"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Depuis mon tout premier visionnage du célèbre dessin animé du même nom de Walt Disney, j’ai été fascinée par le personnage de Peter Pan : il ne m’a pas fallu bien longtemps pour effectuer quelques recherches et comprendre que celui-ci était bien moins sympathique et bienveillant que ne pouvait le laisser penser ledit dessin animé, mais cela ne m’a nullement découragée, et l’envie de découvrir le roman à l’origine du mythe m’a très rapidement titillée. Mais comme souvent lorsque j’ai terriblement envie de découvrir un ouvrage quelconque, je n’ai jamais osé franchir le pas, reculant sans cesse l’achat du livre : il y a toujours cette petite crainte d’être déçue quand les attentes si aussi élevées ! Heureusement, grâce à deux membres de Livraddict – l’une me l’ayant envoyé pour mon anniversaire, l’autre me l’ayant imposé pour un challenge – j’ai enfin pu me plonger dans ce roman … et j’en suis vraiment ravie, merci les filles !
Comme tous les enfants, Wendy, John et Michael connaissent instinctivement Peter, l’ami des fées. Il est de tous les rêves, et règne sur le Pays Imaginaire comme Nana la nurse règne sur la nurserie. Mais voilà qu’une nuit, à la fois si semblable et si différente de toutes les autres nuits, Peter débarque dans la chambre des enfants pour récupérer son ombre, enfermée par inadvertance par Mme Darling. Très intentionnée, Wendy se propose pour devenir la maman de Peter et des garçons perdus, ce que l’éternel enfant accepte avec plaisir. Et voici les trois frères et sœurs en route pour le Pays Imaginaire, poursuivis par la jalousie féroce de la fée Clochette qui ne supporte pas l’irruption d’une fille dans la vie de Peter … Et comme si cela ne suffisait pas, Wendy doit bien reconnaitre que le Pays Imaginaire est loin d’être aussi enchanteur en vrai qu’en rêve : les pirates sont aussi cruels que mal élevés, les indiens sont terriblement malpolis, et les sirènes sont atrocement vaniteuses … Et l’oubli menace au loin.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que James Matthew Barrie nous offre ici un récit déconcertant, déroutant, presque perturbant. Dès le début, on a le sentiment d’être plongé au cœur de l’absurde : ce qui nous paraissait si plaisant et amusant dans le dessin animé – Nana, la nurse terre-neuve – apparait ici comme le comble du saugrenu, pour ne pas dire du ridicule. Et pourtant, c’est raconté avec la plus grande légèreté du monde, comme si cette situation était parfaitement normale et banale (« évidemment, sa niche se trouvait dans la nurserie » … bah oui, c’est évident voyons, tout le monde sait ça !). Tout comme le narrateur évoque, comme s’il parlait de la pluie et du beau temps, les « comptes » de Mr Darling pour lequel la rougeole équivaut à une livre cinq, la coqueluche à quinze shillings, tout ceci permettant de déterminer s’il faut oui ou non garder bébé Wendy – puis ses frères cadets. On a véritablement l’impression d’être tombé dans un univers parallèle, totalement déjanté, et on tourne chaque page en se demandant où tout cela va bien nous mener …
Au Pays Imaginaire, bien évidemment – « La seconde à droite puis tout droit jusqu’au matin ! ». Une fois encore, il ne faut pas s’attendre à la jolie petite île enchanteresse de nos souvenirs d’enfants : la vie y est bien rude. Peter y règne en maitre, tyran sans pitié qui n’hésite pas à tuer tout enfant qui a le malheur de grandir un petit peu, et qui rentre dans une colère monstre dès que l’un ou l’autre « sait quelque chose qu’il ignore » ou « parle des mères » – sujet de conversation le plus tabou chez les garçons perdus. Oubliez le petit garçon courageux, espiègle et amical de vos souvenirs : Peter incarne à lui seul les aspects les plus « sombres » de l’enfance. Egoïste, vaniteux et cruel, il a tout de l’enfant gâté qui ne se préoccupe jamais que de lui. Insouciant, oui, mais d’une insouciance désarmante, à la limite de la folie. C’est un personnage vraiment intéressant bien qu’exécrable : difficile de s’attacher à ce Peter Pan, même si certaines de ses réactions sont vraiment touchantes – dans ces petits sursauts d’innocence qui le font ressembler à n’importe quel enfant adorable, le temps de quelques secondes (« Peter n’était pas tout à fait comme les autres garçons mais, à la fin, il eut peur »), jusqu’à ce qu’il redevienne ce gosse irrespectueux et bagarreur qui ne pense qu’aux aventures et oublie jusqu’à ses « amis » en l’espace de quelques heures …
Tout tourne finalement autour de cette ambivalence, d’un côté la cruauté de Peter, l’enfance personnifiée, de l’autre la douceur de Wendy, figure maternelle. Alors bien sûr, je sais pertinemment que beaucoup s’insurgeront contre cette représentation de la mère au foyer, mais n’oublions pas que l’histoire a été publiée en 1911 et que nous sommes en présence d’un conte : par définition même, les contes jouent sur les stéréotypes, se basant sur les standards d’une époque pour ancrer le récit imaginaire dans une réalité donnée. Wendy joue à la petite maman, comme le font beaucoup de petites filles. Car dans cette « aventure » au Pays Imaginaire, on ne sait jamais où commence le jeu et où s’arrête la réalité : « On ne savait jamais quand on prendrait un vrai repas ou un repas pour faire semblant ». Et il y a, une fois encore, ces choses totalement saugrenues, telle l’histoire des troncs pour entrer dans le repaire souterrain : dans le dessin-animé, c’est juste drôle, ici, ça frôle le surréalisme, mais, bien sûr, pour notre narrateur, tout est parfaitement normal ! Et tout finit par devenir normal, finalement … Comme si on redécouvrait une réalité cachée, comme si on renouait avec l’incrédulité joyeuse de l’enfance. Rien n’étonne dans ce livre, rien ne détonne, une fois qu’on se laisse embarquer par le regard à la fois enfant et adulte du narrateur, qui n’hésite pas à nous interpeler directement !
