"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Manfred Fürbringer, ingénieur allemand, qui fut, au sortir de la guerre, un atout pour les Russes et les Américains qui se le sont disputés, est désormais intéressant pour Israël qui le kidnappe pour qu'il puisse entrer en contact avec d'anciens dignitaires nazis. Ensuite, ceux-ci seront exfiltrés d'Argentine et jugés en Israël.
Troisième et ultime tome de cette trilogie au scénario signé Franck Giroud et Laurent Galandon tandis que Olivier Martin dessine. Après L'agence et Le comité.
Et le panier de crabes des espions de tous les pays s'étend au Mossad particulièrement efficace quelques années après la guerre. Et dans ce tome, encore, il y a des retournements de situations, des imprévus, des couacs, des dommages collatéraux : on ne fait pas d'espionnage avec des bons sentiments, surtout lorsqu'il s'agit de traquer d'anciens nazis. Très rapide, vif, ce tome clôt une trilogie particulièrement intéressante et bien menée.
Dans tous les opus de la série, il y a des femmes fortes, qui souvent mènent les actions ou en sont des rouages essentiels, histoire de ne pas laisser la place uniquement aux hommes. Elles ne sont ni mieux ni pires que leurs collègues masculins, elles font leur job, même si certains aspects les rebutent particulièrement.
Bref, une trilogie d'espionnage bien faite, bien construite, digne des romans ou films du genre, qui réserve pas mal de surprises.
1951, La CIA a réussi à faire de Manfred Fürbringer, un scientifique reconnu, mais aussi nazi, un allié. Il est désormais installé dans une base et travaille pour les Etats-Unis. Mais les Russes n'ont pas dit leur dernier mot et cherchent à faire de l'ingénieur un agent double. Ils font entrer au sein du Redstone Arsenal, le lieu où sont développés les premiers missiles balistiques américains, une taupe chargée de prendre contact avec Fürbringer.
Au scénario de Franck Giroud, décédé avant la parution de l'album a été associé Laurent Galandon pour ce deuxième tome, et c'est toujours Olivier Martin au dessin. Suite de L'agence et toujours pas mal de rebondissements, de chausse-trappes, de pièges, de retournements de situation. Lorsque l'on croit que ça va se dérouler tranquillement, il y a un grain de sable dans les rouages qui change la donne. Cette fois-ci ce sont les services secrets russes qui sont mis en avant et qui bâtissent un piège machiavélique. Les espions sont agents doubles ou triples, on pourrait s'y perdre, ce qui n'est pas le cas, tant le scénario est bien construit.
C'est une histoire d'espionnage dans la pure tradition avec ses coups bas, ses procédés tordus qui ne s'embarrassent pas des vies humaines, il y a quelques dommages collatéraux. Très bonne série au dessin clair et vif, qui colle parfaitement et renforce même le trouble, l'acharnement et l'aveuglement des uns et des autres.
Une histoire formidablement bien racontée, le récit est prenant. Ça ne m'aurait pas déplu que ce soit étalé en deux tomes : le quotidien à Auschwitz est si bien décrit !
Côté graphisme j'ai un peu tiqué au début, l'impression d'avoir sous les yeux un simple croquis fait à la va vite et colorisé ensuite me gêner, mais cette impression s'est estompé au fil de page. Et petit bémol de taille : le héros explique qu'il se débrouillé pour manger plus que les rations et je peux comprendre la nécessité de le représente en homme fort mais de là à lui dessiné des abdos... après plus d'un an à Auschwitz c'est carrément impossible qu'il soit musclé. Pour le réalisme historique on tombe à côté sur ce point.
Au final les planches sont très belles, le choix des couleurs pour représenté les ambiances et les états d'esprit à été fait avec finesse.
Un petit chef d'oeuvre sur un grand héros méconnu de la Pologne.
Voilà malheureusement le dernier album de l'excellent mais regretté Frank Giroud. Et quel album !!
Nous voilà immergé en plein coeur de la guerre froide ou l'espionnage militaire et industriel domine.
Le but de chaque état étant d'accroitre évidement son potentiel industriel, ses innovations et propriétés intellectuelles, son économie et la puissance de son arsenal afin de "dominer" le reste du monde…
Et pour cela tous les moyens sont permis, y compris recruter dans ses rangs des anciens nazis ingénieurs (l'illustre exemple ayant été Wernher von Braun)
Le scénario de Frank Giroud pour "La guerre invisible tome 1 " :
J'aime vraiment beaucoup les scénarii de cet ancien professeur agrégé d'histoire. Ce sont de formidables fictions historiques incroyablement plausibles.
