ce que j’ignorais parfaitement). J’ai également aimé le souci du détail de Richelle et Wachs qui font rouler le couple Dupré dans une Citroën GS, modèle de voiture dans lequel les Duprat roulaient lorsqu’elle a explosé.
Accessoirement, le trait réaliste de Wachs, tout en sobriété, un poil statique mais bon, et les couleurs de Claudia Boccato, collent parfaitement à l’ambiance de cette période. Et puis les personnages sont très identifiables, chose qui m’avait manquée sur Guerre Froide.
Donc, et pas pour les mêmes raisons que pour Guerre Froide, j’attends de pied ferme le deuxième tome de cette série ma foi fort prometteuse.
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Dans la lignée du premier, ce deuxième tome est de nouveau une lecture très agréable. Tout comme pour son petit cousin le tome 2 de la série Jihad, peut-être même encore plus, les auteurs insistent sur la vie privée des policiers qui enquêtent sur les affaires plus ou moins sordides entourant l’Extrême Droite française en cette fin d’années 70. Une fois de plus, cela permet d’humaniser ces personnages et nous permet de nous attacher/identifier un peu plus à eux via leurs petits (ou gros) soucis quotidiens.
Cette fois-ci, pour les besoins de l’enquête, bien sûr, il n’est plus vraiment question du FN (PN dans la BD), mais plutôt des réseaux factieux souterrains dont l’OAS est évidemment le plus emblématique de l’époque. Les liens manipulatoires qui relient parfois l’Extrême Droite et l’Extrême Gauche ne sont pas uniquement le fruit de l’imagination de Philippe Richelle mais ont bel et bien existé ponctuellement par le passé. C’est le cas également des connexions avec l’Espagne Franquiste.
Bref, entre un scénario de polar qui tient la route et les intrications avec une certaine réalité, cette série continue de très bien donner le change. On attend donc le troisième tome (sur 4) avec impatience.
Dès les premières pages, je sais que les dessins de cette bd ne me plaisent pas vraiment… Mais en revanche, l’histoire me passionne : les guerres de religions en France, cette période noire et très trouble me plait énormément !
On suit les péripéties qui arrivent à Arnaud de Boissac – dans ce premier tome, il se fait emprisonner, s’évade, met au jour une trahison, se voit contraint de changer d’allégeance -, et comme sa situation est mouvementée et même périlleuse par moment, cela rythme l’album et il y a aucun temps mort ! On referme l’album convaincu et on attend avec l’impatience le tome 2, bref vivement le mois de mai !
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