Taïna, indienne des Caraïbes, a été instruite dès son enfance pour devenir chamane, mais Christophe Colomb et les Espagnols arrivent...
Aller au Musée du Louvre, c’est toujours un véritable plaisir pour les yeux. Mais faire cette visite avec Yoann @livressedesbulles, pour croiser nos publications, c’est encore mieux.
Alors, direction l’aile Denon (Vivant Denon, nom d’un directeur du musée au 19e siècle), au premier étage dans les salles de la peinture italienne pour aller voir cet incontournable qu’est La Joconde.
Mais que de monde ! Tous ces visiteurs agglutinés face à ce morceau de peuplier beaucoup plus petit qu’il n’y paraît.
Quand je vois la tête de Patrick, le gardien chargé de la surveillance de Mona Lisa, je comprends qu’il trouve tous ces gens “cons” et que tous “l’emmerdent”.
Et dire qu’il y en a même qui écrivent à Mona Lisa !
Patrick, que tous ses collègues surnomment Patoche à son plus grand désespoir, n’est pas un passionné d’Art.
Il travaille dans ce grand musée pour des raisons purement financières, bien qu’il vive toujours chez sa mère à presque 50 ans. Son quotidien pourrait finalement se résumer à métro, boulot, dodo.
La Sainte Anne ou La belle Ferronnière, autres tableaux de Léonard de Vinci, le gardien ne les remarque même plus. Ils sont un quotidien qu'il ne supporte plus.
Alors quand un matin Mona Lisa se met à l'apostropher et lui demande de la rejoindre, le gardien enjambe le rail de sécurité et plonge dans le tableau pour se retrouver en Toscane au 16e siècle.
Accueilli par Ginevra (la sœur de Mona Lisa), dont les traits ne sont pas sans lui rappeler sa collègue de travail, il découvre le village d’enfance de Léonard de Vinci et ne s’attend certainement pas à faire le voyage de sa vie.
Mais quelle incroyable idée ont eu Théa Rojzman et Joël Alessandra de nous embarquer dans deux lieux, à deux périodes distantes de 500 ans ! Et d’utiliser ce tableau mondialement connu comme porte d’accès vers autre chose.
Si en plus vous aimez le bleu et la terre de Sienne, alors vos yeux sont prêts pour accompagner Patrick dans son introspection afin de devenir un autre.
Comment se connaître quand on ne connaît pas ses origines ? Elles sont parfois totalement inconnues dans les cas d’abandon. Mais elles peuvent être partiellement inconnues en raison d’une histoire familiale difficile, comme c’est le cas avec un déracinement géographique.
Marijah est la compagne de l’auteur de bandes dessinées Joël Alessandra. Elle est arrivée avec ses parents en France en 1976 pour fuir le Laos. Ils étaient issus d’une communauté appelée Taï Dam. C’est pour échapper aux persécutions du nouveau pouvoir communiste qu’ils ont obtenu le statut de réfugiés.
Lors d’un repas chez les parents de Marijah, son père décide de leur parler de l’histoire de leur famille. Et c’est ainsi que Joël propose à sa compagne de l’accompagner sur les pas de ses ancêtres. La décision n’est pas facile à prendre pour celle qui pense ne plus pouvoir parler la langue des Taï, celle de ses proches restés au Laos.
Finalement l’envie de retrouver ses racines est plus forte que tout, Marijah et Joël vont s’envoler vers un émouvant retour aux sources. Et c’est avec son carnet et son aquarelle, que Joël Alessandra va nous le faire découvrir. Un petit détour historique par la période coloniale, puis par les guerres d’Indochine et du Vietnam était nécessaire pour mieux comprendre la géopolitique du Sud-est asiatique. Puis progressivement, on suit à travers les yeux de Joël les premières visions, impressions, ressentis de Marijah. Rapidement, l'inquiétude fait place au plaisir et à la joie de pouvoir enfin mettre des images sur des souvenirs de famille.
Le dessin de Joël Alessandra est délicat, on ressent la douceur qu’il éprouve à l’égard de sa compagne. Il est à ses côtés à tous les instants, l’épaule, l’accompagne dans cette magnifique aventure. Les retrouvailles avec la famille restée sur place sont émouvantes, bien qu’empreintes de beaucoup de retenue. Elles auront permis à Marijah de renouer avec des traditions familiales et de pouvoir reprendre sa vie avec de nouvelles couleurs dans les yeux.