En bref, vous l’aurez bien compris, ce fut un réel plaisir que de découvrir enfin l’œuvre de monsieur Barrie ! Passée la première surprise, face à l’ironie et à la décontraction du narrateur face à des situations burlesques, on se laisse entrainer dans ce conte aussi doux que cruel. On y découvre un Peter Pan d’une arrogance et d’une sauvagerie sans nom, dont l’audace n’a d’égale que l’inconséquence. On y rencontre une fée Clochette jalouse et méchante, un James Crochet torturé qui incarne la perfidie des adultes. Et on y retrouve une Wendy certes un peu trop naïve, mais toute pétrie de gentillesse, qui est en réalité l’exacte opposée de Peter : « elle faisait partie du genre qui aime grandir » … Dans cette version originale, le Pays Imaginaire n’est finalement qu’un prétexte, un lieu hors du temps et de l’espace qui permet de confronter ces différents personnages. On peut, bien sûr, n’y voir qu’une simple histoire, qu’une belle aventure, mais derrière la plume désinvolte du narrateur se cache, bien évidemment, pas mal de messages et de pistes de réflexion. Une très belle lecture, donc !
http://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2019/12/peter-pan-james-matthew-barrie.html
En un mot ? étonnant. Pour ne pas dire perturbant.
Je suis assez intéressée par ce que fait Disney car, malgré ce qu'on fait croire aux enfants, ce ne sont pas des contes écrits pour leur plaire, mais principalement des légendes ou des incontournables de la littérature qu'on ne peut alors pas comprendre.
Je me doutais que la version originale diffèrerai mais pas à ce point !!
Mes yeux d'enfant ont adoré Peter Pan !
petit conte sympathique, se lit vite. note: je n'aime pas du tout le format de l'édition actes sud.
Je viens de finir ce grand classique de la littérature jeunesse. A ma grande honte, je dois bien avouer que je ne l’avais jamais lu, je comptais le faire: ça faisait des années que je cherchais une version illustrée pour le lire à mes enfants; finalement, ne l’ayant pas trouvé à un tarif raisonnable, je me suis rabattue sur cette version jeunesse, notamment parce qu’il n’était pas écrit trop petit et qu’il avait suffisamment d’images pour que la lecture soit agréable pour mon fils de 9 ans.
Jusqu’à présent, je m’étais contentée des différentes versions télé vues. J’ai donc découvert la version papier avec en tête des images du dessin-animé de Disney ou du film Hook. J’ai, d’ailleurs, retrouvé dans cette œuvre un mixte des deux. Ça a remis en cause tout ce que je connaissais du personnage de Peter Pan, du pays de Nulle Part et de tous les personnages gravitant autour de l’histoire.
J’ai vraiment beaucoup aimé: ça m’a fait par moment rire, d’autres fois sourire. Certains passages étaient très frais. Ça a été un plaisir de le lire. Le style de l’auteur est relativement fluide, mais par moment, son vocabulaire plus soutenu est étonnant pour un livre jeunesse -je comprend mieux pourquoi il n’est conseillé qu’à partir de 10 ans. De plus, il est arrivé que certaines phrases soient difficilement compréhensibles et doivent être lues plusieurs fois, mais elles sont rares et peuvent être zappées.
L’histoire en elle-même reste du Peter Pan, comme je le disais un mixte entre Hook et le dessin animé Disney, je suis de l’avis du résumé: un conte magique, enchanteur et drôle, pas grand chose à en dire de plus.
Par contre, je pourrais extrapoler sur les personnages sans soucis sur des lignes et des lignes.
Peter Pan est juste horrible: un sale gosse égoïste, égocentrique, sans cœur avec une mémoire de poisson rouge. Il est prétentieux et fanfaron. Ces traits de caractères étaient déjà légèrement développé dans les supports visuels, mais c’était loin d’en être à ce point! Là, il est juste à claquer, absolument insupportable.
J’ai davantage compris Crochet et ses réactions face à ce petit moucheron ingrat et oublieux que celles du héros principal de l’aventure. Le capitaine pirate, parlons-en, est loin d’être aussi stupidement vilain que le montrait les films: il est vraiment méchant à souhait, nettement plus vile que ce que j’en savais, ce qui ne le rend pas du tout sympathique, loin de là, mais il passe du coup pour aussi cruel que sa réputation le laisse entendre. Sa peur un peu loufoque du crocodile est amusante au début, mais plus on connai le personnage, plus cette trouille le rend pitoyable jusqu’à la dernière scène, le comble du lamentable.
J’ai pardonné presque plus facilement aux Enfants Perdus d’être faibles et de se laisser torturer qu’à Peter Pan d’être le bourreau.
Quant à Wendy, il suffit de se rappeler ce que les jeux de papa-maman représentent pour une petite fille pour savoir que sa réaction est normale. Et je dois avouer que je lui en sais gré finalement de ne pas avoir totalement oublié sa vie passée, contrairement à ses frères -même si leur jeunesse peut-être une excuse… pardonnable ?
Mais malgré tout le mal que j’ai pu dire ou penser des personnages, le livre reste vraiment agréable à découvrir.
Et quitte à me répéter, j’ai vraiment bien aimé, j’y ai quand même retrouvé mon âme d’enfant! ^_^
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