"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
William est un jeune scientifique qui se retrouve engagé d’office dans une guerre intergalactique. On va suivre ce jeune que rien ne destinait à devenir soldat de l'entraînement à la guerre et plus si affinité car si le voyage dans l’espace est devenu très rapide dans un sens, il ne l’est pas dans l’autre ce qui crée des décalages temporels perturbants. Un an de service peut correspondre à des siècles effectifs pour les personnes d’un autre vaisseau, des années pour un autre vaisseau et à une autre durée pour les terriens… Il faut prendre en compte d’un point de vue personnel comme d’un point de vue « gouvernemental », l’idée que beaucoup de générations et de visions de leur temps vont cohabiter enfin est-ce seulement possible ?
Des vacances sur Terre illustre à quel point l’absence a déconnecté William de sa famille et de la vie en général.
C’est impressionnant la finesse déployée pour illustrer qu’une fois soldat.e.s et surtout une fois la première bataille menée, les humains sont en décalage complet avec la vie quotidienne. La vie a continué sans eux, ils ne savent plus comment s'insérer dans la société. Ici tout est amplifié par le décalage temporel qui s’ajoute aux traumatismes de la guerre.
C’est un excellent moyen pour dénoncer la stupidité de la guerre. Il n’y a pas qu’une vision pacifique des choses, il y a aussi des questionnements autour de la gestion une fois la paix acquise : qu'est-ce qu'on va bien pouvoir faire des soldats ? Une fois, leur engagement terminé, est-ce qu'il ne faut pas qu'on les garde sous le joug de l’armée pour une bonne ou une mauvaise raison ?
Bien que la dénonciation de la guerre soit le coeur de l’histoire, l’auteur nous offre aussi sa vision d’un futur peu enviable : chômage énorme, surpeuplement, besoin de conquérir d'autres planètes pour libérer de la place sur Terre…
D’autres points sont mis en avant autour de l’armée dont certains avec des conséquences non négligeables et qui dénotent complètement de l'idée qu'on se fait de cette institution. J’ai envie d'en parler mais il ne faut pas trop divulguer d’informations. C’est un classique de la SF qui se lit facilement, avec un style complètement accessible, des réflexions intéressantes et une histoire agréable à suivre. Je trouve qu’il fait parti des titres qui ont bien vieilli, je recommande.
Cette adaptation BD du roman de Joe Haldeman commence par un avant-propos particulièrement intéressant. Celui-ci est à lire avant de débuter la BD, afin de faciliter l’analyse comparative de celle-ci. Dans l’avant-propos, Joe Haldeman explique comment il en est venu à écrire ce roman et dans quel but. Lorsqu’il est revenu de la guerre du Vietnam, il a très rapidement ressenti le besoin d’écrire sur cette expérience traumatisante, ce qu’il fit. Néanmoins, il garda le besoin de raconter cela sous la forme de la fiction et sous celle de la science-fiction, qui était son genre de prédilection. C’est ainsi qu’est née La guerre éternelle.
Le soldat William Mandella quitte son foyer pour livrer une guerre à des années lumières de chez lui et pour se battre contre un ennemi dont il ne connaît absolument rien. La méconnaissance collective de cet ennemi en fait une force effrayante que tous redoutent. Ainsi, lorsque le moment vient enfin de l’affronter, les soldats de l’ONU sont supris par leur propre capacité de destruction et par la barbarie dont ils ne se savaient pas capables.
Les parallèles avec l’expérience des vétérans de la guerre du Vietnam apparaissent rapidement et aisément : ces hommes et ces femmes sont envoyés combattre un ennemi diabolisé, loin de chez eux, et ils sentent qu’il s’enlisent dans une guerre qui n’en finit pas. Lorsqu’ils reviennent au pays, ils sont célébrés comme des héros mais n’arrivent pas à s’adapter à la société qui a évolué sans eux et dans laquelle ils ne se reconnaissent plus.
Ici, la Science-Fiction est un incroyable moyen pour raconter une expérience historique tout en prenant du recul sur celle-ci. Je n’avais jamais imaginé le pouvoir de ce genre. Grâce à la SF, Joe Haldeman montre avec une facilité déconcertante à quel point cette guerre fut absurde. Cette fiction tourne d’ailleurs entièrement autour du thème de l’absurdité : tant de vies gâchées des deux côtés, tant de temps de perdu, pour une cause dont on ne souvient même plus de la raison d’être.
Bien que je ne sois pas particulièrement friande de ce genre, je vous recommande cette BD. Si comme moi, la SF ne vous est pas facilement accessible, n’hésitez pas à faire des schémas. J’ai en effet eu du mal avec tout le vocabulaire SF des collapsar, planète-portail, Epsilon, etc.
Je n’ai qu’un seul regret dans cette adaptation BD qui date des années 1980 : les années 2010-2020 y sont représentées par des dessins qui semblent bien éloignés de notre quotidien d’aujourd’hui. Les vêtements sont très originaux, les coutumes également. Par ailleurs, je n’ai pas non plus particulièrement apprécié les représentations graphiques de cette guerre, qui sont très datées années 1980 (les dessins des vaisseaux ressemblent énormément à ceux des premiers Star Wars…). Mais ne vous arrêtez pas à ces critiques minimes et n’hésitez pas à découvrir cette BD (ou le roman original).
Que l'on aime ou pas la science fiction, ce livre est en tous points remarquable. Lu et relu, chaque fois avec plaisir.
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !