"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Il y a bien des années de cela, alors que je n’étais encore qu’une petite collégienne bien trop timide, qui passait plus de temps le nez plongé dans des romans qu’à échanger avec les autres élèves, j’ai tenté d’écrire en duo avec une amie rencontrée sur un forum de lecture. Autant vous dire que l’expérience n’a pas été très concluante : nos très nombreuses tentatives sont rapidement tombées à l’eau, et même si nous nous étions bien amusées à s’échanger des centaines de bouts de chapitres que nous collions les uns aux autres, force est de reconnaitre que nous n’étions pas prêtes pour cet exercice fort délicat. A partir de ce moment-là, mon respect pour les duos d’auteurs s’est transformé en profonde admiration : après avoir touché du doigt la difficulté qui se cache derrière l’écriture à quatre mains, je ne peux que m’incliner face à ceux qui réussissent là où nous avons lamentablement échoué … Alors, avant même de commenter plus en profondeur cet ouvrage : toutes mes félicitations à Martin Page et Coline Pierré !
Pour avoir violemment frappée l’élève qui la harcelait et la persécutait depuis le début de l’année scolaire, Flora est condamnée à six mois d’emprisonnement dans un établissement pénitentiaire pour mineurs. Depuis plusieurs mois maintenant, Max est tout simplement incapable de poser un pied dehors : agoraphobe, le jeune homme angoisse à la seule idée de sortir de chez lui. Jour après jour, semaine après semaine, ces deux adolescents vont s’échanger des lettres. Mot après mot, phrase après phrase, ils apprennent à se connaitre : ils confient à l’autre leurs rêves, leurs doutes, leurs peines, leurs peurs. Les petits et gros tracas du quotidien, les grandes questions sur le monde et sur la vie. Ils se réconfortent mutuellement, solidaires dans leur enfermement respectif. Parce qu’à deux, on est toujours plus forts pour faire face aux problèmes, pour trouver des solutions, pour croire que, peut-être, les choses s’arrangeront un jour …
Je dois bien le reconnaitre : j’étais plutôt hésitante à l’idée de commencer ce roman épistolaire. C’est un genre que je lis assez rarement, pour la simple et bonne raison que jusqu’à présent, aucun ne m’avait vraiment convaincue … J’ai l’immense honneur de vous annoncer que La folle rencontre de Flora et Max m’a quelque peu réconciliée avec l’épistolaire ! Car autant le dire tout de suite : j’ai tout simplement adoré ce livre ! J’ai bien sûr quelques petites choses à lui reprocher, en particulier le fait qu’il présente l’enfermement de Max comme un « choix volontaire » alors qu’on subit l’agoraphobie ou la phobie sociale – cela nous fait presque passer pour des fainéants qui se la coulent douce chez eux, alors que nous aimerions bien être capable de sortir sans faire de crise de panique, c’est très loin d’être une situation confortable ou enviable et je trouve ça un peu dommage que ça ne soit pas plus visible –, mais cela ne m’a nullement empêchée de savourer et d’apprécier toutes les pages de ce roman aussi bref que puissant.
J’ai été d’autant plus émue par ce livre que je me suis sentie très proche des deux personnages, et tout particulièrement de Max. Il faut dire que lui et moi avons bien des points en commun … Depuis maintenant cinq ans, ma phobie sociale s’est considérablement aggravée, et je ne sors plus de chez moi qu’en de très rares occasions : pour sortir me promener en forêt – en arpentant inlassablement les chemins les moins fréquentés pour être sûre de ne croiser personne – et pour voir divers thérapeutes jusqu’à présents incapables d’extirper de mon être les centaines de peurs qui m’empêchent d’avancer. Autant vous dire que l’histoire de ce jeune homme m’a beaucoup touchée, et que j’ai plus d’une fois hocher la tête pour approuver ses propos : je me reconnaissais vraiment dans ses mots, et c’est étrangement réconfortant de se sentir sur la même longueur d’onde qu’un personnage de fiction. Mais j’ai également des points en commun avec Flora : comme elle, j’ai été harcelée, et j’ai donc eu beaucoup de peine pour elle, qui n’a jamais été reconnue comme victime à cause de son explosion de violence qui a conduit sa tortionnaire à l’hôpital.
Vous l’aurez deviné en lisant ces quelques lignes : ce roman aborde des sujets très difficiles. Les troubles psychiatriques, le harcèlement scolaire, le milieu carcéral … C’est la vie dans tout ce qu’elle a de plus sombre, de plus impitoyable. Il y a l’injustice et l’hypocrisie, l’intolérance et l’indifférence. Et surtout, il y a la souffrance et la désespérance. Certains passages sont assez déchirants, car on s’attache tellement à deux nos jeunes héros qu’on a mal pour eux, qu’on est triste pour eux, qu’on a envie de hurler pour eux. Mais malgré tout, c’est un livre incroyablement lumineux, dont on ressort étrangement apaisé et joyeux. Flora et Max se réconfortent mutuellement, et réconfortent le lecteur par la même occasion. C’est parfois drôle, souvent émouvant, et toujours d’une douceur et d’une bienveillance inespérée. Leur amitié est si belle que j’en ai eu le souffle coupé : sans jamais s’être rencontré, ces deux jeunes à la fois si différents et si semblables semblent se comprendre comme s’ils se connaissaient depuis toujours. C’est un livre qui fait du bien, un livre qui redonne foi au lendemain …
En bref, vous l’aurez bien compris, en dépit d’un petit détail qui m’a quelque peu chagrinée, j’ai tout simplement adoré ce roman, qui se lit si vite qu’on se demande où sont passés les deux-cent pages. C’est un récit d’une simplicité inouïe, mais surtout d’une justesse fabuleuse : on a vraiment le sentiment que Max et Flora existent, quelque part, et que ce sont réellement eux qui se sont échangés ces lettres durant quelques mois. Cette impression d’authenticité est sans doute due au fait que les deux auteurs ont joué le jeu jusqu’au bout et ont véritablement entretenu cette correspondance épistolaire ! C’est un roman très profond, qui pose de grandes questions sur notre mode de vie, sur les rapports que nous entretenons avec nos semblables, sur le sens de l’existence … Flora et Max ont beaucoup de choses à nous dire, et beaucoup de choses à nous apprendre, et c’est un vrai délice que d’être le témoin privilégié de cette amitié naissante, de ces échanges qui rendent la vie un peu plus douce même dans les moments les plus durs. Un petit livre que je conseille donc bien volontiers, à découvrir quand on a besoin d’un peu de lumière pour affronter la sombre réalité …
http://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2020/11/la-folle-rencontre-de-flora-et-max.html
Coucou mes petits amis ! Aujourd'hui, je vous retrouve pour la chronique d'un roman qui m'a tout simplement bouleversée, qui m'a touchée en plein cœur, qui a été une véritable source de lumière et d'inspiration pour mon âme esseulée. Aujourd'hui, je vais vous parler de La folle rencontre de Flora et Max de Coline Pierré et Martin Page. Mais tout d'abord, je tiens à remercier infiniment l'adorable youtubeuse Fancy Fanny de m'avoir fait découvrir ce titre fabuleux, qui compte parmi ses coups de cœur livresques de ces dernières années. Et ce, à juste titre ! Je me demande comment j'ai pu passer à côté d'une telle pépite pendant si longtemps, sachant que le livre est paru pour la première fois en grand format en 2015. Surtout qu'il s'agit d'une parution de l'École des Loisirs ! Cette maison d'éditions occupe une place toute particulière dans mon cœur. En effet, j'ai vécu grâce à elle mes tout premiers grands moments de lectrice. Les abonnements qu'on nous proposait à l'école primaire au fil des années faisaient ma joie de petite lectrice passionnée, extrêmement curieuse et monomaniaque aussi. En effet, combien de fois ai-je relu les courts romans et albums, superbement illustrés pour la plupart, que je recevais avec frénésie et grand bonheur de la part de mes maîtres et maîtresses d'école qui faisaient office d'intermédiaires ? Je ne compte même plus. Je m'évadais dans des époques diverses et variées, je voyageais à travers le monde, je riais, j'avais le cœur tout tourneboulé, j'apprenais beaucoup de choses, sur différents arts et modes de vie, et ma vision du monde s'en retrouvait changée. Désormais, ces contes, ces histoires pleines de vie, magnifiques, bouleversantes et pétillantes, multicolores, lumineuses, vivent en moi, dans ma mémoire, pour toujours. Et je suis extrêmement heureuse de constater que cet immense plaisir continue, qu'il soit toujours aussi fort, qu'il soit même plus intense qu'auparavant, grâce