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Olga Tokarczuk

Olga Tokarczuk
Olga Tokarczuk a reçu le prix Niké (équivalent polonais du Goncourt) pour Les Pérégrins. Née en 1962, elle a étudié la psychologie à l'Université de Varsovie. Romancière la plus célèbre de sa génération, elle est l'auteur polonais contemporain le plus traduit dans le monde. Quatre de ses livres o... Voir plus
Olga Tokarczuk a reçu le prix Niké (équivalent polonais du Goncourt) pour Les Pérégrins. Née en 1962, elle a étudié la psychologie à l'Université de Varsovie. Romancière la plus célèbre de sa génération, elle est l'auteur polonais contemporain le plus traduit dans le monde. Quatre de ses livres ont déjà été publiés en France : Dieu, le temps, les hommes et les anges ; Maison de jour, maison de nuit (Robert Laffont, 1998 et 2001) ; Récits ultimes et Les Pérégrins (Noir sur Blanc, 2007 et 2010).

Avis sur cet auteur (23)

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    Couverture du livre « Le banquet des Empouses » de Olga Tokarczuk aux éditions Noir Sur Blanc

    Fanfan Do sur Le banquet des Empouses de Olga Tokarczuk

    Septembre 1912, Mieczyslaw Wojnicz, étudiant de l'école polytechnique de Lwów, atteint de tuberculose, arrive au sanatorium de Görbersdorf dans les montagnes de Basse-Silésie. Jeune homme extrêmement sensible, élevé par un père qui a toujours craint d'être observé à la dérobée, il a lui-même...
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    Septembre 1912, Mieczyslaw Wojnicz, étudiant de l'école polytechnique de Lwów, atteint de tuberculose, arrive au sanatorium de Görbersdorf dans les montagnes de Basse-Silésie. Jeune homme extrêmement sensible, élevé par un père qui a toujours craint d'être observé à la dérobée, il a lui-même développé une obsession sur le sujet et de fait souffre d'une pudeur exacerbée. Il est convaincu que les gens vous épient et adorent ça. Ah s'il savait qu'il y en a certaines qu'aucune obturation de trous de serrures ni d'interstices dans les parois ne peuvent empêcher de tout voir ! On comprend très vite que la ou les narratrices sont partout, tout autour, éthérées, invisibles.

    Dès le premier chapitre tout paraît lointain dans le temps, comme si on avait oublié que ça avait existé un jour : la tuberculose mais aussi l'air pur et l'eau pure, des endroits du monde exempts de pollution. D'autres choses paraissent lointaines comme cette pension pour hommes et sa tablée d'hommes, virils et vaniteux, imbus d'eux-mêmes, pleins de mépris envers les femmes sur lesquelles ils énoncent des inepties à la pelle, leurs vérités fallacieuses basées sur la haute idée qu'ils ont de leur statut d'homme dont ils se gargarisent tant et plus.

    L'ambiance de ce livre est vraiment très particulière. Il n'y a quasiment pas de femmes, ou seulement dans les souvenirs de Mieczyslaw, ou mortes. Donc tous ces "génies" sont des hommes, entre eux, à beaucoup parler des femmes car ils trouvent l'essence même de leur grandeur en les rabaissant : "La femme représente une étape passée et inférieure de l'évolution, selon ce qu'écrit monsieur Darwin, et il a son mot à dire sur le sujet. La femme est comme [...], comme une attardée de l'évolution. Tandis que l'homme allait de l'avant, qu'il développait de nouvelles capacités, la femme a fait du surplace, elle a stagné. Telle est la raison pour laquelle les femmes sont souvent socialement infirmes, elles ne savent pas se débrouiller seules et doivent toujours s'appuyer sur un homme. Elles doivent donc lui faire de l'effet. le séduire et le manipuler."
    "Peu importe le sujet initial de leurs débats, ils finissent par parler... des femmes." Et par leurs dénigrements permanents ils en viennent à justifier les actes les plus abjects. le passage où il est question de l'utérus m'a plongée dans des abîmes de sidération. Ça explique bien des choses qui perdurent à notre époque, dont on parle beaucoup en ce moment, comme par exemple la culture du viol. C'est qu'ils aiment discourir tous ces messieurs, s'écouter parler tout en buvant du Schwärmerei, cette boisson étrange à la composition douteuse qui vous laisse un peu flou...

