Notre lectrice du mois de février présente "Larose" le dernier roman de Louise Erdrich.
Notre lectrice du mois de février présente "Larose" le dernier roman de Louise Erdrich.
Love médecine c'est une entrée dans l'univers de familles d'autochnones parquées sur une réserve du Dakota depuis des générations. Leur mysticisme, leur désespoir, leurs traumatismes avec une touche d'humour et de fatalité en font un roman aux séquences incongrues captivantes.
Ce livre est bouleversant ! On entre par effraction littéraire dans l’histoire, un début par la petite porte avant que le souffle de vie nous transperce au-delà des temps. Par effraction parce que Louise Erdrich nous invite tout d’abord à passer quelques moments du quotidien avec ses personnages, sans présentation générale. Le lecteur va devoir patienter, prendre le temps de se repérer, une immersion en douceur au beau milieu d'une communauté indienne singulière luttant depuis longtemps pour sa survie.
Et puis après quelques dizaines de pages, je me suis retrouvé au Dakota du Nord, dans les années 1950, dans les pensées de Thomas, de Patrice, de Millie, de Louis Pipestone… Thomas Wazhashk est un personnage charismatique qui appartient à « ...la génération d’après le bison, celle-des-qui-sommes-nous-désormais ». Il est veilleur de nuit à l’usine de pierres d’horlogerie de Turtle Mountain, là où travaille Pixie / Patrice (variante de Patricia) et ses amies. Un jeune boxeur, Wood Mountain, se prépare à affronter Joe La Tremblote lors d’un match destiné à financer l'envoi d'une délégation à Washington.
Louise Erdrich nous transmet l’histoire de sa famille et au-delà nous parle du destin des peuples colonisés, luttant pour conserver leur culture. Elle s’est inspirée de son grand-père, président du conseil tribal, de son combat avec les siens pour contrer la loi de « termination ». Promue par le sénateur Arthur V. Warkins, un mormon buté et hypocrite, elle permettait de déposséder les autochtones de leurs biens en prétendant les assimiler à la population américaine. Ce sénateur a existé, ses paroles lors de l’entrevue au congrès sont celles consignées à l’époque des faits.
Cette fiction remarquable rend justice aux leaders amérindiens ayant continué le combat de leurs parents, avec des enfants éduqués possédant les codes des blancs et ainsi capables de s’opposer efficacement. Les mots secs des textes officiels peuvent tuer l’espoir, peut-être que les mots puissants de la littérature, dénonçant cette violence, ont la capacité de rendre cet espoir.
Quels magnifiques portraits de femmes ! J’ai été particulièrement sensible aux passages ou apparaît Millie. L’autrice est particulièrement à l’aise avec ses personnages fictifs. Millie est la fille de Louis, un indien débonnaire éleveur de chevaux. Étudiante à l’université du Minnesota, elle va accompagner la délégation de Thomas pour défendre le dossier des Indiens Chippewas. Elle aime les motifs géométriques, les rayures, les carreaux et les couleurs. Sous la plume de Louise Erdrich elle devient le symbole d’un peuple patchwork joyeux et coloré :
Des pages sublimes avec Barnes, professeur de mathématiques et entraîneur de boxe, métaphore des coups donnés et des coups reçus… Des pages brûlantes quant il s’agit d’amour, ces secrets révélés à Patricia par Betty. Des pages touchantes quand Wood Mountain est littéralement envoûté par le bébé de Véra au point d’oublier son attirance pour Pixie / Patrice.
J’étais resté sur le récit tellement horrible du massacre de Wounded Knee, le 29 décembre 1890 dans le Dakota du Sud, avec l’excellent roman d’Eric Vuillard si bien nommé : Tristesse de la terre. Quel plaisir de retrouver un peuple amérindien debout, sous une telle plume et de sentir la fierté de Louise pour ses personnages (en premiers pour son grand-père Patrick Gourneau qui vit sous les traits de Thomas et pour sa mère à qui est dédié le roman), mettant au grand jour cette victoire relative mais réelle d’un peuple dont la culture se transmet encore, notamment par cette librairie, Birchbark Books, ouverte par Louise Aldrich en 2001, consacrée aux cultures amérindiennes.
Cette fiction, basée sur des faits réels avec une part d’autobiographie, est magnifique car elle parle beaucoup d’amour, de baisers et de sexe vus du côté féminin. Sans manière, loin de la fausse douceur hypocrite et de la vraie violence du sénateur Warkins ou des missionnaires Elnath et Verdon. On a l’opposition par touche des thèses délirantes du livre des mormons qu’entreprend d’étudier Thomas (le sénateur est mormon…), et des récits indiens des origines basés sur la connexion avec la nature. Le découpage des chapitres, la narration sont toujours réinventés. J’ai aimé cheminer ainsi de surprise en surprise.
Louise Erdrich appartient au mouvement de la Renaissance amérindienne dont elle est une des figures les plus emblématiques. Son œuvre est imposante et multi-primée. Considérée comme l'une des plus grands écrivains américains, elle est souvent comparée à Toni Morrison… Je trouve son style plus direct, moins obscur quelquefois que Toni et il suffit de lire Celui qui veille pour être convaincu qu’elle appartient à la catégorie des très grands auteurs...
Celui qui veille a obtenu le Prix Pulitzer 2021. Je le quitte à regret... J’aurais bien continué à écouter Pixie / Patrice, Thomas, Millie encore et encore. 572 pages ça peut être bien court tout compte fait… L’avez-vous lu ?
Une lecture enchanteresse.
Un roman bien construit, poétique et envoutant.
Des personnages attachants et uniques, un aperçu de la culture autochtones et des histoires entrelacées autour du personnage central Tookie.
L'action se déroule en 2020 ; le meurtre de George Floyd, les émeutes qui ont suivi et la pandémie du Covid. Comment alors protéger votre foyer tout en soutenant votre peuple et vos valeurs ?
Il est questions d'amour, d'affection maternelle, de tradition, de racisme, de difficulté à se comprendre, de regrets et d'espoir.
Une écriture sensible, une touche d'humour et un soupçon de fantasy
Une ode à la littérature et aux coutumes qui m'a enivrée.
C'est toujours un grand plaisir de retrouver la beauté du style Erdrich, ici plus fluide que dans son précédent roman. Et pourtant je n'en ressors pas totalement convaincue car je n'ai pas été capable de dégager une thématique principale à ce livre.
•
À travers le parcours de vie de l'héroïne, Tookie, l'autrice va aborder mille sujets allant de questions sociétales en considérations politiques, en passant par le quotidien d'une librairie indépendante.
Que ce soit la situation des Indiens aux Etats-Unis, le meurtre de George Floyd et ses conséquences ou la pandémie COVID, tout est intéressant, fort plaisant, bien conté, mais ça fait beaucoup (et je ne parle même pas du fantôme qui vient se glisser dans cette histoire).
Finalement c'est peu comme un journal où Erdrich aurait noté toutes les choses marquantes de la vie de Tookie, jour après jour.
•
De ce roman, trop panoramique à mon goût, je retiendrais l'amour et la connaissance de l'autrice pour la littérature. Références et citations abondent. Je me demande si ce n'est pas un coup de la Erdrich libraire pour agrandir nos piles à lire et sauver les librairies indépendantes
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
L’écrivain franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy poursuit l’exploration fantasmagorique de sa mémoire familiale...
Des romans policiers à offrir ? Faites le plein de bonnes idées !
Nostalgique, nomade ou plutôt romantique ? Trouvez le livre de la rentrée qui vous correspond !