à la collection Médium de l'École des Loisirs. Merci pour tout ce que vous faites pour les enfants, et pour les plus grands aussi, pour ces aventures littéraires que vous défendez et chérissez de toutes vos forces, pour votre investissement admirable. Et encore merci Fanny, je n'ai jamais été aussi satisfaite de me laisser influencer au niveau du choix d'une lecture, je pense. Je m'étais juste délectée aux vacances de Pâques de ma lecture du premier tome de Sauveur et Fils de Marie-Aude Murail (je songe sérieusement à vous en faire une chronique tellement c'était bien) de la même maison d'éditions et là, je tombe inopportunément en librairie sur La folle rencontre de Flora et Max et c'est le coup de foudre immédiat. Oups, trop tard, spoiler alert : j'ai a-do-ré ce roman petit de taille mais grand d'esprit et de cœur. On a toujours besoin de plus petit que soi et ce livre vous le prouve largement. Sans plus attendre, laissez-moi vous convaincre de faire cet achat compulsif absolument nécessaire en vous procurant cette merveilleuse pépite !
Premier détail, et pas des moindres à mes yeux : ce court récit nous est narré de façon épistolaire. Je sais que beaucoup ont du mal avec ce genre littéraire mais, pour ma part, j'en suis particulièrement friande : pour commencer, je trouve que de nous raconter une intrigue par le biais de lettres rend le récit beaucoup plus fluide et prenant. Dans la forme aussi, cela se ressent : pas de chapitres interminables ou inégaux, et surtout la pagination est bien mieux aérée, c'est plus agréable pour nos petits yeux. Enfin, ce n'est là que mon humble opinion. Et puis, de lire une correspondance, cela nous absorbe, on se sent privilégiés d'être les destinataires indirects de lettres qui nous transportent et nous émeuvent de par leur profondeur et leur sincérité. Personnellement, j'ai toujours trouvé que l'exercice de rédiger un courrier manuscrit était particulièrement ardu et en même temps terriblement simple : cela demande en effet de l'application, de la sensibilité, de la patience, celle de prendre son temps de trouver les bons mots à poser sur le papier, ceux qui sauront au mieux encapsuler notre état d'âme au moment d'écrire notre missive. Cela demande donc aussi beaucoup de rigueur et cela peut faire peur, au vu de la rapidité et de l'efficacité de nos moyens de communication d'aujourd'hui avec notamment la messagerie instantanée. Pourtant, selon moi, il n'y a rien de plus facile et de plus authentique que de noircir une lettre de nos sentiments les plus sincères et les plus doux. Même les courriers les plus élémentaires revêtent un caractère tout spécial à mes yeux car on a pris la peine de manier le stylo, de choisir d'employer différentes couleurs peut-être, de sélectionner le bon timbre qui fait toute la différence (et encore, cela aussi tend de plus en plus à disparaître), de dessiner, que sais-je, bref, d'y mettre du sien et de créer quelque chose qui vient de nous, même infime. Une lettre est telle une jeune demoiselle, raffinée et élégante, quelque ce soit sa forme et son contenu. Elle capture tous les cœurs et constitue un souvenir impérissable capturé dans de l'encre et du papier, immortalisé à tout jamais, noir sur blanc. Elle sait y faire pour trouver les bons mots, les tournures de phrases adéquates, ce qui saura vous déstabiliser, vous faire chavirer dans l'euphorie la plus totale ou la mélancolie la plus profonde. Mais, in fine, elle sera celle qui vous apportera le réconfort bienvenu, même avec une vérité qui fait mal, la plus redoutable des armures face au monde extérieur selon moi ! Je vous défie de regarder l'anime Violet Evergarden (ma chronique ici), un véritable plaidoyer pour l'envoi de lettres qui sauvent l'âme et le cœur des gens, et de m'affirmer le contraire après ça ! Tout ça pour dire que j'ai beaucoup apprécié le fait que Max et Flora, bien qu'ils fassent partie de la jeune génération (le roman étant sorti en 2015, ils ont un peu près mon âge, ce qui me touche encore plus), soient comme on dit des "vieux de la vieille" qui prennent la peine de s'écrire, de se transmettre de l'espoir et de la tendresse à profusion, d'être le petit rayon de soleil l'un de l'autre sans même s'en rendre compte, de faire preuve de bienveillance envers leur pen pal, d'être à l'écoute des mots que qu'autrui lui envoie.
Vous l'aurez compris, j'ai trouvé que ces lettres échangées nous permettaient de nous immerger d'autant plus dans le récit car les deux personnages nous décrivent leur quotidien, leur ressenti, de façon succincte et surtout avec leur propre vocabulaire, leur propre style d'écriture, qui est très révélateur de leur personnalité à chacun. En effet, Max, qui est celui qui débute la correspondance, a gardé son innocence d'enfant intacte, malgré ses dix-sept ans. C'est-à-dire qu'il s'exprime sans filtre, il dit tout haut ce qu'il pense tout bas, dans un flot presque ininterrompu. Il est aussi extrêmement curieux et n'hésite pas à poser toutes les questions qui lui passent par la tête, tel un petit garçon à l'esprit éveillé qui cherche à comprendre le monde qui l'entoure et chaque petit élément qui le constitue. Sa franchise désarmante et prompte à nous redonner le sourire m'a véritablement émue, ainsi que tout l'amour et la force qu'il offre à son interlocutrice Flora de façon toute spontanée. Effectivement, Max ne connaît même pas Flora au début de l'histoire. Il a juste entendu parler d'elle et du tollé qu'elle a suscité à leur lycée et a décidé de lui apporter son soutien, à tout du moins de la comprendre, sans rien espérer en retour. Là où tous les autres ont rejeté et jugé l'adolescente sans connaître ses motifs, Max veut savoir, veut aider à sa manière, veut ouvrir le dialogue et permettre à Flora de s'épancher sur ses sentiments, d'ouvrir son cœur et de ne pas se sentir seule dans le chaos qu'est devenue sa jeune vie. Je pense qu'on devrait tous en prendre de la graine sur ce jeune homme qui vous paraîtra peut-être être un extraterrestre mais, si être un alien, c'est être quelqu'un comme Max, alors moi aussi je veux devenir une telle personne, aussi exceptionnelle et au cœur empli de bonté. J'ai décelé tout cela chez notre petit Max rien qu'en lisant la poignée de missives qu'ils se sont échangées Flora et lui. Comme quoi, les lettres que nous rédigeons avec minutie et amour sont comme le reflet de notre âme, en quelque sorte. Après tout, ce n'est pas pour rien si l'écriture est une activité si chère au cœur de nombreuses personnes, à commencer par les écrivains. Cela me permet de réaliser un petit big up envers Martin Page et Coline Pierré, les deux auteurs de ce fabuleux roman. En ouvrant ce livre, je ne les connaissais pas mais je les aimais déjà, dès la première phrase de la première lettre. Effet immédiat, je n'ai même pas cherché à résister. Ces mots choisis avec tant de soin par Max (et par, je suppose, Martin Page si c'est lui qui s'est occupé des lettres du "garçon" mais l'inverse - Martin pour Flora, Coline pour Max - serait tellement plus cool !) détenaient tellement de vérité qu'ils ont exercé un véritable pouvoir sur moi et mon petit cœur fait de chocolat fondu (pour changer du beurre chaud sur la tartine...). On arrive déjà à cerner la nature de Max dès l'ouverture de sa toute première lettre à Flora : celle d'un garçon innocent mais pas naïf, qui a su conserver son âme pure et brillante dans un monde de noirceur aux nombreuses équations inconnues, un monde sur lequel notre jeune homme porte un regard extrêmement perspicace, acéré, ce qui m'a fait totalement adhérer à ses propos. Je dis juste chapeau aux deux auteurs pour ce roman écrit à quatre mains avec un brio impressionnant ! Les deux personnages centraux sont extrêmement attachants et vivants à nos yeux, comme s'ils existaient en chair et en os, alors qu'ils naissent dans notre imagination par le biais de simples lettres ! Mais justement, c'est grâce à ce moyen de communication qu'ils deviennent tout ce qu'il y a de plus réel pour nous et on a ainsi d'autant plus de mal à leur dire au revoir une fois le livre terminé. Bref, avant de continuer cette chronique plus en détails, je tenais juste à sincèrement remercier Martin et Coline pour leur remarquable travail. Comme Max et Flora, ils forment un duo de choc, d'exception, un tandem incroyable qui a su créer des personnages tout aussi extraordinaires qu'eux deux, profondément