« La Vie dévorée », Olivier Martinelli, Kubik éditions, 2024
Apprendre qu’on est atteint d’un cancer de la moelle osseuse, un myélome, est forcément un énorme choc pour n’importe qui. Ce le fut pour Olivier Martinelli lorsque le diagnostic tomba un jour de 2014. Mais Martinelli est un...
Voir plus
« La Vie dévorée », Olivier Martinelli, Kubik éditions, 2024
Apprendre qu’on est atteint d’un cancer de la moelle osseuse, un myélome, est forcément un énorme choc pour n’importe qui. Ce le fut pour Olivier Martinelli lorsque le diagnostic tomba un jour de 2014. Mais Martinelli est un écrivain. Alors non content de se battre contre la maladie, il écrit et du myélome il fait « L’Homme de miel ». Une sorte de journal de bord aux chapitres courts, aux titres percutants et souvent drôles : « Mannequins thérapeutiques », « Concours de cicatrices », « Relation extraconjugale », « Radieux actif »…
La première partie de « La vie dévorée » reprend avec des enrichissements « L’Homme de miel » paru initialement en 2017 chez Christophe Lucquin éditeur. La seconde partie de l’ouvrage, « Lune de miel », toujours sous la forme de chroniques aux intitulés plein de saveurs, c’est quelques années plus tard. Les enfants ont grandi. Liz est devenue une danseuse classique prometteuse, Dan a lancé un défi stylistique à son père et l’épaule de Sylvie est toujours présente : « Elle m’a enlacé, a mêlé sa fatigue et sa sueur aux miennes pour me souffler à l’oreille : “Il faut courir, faire du sport. Faut le matraquer. Faut pas le laisser respirer. J’en suis sûre, maintenant. Tu finiras par avoir sa peau.” Son regard a changé. Il m’a enveloppé d’amour. »
Le style d’Olivier Martinelli fascine par sa simplicité apparente. Apparente car derrière ces phrases aux mots simples, aux mots de tous les jours, on devine un long travail d’écriture. Il y a longtemps qu’il n’a plus besoin de saupoudrer ses textes des mots de Céline ou de Fante soigneusement notés dans un carnet à ses débuts. Aujourd’hui, Martinelli a « l’impression de rendre à ces mots leur indépendance ». Il poursuit : « En réalité, je ne fais que leur trouver une nouvelle prison. » Peut-être, mais quelle prison ! Les jurés des prix littéraires ne s’y sont pas trompés en couronnant du prix Livre au cœur 2020 « Mes nuits apaches » (chez Robert Laffont).
Dans « La Vie dévorée », pas un mot de trop, pas de références sibyllines pour « faire genre », au contraire une simplicité lumineuse pour un bel ouvrage, optimiste et empli d’humour.