"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Victime de sexisme et de féminicide, la femme africaine est exposée à tous les maux pouvant aller jusqu'à la mort. La discrimination entre l'homme et la femme se fait ressentir par le poids des coutumes, des traditions et de la religion. La société lui a appris qu'elle devait se taire, se soumettre et supporter ».
Dans cet ouvrage l'auteur met en images quelques unes des histoires qui lui sont arrivées.
Avec des récits courts et moins courts, vrais, vécus. Tous mentionnent des femmes et des jeunes filles, rencontrées dans des situations parfois tragiques, quelquefois terribles, mais certaines fois gaies et optimistes. Il y évoque l'excision, des femmes banquières, le fantôme de Bocassa, le DR MUKWEGE - Prix Nobel de la Paix 2018 aussi, l'Homme qui répare les femmes. Il raconte unevséance de dessins dans une école musulmane rasée avec cette jeune fille passionnée, il parle des enfants-soldats et de leurs petites soeurs dans les camps. On y voit également une maman attendre son mari depuis deux jours sous 50°...
On voyage en Afrique, tantôt à Djibouti, au Tchad, en Centrafrique, au Congo, tantôt sur l'Oubangui ou le lac Kivu... Chaque récit est précédé d'un texte d'un écrivain africain contemporain, car l'Afrique peut être d'une rare violence, oui, mais elle nous offre aussi la possibilité du rêve et de la poésie. »
Les éditions Des ronds dans l'eau reviennent avec un ouvrage encore très engagé.
Cette fois-ci c'est Joël Alessandra qui nous livre son expérience personnelle, ses souvenirs de ses voyages en Kama et de ses rencontres qui ont marquées sa vie.
Et c'est véritablement intense !
Les scénarii de "La force des femmes "Rencontres africaines"" :
Joël Alessandra nous expose des extraits de vie de femmes africaines, tous très durs soit physiquement, soit moralement.
Seuls intrus dans ces récits, deux hommes, le docteur Mukwege, prix Nobel de la Paix en 2018, célèbre gynécologue qui s'engage et s'affaire à "réparer" les femmes meurtris par des traditions souvent barbares, limite féminicides, et le Gide Africain alias un Sultan Camerounais.
Ses anecdotes reflètent des traditions séculaires aux influences souvent religieuses qui brident la condition féminine, à l'image de Nour l'algérienne qui ne peut s'afficher en public en compagnie d'hommes sans porter un voile, ou bien cette inconnue croisée en plein désert avec son bébé qui refuse toute aide masculine en l'absence de son mari...
L'épisode du docteur Mukwege nous explique sa croisade à l'encontre de ses coutumes rétrogrades, et surtout l'état d'avilissement dans lequel il retrouve certaines femmes et/ou jeunes filles. Il se bat contre des montagnes, en faisant plus que consciencieusement son travail avec les "petits" moyens pacifiques à sa disposition, pour rétablir les droits des femmes, ainsi que leurs réinsertions après les tragédies qui ont pu les toucher.
Le découpage est aéré, propre, laissant la part belle à la contemplation des magnifiques clichés et paysages.
La narration voix off est omniprésente évidemment car l'auteur raconte ses souvenirs.
Les récits sont ainsi tous engagés et originalement amenés sous forme de contes de voyage.
Les dessins de "La force des femmes "Rencontres africaines"" :
Le dessin de Joël Alessandra, possiblement aux couleurs à l'aquarelle, est beau.
Il est évidemment très typique des carnets de voyages avec un trait vif et rapide pour saisir les instants présents.
Il n'est pas improbable que certains dessins soient directement issus de ses carnets au milieu des pages dites traditionnelles.
Les couleurs sont lumineuses et formidablement jetées sur les pages, tout en nuances chaudes et légères, et gérant somptueusement les ombres et lumières.
Les mises en scènes sont très originales et exotiques, enchevêtrant des esquisses, cassant les limites des cases ou les faisant carrément disparaître, variant les tailles et formes des vignettes, se libérant des couleurs etc...
Les pleines pages, ou bien les grandes cases, nous éblouissent avec des paysages grandioses, tantôt comblés d'une végétation luxuriante, et parfois réduis à des compositions presque rachitiques.
En bref, il en ressort une poésie visuelle solennelle et joyeuses malgré la gravité de certains épisodes.
D'ailleurs, chaque introduction de chapitre est accompagné d'un texte d'un poète et/ou d'un écrivain (André Gide, David Diop, Charles Baudelaire, Tahar Djaout etc.…) ayant un lien certain avec l'Afrique.
Ce livre nous confronte ainsi à des expériences difficiles face auxquelles malheureusement le lecteur (et visiblement le narrateur aussi) ne peut que se sentir désemparé.
Il nous permet de relativiser sur notre condition, mais aussi, évidemment, nous montre l'énorme travail à conduire pour changer les moeurs des extrémistes machistes, et pas seulement dans le pays évoqués mais aussi et surtout à commencer par chez nous...
C'est là un superbe ouvrage bien orienté qu'il faudra accompagner aussi par la lecture de la non moins fabuleuse BD, et tout aussi engagée sur le même thème, "et pourtant elles dansent..." de Vincent Djinda également aux éditions Des ronds dans l'O !
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !