La Revue de Presse littéraire de juin
La Revue de Presse littéraire de juin
Et puis parfois, votre vie bascule à une date hasardeuse.
Vous vous réveillez le matin sans soupçonner un si grand changement.
Le 6 juillet 1925, Jean Cocteau répond à une lettre d’un jeune homme, Jean Desbordes : « Venez me voir ». S’ensuivent alors sept années d’amour et de désamour, d’accords et de désaccords.
En plus d’être particulièrement bien raconté et détaillé, ce livre donne accès à des lettres inédites éclairant la relation entre ces deux hommes.
Personnellement, les romans épistolaires sont un incontournable de ma bibliothèque. J’aime les lire et les relire, les picorer, m’y replonger le temps d’une soirée. Certains trouvent cette intrusion dans l’intime déplacée, pour moi, c’est un précieux héritage du passé.
@lecturesauhasard
Paul est fasciné par Dargelos, leader du collège, cancre qui sait jouer de sa popularité. Pour l'impressionner, Paul l'approche, mais Dargelos lui envoie une boule de neige dans le cœur de laquelle il a placé un caillou. Paul s'écroule et est emmené en auto chez lui par son ami Gérard. Paul vit avec sa sœur Elisabeth, ils sont encore des enfants, mais se débrouillent par eux-mêmes, Elisabeth s'occupant même de sa mère dépressive et alitée qui bientôt les laisse seuls. Gérard, élevé par un oncle riche, passe de plus en plus de temps avec ses amis allant jusqu'à dormir avec eux, dans leur chambre, véritable grotte.
"Haines et fous rires se déroulaient ensemble, car quelque habitude qu'on eût de leurs volte-face, il était impossible de prévoir la seconde où ces deux tronçons convulsés se réuniraient et ne formeraient qu'un seul corps. Gérard espérait et redoutait ce phénomène. Il l'espérait à cause des voisins et de son oncle ; il le redoutait parce qu'il liguait Elisabeth et Paul contre lui." (p. 49) C'est un amour féroce, impitoyable et mortifère qui unit le frère et la sœur. Tellement dense qu'il est quasiment impossible pour quiconque de s'y immiscer, de nouer une relation avec l'un ou l'autre. Seul Gérard et bientôt Agathe y parviennent, mais à quel prix ?
Quatre-vingt-dix ans après l'écriture de cet texte, on collerait une étiquette pathologique sur les deux héros : dépressifs, bipolaires, paranoïaques, ... tant leurs émotions, leurs actions fluctuent des pires tréfonds de leurs êtres aux plus grandes exaltations et explosions d'un bonheur feint et surjoué. Jean Cocteau sait décrire ces passages avec simplicité, ce qui rajoute de la force aux tourments des deux jeunes personnes. Point d'emphase et d'emportements, la langue sans être austère est classique, s'emporte parfois dans les descriptions des lieux, de la décoration mais redevient plus basique pour les êtres. C'est un récit dont on ne voit pas comment il pourrait finir bien, mais même avec Cocteau, on n'est jamais à l'abri d'une surprise. Un classique, d'un homme important dans la première moitié du XX° siècle, peut-être un peu oublié de nos jours.
Un roman plein de poésie qui raconte des vies somme toute ordinaires dans une cité ordinaire.
Très belle pièces de théâtre je l ai jouer quand j étais au collège.
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