    La mort semble roder, discrète mais omniprésente et oppressante. Car certains guériront, peut-être, tandis que d'autres...
    Et puis il y a des secrets... qu'on pressent. La forêt, partout autour du village, belle et inquiétante, cette nature avec laquelle les humain ont un lien très fort. Et les Empouses, démons femelles qui appartiennent au monde des enfers, discrètes mais partout, tout le temps, qui surveillent ce microcosme de mâles phallocentriques et narcissiques.
    Mais c'est lent, lent, lent. D'une lenteur "sanatoriale" pour reprendre une expression du roman. Beaucoup trop lent à mon goût. Et pourtant, quelle écriture !!! Magnifique, parfaite, où chaque mot est le bon pour définir les éléments, les décors, les ambiances, les événements et les pensées. Oui, j'ai trouvé ce roman superbement écrit, qui nous fait ressentir tous les sentiments, sensations ou répulsions des personnages. Mais mon ennui a été à la hauteur de mon admiration.

    Roman féministe tout en subtilité, avec un héros fragile qui ferait presque honte à son père mais qui détonne autant que Thilo, l'autre jeune homme de la pension, au mileu de cette assemblée de vieux boucs, où sont disséminés çà et là des détails sur ce que les hommes ont effacé des femmes. Cependant, avec ces misogynes à deux sous, fiers d'énoncer à tout bout de champ des réalités soi disant scientifiques sur l'infériorité psychique et physiologique des femmes, j'ai eu l'impression d'observer des amibes dans leur milieu naturel. Des imbéciles heureux. Une belle galerie d'andouilles, pontifiants et fiers d'eux-mêmes. Et pourtant c'est intéressant d'apprendre comment les femmes étaient considérées par ceux qui ne voulaient pas partager le monde. Hélas, ce genre d'arriérés existent encore à notre époque. On a l'impression que l'autrice s'est beaucoup amusée à citer leurs envolées phallocrates au cours desquelles ils se ridiculisent eux-mêmes. Néanmoins, lorsqu'ils ne dénigrent pas les femmes, ils ont de nombreuses conversations philosophiques, spirituelles et intellectuelles... ah oui vraiment, ils aiment parler ces messieurs !

    Donc mon avis est mitigé, subjuguée que j'ai été par la plume de l'autrice et sa façon si habile d'écrire un roman féministe, mais où j'ai dû m'accrocher tant l'inaction m'a pesé. le tout m'a semblé très onirique et brumeux. Pourtant, c'e

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    Couverture du livre « Sur les ossements des morts » de Olga Tokarczuk aux éditions Libretto

    Camille MONDOLONI sur Sur les ossements des morts de Olga Tokarczuk

    Vous croyez en l’astrologie ? Pensez-vous que la position des planètes à votre naissance puisse déterminer la date et les circonstances de votre mort ?

    Croyez-vous que les animaux ont une vie secrète et qu’ils pourraient se venger de tout ce que les hommes leur font subir ?

    Et si les deux...
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    Vous croyez en l’astrologie ? Pensez-vous que la position des planètes à votre naissance puisse déterminer la date et les circonstances de votre mort ?

    Croyez-vous que les animaux ont une vie secrète et qu’ils pourraient se venger de tout ce que les hommes leur font subir ?

    Et si les deux étaient liés ?

    Janina Doucheyko vit seule dans un endroit isolé en République Tchèque, aux abords d’une forêt. Certains aiment y chasser, pas toujours dans le respect des animaux.

    Un matin, elle retrouve son voisin, un chasseur, décédé, un petit os de biche coincé dans le larynx. Cette mort est la première d’une longue série, toujours entourées de mystérieuses traces animales : des traces de pattes dans la neige, des insectes à proximité. La police mène l’enquête mais Janina a son idée. Grace à la date de naissance des victimes, elle étudie les thèmes astraux et observe d’étranges similitudes.

    Brillant. Époustouflant. Décalé. J’ai adoré ce roman. Entre l’ambiance trouble qui règne dans cette forêt de République Tchèque, les animaux à l’orée de la forêt qui observe et les thèmes astrologiques des victimes, la tension monte d’un cran et le lecteur est lui aussi pris au piège. Qui tue ? L’animal, l’ascendant ou le maître ?

    J’ai aussi eu envie d’étudier mon thème astrologique plus en profondeur pour vérifier si Saturne était placé en signe animalier. Dans ce cas, il annonce une menace pour la vie de la part d’un animal sauvage ou agressif. J’ai vérifié et dans mon thème, Saturne est en sagittaire

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    Couverture du livre « Le banquet des Empouses » de Olga Tokarczuk aux éditions Noir Sur Blanc

    Géraldine C sur Le banquet des Empouses de Olga Tokarczuk

    Des livres d‘Olga Tokarczuk, prix Nobel de littérature 2018, j’en ai plein la bibliothèque, non lus évidemment. Certains ont été ramenés droit de Pologne, son pays natal. Il a donc fallu que j’attende ce début 2024 pour lire pour la première fois l’une des plus importantes, femmes de lettres de...
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    Des livres d‘Olga Tokarczuk, prix Nobel de littérature 2018, j’en ai plein la bibliothèque, non lus évidemment. Certains ont été ramenés droit de Pologne, son pays natal. Il a donc fallu que j’attende ce début 2024 pour lire pour la première fois l’une des plus importantes, femmes de lettres de la littérature polonaise actuelle avec ce roman, paru chez Les Editions Noir sur Blanc, qui semble être le pendant bien plus sombre de La Montagne Magique de Thomas Mann. Pour qui l’a lu, le voyage du tuberculeux Mieczysław Wojnicz à destination d’un sanatorium ne peut manquer d’évoquer le chef-d’œuvre de l’auteur allemand. À mon sens, Olga Tokarczuk se doit d’être lue, au moins pour le fait que féministe, elle est pro-européenne et défenseure des droits des minorités en Pologne, en total désaccord avec le gouvernement conservateur actuel.


    Le thème soulevé une fois par la mort absurde de madame Opitz revient régulièrement, et sa dépouille mortelle inquiète les esprits. Mieczysław n’est pas sans avoir remarqué que chaque discussion, qu’il soit question de la démocratie, qu’il soit question de la cinquième dimension, du rôle de la religion, du socialisme, de l’Europe ou enfin de l’art moderne, finit toujours pas les conduire à parler des femmes.

    Nous avons donc une liste en début de roman de tous les personnages inclus dans l’histoire, ce qui s’avère être plutôt une riche idée. Elle est édictée par des narrateurs inconnus qui suivent à la trace Mieczysław Wojnicz, jeune étudiant en ingénierie en, qui nous provient de Lwow. Nous sommes à la mi-septembre dans la gare de Dittersbach. Wojnicz est malade, une calèche l’embarque direction la Silésie, Göbersdorf, en allemand, Sokolowsko, en polonais, et sa « pension pour Messieurs », qui jouxte le sanatorium de la région. C’est dans cette pension qu’il passera l’intégralité de son séjour, le sanatorium n’ayant plus de place vacante pour le loger en pension complète. C’est là où il y rencontrera tous ses acolytes, à commencer par le tenancier, Wilhelm Opitz. À ce point-là du roman, on a compris que la focalisation était interne, avec un narrateur omniscient qui n’est pas Wojnicz, en revanche, l’identité des narrateurs est encore bien mystérieuse.

    Lentement, ce narrateur se révèle être des narratrices, les habitantes des lieux, des esprits capables de se faufiler entre les fentes du plancher, « ces Empouses, spectres de la déesse Hécate ». Wikipédia nous dit que l’Empouse est une créature fantastique, sorte de démon femelle. Ce sont des spectres qui « peuplent les nuits de terreur ». Hécate est la déesse de la Lune, de la magie et des limites. Car de la magie, de l’inexpliqué, il y en a à foison dans le roman de l’autrice polonaise, avec tout d’abord cette atmosphère pesante dans laquelle se débattent plutôt qu’évoluent les personnages, une ambiance ponctuée de mystère, qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle de La Montagne magique. Sauf qu’ici, on sait que ce sont ces étranges esprits féminins qui observent et racontent, épient ce groupe d’hommes divers et variés, unis par la maladie, et pour la plupart, par une misogynie asphyxiante.

    Roman d’épouvante naturo-pathique : effectivement, il y a un brin d’épouvante dans les morts énigmatiques incrustées dans l’histoire des lieux, et d’abord par celle de l’épouse du tenancier, Klara Opitz. Car notre Mieczysław Wojnicz, dont les Empouses empruntent la focalisation, va découvrir que des meurtres se déroulent dans ces lieux, chaque année à la même date. La mort rode, non seulement par la maladie de chacun, mais par les décès inexpliqués dans ce lieu, où la nature et ses éléments sont maîtres et maîtresses. Une sensation de malaise d’autant plus accentuée, qu’outre les problèmes physiologiques que rencontre notre étudiant, ce dernier a son équilibre mental aussi fragilisé.

    Étangs et bois, torrents et sentiers caillouteux et sinueux, le futur ingénieur oscille entre auberge et promenades au sein de la nature, collectionnant les feuilles mortes, se dirigeant dans l’obscurité de la forêt. Tout se cache dans les interstices sombres, là où la lumière se garde bien de passer. Dans cette galerie ou il n’y a que des hommes, dans cette famille même où Mieco a grandi entouré d’hommes, tous entretiennent leur misogynie, qui va même jusqu’à attribuer un sourire libidineux à la Joconde, dans cet entre-soi, où la femme est figurante et en tant que telle s’incarne davantage par toute la nature, des mantes religieuses, des Empouses, ou même sculpture antique. Il n’y a que des hommes ici, et pourtant tout ne tourne qu’autour des femmes, car les hommes ne sont plus que les jouets de ces esprits magiques. Ce roman m’a vraiment déconcertée et continue à le faire, il emprunte de nombreuses références mythologiques, philosophiques, picturales, historiques et géographiques, ainsi que littéraires qu’il faut conjuguer toutes ensemble pour obtenir, ou tenter du moins, un début de sens à la signification de ces entités féminines et voraces...

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    Couverture du livre « Le banquet des Empouses » de Olga Tokarczuk aux éditions Noir Sur Blanc

    Ally sur Le banquet des Empouses de Olga Tokarczuk

    ❤️ Coup de cœur ❤️

    La vallée de Göbersdorf est renommée en ce début de vingtième siècle pour son sanatorium destiné aux malades de la tuberculose.

    S’y côtoient de riches curistes, des pauvres, plusieurs nationalités. Certains logent directement au sanatorium, d’autres dans des pensions...
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    ❤️ Coup de cœur ❤️

    La vallée de Göbersdorf est renommée en ce début de vingtième siècle pour son sanatorium destiné aux malades de la tuberculose.

    S’y côtoient de riches curistes, des pauvres, plusieurs nationalités. Certains logent directement au sanatorium, d’autres dans des pensions situées aux alentours.

    C’est le cas de Wojnicz. Ce jeune polonais, élevé par un père autoritaire a découvert que le bacille de Koch avait colonisé un morceau de ses poumons.

    Il se retrouve à la pension pour messieurs dirigée par le sieur Opitz.

    Mais, si le cadre est idyllique, le quotidien rythmé par les soins et les discussions entre pensionnaires autour d’une boisson locale, des choses étranges se produisent.

    Un suicide, des bruits étranges, des regards et des silences, autant d’éléments qui vont conduire Wojnicz à se confronter à ses plus grandes peurs.

    Que dire de plus que ce roman est un immense coup de cœur.

    La quatrième de couverture nous apprend que l’autrice s’est emparée, dans ce roman, du schéma de La montagne magique de Thomas Mann pour le faire voler en éclat. N’ayant pas lu ledit roman je ne peux me prononcer sur ce point mais une chose est certaine, c’est qu’elle signe là un grand roman.

    Olga Tokarczuk nous offre un quasi huis clos masculin, un cercle d’hommes plein de certitudes et de préjugés sur les femmes sans qu’ils ne leur viennent à l’idée d’interroger les principales intéressées ou soulever les violences dont elles sont victimes.

    Ce roman est d’un rythme lent, au malaise distillé à petites gouttes mais il est impossible à lâcher, on se sent prisonnier de ses pages comme les personnages de l’histoire le sont de la vallée.

    Ce roman chamboule les oppositions entre science et croyance, homme et femme, civilisation et chaos. Il est accessible et étrange, classique et original, bref du grand Tokarczuk et vous, l’avez-vous lu ?