réalistes, au récit de vie tout à fait crédible car leur famille à chacun devient la nôtre d'une certaine façon, imparfaite et brisée mais une famille quand même, qui se serre les coudes, qui rit et pleure ensemble, qui s'exaspère beaucoup mais qui n'abandonne jamais personne sur le bord de la route semée d'embûches mais aussi de petits bonheurs au goût de miracles qu'est notre existence. Et en tant que lecteurs, on prend véritablement part à leur histoire digne du plus grand des films. Cela en devient tangible pour nous, voire presque plus important que les épreuves que nous traversons nous même au quotidien, que les sentiments que notre petit cœur las éprouve, car on veut à tout prix, comme c'est le cas aussi des membres de leur famille, préserver Max et Flora et les porter le plus loin possible, jusqu'au firmament des plus étincelantes étoiles. Merci aussi à Martin et Coline d'avoir fait revivre un mode d'expression et de communication au charme indémodable ! Merci de faire rêver les enfants et ceux qui devenus grands, de leur insuffler de l'espoir et de leur redonner goût à l'existence. Merci de tout cœur.
Si j'ai adoré Max de tout mon être, Flora aussi n'est pas en reste ! Ne la jugez pas trop vite car les apparences sont fort trompeuses. L'histoire de ce petit bout de femme m'a énormément touchée. Cette dernière s'est transformée en un ouragan de violence en un éclair qui a ravagé la fin de son adolescence mais l'orage de dégoût et de ressentiment n'a pas éclaté pour rien. Cela faisait déjà longtemps qu'il tonnait, il n'a été que la conséquence désastreuse d'une succession d'injustices que notre chère Flora a dû subir dans le silence le plus assourdissant, en espérant que cela allait s'arranger, en se convaincant que ce n'était pas si grave que ça. Sauf que, dès que l'on vous fait du mal, que ce soit physiquement, verbalement, mentalement, aucune parole ou aucun acte n'est à prendre à la légère. En matière de méchanceté, l'insignifiance n'existe pas pour moi. Un de mes préceptes favoris est le suivant : « Si tu n'as rien de gentil à dire alors tais-toi ». La maman de Panpan est une vraie queen, je sais. Bref les loulous, vous l'aurez compris : ne restez pas sans défense et surtout sans voix face au harcèlement sinon, quand le volcan explosera, cela aura des répercussions dramatiques pour tout le monde. J'ai également trouvé cela très intéressant que les deux auteurs aient choisi de nous faire découvrir l'univers carcéral à travers les yeux d'une mineure qui se trouve derrière les barreaux. On se rend compte que les différents prisonniers et prisonnières ne sont pas tous des bourreaux mais qu'ils ont été eux aussi les victimes de monstres méconnaissables du quotidien ou de conditions de vie proprement insupportables. Cela n'excuse peut-être pas leurs divers crimes à chacun mais cela me permet d'aborder un point fondamental souligné du livre : l'humanité a plusieurs visages et plusieurs histoires, plusieurs couleurs et origines aussi, et les marginaux sont loin d'avoir choisi d'être dans cette position, de se sentir invisibles au point que la rage la plus tenace en devienne la seule solution envisageable. Cela m'en a fait mal au cœur, c'est comme si j'avais moi aussi reçu un sacré coup de poing en pleine poire, et cela nous secoue. Le duo d'auteurs nous dépeint avec beaucoup de justesse le quotidien de la prison. Ils introduisent les jeunes lecteurs en douceur à ce monde très sombre et dont nous avons une image extrêmement négative. Vous me direz que c'est normal, au vu des spécimens qu'on y enferme. Dans notre tête, la prison est l'équivalent du béton, du danger, du désespoir, d'une morosité presque morbide, du sang qui coule, des barbelés qui agressent la peau, de la torture déclinée sur tous les plans et j'en passe et des meilleurs au niveau des images tout droit sorties de nos pires cauchemars. J'ai trouvé que Martin Page et Coline Pierré avaient habilement réussi à briser les préjugés sans pour autant enjoliver la réalité, bien au contraire. Ils nous font prendre conscience que l'enfer se trouve ailleurs, pas forcément là où l'on s'y attend, et qu'il ne tient qu'à nous de se battre et de devenir un phare dans la nuit pour ceux qui ont perdu le chemin de leur liberté. Il n'y a rien de plus précieux que d'avoir le choix de faire des erreurs, d'avancer, de faire preuve de solidarité et de continuer à rêver, à se montrer créatif et plein de promesses. Merci Coline Pierré et Martin Page pour cette jolie leçon de vie !
Sur ce, je vais conclure afin de ne pas vous gâcher le plaisir de découvrir ce livre petit mais féroce par vous même ! Croyez moi que je voudrais vous en parler avec plus de moult détails car Max et Flora sont assurément devenus deux de mes âmes sœurs ! Vous allez voir, les deux adolescents vont apprendre à vaincre leurs peurs ensemble. Ils vont se soutenir, rassembler tout leur courage afin d'affronter ce monde réel qui les répugne tant pour prouver qu'ils ont à la hauteur de leurs espérances et que rien ne les empêchera d'embrasser leur avenir radieux. Je suis tout simplement tombée amoureuse de ces deux personnages extrêmement intelligents, combattifs, drôles, bouleversants, épatants et sûrement les êtres les plus humains qu'il m'ait été donné de rencontrer. Je considère que cette chronique est la déclaration d'amour vibrante que je leur adresse ! Cela sera l'unique lettre signée par moi dans cette correspondance à trois, ma pierre à l'édifice. Merci Max et Flora de m'avoir requinquée, de m'avoir donné une nécessaire leçon d'humilité, de m'avoir appris qu'il n'y a rien de plus beau que d'avancer pas à pas, à mon propre rythme, et de savourer chaque petite victoire. Ce sont des enseignements qui resteront gravés dans le marbre de ma mémoire, ça, c'est certain ! Mon cœur frétille d'impatience et de félicité non contenue à l'idée de vous retrouver dans la suite de votre propre feuilleton, le plus trépidant qu'il m'ait été donné de suivre à ce jour, Les nouvelles vies de Flora et Max. À tous les deux, je vous adresse mon sourire le plus éclairant et ma gratitude la plus sincère. Merci pour votre grande sagesse qui ferait pâlir d'envie tous les adultes du monde, merci pour tous ces beaux fous rires partagés ensemble, merci de m'avoir fait frôlé à de nombreuses reprises la crise cardiaque (et je suis sérieuse pour le merci !) et... juste merci d'être vous. Vous valez plus que toute la poussière de fée du monde à mes yeux car la magie de votre amitié, de la beauté de votre âme et de vos projets ensemble, le regard tourné vers la même direction quoiqu'il arrive, c'est la seule qui compte, la seule qui fait le poids face à nos attentes démesurées car c'est elle, la véritable magie, et non pas toute cette poudre de perlimpinpin que n'importe quel charlatan, que ce soit en politique ou à la télévision, essaye de nous vendre jour après jour. C'est la magie de votre rencontre des plus improbables, digne d'une ironie tragique et tout bonnement grotesque, c'est la magie du ciment de votre amitié impérissable comme les bonbons mais aussi raffinée et élégante qu'une rose, aussi exaltante et chaleureuse qu'une fleur des champs, c'est elle qui me donne envie de croire en un avenir meilleur pour cette planète et pour les hommes. La foi en ce qui est beau, en ce qui est vrai, est loin d'être morte. J'ai hâte de vous retrouver, de pouvoir vous serrer dans mes bras jusqu'à vous en étouffer en pensée, de prendre de vos nouvelles, et que vous me prouviez encore une fois à quel point vous êtes les super-héros de vos vies et de celles de vos proches. Je sais que vous ne me décevrez pas, que les remarquables Martin Page et Coline Pierré ont su se montrer à la hauteur de leur premier bébé de papier, de leur chef d'œuvre pour la jeunesse et même pour tous les âges qu'est La folle rencontre de Flora et Max. Folle oui, elle l'a été, assurément. Mais la folie n'a jamais été plus belle qualité qu'à ce moment-là. Max, Flora, attendez-moi, on se retrouvera (à ceux qui lisent cette chronique, vous pouvez mettre en fond sonore la chanson éponyme de Francis Lalanne afin d'être encore plus dans l'émotion)...