Cet album Taï Dam est un carnet de voyage, mais c’est avant tout un carnet de vie, pour parler de ce qui nous permet d’aller de l’avant dans la vie, connaître ses propres racines.
Les éditions Des ronds dans l'eau reviennent avec un ouvrage encore très engagé.
Cette fois-ci c'est Joël Alessandra qui nous livre son expérience personnelle, ses souvenirs de ses voyages en Kama et de ses rencontres qui ont marquées sa vie.
Et c'est véritablement intense !
Les scénarii de "La force des femmes "Rencontres africaines"" :
Joël Alessandra nous expose des extraits de vie de femmes africaines, tous très durs soit physiquement, soit moralement.
Seuls intrus dans ces récits, deux hommes, le docteur Mukwege, prix Nobel de la Paix en 2018, célèbre gynécologue qui s'engage et s'affaire à "réparer" les femmes meurtris par des traditions souvent barbares, limite féminicides, et le Gide Africain alias un Sultan Camerounais.
Ses anecdotes reflètent des traditions séculaires aux influences souvent religieuses qui brident la condition féminine, à l'image de Nour l'algérienne qui ne peut s'afficher en public en compagnie d'hommes sans porter un voile, ou bien cette inconnue croisée en plein désert avec son bébé qui refuse toute aide masculine en l'absence de son mari...
L'épisode du docteur Mukwege nous explique sa croisade à l'encontre de ses coutumes rétrogrades, et surtout l'état d'avilissement dans lequel il retrouve certaines femmes et/ou jeunes filles. Il se bat contre des montagnes, en faisant plus que consciencieusement son travail avec les "petits" moyens pacifiques à sa disposition, pour rétablir les droits des femmes, ainsi que leurs réinsertions après les tragédies qui ont pu les toucher.
Le découpage est aéré, propre, laissant la part belle à la contemplation des magnifiques clichés et paysages.
La narration voix off est omniprésente évidemment car l'auteur raconte ses souvenirs.
Les récits sont ainsi tous engagés et originalement amenés sous forme de contes de voyage.
Les dessins de "La force des femmes "Rencontres africaines"" :
Le dessin de Joël Alessandra, possiblement aux couleurs à l'aquarelle, est beau.
Il est évidemment très typique des carnets de voyages avec un trait vif et rapide pour saisir les instants présents.
Il n'est pas improbable que certains dessins soient directement issus de ses carnets au milieu des pages dites traditionnelles.
Les couleurs sont lumineuses et formidablement jetées sur les pages, tout en nuances chaudes et légères, et gérant somptueusement les ombres et lumières.
Les mises en scènes sont très originales et exotiques, enchevêtrant des esquisses, cassant les limites des cases ou les faisant carrément disparaître, variant les tailles et formes des vignettes, se libérant des couleurs etc...
Les pleines pages, ou bien les grandes cases, nous éblouissent avec des paysages grandioses, tantôt comblés d'une végétation luxuriante, et parfois réduis à des compositions presque rachitiques.
En bref, il en ressort une poésie visuelle solennelle et joyeuses malgré la gravité de certains épisodes.
D'ailleurs, chaque introduction de chapitre est accompagné d'un texte d'un poète et/ou d'un écrivain (André Gide, David Diop, Charles Baudelaire, Tahar Djaout etc.…) ayant un lien certain avec l'Afrique.
Ce livre nous confronte ainsi à des expériences difficiles face auxquelles malheureusement le lecteur (et visiblement le narrateur aussi) ne peut que se sentir désemparé.
Il nous permet de relativiser sur notre condition, mais aussi, évidemment, nous montre l'énorme travail à conduire pour changer les moeurs des extrémistes machistes, et pas seulement dans le pays évoqués mais aussi et surtout à commencer par chez nous...
C'est là un superbe ouvrage bien orienté qu'il faudra accompagner aussi par la lecture de la non moins fabuleuse BD, et tout aussi engagée sur le même thème, "et pourtant elles dansent..." de Vincent Djinda également aux éditions Des ronds dans l'O !
Voilà une belle bd reportage réalisée en aquarelles par Joël Alessandra et une équipe de soignants du SMAEC - Service Mobile d'Accompagnement d'Evaluation et de Coordination.
Joël Alessandra, avec ses superbes compositions, est un habitué du genre. On lui doit notamment les excellents ouvrages "A Fleur de peau" (chez Filidalo) et "La force des femmes » (également chez Des ronds dans l'O).
Et c'est d'ailleurs suite à la lecture de « A Fleur de peau" que Jeanne Roche, psychologue et docteure en neuropsychologie au SMAEC, a souhaité confier le projet à Joël Alessandra.
Cet ouvrage se veut donc être un récit documentaire et explicatif sur les démarches entreprises par les soignants du SMAEC pour accompagner des enfants (jusqu'aux jeunes adultes) souffrant de lésions cérébrales entrainant des difficultés scolaires, relationnelles, d'orientation etc...
De ce fait, cette bd est construite classiquement, à partir d'une trame simple, de manière à être la plus didactique possible mais sans en devenir absolument condescendante.
Le choix des situations et du style de narration doit être à la portée de tous: enfants, victimes, parents, soignants, encadrants, etc.…, afin de bien prendre conscience du contexte et des difficultés rencontrées.
Evidemment, on se doute que le travail quotidien d'une vie ainsi que toutes les actions entreprises ne peuvent se résumer à 86 pages de BD.
Il est donc nécessaire de prendre des raccourcis, mais l'essentiel, le fond du message transparait dans cette histoire.
L'histoire est loin d'être triste malgré le contexte initial. Elle est porteuse d'espoir en confortant la nécessité d'un travail et accompagnement permanent.
Elle incite aussi à prendre du recul sur les enfants ou adolescents ayant des difficultés, car on ne peut imaginer pas qu'ils puissent souffrir de lésion cérébral.
Bref, le message de tolérance et d'acceptation d'autrui est fort. C'est un gros "NON" à l'exclusion quelle qu'elle soit !
Coté dessin, Joël Alessandra nous offre des compositions de toute beauté. Ses aquarelles aux couleurs vivantes et chaleureuses égayent les propos.
Le choix de tonalités apporte beaucoup par les contrastes entre le passé aux couleurs vives et chaudes pour évoquer l'entourage, l'accompagnement, l'amitié, la fougue de la jeunesse etc.…, et le présent aux tons bien froids représentant la solitude malgré le succès professionnel rencontré... Mais cela change au dénouement final pour présager d'un aboutissement heureux !
Les compositions sont aussi très centrées sur les portraits et les personnages, pour un récit plutôt passif et quelque peu statique (peu d'action) mais très suggestif et narratif.
L'idée est évidement de renseigner et d'expliquer avant de divertir.
Le découpage ne souffre pas de traditionalisme. Il est parsemé d'artifices fort agréables comme des cases sans bordures, des bulles ou des dessins dépassant des cases, des pleines pages et/ou doubles pages, etc...
Cette BD est aussi agrémentée d'éléments intéressants avec une préface signée par une maman d'un enfant soigné pour une tumeur cérébrale, une présentation sur la genèse de l'ouvrage réalisée par Jeanne Roche psychologue et docteure en neuropsychologie, quelques renseignements sur le SMAEC et d'autres organismes, et enfin une mini interview en trois question du docteur Pierre Rebond médecin oncologue pédiatre à l'institut d'hématologie et d'oncologie pédiatrique de Lyon.
En synthèse, si vous cherchez de l'action et du divertissement, cette BD n'est pas faite pour vous, cependant ne vous privez surtout pas de la lire car vous comprendrez ainsi le parcours de ces jeunes malades et leurs familles, et leurs difficultés au quotidien.
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Taïna, indienne des Caraïbes, a été instruite dès son enfance pour devenir chamane, mais Christophe Colomb et les Espagnols arrivent...
Une belle adaptation, réalisée par un duo espagnol, d'un des romans fondateurs de la science-fiction, accessible dès 12 ans.
Merci à toutes et à tous pour cette aventure collective
Lara entame un stage en psychiatrie d’addictologie, en vue d’ouvrir ensuite une structure d’accueil pour jeunes en situation d’addiction au numérique...