Chacune de ses histoires révèle des faits historiques sombres et/ou mal connus.
Le travail de documentation et de recherche est juste dingue et totalement admirable, même pour les néophytes en histoire comme moi.
Et au-delà de cela, Frank Giroud a toujours su mêler à ces faits historiques des intrigues politiques et/ou policières à suspens et à multiples rebondissements.
Le premier tome de cette série nous dévoile ainsi toute l'ampleur de ce travail incroyable.
A noter que la série sera reprise par son ami scénariste Laurent Galandon pour les tomes à suivre, sur les bases du travail de Frank Giroud.
L'auteur nous révèle les méthodes sans scrupules, employées par la toute jeune Central Intelligence Agency (fondée en 1947), pour remplir ses missions dans le contexte d'après-guerre.
Dans ce récit fictionnel, elle exploite outrageusement un enfant orphelin qui, dans toute son innocence, ne se rend évidemment pas compte des énormes enjeux géopolitiques qu'engendre son rôle.
Et évidemment le jeune garçon n'en ressort aussi aucune compensation. Il a juste été majestueusement "berné" sans même se rendre compte qu'il pouvait y jouer sa vie.
Frank Giroud met ainsi en avant les méthodes sans morales utilisées par les organismes d'état en terme d'espionnage à des fins de conquête de puissance militaire, industrielle ou économique.
Mais heureusement ce récit n'en est pas pour autant dénoué d'humanité. En effet, les deux faux parents adoptifs vont vite prendre conscience de la cruauté du mécanisme.
Ils seront ainsi confrontés à des choix entre la vie d'humain et une mission géopolitique pour des profits d'états...
En outre, l'auteur met aussi l'accent sur le fait que les fuyards nazis ne s'exfiltraient pas tous en Amérique latine.
En effet, le moyen orient (principalement Egypte, Irak et Syrie) était aussi une terre d'exil pour ces criminels de guerre, qui y trouvaient là une reconversion possible autant religieuse que professionnelle, et changeaient évidemment de nom.
Cette histoire nous en met donc encore plein la vue et nous éveille sur des méthodes à la limite, voire au-delà, de la moralité.
Et le cliffhanger final vous maintiendra bien en haleine et vous rendra impatient de lire la suite...
Le dessin de Olivier Martin pour "La guerre invisible tome 1 " :
Olivier Martin nous gratifie d'un superbe dessin au style réaliste au trait détaillé, léger, fin et dynamique.
Les compositions sont réfléchies, tantôt faisant place à myriade de détails et d'élément, et parfois dénoué d'arrière-plan pour centrer uniquement sur les personnages et accentuer ainsi la narration.
Les perspectives et champs choisis, alternant les différents plans cinématographiques, jouent un rôle primordial dans le dynamisme de l'histoire.
Par contre coté personnages, hormis le jeune garçon pour qui on se prend d'affection et dont les émotions sont superbement visuellement retranscrites, les autres protagonistes ne m'ont fait, hélas, ni chaud ni froid, restant ainsi dans le commun des mortels.
Mais cela a été probablement imaginé ainsi pour coller parfaitement à la définition d'espion : être présent sans se faire remarquer, se fondre dans la masse afin que l'on ne se souvienne pas de nous...
Les couleurs chaudes et les jeux d'ombres et lumières de Gaétan Georges, probablement travaillées informatiquement au vue de la perfection des dégradés ou des fonds unis sans imperfection, collent parfaitement au milieu dans lequel évoluent nos héros.
Elles sont sur des tons jaunes sables, ou bleu-vert-gris assez pale, afin d'admirablement évoquer la chaleur, moiteur et douceur de vivre du climat Egyptien. Cela rend d'ailleurs l'ouvrage très lumineux, voire rayonnant ! (À noter : A relire lors des soirs tristes d'hiver...)
Les effets graphiques sont magnifiquement maîtrisés et discrets, accentuant ainsi le réalisme de l'histoire car nous n'y prêtons guerre attention et nous vivons les instants comme si nous y étions...
En résultante, cette Bd au dessin très agréable et lumineux, est fortement instructive quand à cette période d'après-guerre.
C'est une très bonne lecture qui donnera envie de découvrir rapidement la suite à venir orchestrée par Laurent Galandon
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