PS : C'est in fine bien Coline Pierré qui a rédigé les lettres de Flora et Martin Page celles de Max. Ce que je trouve tout simplement formidable, c'est qu'ils n'ont pas écrit ce livre à deux comme un roman classique, mais ils se sont véritablement envoyés des lettres, comme s'ils incarnaient leur personnage respectif. Et cela se sent quand on lit l'oeuvre, la forme et le contenu sont authentiques, spontanés, ça nous parle comme si c'étaient de vraies lettres qui nous étaient adressées. Le fait que les deux auteurs aient ainsi "joué le jeu" rend le récit indubitablement vivant et spécial pour nous, comme s'il l'a sûrement été pour eux au moment de l'écriture et même après. Bref, qu'est-ce que vous attendez pour lire ce livre ?
Flora est en prison pour 6 mois. Elle a frappé une élève de son lycée qui la harcelait, jusqu’à la laisser inconsciente. Personne de l’a défendue, personne n’a dit ce qu’elle subissait, la faisant passer pour l’unique coupable.
Alors qu’elle rumine dans sa cellule, elle reçoit le courrier d’un inconnu. Max lui révèle être adolescent comme elle, et avoir lu son histoire dans la presse. Plus surprenant, il lui fait part de son enfermement également. Mais lui subit un enfermement à domicile, dont il ne peut plus sortir en raison de crises d’angoisses.
Commence alors une correspondance entre ces deux-là, qui ne se connaissent pas.
Max raconte son étrange vie, tandis que Flora évoque petit à petit le quotidien de l’univers carcéral.
Entre eux se tisse bientôt une relation de confiance, une amitié naît. Peu à peu ils se donnent des détails sur leur univers, se livrent sur leurs peurs, leurs faiblesses, racontent leurs traumatismes, leurs petits bonheurs aussi.
Sur la durée, c’est comme une thérapie, un voile qui se lève sur leurs ennuis et leur fait espérer une porte de sortie, un avenir plus serein…
J’ai beaucoup aimé ce récit original, étonnant, plein de tendresse et d’espoir. On passe progressivement et sans à-coup de la noirceur, de la rage et de la noirceur à plus de lumière, aux projets et à l’espoir d’une réconciliation, avec les autres mais surtout avec soi-même.
https://mesmotsmeslivres.wordpress.com/2018/07/11/la-folle-rencontre-de-flora-et-max-de-coline-pierre-et-martin-page/
Que dire... deux personnes qu'on imagine que tout oppose, mais qui se ressemble tellement. Un roman épistolaire qui parle du harcèlement, de l'agoraphobie. Ce dernier sujet est vraiment bien traité.
On s'attache à ces 2 adolescents, on a envie d'en savoir plus une fois le livre terminé. Une très belle découverte. Un gros coup de coeur. A faire lire à tous les enfants en détresses qui souffre de phobie scolaire, sociales... je pense que ça peut aider.
A lire absolument.
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